Dossier pédagogique Jura en Berne MHDP - Musée de l`Hôtel

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Le Jura en Berne
Bicentenaire du Congrès de Vienne (1815)
Informations pratiques
Musée de l'Hôtel-Dieu 5, Grand-Rue 2900 Porrentruy 032 466 72 72 [email protected]
Commissaires d’exposition : J.-C. Rebetez et D. Bregnard, Archives de l’Ancien Evêché de Bâle (AAEB)
Dates du 3 octobre 2015 au 27 avril 2016
Horaire
Du mardi au dimanche, de 14 à 17 heures.
Pour les groupes et les écoles : du lundi au dimanche, à toute heure de la journée, sur rendez-vous.
Réservation obligatoire au moins 24h à l'avance au tél. 032 466 72 72 ou à l'adresse [email protected].
Tarifs
La visite est gratuite pour les écoles jurassiennes, de même que pour les enseignant-e-s qui préparent
leur visite. Veuillez vous annoncer à l’accueil du Musée.
La publication de l’exposition est gracieusement offerte à tout-e enseignant-e qui visite l’exposition
avec sa classe. Elle contient de nombreux textes utiles à la préparation d’une visite.
Le personnel du Musée se met volontiers à disposition pour une courte introduction de l’exposition
(env. 10-15 minutes), dans la mesure de ses disponibilités.
Sur demande, le prix d'une visite guidée scolaire complète (40-60 minutes) est organisée par les soins
du Musée et coûte CHF 50.00.
L'exposition "Le Jura en Berne" est recommandée pour les enfants à partir de 10 ans. Chaque tranche
d’âge y trouvera matière à réflexion, initiation et étonnement. Le présent dossier s’efforce de donner
des pistes pour tous les degrés d'enseignement. Nous vous invitons à adapter la visite à l'âge et à
l'intérêt de vos élèves.
Pour assurer la pertinence et l'intérêt de la visite, il est recommandé de la préparer en classe avant
votre venue dans l’exposition (par une visite préalable et avec le présent dossier et la publication pour
celles et ceux qui désirent aller plus loin). Nous nous tenons volontiers à votre disposition.
Nous nous réjouissons de vous accueillir prochainement au Musée !
Dossier réalisé par :
Anne Schild, conservatrice, avec le concours de MM. Jean-Claude Rebetez et Damien Bregnard des
Archives de l’Ancien Evêché de Bâle (AAEB), commissaires de l’exposition.
04.11.2015
Dans le cadre de cette exposition, plusieurs événements ont lieu : vous pouvez d’ores et déjà réserver
ces dates pour une prochaine visite.
Samedi 14 et dimanche 15 novembre 2015 : week-end de Saint-Martin. Entrée libre.
Animations le samedi entre 14h-16h30 (6 petites visites thématiques de 5-10 minutes chacune).
Dimanche 17 janvier et 6 mars 2016 à 15h. : visites commentées publiques.
Vendredi 20 novembre 2015 : « De la crosse à la croix. L’ancien Evêché de Bâle devient suisse (Congrès
de Vienne – 1815) », colloque organisé par les AAEB au Collège Stockmar.
27 janvier 2016 : « De 1815 à aujourd’hui. Religion et politique », table ronde organisée par Forum
Citoyens et la Société jurassienne d’Emulation au MHDP.
Dossier pédagogique – Le Jura en Berne
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Le Jura en Berne
Bicentenaire du Congrès de Vienne (1815)
Exposition temporaire du 3 octobre 2015 au 27 avril 2016
Pistes pédagogiques
Introduction destinée aux enseignants
Cette introduction reprend les textes qui se trouvent dans les salles de l’exposition, correspondant
aux thématiques abordées.
1815 est une date essentielle pour l'Europe et la Suisse, mais aussi pour le Jura – c'est à ce moment en
effet qu'il devient Suisse. Le Congrès de Vienne met un terme à une époque de bouleversements
majeurs : en une génération à peine, la Révolution et l'Empire napoléonien ont balayé l'Ancien Régime
et apporté de profondes innovations politiques. La Restauration marque un retour en arrière, mais
partiel et vite contesté.
Quatre salles vous offrent un voyage dans le temps.
I. La valse des régimes
Un habitant de Porrentruy a pu naître sujet du prince-évêque, devenir Français étant enfant, et se
marier suisse ! Que de changements dans la vie quotidienne, les libertés individuelles, etc. Si vous
passez sous la toise, vous pourrez vous mesurer comme dans le temps, en pieds de roi et en pieds
fédéraux.
II. Quel sort pour l'ancien Evêché ?
En 1814-1815, l'Evêché est un pays sans maître. Que veulent les populations ? Et les cantons voisins ?
Que décident les Puissances et quelles seront les conditions du rattachement au Canton de Berne ? Ne
manquez pas dans cette salle l'enregistrement exclusif d'un dialogue entre Metternich et Talleyrand…
III et IV. Le XIXe siècle en caricatures et Décryptages
Grâce aux caricatures de cette époque, il est possible de survoler l'intégration du Jura dans le Canton
de Berne, ainsi que les crises qui l'ont émaillée. Ces dessins savoureux donnent une image pleine de
relief de cette époque… Encore faut-il pouvoir décrypter ces caricatures – ce qui ne va pas toujours de
soi ! Des postes informatiques permettent d'approfondir la question.
Dossier pédagogique – Le Jura en Berne
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Quatre ados imaginaires pour le jeune public
Virtuels mais potentiellement réels, quatre adolescents, tous nés en 1800, servent de guides au jeune
public et ajoutent de la chair et de l'humanité aux évènements historiques. Ils posent des questions sur
de petits volets, que nos jeunes visiteurs soulèveront pour découvrir les réponses.
Ils se prénomment Hélène, Esther, François et Jakob et un panneau d’introduction les présente à
l’entrée de l’exposition.
Dossier pédagogique – Le Jura en Berne
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Salle I : La valse des régimes
1. Sujets du prince-évêque
A la fin de l'Ancien Régime, le prince-évêque règne sur un Etat (la principauté épiscopale ou l'Evêché de
Bâle) dont les régions ont des statuts différents. La partie nord, catholique, relève du Saint Empire,
alors que la partie sud, protestante, est alliée aux Suisses, ce qui la protège lors des conflits (guerre de
Trente Ans, Révolution).
