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THÉÂTRE-LABORATOIRE
SFUMATO
Trilogie August Strindberg
MARGARITA
MLADENOVA
Julie, Jean et Kristine
La Danse de mort
IVAN DOBCHEV
Strindberg à Damas
La trilogie Strindberg reçoit
le soutien de l’Onda
Manifestation présentée dans le cadre de la
Saison culturelle européenne en France
(1er juillet – 31 décembre 2008)
Avec le soutien du Ministère de la culture de
Bulgarie.
Partenaires média du Festival d’Automne à Paris:
Julie, Jean et Kristine
Margarita Mladenova
Durée  h
Théâtre de la Bastille
Festival d’Automne à Paris
20 au 26 octobre 19h, dimanche 15h,
relâche jeudi
13 € et 22 € – abonnement 13 €
Festival Passages
15 au 17 mai 09
10 € et 20 € – abonnement 5 € et 10 €
D’August Strindberg
Mise en scène, Margarita Mladenova
Scénographie et costumes,
Daniela Oleg Liahova
Avec Albena Georgieva, Hristo Petkov,
Miroslava Gogovska
Production Teatro Sfumato – Sofia
Coréalisation Theâtre de la Bastille,
Festival dAutomne à Paris
La Danse de mort
Margarita Mladenova
Durée  h
Théâtre de la Bastille
Festival d’Automne à Paris
20 au 22 octobre 21h
13 € et 22 € – abonnement 13 €
Festival Passages
19 et 20 mai 09
10 € et 20 € – abonnement 5 € et 10 €
D’August Strindberg
Adaptation et mise en scène,
Margarita Mladenova
Scénographie et costumes,
Daniela Oleg Liahova
Musique, Assen Avramov
Avec Svetlana Yancheva, Vladimir Penev,
Tzvetan Alexiev
Production Teatro Sfumato – Sofia
Coréalisation Theâtre de la Bastille,
Festival dAutomne à Paris
Strindberg à Damas
Ivan Dobchev
Durée  h
Théâtre de la Bastille
Festival d’Automne à Paris
24 et 25 octobre 21h, dimanche 26
octobre 17h
13 € et 22 € – abonnement 13 €
Festival Passages
22 et 23 mai 09
10 € et 20 € – abonnement 5 € et 10 €
De Georgi Tenev et Ivan Dobchev
D’après August Strindberg
Mise en scène, Ivan Dobchev
Scénographie, Ivan Dobchev
et Daniela Oleg Liahova
Costumes, Daniela Oleg Liahova
Musique, Assen Avramov
Vidéo, Lubomir Mladenov
Avec Rumen Traikov, Snezhina Petrova,
Hristo Petkov, Elena Dimitrova,
Malin Krastev
Coréalisation Theâtre de la Bastille,
Festival d’Automne à Paris
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Théâtre-laboratoire SFUMATO
Trilogie August Strindberg Spectacles en bulgare surtitrés en français
RÉSERVATIONS
Théâtre de la Bastille
76, rue de la Roquette 75011 Paris. Métro: Bastille, Voltaire, ou Bréguet-Sabin
Location par téléphone et sur place du lundi au vendredi de 10h à 18h
le samedi de 14h à 18h – 01 43 57 42 14 – www.theatre-bastille.com
Festival d’Automne à Paris
156, rue de Rivoli – 75001 Paris. Métro : Louvre-Rivoli
Informations et réservations du lundi au vendredi de 11h à 18h
et le samedi de 11h à 15h – 01 53 45 17 17 – www.festival-automne.com
Festival Passages, à Nancy
Théâtre de la Manufacture – CDN Nancy Lorraine
10, rue Baron Louis – 54014 Nancy cedex
Renseignements, location 03 83 37 42 42 – www.festival-passages.fr
Avec le soutiende :
Toutes les photos de ce programme ont été réalisées par Simon Varsano ©
Nous avons une attitude
commune : la curiosité et
une histoire mêlée, qui, bien
souvent,s’estfaiteparlevoyage.Ainsi
le Théâtre de la Bastille et le Festival
d’AutomneàParissont-ilsdepuislong-
tempsassocsparleursaccueilsinter-
nationaux.Lhistoireestd’autant plus
remarquable qu’elle procède d’une
grande liberté réciproque, d’une
conscienceaiguëdenoscomplémen-
tarités,etdurespectdenosdirections
artistiques indépendantes. Un festi-
val sans théâtre et un théâtre sans
festival !
