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REVUE #143 • 3/2016 •CHAMBRE D’ÉCONOMIE PUBLIQUE DU JURA BERNOIS
ÉDITO
Àl’heure où ces lignes sont écrites,
bon nombre d’entreprises repren-
nent le travail, après une période de va-
cances qui pour beaucoup s’est vue pro-
longée par des démarches de chômage
partiel.
Cette période n’est ainsi, pour notre ré-
gion, malheureusement pas celle de la
reprise économique, bien au contraire.
Sans vouloir se laisser tromper par un
biais pessimiste, force est de constater
que l’environnement économique reste
difficile pour les entreprises de notre ré-
gion. Un marché des changes très fluc-
tuant, les incertitudes économiques et
l’instabilité politique rencontrés au ni-
veau mondial vont continuer à impacter
nos entreprises pour une période indé-
terminée.
Au niveau politique, le constat général
n’est pas meilleur vu du Jura bernois.
Sans vouloir se livrer à une analyse dé-
taillée, il est aisé de constater qu’un cer-
tain nombre de tendances vont à l’en-
contre des intérêts de notre région.
Dans bien des domaines, la politique fé-
dérale concentre ses efforts de dévelop-
pement sur les centres, respectivement
les agglomérations urbaines. La volonté
très contestée de la Confédération de
supprimer les allégements fiscaux pour
les régions industrielles conduit pour le
Jura bernois à un mitage du territoire ne
tenant aucunement compte des spécifi-
cités structurelles de notre région. Dans
le domaine de l’éducation et de la forma-
tion, l’enseignement au niveau fédéral
des connaissances et des métiers qui ont
fait le succès de notre industrie régionale
est négligé. Finalement, l’augmentation
des contraintes administratives et régu-
latrices auxquelles sont soumises nos en-
treprises ne favorise pas non plus le dé-
veloppement de leurs activités.
Malgré ce contexte difficile, un certain
nombre d’entreprises de l’Arc jurassien
continuent de se distinguer au niveau
mondial. Ceci grâce notamment à une
force d’innovation sans cesse renouve-
lée. Plusieurs de ces entreprises, faisant
face localement aux difficultés exposées
ci-dessus, se voient contraintes de s’in-
ternationaliser et pour certaines, de mo-
difier de manière substantielle leur mo-
dèle d’affaires.
De plus, soumises à une concurrence
globale, ces entreprises ne peuvent plus
se permettre de se concentrer unique-
ment sur leurs métiers de base, elles doi-
vent pour survivre, exceller dans tous
les domaines, du R&D à la vente, passant
par le marketing, la logistique, l’adminis-
tratif, le droit, la finance, l’informatique,
les assurances, la gestion des ressources
humaines, les langues, etc.
Dans ce contexte, les acteurs régionaux
du domaine des services ont un rôle in-
déniable à jouer. Ils sont en effet parmi
les seuls à pouvoir accompagner le dé-
veloppement des entreprises indus-
trielles en toute connaissance des spé-
cificités régionales. Au travers de la mise
à disposition de leurs connaissances, ils
se doivent d’apporter une plus-value im-
portante pour épauler ces entreprises
afin de leur permettre de maîtriser l’en-
semble des contraintes auxquelles elles
sont soumises.
Un secteur tertiaire fort peut représenter
un atout non négligeable pour notre ré-
gion, à condition toutefois que ses acteurs
partagent une vision claire des besoins du
tissu industriel.
Contrairement à ce que prônent certains
courants politiques, il convient de re-
connaître la nécessité pour le Jura ber-
nois d’une industrie forte, domaine dans
lequel les spécificités régionales peuvent
représenter un avantage certain. Par-
tant, le domaine des services doit avoir
pour but de servir l’industrie et non pas
de s’y substituer.
A l’image de cette industrie régionale mo-
derne, le domaine des services doit éga-
lement considérer la nécessité d’une ac-
tion globalisée, respectivement maîtriser,
non pas forcément individuellement mais
dans sa globalité, le contexte internatio-
nal dans lequel l’industrie se meut. Pour
ce faire, le développement d’un réseau
et l’ouverture à des collaborations au-delà
des frontières régionales et nationales
apparaissent indispensables.
Finalement, tout comme sa cliente l’in-
dustrie, le tertiaire doit viser l’excellence
en se mesurant non pas seulement au
marché local mais au marché mondial
pour assurer sa pérennité et contribuer à
assurer celle de l’industrie.
Ces quelques éléments n’ont pas la pré-
tention d’être exhaustifs mais augurons
du fait qu’ils pourront contribuer à trans-
former cette période de retour de va-
cances en véritable «heure de la reprise».
GILLES FRÔTÉ
Président de la Commission services
LES SERVICES
À L’HEURE DE LA REPRISE