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Correspondances en Nerf & Muscle - Vol. III - n° 1 - février 2005
Prise en charge des ptôsis de l’adulte
mer le diagnostic en majorant l’anisocorie : la
cocaïne bloque la recapture de la noradrénaline
(NAD) et augmente donc la concentration de
médiateur dans la synapse. Dans le cas d’une
atteinte des voies sympathiques, il n’y a pas de
NAD dans la synapse, et la dilatation ne peut pas
s’effectuer. Ce test ne permet pas de localiser
l’atteinte, mais quelques signes cliniques peuvent
orienter le diagnostic : ainsi, l’atteinte prégan-
glionnaire est généralement associée à une anhi-
drose cutanée, une vasodilatation de l’hémiface,
une hyperhémie conjonctivale, un larmoiement
et une obstruction nasale. L’existence d’un syn-
drome de CBH récent impose un bilan étiologique
en milieu neurologique. L’association d’un CBH
récent et d’une douleur cervicale ou retro-auri-
culaire homolatérale est une urgence et doit faire
éliminer une dissection carotidienne.
✓ Le ptôsis myogène
Il est en général bilatéral, d’installation progressive,
associé à des troubles oculomoteurs. Il est observé
au cours des myopathies oculaires : ophtalmoplé-
gies externes progressives (myopathie mitochon-
driale), dystrophies oculopharyngées, atteintes
oculaires des dystrophies myotoniques (maladie
de Steinert) et atteintes oculomotrices de certaines
“myopathies congénitales” (myopathies myo-
tubulaires, centronucléaires).
Les ophtalmoplégies externes progressives se
rencontrent à tous les âges. Le ptôsis est constant
et bilatéral, parfois asymétrique et donc possi-
blement unique au début. Il est partiellement
compensé par les muscles frontaux, entraînant
un plissement du front. Il s’associe le plus souvent
à une atteinte oculomotrice qui s’installe très
progressivement et aboutit en quelques années
à une ophtalmoplégie complète. La diplopie peut
exister au début de l’évolution, mais elle est sou-
vent transitoire. Dans les maladies mitochon-
driales, l’atteinte oculaire peut rester isolée,
mais elle peut aussi être associée à d’autres
atteintes : atteinte de la musculature faciale,
laryngée ou vélopalatine des racines. Elle peut
également être associée à une rétinite pigmen-
taire (syndrome de Kearns-Sayre), une cataracte,
une atteinte cardiaque (bloc auriculoventricu-
laire) ou une atteinte neurosensorielle (surdité,
myoclonies, ataxie cérébelleuse, épilepsie, retard
mental). La biopsie musculaire confirme le dia-
gnostic en révélant des ragged-red-fibers, visibles
à la coloration trichrome.
Habituellement, dans les dystrophies musculaires,
l’atteinte oculomotrice est absente. En revanche,
dans la dystrophie oculopharyngée, l’atteinte
oculomotrice est majeure. Les troubles appa-
raissent tardivement, à l’âge de 40 ans. Le ptôsis
est souvent le premier signe ; il est bilatéral et
symétrique. La limitation des mouvements ocu-
laires est généralement secondaire, touchant sur-
tout la verticalité. La dysphagie survient géné-
ralement plus tard au cours de l’évolution. Une
dysphonie par atteinte des muscles laryngés est
fréquemment associée. Le diagnostic repose sur
la biopsie musculaire et sur les études géné-
tiques moléculaires.
✓ Le ptôsis myasthénique
Le ptôsis est fréquent au cours de la myasthénie.
Il peut être unilatéral, bilatéral ou à bascule. Sa
principale caractéristique est sa fluctuation au
cours de la journée. Il peut apparaître au moindre
effort musculaire ou au cours d’un effort d’atten-
tion. Le ptôsis est majoré par la fermeture forcée et
prolongée des yeux, et par les efforts prolongés
d’élévation des yeux. Le test au glaçon (applica-
tion d’un glaçon sur la paupière occluse pendant
2mn) conduit à sa disparition. Il est souvent
associé à une diplopie. L’atteinte oculomotrice
peut simuler une atteinte du III, du IV ou du VI,
voire une paralysie de fonction comme l’ophtal-
moplégie internucléaire. La motricité pupillaire
est toujours respectée. Il existe très fréquemment
une atteinte des orbiculaires. Le diagnostic de
myasthénie oculaire est essentiellement clinique.
La négativité des examens complémentaires
n’élimine pas le diagnostic. La recherche d’anti-
corps antirécepteurs à l’acétylcholine n’est posi-
tive que dans 50 % des formes oculaires pures.
La recherche de bloc myasthénique à l’électro-
myogramme, dans ces formes, peut aussi être
négative. On peut alors pratiquer un examen sur
fibre unique, plus complexe à réaliser, mais plus
sensible. Le test pharmacologique à la Prostig-
mine®(le Reversol®n’étant actuellement plus
commercialisé) entraîne une réversibilité transi-
toire du ptôsis. Le principe consiste à restaurer
la conduction neuromusculaire par l’injection
d’un produit anticholinestérasique. Le test est
positif quand il existe une amélioration tempo-
raire des signes ; cependant, tous les patients
avec une myasthénie avérée n’ont pas un test
positif. Le traitement par anticholinestérasique
doit systématiquement être débuté, mais il n’a
généralement qu’une faible efficacité sur les