Souverain absolu, le prince peut réunir les Etats du pays, qui regroupent des représentants des trois
ordres (voir ci-dessous) de la partie impériale et sont chargés de répartir les contributions. L'argent est
sans doute déposé dans le coffre des Etats. En matière de justice, la torture, prévue par la "Caroline"
(le code criminel de Charles-Quint en vigueur dans l'Empire), est encore utilisée. Les milices
bourgeoises forment l'armée des princes-évêques, d'une efficacité relative. En 1758, l'Evêché lève un
régiment au service de la France.
La société, inégalitaire, comprend 3 ordres, dotés de droits et de privilèges différents :
- Clergé : tribunal particulier, pas de peine de mort, exemption de certaines redevances,
perception de la dîme (impôt impopulaire sur les récoltes).
- Noblesse : franchises fiscales, droits spéciaux en matière de chasse, privilèges judiciaires.
- Tiers Etat : pas de privilèges ! Les bourgeois d'une communauté ont des droits politiques et des
avantages matériels (pâture du bétail, bois de chauffage) dont ne jouissent pas ceux qui ne sont
pas bourgeois.
Hélène
Grand-papa Joseph était le chancelier du prince. Il a même été anobli ! Nous sommes devenus une des
familles les plus puissantes de la principauté. Comme nobles, nous avions des privilèges – mais
mérités : c'est quand même nous qui faisions "tourner" l'Etat. Ah ! C'était le bon temps…
Jakob
Pour nous les anabaptistes, c'était moins drôle : plusieurs fois mes grands-parents ont failli se faire
chasser de l'Evêché à cause de leur religion. On avait intérêt à travailler dur pour les propriétaires des
fermes qu'on louait et à faire profil bas !
Esther
Pour nous les juifs, c'était encore moins drôle : on n'avait tout simplement pas le droit de s'établir dans
la principauté ! D'Alsace, mon grand-père venait parfois à la foire de Porrentruy pour son commerce de
bétail, mais il n'osait pas rester et devait payer des taxes spéciales.
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2. Citoyens français (1793-1799)
Le 14 juillet 1789, le peuple français prend la prison de la Bastille, symbole du pouvoir royal : la
Révolution française est en marche ! Les idées nouvelles se propagent et agitent aussi l'Evêché de Bâle
voisin. En avril 1792, le prince Joseph de Roggenbach s'enfuit devant l'arrivée des troupes françaises.
Après quelques mois d'incertitude, la République rauracienne est proclamée dans la partie nord de
l'Evêché, puis réunie à la France en 1793.
L'intégration à la République induit de profondes mutations:
- L'ancienne Rauracie forme le département du Mont-Terrible, le plus petit de France ; chef-lieu :
Porrentruy. Le sud, allié des Suisses, reste indépendant jusqu'à la fin de 1797, avant d'être lui
aussi envahi – ou libéré, c'est selon…
- La société d'ordres disparaît, les privilèges des nobles et du clergé sont abolis. Les nouveaux
citoyens participent aux élections des autorités et des représentants de leur département à la
Convention.
- Il n'y a plus de distinction entre bourgeois et habitants. Dans les communes, les droits et les
devoirs, politiques comme économiques, sont les mêmes pour tous.
- Catholiques, protestants, juifs, anabaptistes sont tous des citoyens.
- La vente forcée des biens nationaux (du clergé et de la noblesse) au profit de l'Etat ruine
l'Eglise. La majorité des prêtres, réfractaires à la Constitution civile du Clergé (1790), ainsi que
les nobles, quittent le pays. Les bourgeois aisés achètent leurs biens à des conditions
favorables.
- Le service de milice, peu astreignant sous l'Ancien Régime, est remplacé par la conscription : le
service militaire obligatoire pour les hommes de 20 à 25 ans, par tirage au sort, en fonction de
la "demande" nationale en soldats. Les refus de servir sont nombreux !
Hélène
Comme la Révolution s'attaquait aux nobles, mes parents ont dû quitter l'Evêché. J'étais bébé quand
ma famille a enfin pu revenir à Porrentruy. Mais nous avons eu beaucoup de peine à récupérer notre
belle maison et nos terres, que les révolutionnaires avaient confisquées.
François
La Révolution, ça a du bon : mon père a enfin pu acheter un moulin à Porrentruy. Il appartenait à
l'évêque et nos ancêtres l'exploitaient depuis des générations sans jamais avoir pu l'acquérir. Mais avec
les nouvelles unités de mesure que la France veut nous imposer, mon père n'y comprend plus rien : il
continue de mesurer son épeautre en boisseaux. Un décalitre, ça ne veut rien dire !
Dossier pédagogique – Le Jura en Berne
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3. Sujets de Napoléon (1800-1813)
En 1799, Napoléon met un terme à la Révolution, qui avait déjà opéré un virage à droite en 1795, après
le tragique épisode de la Terreur. L'administration et le territoire sont réorganisés :
- Le Département du Mont-Terrible est fondu dans celui du Haut-Rhin (1800).
- Delémont et Porrentruy (ravalée au rang de sous-préfecture) deviennent chefs-lieux
d'arrondissement. De Colmar, le préfet transmet ses ordres aux deux sous-préfets, qui les font
suivre dans les communes.
La période napoléonienne est bien sûr marquée par la conscription. Certains refusent de servir,
d'autres, comme Abraham Romy (voir la lettre exposée), partent pour des destinations lointaines… et
parfois définitives. Sur les 1'600 "Jurassiens" incorporés dans la Grande Armée en juin 1812 lors de la
campagne de Russie, 1'500 ne reviendront pas ! Quelques-uns cependant feront de belles carrières
militaires.
Napoléon n'est pourtant pas qu'un homme de guerre. C'est sous son règne (1804) qu'est promulgué le
Code civil (ou "Code Napoléon"), qui unifie et modernise le droit.
C'est aussi de cette époque que date la disparition "officielle" de la principauté épiscopale, consacrée
par le Traité de Lunéville (1801) et la Diète de Ratisbonne (1803). L'évêque de Neveu perd ses droits
temporels sur la principauté et reçoit une pension en dédommagement.
