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LA PREsSE MONTREAL SAMEDI 3 OCTOBRE 2OO9
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MUslouE
LOUIS LORTIE
Un gros risque, une
réussite
'Louis
Lortie n'avait
pas
enregistré depuis belle
lurette, c'est-à-dire
depuis I'aube de cette décennie. Voilà
que
I'Orchestre symphonique
de
Quebec
soutient avec
ferveur son
jeu
virtuose et sa direction
dbrchestre dans
un
projet
consacré a Felix Mendelssohn,
dont c'est
le bicentenaire de,la naissance. Et le
pianiste est ravi des résultats de
ce
premier
album enregistré sur
le label
québécois
Atma Classique.
Les Concertos
pôur piano
#1 et 2 de Mendelssohn
ainsi
que
sa
Symphonie # 5 Reformation viennent
d'être lancés.
ALAIN BRUNET
venu passer un mois à sa résidence de
Sainte-Ann€-des-Lacs avec ses deux
adolescents,
le pianiste Louis Lorti€
passe la matinée en ville. En ce début
d'août, nous voilà assis confortable-
ment dans le iardin outremontais de la
maison Atma. Du pianiste se dégage
la
preslance
des arlistes de haut niveau.
sans qu'on puisse y déceler le moindre
soupçon de vanité ou d'ostentation,
Posé, sûr de ses moyens, Louis
Lortie se souvient du processus
d'enresistrement de son dernier CD
Interrogé au
sujet
de sa toute
première
expérience
avec le label
québécois
Atma Classique, Louis
Lortie
se dit < en réflexion > sur son
avenir discographique.
comme d'une ( histoire abracada-
branteu. À l'origine, le Berlinois
d'adoption devait jouer et diriger les
deux premiers
concertos
pour piano
de Mendelssohn tandis qqe le chef
principal de l'Orchest re symphonique
de Québec (osQ), l'Israélien Yoav
Talmi, deYait diriger la symphonie
( italienne ))
du même comDositeur,
( Je trouvais plus naturel de faire les
conc€rtos sans chef, ça se rapproche
davantage de la musique de chambre,
explique Louis Lortie, Mais Yoav a
été opéré d'urgence à T€l-Àviv et a été
retenu en Israël au moment même d€s
.sessions
d?nregistrement. Il m'a alors
contacté, et mâ proposé de diriger la
RL;formation
- que j'avais déjà dirigée.
( On Yenait de la faire en concert
mais l'OSQ l'avait beaucoup moins
répétée que la Syrnphonie itâlienne.
Et il fallait tout enresistrer en deux
jours. Gros, gros, groirisque! Je l'ai
pris avec la garantie qu'on remplacerait
cette session Dar autre chose si ltnre-
gistr€ment n'était pas concluant, r,
LouiÈ Lortie et I'OSQ se sont tota-
lement investis: <Je me suis adressé
aux musiciens: Vous êtes fiers de
votre orch€stre 7 fi faur y aller, iI faut
se concentrer, ne pas faire un petit
peu de ci ou un peu de ça.
Là. il n'y a
pas de temps ! Quand j?i écouté l'en-
registrement,
j'ai donné mon accord,
L'orchestre,
la
prise
de son... Cet
album
est aussi bon qu'un âutre
préparé
dans
les délais normalement requis. ))
Le pianiste n'a par ailleurs que des
louanses à l'endroit du chef Talmi. ( Il
a acco-mpli un travail formidable avec
I'Orchestre symphonique de Québec.
Il venait de san Diego, l'orchestre
avait été obligé de déclarer faillite.
Puis il a brassé la marmite à Québec,
et je dis chapeau ! Aujourd'hui. l'OSQ
est parmi les quatr€ ou cinq meilleurs
orchestres symphoniques au Canada.
))
Très heureux de sa relation avec
I'OSQ, Lortie n'en était pas à sa pre-
mière collaboration. ( Talmi m'a fâit
confiance quand on a joué ensemble.