Nous connaissons l’un et l’autre le
Théâtre Sfumato depuis des années
et ce n’est que maintenant que nous
pouvons proposer aux parisiens de
partager notre admiration.
C’est un accueil bref, certes, lié à nos
contraintes,maisimportantpuisque
nous présentons une trilogie. Trois
spectaclesrépartisdanslesdeuxsalles
duThéâtredelaBastilledontlaconfi-
guration devrait permettre cette
découvertedansd’excellentescondi-
tions.Prolongementheureuxetautre-
ment signifiant de ces nouvelles
façons de travailler ensemble, le Fes-
tivalPassagesde Nancy,sousl’impul-
sion de Charles Tordjman et de
Jean-PierreThibaudat,est partiepre-
nante de ce projet en programmant
la trilogie Strindberg en mai 2009, le
Sfumato étant déjà venu à Nancy
par deux fois. Ce programme, conçu
en collaboration par nos trois mai-
sons, est un signe tangible du souci
d’accueillir autrement.
Alain Crombecque,directeurduFesti-
val d’Automne à Paris, Jean-Marie
Hordé,directeur duThéâtredelaBas-
tille, Charles Tordjman, directeur de
Passages
Margarita Mladenova et
Ivan Dobchev venaient
d’avoirquaranteans lorsqu’ils
ont créé le Théâtre Sfumato en 1989
à Sofia. L’un et l’autre étaient déjà des
metteurs enscène reconnusetdespé-
dagogues appréciés et ilsembarquè-
rent dans l’aventure une poignée de
jeunes acteurs qu’ils avaient formés.
Ilsavaient contribuéaurenouveaudu
théâtrebulgaredepuistroplongtemps
pris dans les rets de l’empire sovié-
tique : lourdes institutions et fossili-
sation dogmatiquedel’enseignement
de Stanislavski. Si cette union fit leur
force, c’est qu’elle se fondait sur une
commune et exigeante vision du
théâtre que résume bien le nom de
leur troupe emprunté à Léonard de
Vinci, et que leur union allait radica-
liser.
Lesfumato désigneunetechnique de
dessin, de peinture, qui consiste à
brouiller les contours, à cerner, à
peindre l’air, l’impalpable. « Le nom
de notre troupe reflète notre straté-
gie poétique », disaient Mladenova
et Dobchev. Autrement dit, moins le
trait que son mouvement, plutôt l’in-
distinct et ses mystères que l’affir-
mationpéremptoire,ladynamiquedu
geste que son accomplissement, le
processus que le résultat. « Nous ne
cherchons pas un théâtre descriptif
mais,danslejeudesacteurs,unevérité
du courant intérieur qui ne s’épuise
pas dans la réalité visible », ajoutent-
ils.Commel’écrit HeinzWismann, « le
théâtre Sfumato met l’accent sur le
surgissementinitialdel’élanetfaiten
sorte qu’il ne soit pas absorbé par la
logique de l’efficacité ». « Pour nous,
poursuiventMargaritaetIvan,lespec-
tacle est une action, un rite spirituel
qui a lieu ici et maintenant. Car le rite
ne peut être ni imité, ni répété. C’est
cela qui détermine la nature de la
présence de l’acteur dans nos spec-
tacles : tout le travail de répétition
consiste à le diriger vers des réflexes
non conditionnés, à favoriser une
impulsion créatrice ».
Trèsvite,ilstomberontsurcettephrase
du peintre Odilon Redon qui devien-
draleur mot d’ordre etleur règle d’or :
« la logique du visible au service de
l’invisible».TouslesspectaclesduSfu-
matosedéroulentsoushautetension.