François (1811)
Mon père m'a raconté : quand Napoléon a voulu devenir consul à vie en 1802, il a organisé un
plébiscite (un vote), soi-disant pour savoir si les gens étaient d'accord. Mon père a voté oui, un peu
parce qu'il n'osait pas faire le contraire. Cela se serait vu : il devait inscrire son nom sur un registre que
tout le monde pouvait lire…
Hélène (1811)
Moi j'aime bien Napoléon : c'est un bon catholique, puisqu'il a réconcilié la France avec le pape. En
1804, le souverain pontife l'a même sacré empereur – j'ai vu de superbes gravures de la cérémonie. Ah,
comme j'aurais voulu y être ! Toute l'Europe admire l'empereur… et en plus, papa a de nouveau des
fonctions officielles.
Esther (décembre 1813)
Mon frère est mort ! On a appris hier qu'il a été tué à la bataille de Leipzig le 17 octobre 1813 – ça
faisait des semaines qu'on était sans nouvelles de lui. C'est de la faute de Napoléon : depuis son
"Décret infâme" de 1808, nous, les Juifs d'Alsace, nous n'avons plus autant de droits que les autres
Français. Mon frère a dû partir à la guerre, alors que s'il avait été chrétien, il aurait pu payer un
remplaçant.
Dossier pédagogique – Le Jura en Berne
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4. Ni français, ni suisses (1814-1815)
La défaite napoléonienne est très vite suivie de l'entrée dans l'Evêché des armées autrichiennes
(décembre 1813), en route vers Paris. Pour ne pas laisser le pays sans maître, les Alliés désignent
Conrad d'Andlau gouverneur général de la Principauté de Porrentruy. Il nomme son beau-frère, Conrad
de Billieux, commissaire du gouvernement à Porrentruy. Trois arrondissements sont créés : Porrentruy,
Delémont et l’Erguël. D'Arlesheim, Andlau donne ses ordres à Billieux, chargé de les relayer sur le
terrain.
La nouvelle administration a de nombreuses tâches :
- Satisfaire aux lourdes réquisitions imposées par les Alliés : nourriture pour les soldats, fourrage
pour les chevaux, chaussures, habits, charrois…
- Prélever les contributions : une recette générale à Delémont et une recette par arrondissement.
- Réorganiser la justice : un tribunal à Porrentruy, un autre à Delémont.
- Salarier les fonctionnaires, payer les retraites.
La mission d'Andlau est compliquée dans le sud de la principauté, qui ne reconnaît pas son pouvoir et
se prévaut de ses anciennes alliances helvétiques. Nord et sud connaissent des traitements différents :
- Le nord est occupé par les troupes autrichiennes (ce qui facilite l'établissement du pouvoir
d'Andlau !), le sud par les troupes suisses (vaudoises puis bernoises).
- Le sud refuse de fournir les réquisitions et d'acquitter les contributions.
En août 1815 et suite aux décisions du Congrès de Vienne (voir salle II), Andlau est remplacé par Escher
vom Luchs, commissaire général de la Confédération chargé par la Diète de préparer l'intégration de la
principauté aux Cantons de Berne et de Bâle.
François (mars 1814)
Avec mon père, on a dû amener trois bœufs au blocus d'Huningue, près de Bâle, où les Alliés
combattent les Français. Pendant quatre jours, on n'a pas pu travailler au moulin. Si on avait refusé, les
officiers autrichiens nous auraient passés à tabac – déjà qu'on doit en accueillir trois à la maison. Ils
occupent les chambres chauffées, mangent comme des ogres et boivent toute la goutte !
Hélène (mars 1814)
L'oncle Andlau dirige la principauté, papa est comme son premier ministre ! Il a un grand bureau à
l'Hôtel des Halles. On loge souvent des officiers autrichiens à la maison, j'adore ça : ils racontent leurs
prouesses… et toutes les horreurs commises par Napoléon. Quel monstre, celui-là ! Quand je pense
que je l'admirais…
Jakob (mars 1814)
Que se passera-t-il à la fin de la guerre ? Toutes sortes de bruits courent. A Bonfol, mes parents ont
entendu dire qu'on devrait faire inscrire la naissance de nos enfants dans les registres du curé ! Qui sait
même si nous n'allons pas de nouveau être chassés
Dossier pédagogique – Le Jura en Berne
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5. Bernois, Bâlois… Suisses
En 1815, la principauté devient suisse – et le restera définitivement. Le Canton de Bâle reçoit quelques
communes, mais la plus grande part du territoire devient bernoise. Comme leurs concitoyens de
l'Ancien Canton, les nouveaux Bernois et Bâlois restent d'abord sous la coupe du patriciat urbain. Peu à
peu, leurs droits politiques et leurs libertés individuelles seront reconnus. Ils conservent leur confession
propre (voir la salle II).
L'intégration du Jura dans le Canton de Berne ne va pas sans heurts, particulièrement dans la partie
nord catholique (Articles de Baden, Kulturkampf, voir la salle III).
La confessionnalisation du débat politique est une caractéristique de la Suisse du XIXe siècle. La fracture
est profonde entre catholiques et conservateurs d'une part, favorables à une large autonomie des
cantons, et d'autre part protestants et progressistes anticléricaux, partisans d'une Confédération forte.
Ces derniers remportent une grande victoire lors de l'adoption de la constitution fédérale de 1874 –
mais elle est refusée à 72% dans le Jura catholique !
La centralisation passe aussi par la réforme de l'armée. La stupéfiante victoire prussienne sur la France
en 1870 et les couacs marquant la défense des frontières lors de cette guerre mettent en évidence
l'obligation d'adapter l'armée suisse. Elle deviendra un moyen d'intégration fédérale et le creuset de
l'identité nationale. Le fusil conservé à la maison par le "citoyen-soldat" restera longtemps un symbole
identitaire…
Jakob (1816)
C'est quand même drôle, l'histoire ! Mes ancêtres avaient été chassés de l'Emmental par les Bernois
parce qu'ils étaient anabaptistes, et maintenant, avec la réunion de l'Evêché, nous sommes de nouveau
Bernois. Heureusement, maintenant, on ne risque plus rien…
Hélène (1848)
C'est un scandale ! En 1846, la constitution de Berne accordait le droit de vote à tous les hommes – par
exemple mon cocher et mes valets, et plus seulement les gens aisés. Très bien, bravo… les temps
changent et il est normal que tout le monde vote. Cette année, en 1848, tous les hommes ont reçu le
droit de vote au niveau suisse. Encore bravo ! Mais pourquoi pas nous, les femmes ? Je me suis fâchée
avec M. le curé, qui trouve cette idée absurde et s'est moqué de moi en disant que les femmes
auraient peut-être le droit de vote en 1971… 1971 ! Ri-di-cule !
