74 KRISZTINA MARÁDI
bons commentateurs de textes consiste `
a utiliser l’´
etymologie, l’histoire, les
ressources fournies par d’autres occurrences pour pouvoir d´
elimiter apr`
es, au
plus juste la port´
ee des termes dont un contexte trop ´
etroit ne r´
ev`
ele pas
du premier coup la valeur. En effet, l’´
etymologie, avec la morphologie, est
l’une des m´
ethodes qui peut nous aider `
a nous connaˆ
ıtre dans le jungle du
lexique ancien. Elle se pr´
esente comme un bon moyen d’instaurer un ordre
chronologique dans l’ensemble amorphe du lexique, comme, d`
es le IXesi`
ecle,
le lexique de l’ancien français est compos´
ed’
´
el´
ements h´
et´
erog`
enes. Le plus
important est le stock des mots latins dont les Gaulois avaient appris l’usage
d`
es la conquˆ
ete. Bien moindre, mais non n´
egligeable, est celui des termes
celtiques du substrat gaulois, dont les paysans n’avaient pas perdu l’emploi.
Plus tard, au cours de la p´
eriode de bilinguisme qui r´
egnait en Gaule entre le
Veet le IXesi`
ecle, les Gallo-romans adjoignaient `
a leur vocabulaire des mots
d’origine francique, venant du superstrat et ils les latinisaient, en les adaptant
`
a la morphologie du gallo-roman.
L’autre m´
ethode non moins utile est la morphologie. En effet, durant
cette ´
epoque, la n´
eologie s’exerçait librement, hors de la contrainte des pu-
ristes ; la d´
ecouverte d’une mati`
ere, l’invention d’un engin appelaient la cr´
ea-
tion ou l’emprunt de termes propres. Ainsi, le lexique s’enrichissait `
al’initia-
tive des locuteurs, qui maniaient la langue avec une libert´
esurprenante.
L’analyse morphologique introduit un autre type d’ordre dans l’ensemble
apparemment confus du lexique, un ordre de caract`
ere syst´
ematique qui classe
les lex`
emes en mots radicaux inanalysables et en mots construits. Pour re-
grouper objectivement ces derniers, la d´
erivation et la composition consti-
tuent des cadres propices. Le nombre ´
elev´
e des formes d´
eriv´
ees en ancien
français sugg`
ere que les sujets, `
a cette ´
epoque, avaient une conscience claire
des moyens d’´
elargir une base radicale, mˆ
eme s’ils n’´
etaient pas en mesure de
d´
efinir, comme on le fait aujourd’hui, la nature et la port´
ee de ces transfor-
mations. De cette façon, il se dessine une classe tr`
es ´
elargie de bases affix´
ees
qui se d´
ecompose elle-mˆ
eme en sous-classes suivant la position et la fonction
de l’affixe.
Un coup d’oeil superficiel suffit pour constater que les proc´
ed´
es de d´
eri-
vation ´
etaient tr`
es productifs : le nombre des suffixes ´
etait relativement grand.
En ce qui concerne la formation de mots nouveaux par la pr´
efixation, cette
forme de composition est ´
egalement tr`
es fructueuse, de nombreux pr´
efixes
latins (a, de, des, en, par, re), restent vivants et l’ancien français avait souvent
recours `
a ces ´
el´
ements, comme par exemple aux pr´
efixes qui font l’objet de la
pr´
esente ´
etude : mes-, mal/mau-, entre-.
lex`
emes, soit par adjonction d’un pr´
efixe `
a une base lexicale. Mais moi, je suis plutˆ
ot pour la
tendance qui ne dissocie pas l’adjonction des suffixes et des pr´
efixes, en les classant dans deux
proc´
ed´
es morphologiques diff´
erents et je consid`
ere comme mots compos´
es uniquement les
unit´
es form´
ees de 2 lex`
emes pouvant figurer de façon autonome dans des phrases.