ÉDITO LES SERVICES À L’HEURE DE LA REPRISE À l’heure où ces lignes sont écrites, bon nombre d’entreprises reprennent le travail, après une période de vacances qui pour beaucoup s’est vue prolongée par des démarches de chômage partiel. Cette période n’est ainsi, pour notre région, malheureusement pas celle de la reprise économique, bien au contraire. Sans vouloir se laisser tromper par un biais pessimiste, force est de constater que l’environnement économique reste difficile pour les entreprises de notre région. Un marché des changes très fluctuant, les incertitudes économiques et l’instabilité politique rencontrés au niveau mondial vont continuer à impacter nos entreprises pour une période indéterminée. Au niveau politique, le constat général n’est pas meilleur vu du Jura bernois. Sans vouloir se livrer à une analyse détaillée, il est aisé de constater qu’un certain nombre de tendances vont à l’encontre des intérêts de notre région. Dans bien des domaines, la politique fédérale concentre ses efforts de développement sur les centres, respectivement les agglomérations urbaines. La volonté très contestée de la Confédération de supprimer les allégements fiscaux pour les régions industrielles conduit pour le Jura bernois à un mitage du territoire ne tenant aucunement compte des spécificités structurelles de notre région. Dans le domaine de l’éducation et de la formation, l’enseignement au niveau fédéral des connaissances et des métiers qui ont fait le succès de notre industrie régionale est négligé. Finalement, l’augmentation des contraintes administratives et régulatrices auxquelles sont soumises nos entreprises ne favorise pas non plus le développement de leurs activités. Malgré ce contexte difficile, un certain nombre d’entreprises de l’Arc jurassien continuent de se distinguer au niveau mondial. Ceci grâce notamment à une force d’innovation sans cesse renouvelée. Plusieurs de ces entreprises, faisant face localement aux difficultés exposées ci-dessus, se voient contraintes de s’internationaliser et pour certaines, de modifier de manière substantielle leur modèle d’affaires. De plus, soumises à une concurrence globale, ces entreprises ne peuvent plus se permettre de se concentrer uniquement sur leurs métiers de base, elles doivent pour survivre, exceller dans tous les domaines, du R&D à la vente, passant par le marketing, la logistique, l’administratif, le droit, la finance, l’informatique, les assurances, la gestion des ressources humaines, les langues, etc. Dans ce contexte, les acteurs régionaux du domaine des services ont un rôle indéniable à jouer. Ils sont en effet parmi les seuls à pouvoir accompagner le développement des entreprises industrielles en toute connaissance des spécificités régionales. Au travers de la mise à disposition de leurs connaissances, ils REVUE #143 • 3/2016 • se doivent d’apporter une plus-value importante pour épauler ces entreprises afin de leur permettre de maîtriser l’ensemble des contraintes auxquelles elles sont soumises. Un secteur tertiaire fort peut représenter un atout non négligeable pour notre région, à condition toutefois que ses acteurs partagent une vision claire des besoins du tissu industriel. Contrairement à ce que prônent certains courants politiques, il convient de reconnaître la nécessité pour le Jura bernois d’une industrie forte, domaine dans lequel les spécificités régionales peuvent représenter un avantage certain. Partant, le domaine des services doit avoir pour but de servir l’industrie et non pas de s’y substituer. A l’image de cette industrie régionale moderne, le domaine des services doit également considérer la nécessité d’une action globalisée, respectivement maîtriser, non pas forcément individuellement mais dans sa globalité, le contexte international dans lequel l’industrie se meut. Pour ce faire, le développement d’un réseau et l’ouverture à des collaborations au-delà des frontières régionales et nationales apparaissent indispensables. Finalement, tout comme sa cliente l’industrie, le tertiaire doit viser l’excellence en se mesurant non pas seulement au marché local mais au marché mondial pour assurer sa pérennité et contribuer à assurer celle de l’industrie. Ces quelques éléments n’ont pas la prétention d’être exhaustifs mais augurons du fait qu’ils pourront contribuer à transformer cette période de retour de vacances en véritable «heure de la reprise». GILLES FRÔTÉ Président de la Commission services CHAMBRE D’ÉCONOMIE PUBLIQUE DU JURA BERNOIS 5