Découvrir une telle aventure dans un
pays alors surtout connu pour ses
yaourtsetsesparapluieset quivenait
tout juste de s’ouvrir au monde occi-
dental, fut un choc. Cela se passait en
1990dansunrecoind’ungigantesque
et prétentieux Palais de la culture de
Sofia où Lénine avait été plus d’une
fois le héros de spectacles grandilo-
quents.Là,aveclacomplicitéd’unvice-
ministreclairvoyant,leSfumatoavait
installé une sorte de campement, un
ilôt de théâtre vivant et incandes-
cent au sein d’un mausolée. À la lueur
debougies,des acteursauxtraitsacé-
rés nous entraînaient dans les
méandresdePetarAtanassov,unRim-
baud bulgare dont l’œuvre avait été
longtemps interdite, ou nous prome-
naient dans l’œuvre de la russe Lud-
millaPetrouchevskaïa que nousavait
fait connaître la perestroïka. Dès l’an-
née suivante, ils campaient sous des
bâchesdanslesous-soldeBeaubourg,
invités par le Festival d’Automne à
Paris. Dobchev venait avec la mise en
scènede Témoignage delumière pen-
dant la peste, un spectacle conçu à
partir de l’œuvre d’Atanassov dialo-
guant avec des passages de la Bible
et du Festin au temps de la peste de
Pouchkine. Mladenova signait post
scriptum, un voyage dans l’œuvre de
Tchekhovàpartirde lascènefinale de
La Mouette : le suicide de Constantin
GavrilovitchTreplev,lefilsdelagrande
actrice Akardina. Cinq ans plus tard,
le Sfumato était au Festival Passages
à Nancy avec deux Tchekhov, Oncle
Vania (Dobchev) et Les Trois Sœurs
(Mladenova). Et cette saison, la trilo-
gie Strindberg ayant pour titre Vers
DamasiraauFestivalPassagesenmai
2009 après sa venue au Théâtre de la
Bastilledansle cadreduFestivald’Au-
tomne.
Désormaisdénommée«Théâtre-labo-
ratoire Sfumato » (un clin d’œil au
mythiquethéâtreLaboratoiredeGro-
towskiaveclequelleSfumato partage
3
plusieurs visées), la compagnie n’em-
pilepaslesspectacles maisconçoitsa
démarche exploratoire à partir d’un
projet, généralement autour d’un
auteur. Tchekhov, de 89 à 96, puis Lov-
kov, Raditchkov, les mythes, Dos-
toïevski de 2003 à 2005, le projet Exit
autour des derniers jours de Léon
Tolstoï et Marina Tsvetaeva, et main-
tenant,Strindberg.Autantdevoyages
aulongcours,derépétitions,d’impro-
visations des mois durant, un temps
lent nécessaire pour pénétrer « l’es-
prit » de l’auteur, approcher son
« secret » et, au-delà, interroger « la
grande énigme de l’existence ».
Il y a longtemps que les gens du Sfu-
matoontquitté la soupente duPalais
delaculturedésormaisvouéauxspec-
tacles de divertissement. Après bien
des péripéties – un théâtre qui brûle,
un autre dont ils sont expulsés pour
cause d’opération immobilière – ils
sontdésormais installésaubordd’un
jardin au centre de Sofia, dans un
théâtrequetoutel’équipeduSfumato
afaçonnédesesmainsdansd’anciens
bainsdelavilledepuislongtempsaban-
donnés.
Jean-Pierre Thibaudat
«Lethéâtrereprésentepournousune
autre forme de vie – plus concentrée,
plus pure et plus élevée. Soit l’exis-
tence d’une communauté de per-
sonnes qui ont quelque chose à
échanger, qui se réjouissent de leur
rencontre, la partagent et sont prêts
àdonnerbeaucoup d’eux-mêmes.Une
viede personnesétroitementliées
chacun se découvre à travers l’autre,
en échangeant avec lui son énergie
spirituelle, dans une complicité qui
s’avère un rite mystérieux des âmes
et peut nous restituer un sentiment
perdudesainteté,depureté,etdecha-
leur humaine. Le théâtre est une vie
bouillonnante. Le théâtre n’est pas le
lieu de la rencontre, il est la rencontre
elle-même ».
Margarita Mladenova
Ivan Dobchev
4
Mademoiselle Julie,
d’Eros en Thanatos
Première étape de la trilogie Vers
Damas qui traverse l’œuvre d’August
Strindberg à la nage et souvent en
apnée, Mademoiselle Julie, une pièce
en un acte, en un souffle, fulgurante.
