Forum 4 Retour à l`emploi, les ressources de l`économie sociale et

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Forum 4
Retour à l’emploi, les ressources de
l’économie sociale et solidaire
Présidence et animation :
Stéphane Joly, Vice-Président du CCAS de Reims
Intervenants :
Isabelle Josselin, Directrice de l’économie sociale et solidaire et de l’Insertion au Conseil
Général de l’Hérault
Pascale FABRE-BORGHI, Conseillère en Insertion Professionnelle à Entraide Ouvrière
accompagnée de Monsieur Anthony SANTIAGO et Madame Aysegul CAVUSOGLU,
travailleurs en chantier d’insertion
Catherine Girard, Directrice du CCAS d’Amiens
Ricardo Cherenti, Conseiller-Service Insertion et Précarité, Fédération des CPAS de
Wallonie
STEPHANE JOLY
L’économie sociale et solidaire (ESS) relève d’une logique. Elle concerne plus de 10% du
PIB, implique un fonctionnement démocratique. L’argent installé dans ce dispositif n’est pas
à but lucratif, il y a une obligation légale de réinjecter dans l’entreprise les fonds gagnés. Une
loi doit arriver au parlement sur l’ESS.
CATHERINE GIRARD
Amiens : 135000 habitants entre Paris et Lille. En pleine restructuration économique.
28000ème ville sur 36000 communes par le revenu.
Ville qui a un lourd passé avec une situation sociale extrêmement difficile qui appelle une
réponse nouvelle dans un budget contraint. Le CCAS a délégué l’ESS au monde associatif
en jouant un rôle d’animation d’une politique sociale. Le CCAS doit être un animateur et un
fédérateur. L’enjeu est de prendre la bonne mesure du tissu associatif et d’établir une
cartographie des métiers. On n’a pas à ce jour de recensement métier, âge, qualification.
Le CCAS a également un rôle d’accompagnement du monde associatif, notamment dans la
formation des personnels. L’ensemble des champs de compétence de l’action sociale est
représenté.
En terme de budget, on constate une grande hétérogénéité avec beaucoup de petites
associations et quelques très grosses associations. Au niveau économique, les associations
ont un poids important, elles sont un acteur majeur avec 6546 emplois dont beaucoup de
contrats précaires et emplois aidés.
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La question se pose de l’accompagnement des publics qui sont dans ces emplois. Les
sorties de dispositif doivent être envisagées et accompagnées. Les CCAS doivent avoir la
connaissance de cette fragilité du monde associatif. Les ressources sont divergentes au sein
des associations. Les associations qui sont employeurs sont majoritairement financées par
les revenus de leur propre activité. Celles qui ont très peu d’emplois ont un plus grand
besoin de subvention.
= Devoir d’inventaire des besoins, moyens et personnes par le CCAS.
La santé financière des associations est variable. Si certaines associations ont un budget
équilibré (60%), 41% ont un déficit et ce sont généralement les plus grosses associations qui
sont également les plus gros employeurs.
Stratégie du CCAS d’Amiens : réfléchir sur les besoins en professionnels sur notre territoire
(besoin d’assistantes sociales, éducateurs, etc.) et à l’adéquation entre les moyens et les
besoins.
Est-ce qu’à moyen constant, on peut jouer pour répondre mieux au besoin des associations
et du public ?
Question du vieillissement des professionnels (ex : médecin), n’y a t il pas le même péril en
terme de travailleurs sociaux ?
Sur les services d’aide à domicile, il y un besoin d’anticipation sur les carrières.
La coordination de la réflexion doit se faire au niveau du CCAS car les associations n’ont pas
forcément le temps et les moyens de le faire.
Encourager la formation et la qualification : gestion des dossiers par le CCAS, stimulation et
stratégie à moyen et long terme, conventionnement dans la durée pour diminuer le travail
administratif et sécuriser, assurer une lisibilité au monde associatif avec pour autant des
exigences sur l’accompagnement des bénéficiaires et des professionnels, faire l’inventaire
des moyens matériels affectés, mutualisation, construction de nouvelles réponses adaptées.
ENTRAIDE OUVRIERE
Présentation association (cf Power Point)
Chantier d’insertion : 120 personnes aux espaces verts, maintenance, propreté, bâtiment,
restauration etc…
Réunion d’expression des salariés en insertion en parallèle des groupes de parole d’usager.
Réunion mensuelle ou bimensuelle par secteur avec conseiller en insertion et encadrant
technique.
Démarche difficile du fait du public.
Quel est l’intérêt de ces réunions ? Possibilité d’expression, bilan des points forts/points
faibles, expression d’une parole, initiation du changement, sentiment d’exister et d’être
présent, changement factuel.
Quels sont les thèmes des ces réunions ? On parle du travail et des perspectives d’évolution
de carrière.
Quels sont les apports ? La difficulté de réinsertion dans l’emploi engendre une perte de
confiance qui se retrouve grâce à cet encadrement, répond à un besoin financier et d’estime,
barrage de la langue, tremplin vers l’emploi. Permet d’appréhender les difficultés sur le lieu
de travail, prise de parole publique qui n’est pas si évidente au vu du public. Réflexion et
proposition de meilleures orientations pour les insertions en parallèle des accompagnements
individuels.
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ISABELLE JOSSELIN
Chaque personne qui travaille dans l’action sociale est-elle concernée par l’ESS ?
Il s’agit à travers l’ESS de créer de l’emploi local, c’est un secteur qui n’est pas celui de la
réparation mais un secteur marchand à part entière.
