
La chirurgie digestive majeure (œsophagectomie,
gastrectomie, colectomie, pancr
eatectomie, etc.)
induit des modifications physiologiques consid
erables.
Cette r
eponse est d
enomm
ee r
eaction de phase aigu€
e
et est constitu
ee d’un ensemble de modifications
syst
emiques et biochimiques. Il existe constamment au
cours de la p
eriode postop
eratoire une
el
evation de la
temp
erature corporelle, une hyperleucocytose, une
s
ecr
etion de cytokines, de cortisol, de cath
echolamines,
d’insuline et de glucagon ainsi qu’une augmentation du
renouvellement prot
eique.
‘‘ Au cours de la p
eriode postop
eratoire,
il existe une
el
evation de la temp
erature
corporelle, une hyperleucocytose, une s
ecr
etion
de cytokines, de cortisol, de cath
echolamines,
d’insuline et de glucagon ainsi qu’une
augmentation du renouvellement prot
eique’’
Cette situation s’aggrave en cas de chirurgie compliqu
ee o
u
le catabolisme prot
eique devient tr
es important. D’autre
part, la chirurgie digestive est souvent associ
ee
a une
p
eriode de « je^
une obligatoire ». Apr
es deux
a trois jours
de je^
une, la glyc
emie et la production h
epatique de glucose
baissent, et la majorit
e du glucose n
ecessaire aux cellules
est produit par la voie de la n
eoglucogen
ese qui s’effectue
a
partir des acides amin
es, du glyc
erol et des lactates. Il s’y
associe progressivement une diminution du m
etabolisme
energ
etique et de l’insulin
emie qui aboutit
aune
augmentation de la lipolyse. Au cours du je^
une prolong
e,
l’ensemble des m
ecanismes adaptatifs induit normalement
un effet d’
epargne prot
eique. Le stress chirurgical diminue
la capacit
e de l’organisme
a s’adapter au je^
une sous l’action
des cytokines, des cat
echolamines et du cortisol. La
production h
epatique de glucose reste
elev
ee ; la concen-
tration plasmatique de glucose et d’insuline est haute,
l’utilisation des corps c
etoniques est diminu
ee. Il en
r
esulte une diminution rapide et consid
erable de la masse
musculaire avec des cons
equences importantes sur la
fonction musculaire, l’immunit
e et la cicatrisation. Ainsi
chez un malade qui doit subir ce type de chirurgie, la
prise en charge nutritionnelle apparaı
ˆt logique, dans le but
d’en r
eduire les cons
equences d
el
et
eres pour la p
eriode
postop
eratoire.
Il y a pr
es de 70 ans, des auteurs d
emontraient que les
malades d
enutris op
er
es d’un ulc
ere, faisaient significa-
tivement plus de pneumopathies et d’infections de paroi
que les malades non d
enutris [1]. Un crit
ere aussi simple
que la perte de poids
etait un indicateur pronostique
fiable. Depuis lors, de tr
es nombreuses
etudes ont
clairement
etabli que, chez les malades qui doivent
subir un acte de chirurgie digestive programm
ee, d’une
part la d
enutrition est fr
equente et touche de 20
a50%
d’entre eux, d’autre part elle est associ
ee de mani
ere
ind
ependante
a une augmentation de la morbidit
e,
de la mortalit
e, de la dur
ee d’hospitalisation et du co^
ut
des soins.
‘‘ La d
enutrition touche 20
a50%
des malades qui doivent subir un acte
de chirurgie digestive programm
ee’’
‘‘ La d
enutrition est associ
ee de mani
ere
ind
ependante
a une augmentation
de la morbidit
e, de la mortalit
e, de la dur
ee
d’hospitalisation et du co^
ut des soins’’
En particulier, les complications infectieuses et plus
sp
ecialement les infections nosocomiales sont plus
fr
equentes chez les malades d
enutris que chez les
malades non d
enutris [2]. Dans la fameuse
etude des
«v
et
erans » [3] dont le but
etait de juger de l’int
er^
et de la
nutrition parent
erale pr
eop
eratoire, le Nutrition Risk Index
(NRI) a
et
e utilis
e pour
evaluer le degr
eded
enutrition
des malades. Dans le groupe des malades s
ev
erement
d
enutris qui n’avait pas rec¸u de nutrition parent
erale, la
pr
evalence des complications s
ev
eres postop
eratoires
etait significativement plus
elev
ee que chez les malades
dont le NRI
etait normal (20 % pour les complications non
infectieuses et 40 % pour les complications infectieuses).
Les principales cons
equences postop
eratoires de la
d
enutrition pr
eop
eratoire sont pr
esent
ees dans le
tableau 1. Ces
el
ements ont
et
e clairement
enonc
es au
cours de la Conf
erence de Consensus sur la nutrition
artificielle p
eri-op
eratoire en chirurgie programm
ee
de l’adulte organis
ee il y a plus de 10 ans par la Soci
et
e
Francophone Nutrition clinique et m
etabolisme (SFNEP)
qui a propos
e des recommandations pour la prise en
charge nutritionnelle des malades en p
eriode p
eriop
e-
ratoire [4]. Ces recommandations ont
et
e compl
et
ees
en janvier 2005, par celles de la Soci
et
e Franc¸aise de
early postoperative feeding, reduces insulin resistance and
patients’ length of stay.
nKey words: professional guidelines, nutrition, digestive surgery,
perioperative care, enteral nutrition, parenteral nutrition, pharma-
conutrition
390 HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 22 n85, mai 2015
ossier th
ematiqueD
HEPATO
GASTRO
et Oncologie
digestive
Prise en charge
nutritionnelle
p
eriop
eratoire
d’un malade
op
er
e
de l’appareil
digestif