important de pouvoir se faire aider Maîs je suis tres
méfiante envers les medicaments contre Alzheimer, recon-
nus aujourd'hui comme inefficaces et délétères Pour cette
maladie, on dispose par exemple de marqueurs biologiques
comme les protéines tau et les bêta-amyloides, maîs on
n'évoque jamais un excellent indicateur pour poser le
diagnostic un défaut d'acetylcholme L'attention baisse
souvent quand on quitte lavie professionnelle pour entrer
en retraite Avec cette nouvelle routine quotidienne, notre
vigilance et notre curiosité sont moins mobilisées, d'où un
affaiblissement des circuits de l'acetylcholme et la dispa
« Quand vous savez commentfonctionne votre
cerveau, il vous est plus facile d'aller bien. »
rition progressive des neurones concernes, ce qui constitue
un des marqueurs dalzheimer Si on prêtait attention a ces
facteurs en amont, et si on travaillait sur l'attention et la
vigilance, donc sur l'acetylcholme, avant même Ie déclen-
chement de la maladie ou en stade précoce, on pourrait
agir en restreignant au maximum la prescription de medi-
caments Un autre bon moyen naturel de retarder
Alzheimer est de limiter ie stress, puisque la serotomne
empêche la formation des plaques amyloides qui caracté-
risent cette maladie, en segmentant les acides aminés qui
les composent et en permettant leur liberation dans les
urines. Avec des personnes âgees déjà malades, a des
stades plus avances, il est bon de faire travailler la stimu
Iationcognitiveetlestechmques«anhsrress»pourdeve
lopper l'attention et la vigilance, la flexibilite, le
lâcher-prise, la sérénité, chez elles aussi
Finalement, la meilleure prevention, c'est rester cuneux,
aimer la vie, être heureux 7
Oui '
Maîs
c'est
quoi,
être
heureux, pour vous9
II
est
difficile
de prescrire aux gens d'être bien dans leur peau, de savoir
se positionner pour connaître le moins de frustration
possible et suivre leur chemin ll faut savoir précisément
et clairement ce qui les met dans ces etats internes, et leur
apprendre a les gerer Libérer de la dopamme ne produit
pas en nous le même effet que libérer de l'ocytocme
Quand on en est conscient, on a plutôt envie de libérer des
endorphines plutôt que la noradrenalme ' Le tout est d'ap-
prendre ce qu'il faut faire au quotidien pour libérer tel
neurotransmetteur plutôt que tel autre, dans la mesure du
possible Autant faire du sport pour libérer sa dopamme,
ou s'intéresser a sa melatonme pour eviter les somnifères
Une fois que vous savez comment fonctionne votre ccr
veau, il vous est plus facile de savoir comment aller bien
La chimie influence nos pensées, nos emotions, maîs l'in-
verse est vrai aussi Vous mangez une tranche de citron,
elle a un effet sur votre chimie (salivation ou hérissement
des poils sur les bras, etc acetylchohne), vous en aimez ou
pas les sensations, vous vous forgez des croyances sur ce
fruit, des pensées Inversement, le simple fait d'imaginer
de mordre un citron fait ressentir de l'acidité Fimagina-
tion seule suffit a changer notre physiologie Donc, dans
certaines situations plus difficiles, il est important que le
sujet travaille sur lui, ses croyances, ses représentations,
ses positionnements, s'auto-recadre par rapport a son
histoire de vie pour s'en libérer lui même, se recentrer et
se realiser en tant qu identité C'est possible grâce a la
plasticité cérébrale, et important pour bien gerer sa vie et
son cerveau
Faut-il alors encourager la pensée positive, voire la
methode Coue?
La pensée positive, certainement, maîs en en comprenant
les ficelles Sinon on en revient a la methode Coue Si
c'est pour se persuader de quelque chose d'irréalisable,
ce n'est pas la peine, on court a la frustration Si c'est pour
augmenter nos pensées positives, en sachant qu'elles
mobilisent la dopamme, la serotomne, l'acetylcholme,
l'ocytocme, les endorphines oui, a condition d'en avoir
conscience, et d'y goûter II y en a, des livres sur la pensée
positive ' Les gens ont des «recettes» maîs ne peuvent pas
les comprendre s'ils ne font pas le lien avec leur physio-
logie, ils ne savent pas que cette pensée positive a
diverses actions sur la chimie du cerveau Les psycholo-
gues eux-mêmes n'ont pas forcement envie de savoir tout
cela, car ces considérations rapprochent la psychologie
de la physiologie Et les psychologues n'ont pas forcement
envie de travailler en ce sens, par goût (filiere sciences
humaines vs filiere scientifique) ou par méconnaissance,
car lenseignement universitaire cloisonne les connais
sances, qui passent par la spécialisation, I expertise La
synthèse et les ponts entre les divers domaines ne se font
pas La recherche universitaire française n'est pas encore
prête a évoluer vers une compréhension globale de l'hu-
main, a regrouper tous les savoirs pour en faire un enri-
chissement Y a-t-il une intention positive ? •
PROPOS RECUEILLIS
PARJEAN-FRANÇOIS MARMION