
(2002) 32 R.D.U.S. Le traitement juridique du mineur suicidaire 321
1. F. Maranda, «Désordres psychiatriques et suicide à l’adolescence» (1995) 5:4 Psychiatrie,
recherche et intervention en santé mentale de l’enfant 382; Association des centres jeunesse
du Québec, Le phénomène du suicide chez les jeunes; la prévention et l’intervention dans
les centres jeunesse, novembre 1995 [non publié, archivé à l’Association des centres
jeunesse du Québec à Montréal] à la p. 4.
2. Maranda, ibid.
3. P.Garel,«Comportements suicidaires à l’adolescence et intervention de crise» (1995) 5:4
Psychiatrie, recherche et intervention en santé mentale de l’enfant 412.
4. Ibid. à la p. 413.
5. Association des centres jeunesse du Québec, supra note 1 à la p. 19.
INTRODUCTION
Les comportements dangereux des mineurs peuvent se manifester de
plusieurs façons. Mentionnons, à titre d’exemples, l’agressivité,
l’automutilation, la consommation excessive d’alcool ou de drogues, les
idéations et les gestes suicidaires. Le phénomène du suicide chez les
adolescents a récemment pris une place médiatique importante et des
proportions inquiétantes au cours des dernières années. Ce serait même devenu
la troisième cause de décès chez les moins de 20 ans. La clientèle des centres
jeunesse constitue un groupe particulièrement à risque
1
.
Bien que des travaux de recherche aient permis de démontrer que des
liens étroits existent entre certains désordres psychiatriques à l’adolescence et
le suicide réussi
2
, la perspective est tout autre en ce qui a trait à l’étude des
gestes autodestructeurs et des tentatives de suicide qui n’aboutissent pas au
décès. En effet, suivant le docteur Patricia Garel
3
, «dans la majorité de ces cas,
on ne peut identifier de pathologie psychiatrique aiguë»
4
. Ainsi, ces
comportements n’appartiennent pas spécifiquement au champ de la psychiatrie
et n’ont donc pas à être systématiquement pris en charge par le réseau de la
santé. Ils peuvent être la manifestation d’une inadaptation relative et temporaire
ne nécessitant aucun soin médical mais plutôt une intervention sociale ou
psychologique qui, elle, relève a priori des services sociaux
5
.
Par ailleurs, une étude effectuée par le docteur Pierre Gagné, psychiatre,
et publiée en 1994, ne laisse aucun doute, selon l’auteur, sur l’incidence élevée,
qui serait de l’ordre de 90%, de troubles mentaux chez les suicidés adolescents
et adolescentes. Or, seulement 54 des 355 cas étudiés avaient été mis en contact