Dossier pédagogique – Le Jura en Berne
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6. Poids et mesures : c'est le pied !
"Tu n'a pas une once de bon sens !", "le médecin m'a fait passer sous la toise", "j'ai acheté une livre de
viande chez le boucher" : notre lexique contient encore des survivances d'une époque où l'on ne
mesurait pas en mètres ou en kilos, et où les unités de mesure ne se basaient pas sur le système
décimal.
Hétérogène dans l'espace, variable dans le temps et selon l'objet mesuré : tel est le système des poids
et mesures dans l'ancien Evêché de Bâle – et dans l'Europe d'avant la Révolution. L'aune de Porrentruy
ne vaut pas celle de Saint-Ursanne. Le boisseau de Saignelégier en 1450 ne correspond pas à celui de
1750.
Mais penchons-nous sur un cas particulier : le pied. A la fin du régime épiscopal, le nord de l'Evêché
mesure la longueur en pieds de roi (32,48 cm). Dans le sud, on utilise aussi le pied de roi, mais
concurremment avec le pied courant du pays (29,77 cm) ou le pied de Berne (29,33 cm). Le pied de roi
se divise en 12 pouces de 2,7 cm et chaque pouce en 12 lignes de 0,23 cm. Heureusement, il existe des
tables de conversion…
Madame mesure 1 m 65 ? Elle aurait fait 5 pieds et 1 pouce de roi. Son époux mesure 10 cm de plus ? Il
aurait eu une taille de 5 pieds 4 pouces et 8 lignes de roi. Une toise équivaut à 6 pieds, soit env. 1 m 95.
Au XIXe s., le pied fédéral (1838-1876) mesure 30 cm et se divise en 10 pouces de 3 cm, 100 lignes et
1000 points. C'est l'art du compromis helvétique : un peu de système décimal mais pas encore le
mètre… Il faudra attendre 1877 pour que le système métrique devienne la norme officielle et que
l'unification définitive des poids et mesures soit réalisée dans toute la Suisse.
Mesurez-vous comme dans le temps !
Dans l’exposition se trouve une toise. En la faisant coulisser verticalement, vous connaîtrez votre taille
en pieds et en pouces de roi (à gauche), ainsi qu'en pieds et en pouces fédéraux (à droite). On n'a pas
représenté les lignes, trop petites.
La taille minimale pour servir dans le régiment des princes-évêques au service de France était de 5
pieds 2 pouces : auriez-vous été admis ?
Dossier pédagogique – Le Jura en Berne
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Le Jura dans le Canton de Berne
Dans un premier temps, sous la Restauration (1815-1830), l'intégration du Jura à Berne se passe assez
bien.
Paradoxalement, les problèmes débutent après la révolution de 1831 (Régénération bernoise). Les
Jurassiens jouent un rôle important dans le renversement du gouvernement oligarchique bernois et ils
influencent beaucoup la nouvelle constitution libérale (qui fait du français l'une des deux langues
nationales du canton).
Dès lors, la question fondamentale qui se pose durant tout le siècle est celle du statut particulier que le
Jura peut obtenir, et conserver, dans le cadre cantonal. Les principaux points litigieux sont les suivants :
- Finances : maintien du régime fiscal spécifique et obtention d'une part équitable des
investissements (chemins de fer, etc.).
- Bourgeoisies : conservation des communes bourgeoises et des particularités régionales en
matière d'assistance aux pauvres.
- Droit français : les Jurassiens veulent conserver les codes civil et pénal français et rejettent le
droit bernois. La question du droit suscite une très grave crise en 1839-1840.
- Indépendance de l'Eglise catholique : il s'agit du plus grave problème, mais qui ne concerne que
le nord. Les crises se succéderont : serment constitutionnel des prêtres, Articles de Baden
(1834-1836), laïcisation des écoles (mixité religieuse), Kulturkampf.
Le débat politique devient féroce. Les conservateurs catholiques (les "Noirs") et les progressistes
radicaux (les "Rouges") se combattent sans merci… Les caricaturistes de la région s'en donnent à cœur
joie !
François (29 février 1836)
Il faut sauver la religion ! Le Canton de Berne vient d'adopter les Articles de Baden. Cela veut dire que
l'Etat pourra contrôler les décisions du pape et de l'évêque, que des protestants et des catholiques
pourront se marier ensemble librement, qu'on va réduire le nombre de nos fêtes chômées et j'en
passe ! Pas question ! Pour protester, ma femme et ses amies sont allées planter un arbre de la religion
devant l'église et elles montent la garde ! Je ne parle plus à mon frère : c'est un radical enragé, il
soutient mordicus le gouvernement. Il paraît que Berne va même nous envoyer la troupe…
Jakob (1837)
Mon fils aîné s'est converti au protestantisme… ça m'a fait mal ! Ce qui me console, c'est qu'il va
devenir instituteur. Le canton vient d'ouvrir une Ecole normale à Porrentruy. Tous les jeunes peuvent y
entrer, qu'ils soient catholiques ou protestants. Sans cela, les protestants du sud du Jura devraient aller
à l'Ecole normale alémanique, mais comme ils parlent français, ça ne va pas. Certains catholiques sont
furieux parce qu'ils ne veulent pas du mélange confessionnel, qui serait contraire à l'Acte de réunion.
Ils font même des dessins pour se moquer – mon fils est très vexé…
Dossier pédagogique – Le Jura en Berne
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Kulturkampf (1872-1878)
Au XIXe s., il y a dans toute l'Europe une forte opposition entre l'Eglise catholique et l'Etat :
- L'Eglise refuse alors la démocratie, la liberté de pensée et de conscience, la liberté de la presse,
le mariage civil, etc.
- De son côté, l'Etat s'immisce dans les affaires de l'Eglise : il prétend contrôler l'élection des
évêques, la nomination des curés, la formation dans les séminaires… De plus, il veut émanciper
les citoyens du contrôle de l'Eglise (mariage civil, écoles dirigées par l'Etat, etc.).
