L’étude CARESS-HF (traitement
randomisé ultraltration versus
traitement diurétique agressif)
a proposé un schéma thérapeu-
tique personnalisé, évalué quo-
tidiennement sur la diurèse,
avec des doses importantes de
diurétiques de l’anse par voie
IV (120 mg/j au minimum) avec
une augmentation rapide des
doses pour un objectif de diu-
rèse entre 3 et 5L.
- Associer les diurétiques : uti-
liser un diurétique thiazidique
en l’introduisant dès J2-J3 an
d’agir sur le tube contourné
distal et ainsi diminuer la réab-
sorption distale compétitive de
sodium est d’une grande e-
cacité pour améliorer la décon-
gestion des patients.
- Utiliser un inhibiteur du SRAA
pour éviter la stimulation de ce
système par les diurétiques eux
mêmes. Les IEC ou ARAII
doivent être introduits (s’ils ne
sont pas déjà prescrits au long
cours pour l’IC chronique) au
moment opportun car ils modi-
ent l’hémodynamique intra
rénale et réduisent le débit de
ltration glomérulaire. Ils sont
donc protecteurs en cas d’HTA,
de néphropathie diabétique ou
de toute cause d’albuminu-
rie mais cet eet protecteur
devient délétère en cas de
congestion rénale aigue avec
hypovolémie iatrogène. Il faut
donc savoir les introduire mais
également les suspendre si be-
soin.
- Respecter l’hémoconcentra-
tion : après avoir initialement
baissé, la créatinine a souvent
tendance à remonter une fois le
patient bien décongestionné.
Une augmentation de 50% de
la créatinine de base, en allant
jusqu’à 266μmol/L ou une clai-
rance à 25 ml/min est accep-
table selon les néphrologues.
La dose de diurétique doit donc
être adaptée et le patient revu
précocement avec des sur-
veillances régulières du iono-
gramme. Le pronostic de l’insuf-
sant cardiaque qui dégrade sa
fonction rénale alors que son
état clinique s’améliore et qu’il
n’a plus de signe congestif n’est
pas altéré (7) (gure 3). On peut
ainsi tolérer une dégradation
modérée de la fonction rénale
si elle reète une hémocon-
centration ; la fonction rénale
s’équilibrera par la suite.
- Savoir identier et prendre en
charge la résistance aux diuré-
tiques dénie par la persistance
d’une congestion malgré une
dose maximale de 2 voire 3 diu-
rétiques associés (diurétiques
de l’anse, thiazidiques +/- épar-
gneurs potassiques). Il faut alors
discuter une cure d’inotropes
s’il existe une dysfonction VG
avec bas débit et/ou une ou
plusieurs séances d’ultraltra-
tion et à plus ou moins court
terme l’assistance VG voire la
transplantation cardiaque.
- Travailler conjointement avec
les néphrologues et leur adres-
ser les patients avant que l’IR ne
soit au stade terminal. Certains
patients peuvent bénécier
d’une dialyse péritonéale pour
contrôler leur congestion avant
le stade d’IR terminale.
- L’avenir : une nouvelle molé-
cule semble être source d’espoir
dans la prise en charge du SCR.
La serelaxine, forme recombi-
nante de la relaxin-2, hormone
peptidique sécrétée par le pla-
centa durant la grossesse est
responsable d’une augmen-
tation du débit cardiaque et
d’une baisse des résistances
vasculaires systémiques. Elle a
été testée dans l’essai RELAX-HF
dans l’IC aigue et était associée
à un taux signicativement plus
bas de créatinine et de cystatine
C dans les 5 premiers jours. Les
mortalités toutes causes et
cardiovasculaire étaient éga-
lement diminuées à 180 jours
(7.3% vs 11.3% p= 0.02 et 6%
vs 9.5% p=0.028 respective-
ment) dans le bras serelaxine.
Ces résultats ont besoin d’être
conrmés dans une étude en
cours (RELAX-HF 2) attendue
pour 2017.
Conclusion
Le SCR est désormais une entité
à part entière et démontre la re-
lation complexe qui existe entre
le coeur et le rein. Sa physiopa-
thologie est multifactorielle, sa
prévention et son traitement
restent un dé pour les méde-
cins. Les stratégies de préven-
tion reposent sur une prise en
charge des facteurs de risque
tels l’obésité, l’HTA, le diabète,
le tabagisme mais également
sur la lutte contre la cachexie et
l’anémie. Sur le plan thérapeu-
tique, l’optimisation hémody-
namique, la décongestion avec
l’utilisation de diurétiques à
fortes doses, souvent en asso-
ciation, ainsi que la place de la
modulation du SRA restent la
pierre angulaire du traitement.
L’ultra-ltration peut être un
ultime recours dans le cadre
CNCH - CARDIO H - N°39
14
INSUFFISANCE CARDIAQUE ET REIN : HISTOIRE D’UNE CONJUGOPATHIE
Congrès CNCH 2016
Figure 3 : Survie en fonction de la volémie chez l’insusant cardiaque (7)
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