MENDELSSOHN ET BRAHMS : MOTETS
En 1829, l’exécution à Berlin de la Passion selon saint Matthieu de Bach par le tout jeune Mendelssohn
marque le début de la remise à l’honneur du chant choral et des partitions anciennes. Le culte du passé
est l’un des traits marquants du siècle romantique. « L’ancien reste toujours ma bible de chevet »,
prétendait Schumann. Dans le domaine de la musique sacrée, les compositeurs romantiques vénèrent
J.S Bach et Palestrina. Cette admiration se traduit dans leurs œuvres religieuses par le recours au choral,
à la fugue et à la polyphonie a capella.
Doté d’une foi profonde et sincère, Mendelssohn, musicien juif converti au luthéranisme, incarne l’une
des plus hautes figures de la musique spirituelle du 19ème siècle. Sa musique religieuse représente la
part la plus importante de son catalogue. Sa production en ce domaine se révèle abondante et variée.
Aux côtés des grandes œuvres avec orchestre (oratorios, cantates et psaumes), écrites dans la lignée
de Bach et Haendel, figurent des pages plus intimistes, représentées par de petits motets a cappella ou
accompagnés par l’orgue. « Religieux de nature, il peut élever son oraison musicale en allemand ou en
latin, dans un cadre protestant ou catholique, voire anglican, sans oublier ses origines juives, celles
mêmes du monothéisme chrétien », écrit la musicologue Brigitte François-Sappey. Les pièces vocales
interprétées lors de ce concert et qui seront ponctuées d’improvisations à l’orgue représentent bien cet
œcuménisme.
Composés lors d’un séjour à Rome en 1830, les Motets op.39 pour voix de femmes et orgue ont été
inspirés par une émotion musicale. Mendelssohn réside alors place d’Espagne au pied de l’Eglise de la
Trinité-des-Monts. « Lorsque sonne l’Ave Maria, on se rend à l’église où chantent les religieuses
françaises et c’est quelque chose de ravissant… ». Cette impression romaine transparaît dans ces motets
en latin, empreints de grâce et de fraîcheur.
Achevés en 1840, les trois Geistliche Lieder comptent parmi les plus belles inspirations religieuses de
Mendelssohn. Ces trois « Chants Sacrés » pour alto solo, chœur mixte et orgue recréent, aux dires du
compositeur, « le ton de l’anthem anglais ». Le premier chant est une imploration confiante. Le second
est une prière traitée comme un simple choral. Le dernier est un chœur d’action de grâce au caractère
joyeux.
Datés de 1843-1844, les Psaumes op.78 pour double-chœur sont destinés aux offices de la cathédrale
de Berlin. Ecrits pour Frédéric-Guillaume IV de Prusse au service duquel Mendelssohn entre en 1843, ils
sont composés en stile antico a cappella à la manière de Palestrina. La polyphonie est traitée de façon
simple et aérée. L’écriture en homophonie domine. Le compositeur utilise également le chant
antiphonique, faisant dialoguer les chœurs ou opposant voix féminines et voix masculines. Richte mich,
Gott (Juge-moi, Dieu) est une supplication individuelle. Dans Warum toben die Heiden (Pourquoi ce
tumulte parmi les nations), Mendelssohn joue sur la texture chorale. Les chœurs sont tantôt séparés,
tantôt superposés, parfois réduits à deux ou trois parties…