En Suisse, le Kulturkampf est particulièrement violent à Genève et dans le Jura. Il éclate après la
proclamation du dogme de l'infaillibilité pontificale (1870), ressenti comme une provocation par les
protestants et les progressistes. La réaction est violente :
- Interdiction de la proclamation du dogme par la majorité des cantons diocésains, dont Berne.
- Mgr Lachat, évêque de Bâle, refuse d'obéir et est déposé par les cantons (janvier 1873).
- Révocation, puis expulsion de tous les curés jurassiens restés fidèles à l'évêque (janvier 1874) ;
des soldats bernois occupent le nord du Jura.
- Le Canton de Berne suscite une nouvelle Eglise, dite catholique chrétienne, qui prend le
contrôle des églises paroissiales, désormais désertées par la grande majorité des paroissiens
restés fidèles à l'Eglise romaine.
- Normalisation : la constitution fédérale de 1874 interdisant l'expulsion de nationaux, les prêtres
bannis peuvent rentrer. Dès 1878, ils récupèrent les églises paroissiales.
François (1874)
Quelle misère ! Notre curé est banni, mes enfants doivent se rendre en France pour écouter la messe –
moi, je suis trop vieux pour y aller. J'ai très peur : si je meurs demain, trouvera-t-on un vrai prêtre
catholique pour me confesser et me donner l'extrême-onction ? Parfois, l'un d'eux vient en cachette
dire la messe dans une grange ou une maison, mais pourra-t-on le prévenir à temps ? En tout cas, je ne
veux pas du Pipit ! Maudits radicaux !
Esther (1874)
Pauvre François, je le plains ! D'un autre côté, pour une fois que ce n'est pas les Juifs qu'on persécute…
Parce que pour nous, la situation s'est vraiment bien améliorée en Suisse. A Porrentruy, nous sommes
devenus si nombreux (presque 300 sur 4'400 habitants) que nous avons inauguré notre synagogue cet
été. Vivent les radicaux !
Dossier pédagogique – Le Jura en Berne
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Le Jura en Berne
Bicentenaire du Congrès de Vienne (1815)
Exposition temporaire du 3 octobre 2015 au 27 avril 2016
Pistes pédagogiques
Questions aux élèves dans l’exposition
Pour répondre aux questions, il faut parfois trouver des informations dans les légendes des images
(petits numéros à droite de chaque photo) qui se trouvent sur les listes de salle à l’entrée (dans les
mangeoires en plastique). Bonne route !
Salle 1 (grande salle)
Salle 2
Salle
(parquetée)
3
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Salle 1 (grande salle)
Salle
4
Entrée
I. La valse des régimes (salle 1)
1. Sujets du prince-évêque
1. Comment s’appelait le dernier prince-évêque de Bâle à siéger à Porrentruy, condamné à fuir sa
résidence de Porrentruy à la Révolution ?
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2. No 2. Le coffre des Etats. Observez les armoiries qui s’y trouvent et tentez de les identifier.
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3. Qu’est-ce qu’un carcan ? A quoi servait cet objet ?
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2. Citoyens français (1793-1799)
4. La prise de la prison de la Bastille, survenue le mardi 14 juillet 1789 à Paris, est l’événement
déclencheur et emblématique de la Révolution française. Que font ces pierres à Porrentruy ?
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Dossier pédagogique – Le Jura en Berne
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5. Dans la vitrine. Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits […] . Ce texte
fondamental, autre symbole de la Révolution française, va être rédigé un mois après la prise de
la Bastille. Quel est ce texte ?
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6. Toujours dans la vitrine, vous trouvez des assignats, qui correspondent à du papier-monnaie
émis par le trésor révolutionnaire français, dont la valeur est gagée (« assignée « ) sur les biens
nationaux. En quelle(s) unité(s) monétaire(s) sont-ils établis ?
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3. Sujets de Napoléon (1800-1813)
7. No 12. Sur quel bâtiment de Porrentruy le drapeau français flotte-t-il en 1803 ? Pourquoi ?
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8. No 14. Dans l’imposant portrait de Napoléon peint par François-Ignace Tavanne en 1808, quels
sont les attributs (ou emblèmes) qui nous permettent d’identifier le célèbre empereur ?
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4. Ni Français, ni Suisses (1814-1815)
9. Par qui est gouverné le pays en 1814-1815 ?
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10. Dans la vitrine. Recensement de la population du 13 juillet 1814. Combien d’habitants comptait
Porrentruy en 1814 ? Dont combien de protestants et combien de juifs ?
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5. Bâlois, Bernois… Suisses
11. Que se passe-t-il en 1815 pour la région jurassienne (ancien Evêché de Bâle) ?
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12. No 21. Que symbolise le fusil militaire suisse au sein de la population ?
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13. No 22. Après avoir étudié le tableau représentant Napoléon (question 8), décrivez celui-ci.
Quels emblèmes similaires y trouvez-vous ? Décrivez également d’autres symboles.
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Dossier pédagogique – Le Jura en Berne
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6. Poids et mesures : c’est le pied !
14. Dans la vitrine. No 1. Que mesurait-on dans cet objet ? Que signifient la lettre P et la crosse ?
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15. Nos 3-5. A quoi servaient concrètement ces petits poids ?
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16. Combien mesurait a) un pied de roi et b) un pied fédéral ?
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II. Quel sort pour l'ancien Evêché ? (salle 2)
1814-1815: vœux des populations de l'Evêché
17. a) Combien y a-t-il d'opinions différentes au total ?
b) Quelles sont les deux opinions dominantes ?
c) Avez-vous une remarque à faire concernant Moutier ?
18. Dans la vitrine, on trouve deux pétitions. Que demandaient concrètement ces pétitions ?
Quels sont les deux villages concernés ici ?
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1814-1815: visées territoriales des cantons
19. Quels cantons étaient éventuellement intéressés par tout ou partie de l’ancien Evêché de Bâle ?
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Le Congrès de Vienne (septembre 1814 - juin 1815)
20. Comment s’appelaient les deux délégués officiels de l’Evêché ?
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21. Quelle est la décision la plus importante du Congrès de Vienne pour l’ancien Evêché de Bâle ?
