
2Les Amis de la Pologne n° 46
En ce mois de mai 2016, plusieurs évènements
agitent les Polonais et les font sortir dans la rue pour
manifester.
Le Parti Droit et Justice (PIS) a certes gagné les
élections législatives en octobre 2015 mais tout le
monde est loin d’être d’accord avec la nouvelle
politique mise en place et le virage « à droite toute » du
nouveau gouvernement.
Les Polonais apparaissent maintenant bien
divisés.
Le 7 mai dernier, à l’avant-veille de la journée de
l’Europe, ils sont descendus en masse dans les rues
de Varsovie mais pour des motifs différents ; les uns,
traditionnalistes et nationalistes, pour dire au
gouvernement qu’il ne va pas assez loin dans sa
politique eurosceptique, qu’il faut que la Pologne
montre davantage d’indépendance vis-à-vis de
l’Europe ; les autres, plus de 200 000, pour protester
contre la politique du gouvernement, pour dire qu’ils
veulent préserver la place de la Pologne dans l’Europe,
qu’ils ne veulent pas être isolés, qu’ils ne veulent pas
faire marche arrière.
Politique
Evolution politique en Pologne
les dossiers soient traités dans leur ordre de dépôt. En
attendant son examen, le texte en question est
supposé constitutionnel et applicable.
Alors que le Tribunal Constitutionnel a invalidé et
déclaré cette loi inconstitutionnelle dans son intégralité,
la première ministre Beata Szydło a annoncé qu’elle ne
respecterait pas ce verdict, considérant ce tribunal
illégitime.
De son côté, le président du Parlement Européen
Martin Schulz a accusé l’équipe polonaise au pouvoir
d’avoir fomenté un véritable coup d’état et le Conseil
Européen menace la Pologne de sanctions qui
pourraient aller jusqu’à la priver de son droit de vote.
Un autre projet de loi divise profondément
l’opinion polonaise, celui de l’interdiction totale de
l’avortement déposé au Parlement par des
associations anti-IVG. En Pologne, l’IVG est autorisée
si la santé de la mère est en jeu, si la grossesse résulte
de viol ou d’inceste et en cas de malformation grave ou
de maladie congénitale de l’embryon.
L’Eglise de Pologne voudrait arriver à une
interdiction quasi-totale de l’avortement, ainsi que
l’entendait le communiqué de l’Episcopat du 30 mars lu
dans toutes les églises du pays « …en ce qui
concerne la protection de la vie des enfants à naître,
nous ne saurions nous satisfaire du compromis
existant… » Même si la croyance religieuse est forte en
Pologne, l’opinion n’est pas unanime sur le sujet. A la
lecture de ce communiqué, une partie des fidèles a
quitté les églises en signe de protestation.
Y aura-t-il un durcissement de la loi malgré les
milliers de manifestants dans toutes les villes de
Pologne ? Droit à l’avortement ou pas ?
Cette situation met la majorité conservatrice dans
l’embarras : elle ne veut pas s’opposer à l’Eglise
catholique, sa principale alliée politique et à une partie
de son électorat – 23 % des Polonais souhaitent un
durcissement de la législation actuelle – mais elle ne
veut pas non plus s’attirer d’autres critiques de
l’opposition.
Pour les « pro »
le PIS est le seul
parti politique capa-
ble de redresser
l’économie du pays
bradée, selon eux,
aux intérêts euro-
péens laissant à
l’écart de la prospérité une part importante de la
population. C’est le seul parti capable aussi de
préserver les valeurs catholiques traditionnelles
menacées, selon eux, par l’Europe.
Les autres, les « anti » ont peur de voir leurs
libertés étouffées par les nouvelles lois.
Par exemple celle sur les médias publics votée
dans la nuit du 30 au 31 décembre 2015 et promulguée
dès le 7 janvier par le président Andrzej Duda. Cette loi
permet désormais au gouvernement de nommer et de
démettre les dirigeants de la radio et de la télévision
publiques polonaises, désignés jusqu’alors par un
concours organisé par le conseil national de
l’audiovisuel, l’équivalent polonais du CSA français.
Une autre loi a ému non seulement l’opinion
publique mais encore les instances européennes. Il
s’agit de l’adoption, le 29 décembre dernier, de la loi
réformant le Tribunal Constitutionnel qui statue sur la
conformité à la Constitution des lois et des traités et
des actes règlementaires émanant des autorités
centrales de l’état. Cette loi impose un quorum difficile
à réunir de 13 juges sur 15 pour statuer et exige que
Jean-Noël Dragon