En1883,l’auteur avaitquitté la Suède
etsesthéâtres, mettant enpérillacar-
rière d’actrice de son épouse Siri. À la
veilleduprintemps1888,auDanemark,
il met un point final à son Plaidoyer
d’unfou(écritenfrançais), l’unedeses
œuvres autobiographiques où il dis-
sèque à l’envi sa vie de couple. Peu
après,il découvre FriedrichNietzsche,
le lit avec exaltation, « Tout y est ! »,
écrit-il à un ami. La famille Strind-
berg (deuxenfants)passel’étéauDane-
mark, à Lyngby, louant des chambres
dans un château tenu par une com-
tesseextravagante.C’estqu’August
écrit Mademoiselle Julie en deux
semaines, s’inspirant sans doute des
personnesquiviventdanscechâteau,
dont la jeune Marta, avec laquelle
Strindberg aura une brève aventure.
En scène, trois personnages : Made-
moiselle Julie, la fille du comte, Jean,
un valet, Kristine, la cuisinière. L’ac-
tionsedérouledanslacuisineduchâ-
teau, la nuit de la Saint-Jean. Une nuit
dete,unenuitdefolie.«CesoirMade-
moiselleJulieestfolle,complètement
folle », première réplique de la pièce.
Au bout de la nuit, la fille du comte
ayant couché avec le valet fiancé à la
cuisinière,obéitàl’ordredesonamant:
elle sort pour aller se suicider.
Dans une longue préface, Strindberg
s’attarde sur l’ambivalence des per-
sonnages.MademoiselleJulie «estun
caractère moderne » mais « elle est
également une survivance de l’an-
cienne noblesse guerrière ». Jean, fils
dejournalier, «montedéjàsurl’échelle
socialeetilestsuffisammentfortpour
nepassegênerenprofitant d’autrui ».
Seigneur en herbe, il hésite « entre la
sympathie pour les hautes sphères
et la haine pour ceux qui les occu-
pent». EnfinKristineest«uneesclave
féminine » qui va « à l’église pour se
décharger sur Jésus de ses larcins
domestiques etacquérirunenouvelle
provision d’innocence ».
Quand elle entre en scène, Mademoi-
selleJulieinviteJeanàdanseravecelle
encore une fois. Il obéit. Elle règne en
maîtresse, elle le désire, mais l’acte
consommé, tout se renverse. D’Eros
en Thanatos. « La victoire de Julie
devient vite la victoire du valet. Jean,
ayant mêlé son sang à celui de la race
des forts, devient fort à son tour. Julie
n’aura plus qu’à lui obéir, et quand il
lui donnera l’ordre de se tuer, elle se
soumettra,commehypnotisée»,écrit
Arthur Adamov dans l’essai qu’il a
consacré à Strindberg. Et ce dernier
d’ajouter: «Ilenestdel’amourcomme
de la jacinthe : elle doit se dévelop-
per par ses racines dans l’obscurité
avant de donner des fleurs durables.
Ici, l’amour pousse trop vite, il fleurit
et monte tout de suite en graine et
c’est pourquoi la plante meurt aussi
rapidement ».
Tournant le dos à ce qu’il nomme « le
dialogue à la française », Strindberg
laisse « les cerveaux travailler sans
règles comme ils le font dans la réa-
lité, où une conservation n’épuise
jamais un sujet, mais où les cerveaux
s’envoient mutuellement des leurres
quileurpermettentderebondir».Ainsi
lanuitblanchedelaSaint-Jeanest-elle
bréed’undialogue«erratique»mais
on ne peut plus serré. « Prenez une
côte de mouton, écrit Strindberg, elle
paraît large, mais elle est aux trois
quartsfaited’osetdegraisse,etcomme
les Grecs, je vous donne la noix ».
Strindberg parle de Kristine comme
d’un personnage secondaire. Ce n’est
pasl’avisduthéâtreSfumatoquiareti-
trélapièce(tropsouventmiseenscène
autourd’uneactricestarjouantlerôle
titre),Julie,Jean etKristinesoulignant
ainsi le jeu de tensions entre les trois
personnagesetlesravagesquiensul-
tent à tous les étages dans un monde
l’être humain « cesse d’être l’objet
absolu de la civilisation », dit Marga-
rita Mladenova qui signe la mise en
scène. Une froide cuisine métallique
occupe la scène, aseptisée comme
un laboratoire, une clinique. Propre
jusqu’à l’effroi. L’eau bout dans des
bassinespour laverlasaleté. Àla face,
unerigolerigoureusecharrieleseaux
usées.C’estadossé àcepaysagequasi
cliniquequeleSfumatocuisinelapièce.
J.-P. T.
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