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L’Acte de réunion (23 novembre 1815)
22. Quels sont les quatre points principaux de l’Acte de réunion au Canton de Berne ?
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Dossier pédagogique – Le Jura en Berne
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23. Dans la vitrine se trouve une tabatière en or. Que signifient les initiales RB ?
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III. Le XIXe siècle en caricatures (salles 3 et 4)
Le Jura dans le Canton de Berne
24. No 7. Quel point du code pénal bernois conteste l’auteur de cette caricature ?
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25. No 11. Parmi ces 67 vignettes aquarellées, retrouvez au moins trois dessins qui sont exposés
dans cette salle et notez les titres.
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Kulturkampf (1872-1878)
26. Qu’est-ce que le Kulturkampf ?
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27. Dans la vitrine, on trouve une mallette en bois avec des objets. De quelle nature sont ces
objets ? Pourquoi les transportait-on dans une mallette ?
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IV. Décryptages
Caricatures d'hier et d'aujourd'hui
28. Nos 17. et 18. Comparez ces deux caricatures et notez ce qui les différencie.
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29. Choisissez une caricature entre les nos 18. et 22. et trouvez-lui une explication. Vous pouvez
chercher de l’aide en consultant le poste informatique.
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Dossier pédagogique – Le Jura en Berne
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Le Jura en Berne
Bicentenaire du Congrès de Vienne (1815)
Exposition temporaire du 3 octobre 2015 au 27 avril 2016
Pistes pédagogiques
Questions aux élèves dans l’exposition – réponses possibles
I.La valse des régimes
1. Sujets du prince-évêque
1. Comment s’appelait le dernier prince-évêque de Bâle à siéger à Porrentruy, condamné à fuir sa
résidence de Porrentruy à la Révolution ?
Joseph Sigismond de Roggenbach, prince-évêque de Bâle de 1782 à 1794.
2. No 2. Le coffre des Etats. Observez les armoiries qui s’y trouvent et tentez de les identifier.
Au centre, un écusson figurant la crosse épiscopale rouge est surmonté de la mitre, la crosse et
l’épée, symboles des pouvoirs spirituel et temporel de l’évêque. En cercle autour se trouvent 13
écussons numérotés de 1-13 et portant les armoiries de :
1 Abbaye de Bellelay ; 2 Chapitre de Moutier-Grandval ; 3 Chapitre de Saint-Ursanne ; 4 Chapitre de
Saint-Michel ; 5 Ville de Delémont ; 6 Ville de Porrentruy ; 7 Ville de Saint-Ursanne ; 8 Baillage de
Zwingen ; 9 Ville de Laufon ; 10 Baillage de Birseck ; 11 Baillage de Pfeffingen ; 12 Ajoie ; 13 Baillage
des Franches-Montagnes.
3. Qu’est-ce qu’un carcan ? A quoi servait cet objet ?
Le carcan était un collier de fer servant à attacher un condamné en l'exposant publiquement à un
poteau (pilori).
2. Citoyens français (1793-1799)
4. La prise de la prison de la Bastille, survenue le mardi 14 juillet 1789 à Paris, est l’événement
déclencheur et emblématique de la Révolution française. Que font ces pierres à Porrentruy ?
Rattachée à la France en 1793, Porrentruy devient chef-lieu du département du Mont-Terrible, le
plus petit des départements français. La ville reçoit comme chaque municipalité française une pierre
de la Bastille comme symbole de la liberté. La Bastille fut prise d'assaut le 14 juillet par le peuple
parisien venu chercher de la poudre. Elle sera abattue comme « bastion de la tyrannie » à partir du
15 juillet par un entrepreneur privé nommé Pierre François Palloy, qui fit travailler 800 ouvriers. Il fit
un commerce très lucratif d'une partie des pierres provenant de la destruction de la Bastille en
les vendant dans toute la France en guise de souvenirs. Il fit même réaliser 83 maquettes de la
Bastille avec des pierres réduites en poudre, qui furent envoyées dans tous les chefs-lieux des
départements français. Celle de Porrentruy se trouve aujourd’hui au Musée historique de Berne.
5. Dans la vitrine. Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits […] . Ce texte
fondamental, autre symbole de la Révolution française, va être rédigé un mois après la prise de
la Bastille. Quel est ce texte ?
La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 est un texte fondamental de la
Révolution française. Il énonce un ensemble de droits naturels individuels et les conditions de
leur mise en œuvre.
Dossier pédagogique – Le Jura en Berne
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6. Toujours dans la vitrine, vous trouvez des assignats, qui correspondent à du papier-monnaie
émis par le trésor révolutionnaire français, dont la valeur est gagée (« assignée « ) sur les biens
nationaux. En quelle(s) unité(s) monétaire(s) sont-ils établis ?
On trouve des assignats en sols et en livres (unités de l’Ancien Régime), puis en francs.
3. Sujets de Napoléon (1800-1813)
7. No 12. Sur quel bâtiment de Porrentruy le drapeau français flotte-t-il en 1803 ? Pourquoi ?
Sur l’actuel bâtiment de l’Hôtel des Halles. Pendant la période française, l’ancienne halle aux blés
devient le siège de l’administration en place. En 1803, c’est là le siège de la sous-préfecture du
département du Haut-Rhin.
8. No 14. Dans l’imposant portrait de Napoléon peint par François-Ignace Tavanne en 1808, quels
sont les attributs (ou emblèmes) qui nous permettent d’identifier le célèbre empereur ?
Les éléments suivants forment les attributs classiques pouvant définir Napoléon :
- Le costume de sacre, en particulier le long manteau impérial en velours pourpre (couleur des
empereurs romains), semé d’abeilles d’or (symboles de la monarchie depuis les
Mérovingiens) et ourlé de son initiale N, cerclée de lauriers. Ce riche manteau est doublé
d’hermine.
- Le grand collier de la Légion d’Honneur en or et pierres précieuses, composé d’aigles
impériales. Napoléon a créé l’ordre de la Légion d’Honneur le 13 mai 1802 afin de
récompenser les mérites militaires ou les services civils rendus à la nation. « C’est avec des
hochets que l’on mène les hommes », disait-il.
