PREMIÈRE PARTIE : La transmission des caractères héréditaires
1. L’aube de la génétique
La génétique est la branche de la biologie
qui étudie l’hérédité, à savoir la
transmission des caractères d’un être
vivant à ses descendants.
Depuis que l’Homme est devenu
cultivateur et éleveur il y a quelque 10 000
ans, il s’est intéressé à l’hérédité en
conservant pour ses semis les graines d’un
plant remarquable ou en choisissant les
meilleurs animaux pour produire la
génération suivante.
Dès le XVIIIe siècle, des esprits curieux
ont tenté d’établir des lois qui régissent la
transmission des caractères de génération
en génération, en croisant des individus
présentant diverses versions d’un
caractère. Johann Mendel (1822 - 1884),
mieux connu sous son prénom de religieux
Gregor, est le seul de ces « hybrideurs »
dont la postérité a retenu le nom.
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Contrairement à ses prédécesseurs qui
avaient étudié la ressemblance globale
d’une génération à la suivante, Mendel
s’est attaché à la transmission de
différences, en concentrant son attention
sur un nombre limité de caractères.
Expérimentateur méticuleux, Mendel
démontra que la transmission des
caractères suit des règles bien précises,
mathématiquement prévisibles. En 1865,
Mendel présenta ses travaux à la Société
de sciences naturelles de Brünn, laquelle
publia en 1866 un article « Recherches sur
les Hybrides végétaux » dans lequel
Mendel tire de nombreuses conclusions sur
la transmission des caractères héréditaires.
Ses travaux n’ont pas eu la notoriété qu’ils
méritaient.
Les travaux de Mendel furent redécouverts
en 1900 indépendamment, par trois
botanistes qui n’en eurent connaissance
qu’après leurs propres travaux : un
néerlandais, Hugo de Vries (1848 - 1935),
un allemand, Carl Correns (1864 - 1933) et
un autrichien, Erich von Tschermak (1871
- 1962).
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L’avant Mendel
Dans la Grèce antique, le philosophe Platon pense
que les semences mâle et femelle nécessaire à la
reproduction proviennent de la moelle et de
l’encéphale. D’autres, comme Hippocrate,
proposent que les semences proviennent de toutes
les parties du corps, idée qui sera reprise par
Darwin dans la théorie de la pangenèse. Pour
Aristote, les semences viennent de la partie chaude
du sang et la semence mâle, porteuse des caractères
de l’espèce et de l’individu, domine la semence
femelle : avoir un fils qui ressemble à son père est
la norme, engendrer autre chose est une
perturbation.
Jusqu’au XVIIIe siècle, le présupposé d’une
contribution différente des sexes se poursuit dans
les théories de la préformation, selon lesquelles
l’individu en miniature est déjà présent dans les
semences mâle ou femelle. Van Leeuwenhoek
(1632 - 1723), un « animalculiste » observe le
sperme au microscope et croit découvrir dans les
spermatozoïdes un minuscule enfant préformé.
Suite à la découverte des follicules ovariens par
Reinier de Graaf en 1673, Charles Bonnet, un
oviste, avance que c’est l’ovule qui contient l’être
préformé. Bonnet formule même l’idée que l’Eve
initiale devait contenir tous les germes de l’espèce
humaine emboîtés les uns dans les autres à la
manière des poupées russes.
C’est le perfectionnement des outils d’observation
et l’abandon de la référence permanente aux
anciens au profit de l’expérimentation minutieuse
qui ont permis le rejet des idées
préformationnismes et la compréhension du mode
de transmission des caractères.
2. Les lois de Mendel
Nous développerons la méthode utilisée
par Mendel chez le pois cultivé (Pisum
sativum) en analysant successivement la
transmission d’un seul caractère, des
expériences de monohybridisme, puis la
transmission de deux caractères, des
expériences de dihybridisme.