.Il m'a permis de diriger. ça s?st très
bien passé: c'est ainsi qu'on connaît
vraiment un orchestre. Vint ensuite ce
projet d'enregistement dâns le cadre
de l?nnée Mendelssohn. l
PHOTO
CAMIRAND PI.]OTO COLLABORATION SPECIALE
Louis Lortie se souvient du
processus
d
enregistrement
de son dernier CD comme d'une
"histoireabracadabranteD.
(llfâllait toutenregistrer en deuxjours. Gros,gros,9ros risquel
Je lbi pris
ave< la
garantie qu'on
remplacerait cette session
pâr àutre
chose si linregistremênt
n'étâit pàs concluant.,
Felix Mendelssohn, lui ? Lorrre
estime que le compositeur (aYait
besoin d'être rafraîchi >.
(ça s'ajoute à ce qu'on aYait déjà
changé dans l'approche de la musi-
que romantique - les relectures de
Schubert, Mozart ou BeethoYen ont
beaucoup aidé à celle de Mendelssohn.
La Réformation était jouée autrefois
comme une grande symphonie roman-
tique, avec une certaine lourdeur.
Alors que
mainlenant, c'est
plus trans-
parent, plus léger. Ce qui permet d'en
faire ressortir le contrepoinl, une des
caractéristiques les plus intéressantes
de la musique de Mendelssohn. )
<<La
Réîormation
comporte beaucoup
de conversation au niveau du contre-
point. C?st presque néobaroque! On
sait que Mendelssohn avait redécouvert
Bach, tout en préconisant des harmo-
nies plus modernes, plus nouvelles. l
D'un point de vue historique, Louis
Lortie se montre plus que séduit par
le parcours de Felix Mendelssohn:
( L'accession des Juifs à la société
allemande est un phénomène fasci-
nant - à ce titre, il faut lire The Pity of
It All: A History of Jews in Germat. , écrit
par Amos Elon. on y découvre que
Moses Mendelssohn, le grand-père
du compositeur, fut le premier grand
philosophe juif en All€magne. Il fut
un modèle pour la bourgeoisie
juive
émergente en Europe.
( Quant à Felix Mendelssohn,
il fut
de cette prernière génération de Juifs
convertis, ce qui avait certes
créé beau-
coup d'inconfort dans sa
famille...
Mais il a joué le jeu jusqu'au bout;
n'est-ce
pas lui qui a relancé Bach? Sa
culture musicale était exceptionnelle,
à l'instar de son enversure intellec-
tuelle. À l'âge de 16 ans, il créait des
chefs-d'ceuvre ! Absolument incroya- ,
ble. Cela dit, Mendelssohn compo-
sait de la musique virtuose, mais il
n'aurait pas écrit la 9"... Sans être
péjoratif,
on peut dire que sa
musique
était plus légère.
>
Interrogé au sujet de sa toute pre-
mière expérience avec le label qué-
bécois Atma Classique, Louis Lortie
se dit uen réflexionu
sur son avenir
discographique.
( Pendant
plusieurs
années, rappelle-t-il, j'ai enregistré
une trentaine dâlbums pour lttiquette
chandos,.. et on a eu des problèmes.
Jusqu'au tournant des années 2000,
j'y avais complète liberté. Puis vint
la crise du disque et l'étiquette bri-
tannioue a fait dâutres choix... Pour
moi, lènvie n'y était plus )), raconte le
musicien,
Atma classique
pourrait-elle être la
solution? Bien que très satisfait par
ce premier album sur le label québé-
cois, Louis Lortie préfère ne pas se
prononcer. (On verra
D, échappe-t-il
en fin d'entretien.
DISAUES
Lefavre éblouissant,
Lortie étonnant
CLAUDE
GINGRAS Lefèvre et son frère David, violoniste, y
apportent le maximurn de soin.
Le petil orchestre londonien ne
iôrre nâ< Îôrliôrrr< ôârfâfuêmênr nr.rê êrDerta .te nôs rtiânisre( les nlrrs ên wrre