- La couronne de lauriers, entièrement en or, composée de 44 grandes feuilles et de 12 plus
petites, ainsi que 42 baies de laurier, montées sur un bandeau ovale garni de velours. Elle fut
fondue en 1819. Cet attribut rappelle également les empereurs romains.
- Le sceptre est un bâton de commandement, signe d’autorité de celui qui le détient. Il était un
symbole traditionnel de la monarchie française. Ici, ce sceptre symbolise la « main de
justice », en corrélation avec le Code civil.
Promulgué en 1804, le Code civil prend en 1807 le nom de « Code Napoléon ». C’est ici
l’attribut du prince législateur, dont Napoléon est en large partie l’inspirateur, sinon le
rédacteur. A la différence des rois de France qui juraient sur les Evangiles de respecter les lois
fondamentales du royaume, c’est sur le Code civil des Français que semble prêter serment
Napoléon. Ce document fixe l'ensemble des règles qui déterminent le statut des personnes,
des biens et des relations entre les personnes privées. Au début du XIXe siècle, ce code, en
reprenant de nombreux acquis de la Révolution et en unifiant le droit, est une œuvre majeure
de modernisation du droit français. Il deviendra d'ailleurs un modèle pour de nombreux pays.
Dans l’ancien Evêché de Bâle, même lorsqu’il deviendra bernois, les habitants se référeront
encore longtemps à ce document (les habitants et les juges).
L’épée de sacre était ornée de diamants, dont le fameux « Régent », dépassant en beauté et
en poids tous les diamants du monde. Elle a été créée sur ordre de Napoléon en 1801 comme
objet de cérémonie. Cette épée matérialisait la puissance de son possesseur.
Sur la table se trouve la couronne dite « de Charlemagne » que Napoléon fit réaliser pour son
sacre en 1804. Un des plus grands empereurs à avoir régné sur la France était Charlemagne.
Aussi, Napoléon fit réaliser une couronne qui ressemblât à celle de cet illustre prédécesseur.
On remarque à l’arrière-plan du tableau un bas-relief représentant un ange en train d’écrire :
« Salué Empereur par un Senatus Consulte, il est couronné le 2 décembre 1805 ».
En outre, l’architecture renforce l’impression de puissance et de stabilité qui se dégage de ce
portrait. La colonnade esquissée sur la droite évoque en particulier la dimension immuable de
Dossier pédagogique – Le Jura en Berne
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la justice et nous rappelle encore une fois la Rome antique. Elle renforce la masse verticale,
raide et stable de la représentation de l’empereur.
Un velours vert parsemé d’aigles recouvre la table. L’aigle, oiseau de Jupiter, est l’emblème
de la Rome impériale, associé aux victoires militaires. Il est aussi associé à Charlemagne.
4. Ni Français, ni Suisses (1814-1815)
9. Par qui est gouverné le pays en 1814-1815 ?
Le pays est gouverné par une régence mise en place par l’Autriche au nom des Alliés (Etats
vainqueurs de Napoléon, soit principalement l’Angleterre, l’Autriche, la Prusse et la Russie, acteurs
majeurs du Congrès de Vienne). Conrad Charles Frédéric d’Andlau-Birseck (no 16) est désigné
gouverneur général de la Principauté de Porrentruy.
10. Dans la vitrine. Recensement de la population du 13 juillet 1814. Combien d’habitants comptait
Porrentruy en 1814 ? Parmi ceux-ci, combien de protestants et combien de juifs y avait-il ?
Il y avait 2'355 habitants à Porrentruy en 1814, dont 12 protestants et 27 juifs.
5. Bâlois, Bernois… Suisses
11. Que se passe-t-il en 1815 pour la région jurassienne (ancien Evêché de Bâle) ?
Elle est rattachée aux cantons de Berne et de Bâle (le Birseck), donc elle devient suisse.
12. No 21. Que symbolise le fusil militaire suisse au sein de la population ?
L’armée est un moyen d'intégration fédérale et le creuset de l'identité nationale. Le fusil
conservé à la maison par le "citoyen-soldat" restera longtemps un symbole identitaire.
13. No 22. Après avoir étudié le tableau représentant Napoléon (question 8), décrivez celui-ci.
Quels emblèmes similaires y trouvez-vous ? Décrivez également d’autres symboles.
Il est intéressant de remarquer que des emblèmes assez similaires sont illustrés ici :
- La couronne (symbole de la souveraineté)
- Le sceptre (symbole du pouvoir de commandement et de justice)
- L’épée (symbole du pouvoir militaire et de contrainte).
Et pour les autres symboles :
- Le rameau de chêne et le rameau d’olivier, non présents dans le tableau de Napoléon, mais
qui se trouvent dans le document no 11. Le chêne représente la justice, l’olivier la paix.
- Le sautoir rouge à croix blanches sur l’ours de gauche évoque le rattachement à la Suisse.
6. Poids et mesures : c’est le pied !
14. Dans la vitrine. No 1. Que mesurait-on dans cet objet ? Que signifient la lettre P et la crosse ?
Le grain (en particulier des céréales, majoritairement le blé) y était mesuré.
La lettre P signifie soit « Porrentruy » soit « penal », qui est l’unité de mesure du grain (appelé aussi
« boisseau », équivalent à 17,5 litres). La crosse quant à elle date l’objet (période des princesévêques, avant 1792).
15. Nos 3-5. A quoi servaient concrètement ces petits poids ?
Aux XVIII-XIXe siècles, et même jusqu’au XXe siècle, on utilisait des balances à deux plateaux afin de
peser les fruits, les légumes ou toute autre marchandise. On plaçait la denrée à peser sur un plateau
et le poids sur l’autre plateau, afin que la balance s’équilibre.
16. Combien mesurait a) un pied de roi et b) un pied fédéral ?
Le pied de roi : 32,48 cm. Le pied fédéral : 30 cm.
Dossier pédagogique – Le Jura en Berne
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II. Quel sort pour l'ancien Evêché ?
