27
L'incertitude correspond au contraire à un univers non probabilisable. Il faut, dès
lors, abandonner la théorie de la maximisation de l'espérance mathématique de l'utilité.
Les agents peuvent ajuster, comme le dit KEYNES à propos des "esprits animaux",
leurs anticipations sur les anticipations des autres ; ce qui conduit à des prophéties
auto-réalisantes pouvant expliquer, entre autre, l'afro-pessimisme actuel des
décideurs. Les agents créent des règles et choisissent des modalités de coordination
de leurs transactions réductrices d'incertitude. Ils peuvent, comme l'analyse
FAVEREAU à la suite de BOLTANSKY et de THEVENOT, prendre des décisions qui
constituent un premier lieu de coordination. En situation d'incertitude, les agents n'ont
pas une optimisation dynamique séquentielle. Ils ont une forte préférence pour la
liquidité ou pour l'immédiateté. Ils préfèrent des actifs monétaires et financiers aux
actifs physiques leur donnant un éventail de choix et évitant l'irréversibilité de la
décision.
1.2 L'applicationenAfrique
La mise à l'épreuve de ce questionnement semble pertinente dans le cas africain.
L'importance des réseaux communautaires, des logiques de transferts et de
prestations, redistribution ou des droits et obligations dont parlent Régis MAHIEU ou
Mamadou KOULIBALY, les imbrications entre les sphères domestiques et marchandes
que traite Guy POURCET à propos de l'informel ou la permanence des habitudes
alimentaires analysées par Denis REQUIERS-DESJARDINS peuvent être
réinterprétés à la lumière de l'économie des conventions et des organisations. Le
traitement de l'incertitude à travers les règles de décision conduit à des dynamiques
spécifiques des unités collectives ; elles peuvent aboutir, selon qu'il y a effet de
composition ou de compensation, à une