Mission Loi Huriet et Directive Européenne. – Pr. F. Lemaire (4/4)
bases reconnues, universellement admises, éventuellement opposables. Il faut redire avec
force que la loi Huriet était indispensable, que ses effets ont été bénéfiques, et que nul
aujourd’hui ne songe à revenir à l’état de non droit qui lui préexistait. Les aménagements
dont il sera question ici sont soit rendus nécessaires par l’évolution du droit communautaire,
soit doivent être proposés à la lumière de l’évolution de la recherche biomédicale elle-même,
si rapide, des résultats des essais cliniques publiés, notamment pour ce qui concerne la
sécurité des patients, et enfin de la pression des associations de malades.
Dès le premier bilan d’application de la loi Huriet, réalisé en 1993 à la demande
d’Edouard Balladur, et sans remettre en cause son bien-fondé, JF Mattei proposait quelques
aménagements De nombreuses difficultés étaient en effet apparues dès le début des années
quatre-vingt-dix, dont la plupart tenaient à l’inadaptation de la loi à la recherche non
médicamenteuse. Les décrets d’application avaient renforcé la rigidité du dispositif, légitime
dans le cas des traitements innovants, nécessairement à risque, mais qui s’est avéré
inadapté et inutilement dissuasif pour de nombreuses recherches sans risques. La recherche
en génétique, par exemple, dont le développement explosif ne pouvait guère être prévu en
1988, s’en trouve aujourd’hui notablement freinée. Signalons ici aussi les difficultés
persistantes du recueil du consentement chez les patients "incapables de fait" (Alzheimer,
autres démences, patients de réanimation ou atteints d’affections neurologiques,
psychiatriques, etc.), en dehors du contexte de l’urgence, et qui amènent les CCPPRB à
accepter de bien étranges contorsions pour que la recherche ne soit pas totalement stoppée
dans ces secteurs.
A côté de la recherche promue par l’industrie s’est amplifiée depuis une dizaine
d’années en France une recherche clinique de qualité, aussi bien thérapeutique que
physiopathologique, promue par des institutions publiques (INSERM, ANRS, centres
hospitaliers, …) ou par divers organismes (FNCLCC) et financée par le Programme
Hospitalier de Recherche Clinique (un milliard de francs en huit ans) ou d’autres institutions
publiques ou privées (EORTC, GELA, AFM, …). Et c’est de ce milieu que se sont exprimées
les demandes les plus insistantes d’aménagement de la loi, résumées dans une "plate-forme"