1814-1815: vœux des populations de l'Evêché
17. a) Combien y a-t-il d'opinions différentes au total ?
b) Quelles sont les deux opinions dominantes ?
c) Avez-vous une remarque à faire concernant Moutier ?
a) Il y en a six : retour à la France ; création d'un canton suisse indépendant ; rattachement au
Canton de Neuchâtel ; rattachement au Canton de Berne ; rattachement au Canton de Bâle ; création
d'un petit canton de Bienne (sud réformé seulement). (Voir la publication, p. 39 à 42).
b) Création d'un canton suisse indépendant de l'Évêché (opinion très dominante dans le nord de la
principauté, à savoir le Canton du Jura actuel) ; rattachement au Canton de Berne (opinion
essentiellement répandue dans le sud, correspondant au Jura bernois actuel).
c) En 1814-1815, la prévôté de Moutier était, parmi toutes les régions du sud, de loin la plus
favorable au rattachement à Berne. Aujourd'hui, c'est un peu l'inverse ! En effet, lors du vote du 24
novembre 2013 sur l'avenir institutionnel du Jura bernois, le district de Moutier est celui qui a rejeté
le moins massivement l'idée d'une procédure débouchant sur la création d'un nouveau canton avec
le Jura. Actuellement, seules la ville de Moutier et les communes voisines sont susceptibles
d'éventuellement quitter le Canton de Berne pour rejoindre le Canton du Jura.
18. Dans la vitrine, on trouve deux pétitions. Que demandaient concrètement ces pétitions ?
Quels sont les deux villages concernés ici ?
Ces pétitions formulaient le « vœu unanime et spontané d’être réunis à la Suisse comme canton
indépendant […] ». Les villages concernés ici sont Charmoille et Cœuve.
1814-1815: visées territoriales des cantons
19. Quels cantons étaient éventuellement intéressés par tout ou partie de l’ancien Evêché de Bâle ?
Genève, Neuchâtel, Bâle, Soleure et Berne.
Le Congrès de Vienne (septembre 1814 - juin 1815)
20. Comment s’appelaient les deux délégués officiels de l’Evêché ?
Ursanne Conrad Joseph de Billieux et Melchior Delfils.
21. Quelle est la décision la plus importante du Congrès de Vienne pour l’ancien Evêché de Bâle ?
Celle de son rattachement au Canton de Berne (ou de Bâle pour le Birseck) et donc aussi à la Suisse.
L’Acte de réunion (23 novembre 1815)
22. Quels sont les quatre points principaux de l’Acte de réunion au Canton de Berne ?
Préservation de la religion catholique : liberté de culte et autres garanties (maintien des écoles
catholiques, curés payés par l'Etat, etc.)
Abolition de la législation française (code civil et code pénal). Cette mesure se révélera impossible
dans les faits, le droit bernois n'étant pas encore unifié et mal adapté (voir la publication, p. 49 ; voir
aussi les caricatures de la Salle III).
Finances : le Jura conserve les particularités fiscales du régime français et ne paiera pas plus au
budget de l’Etat que sa quote-part proportionnelle au chiffre de sa population. Le particularisme
fiscal jurassien posera des problèmes au XIXe siècle et son élimination prendra du temps (voir la
publication, p. 48-49).
Dossier pédagogique – Le Jura en Berne
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Droits politiques : les Jurassiens ont les mêmes droits que les Bernois [des campagnes] de l’Ancien
Canton. Dans les faits, les patriciens de la ville de Berne conservent un pouvoir quasi absolu dans le
gouvernement (22 patriciens sur 25 membres) et dans le Parlement (Grossrat : 200 députés de la
ville de Berne et 99 députés des "campagnes", dont 24 députés pour le Jura en 1816). Suffrage
universel (masculin) et démocratie représentative "moderne" ne sont établis dans le canton qu'avec
la constitution bernoise de 1846. (Voir la publication, p. 34-35, 48, 58-59).
Droits politiques : les Jurassiens ont théoriquement les mêmes droits que les Bernois de l’Ancien Canton.
23. Dans la vitrine se trouve une tabatière en or. Que signifient les initiales RB ?
République de Berne.
III. Le XIXe siècle en caricatures
Le Jura dans le Canton de Berne
24. No 7. Quel point du code pénal bernois conteste l’auteur de cette caricature ?
La punition corporelle consiste dans 30 coups de bâton administrés en présence d’un juge et d’un
médecin (Art. 36). L’introduction en 1839 du nouveau code pénal bernois prévoyant explicitement
des châtiments corporels suscite l’indignation des Jurassiens.
25. No 11. Parmi ces 67 vignettes aquarellées, retrouvez au moins trois dessins qui sont exposés
dans cette salle et notez les titres.
Les vignettes numérotées 9, 18, 27, 41 et 44 se retrouvent dans l’exposition, soit :
- No 19. Erection de l’arbre de la religion à Porrentruy, 1836.
- No 12. Bern vom Weinmonat 1830 bis 24. März 1831.
- Dans la vitrine, no 1. Comme quoi, les gens du Conseil-exécutif de Berne sont des gens
d'exécution, septembre 1840.
- No 5. Jules Thurmann en croque-mort, 1840.
- Dans la vitrine, no 2. Mœurs contemporaines : un sacrifice humain, 6 septembre 1840.
Kulturkampf (1872-1878)
26. Qu’est-ce que le Kulturkampf ?
C’est un conflit entre l’Eglise catholique et les Etats, virulent en Suisse entre 1872 et 1878 (voir
publication, pp. 54-57).
27. Dans la vitrine, on trouve une mallette en bois avec des objets. De quelle nature sont ces
objets ? Pourquoi les transportait-on dans une mallette ?
Ce sont des objets liturgiques utilisés pour le culte catholique. Ils étaient transportés discrètement
dans une mallette afin de pouvoir prononcer la messe dans des lieux tenus secrets, principalement
dans des granges.
IV. Décryptages
Caricatures d'hier et d'aujourd'hui
28. Nos 17. et 18. Comparez ces deux caricatures et notez ce qui les différencie.
Les caricatures du XIXe siècle sont complexes et comportent de très nombreux détails. Il y a
beaucoup de texte et il faut bien connaître la politique de l’époque pour décrypter les sousentendus. En comparaison, la caricature du XXIe siècle va droit au but, souvent sans texte aucun et
avec une grande économie de moyens, pouvant ainsi être rapidement comprise par le tout public.
29. Choisissez une caricature entre les nos 18. et 22. et trouvez-lui une explication. Vous pouvez
chercher de l’aide en consultant le poste informatique. Réponse en fonction de l’image choisie (sur
les Articles de Baden : voir la publication pp. 52-53 et p. 61).
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