Dossier pédagogique – Le Jura en Berne 5
2. Citoyens français (1793-1799)
Le 14 juillet 1789, le peuple français prend la prison de la Bastille, symbole du pouvoir royal : la
Révolution française est en marche ! Les idées nouvelles se propagent et agitent aussi l'Evêché de Bâle
voisin. En avril 1792, le prince Joseph de Roggenbach s'enfuit devant l'arrivée des troupes françaises.
Après quelques mois d'incertitude, la République rauracienne est proclamée dans la partie nord de
l'Evêché, puis réunie à la France en 1793.
L'intégration à la République induit de profondes mutations:
- L'ancienne Rauracie forme le département du Mont-Terrible, le plus petit de France ; chef-lieu :
Porrentruy. Le sud, allié des Suisses, reste indépendant jusqu'à la fin de 1797, avant d'être lui
aussi envahi – ou libéré, c'est selon…
- La société d'ordres disparaît, les privilèges des nobles et du clergé sont abolis. Les nouveaux
citoyens participent aux élections des autorités et des représentants de leur département à la
Convention.
- Il n'y a plus de distinction entre bourgeois et habitants. Dans les communes, les droits et les
devoirs, politiques comme économiques, sont les mêmes pour tous.
- Catholiques, protestants, juifs, anabaptistes sont tous des citoyens.
- La vente forcée des biens nationaux (du clergé et de la noblesse) au profit de l'Etat ruine
l'Eglise. La majorité des prêtres, réfractaires à la Constitution civile du Clergé (1790), ainsi que
les nobles, quittent le pays. Les bourgeois aisés achètent leurs biens à des conditions
favorables.
- Le service de milice, peu astreignant sous l'Ancien Régime, est remplacé par la conscription : le
service militaire obligatoire pour les hommes de 20 à 25 ans, par tirage au sort, en fonction de
la "demande" nationale en soldats. Les refus de servir sont nombreux !
Hélène
Comme la Révolution s'attaquait aux nobles, mes parents ont dû quitter l'Evêché. J'étais bébé quand
ma famille a enfin pu revenir à Porrentruy. Mais nous avons eu beaucoup de peine à récupérer notre
belle maison et nos terres, que les révolutionnaires avaient confisquées.
François
La Révolution, ça a du bon : mon père a enfin pu acheter un moulin à Porrentruy. Il appartenait à
l'évêque et nos ancêtres l'exploitaient depuis des générations sans jamais avoir pu l'acquérir. Mais avec
les nouvelles unités de mesure que la France veut nous imposer, mon père n'y comprend plus rien : il
continue de mesurer son épeautre en boisseaux. Un décalitre, ça ne veut rien dire !