Résonance avec les compétences du département et des CCAS. 49000 allocataires du RSA
dont 38000 de compétence du département.
Compétence de la lutte contre l’exclusion. Depuis 15 ans, le département a cherché à
s’impliquer dans le domaine de l’ESS. Il doit s’occuper de la sortie de ces dispositifs. De ce
fait, il faut trouver toutes les niches, possibilités, engagements pour une sortie avec un
emploi ou une création d’activité. Au départ, subventionnement des têtes de réseaux
associatifs, financement de l’ERDI (octroi prêt création d’activité), création de 9 SIC
(exemple mise en relation pour travaux, création d’autres entreprises de l’ESS). Le
département finance 127 associations qui œuvrent pour accompagner les allocataires du
RSA pour lever les freins à l’emploi. Le département cherche à être partie prenante.
Ces derniers temps, travail sur des clauses d’insertion. Les collectivités territoriales sont à
70% des investisseurs, donc on peut insérer dans le cadre des marchés publics des clauses
d’insertion. Les CCAS sont le fer de lance pour repérer des publics, inciter les collectivités
territoriales à insérer des clauses d’insertion. La création d’emploi local est riche également
pour les entreprises.
Le département situe aussi son action dans le cadre des chantiers d’insertion. Travail à faire
entre chantier d’insertion et perspective vers l’emploi qui passe par envisager les besoins
(ex : tertiaire, ex chantier sur gestion dématérialisée des pièces administratives). Savoir faire
et connaissance sont à lier avec l’emploi.
D’autres chantiers voient le jour comme celui consistant à customiser les déchets collectés
après transformation (ex : sacs, meubles, vêtements, etc.) avec une possibilité de faire
revisiter aux citoyens les déchets puis la revente et en même temps l’accompagnement et la
formation des travailleurs.
A travers tout cela, les partenariats entre les acteurs publics mais également les réseaux
d’entreprise, pour lesquels il existe déjà des outils (ex : pacte local d’insertion).
Enfin, perspectives : comment pouvons nous structurer des filières ?
Deux sens : filière de production et filière de production de lien social.
Réflexion dans le domaine des circuits courts et d’agroalimentaire : maraîchage, cantine,
agriculture etc.
Faire le lien entre les légumiers et la gestion des cantines.
Travailler en puzzle et non plus exploration de nouveaux sujets.
Notion de service peut également être imaginée auprès des entreprises (ex : éco-parc pour
les entreprises, conciergerie pour les entreprises et leurs salariés). « L’économie sans le
social est à coup sur une barbarie mais le social sans l’économie est une chimère ».
Ricardo Cherenti
En introduction, une citation de Levinas, « la spéculation sera toujours en retard sur le
témoignage », et un chaleureux remerciement pour le témoignage des usagers en chantier
d’insertion.
En Wallonie, 3600000 habitants, 362 CPAS avec autonomie juridique : la commune exerce
une tutelle et compense le déficit des CPAS qui ont deux champs d’intervention : revenu
d’intégration (50% par le Gouvernement et le reste par la commune), aide sociale (permettre
aux personnes de vivre une vie digne sans précision sur la notion de « vie digne »).
Depuis 2002, obligation légale de faire une politique d’insertion professionnelle.
Trois formes d’insertion par l’activité : emploi, études et formation.
Pour ces trois secteurs, plus de 40% du public est remis en insertion. Précarisation très
importante du public mais en plus un Etat qui se désinvestit et reporte ces missions sur les
CPAS (ex : exclusion par l’Etat de l’accès pour les chômeurs aux aides sociales). Les
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chômeurs sont perçus comme un coût. Il y a une obligation de faire un état des lieux des
besoins de la population.
Dans le monde rural, soit 80% des communes, désinvestissement du service public
(transport public, poste, etc.) : ces petites communes concentrent une pauvreté plus
importante. CPAS ont décidé de mettre sur pied ce qu’on appel les IDES (initiative de
développement de l’emploi dans le secteur de l’économie sociale) à savoir rendre des
services qui ne sont plus, dans un secteur désinvesti par le champ commercial, et retisser du
lien y compris pour des activités telles que du petit bricolage. Autres exemples : taxis
sociaux, buanderie sociale, magasin et épicerie sociale qui sont du domaine d’intervention
de l’Etat.
Par exemple, le CPAS de Charleroi a porté la création d’un service de petit bricolage. En
effet, une étude des besoins auprès des personnes pauvres a montré que leur première
préoccupation est le logement d’où l’idée du petit bricolage avec en plus volonté d’éviter les
déperditions d’énergie.
De plus, on forme des personnes dans une filière d’insertion : 300 clients sur l’année, avec
une enquête sociale pour approfondir, en fonction de la clientèle, d’autres besoins en plus du
petit bricolage en vue de l’octroi d’une qualité de vie supérieure. En général, très petit projet
qui colle à la demande des personnes qui sont donc très satisfaites.
Le problème est la subvention octroyée par le Gouvernement qui est très modeste (1500
sur l’année + 8000 pour création d’emplois). Si le service est agréé, il est limité dans la
création de nouvelles activités.
De peur de créer une concurrence avec les entreprises, le Gouvernement a limité la capacité
d’action des CPAS (ex : papier peint mural uniquement sur un mur, petit jardinage
uniquement sur 10 mètres de taille de haie). Les CPAS sont bien entendus par le
Gouvernement mais il n’a pas pris la mesure des besoins sur le territoire. Pour éviter cette
limitation technique et les tracasseries administratives, les CPAS ne gèrent que 40 services
agrées sur l’ensemble de la région Wallone et développent d’autres services en dehors de la
tutelle étatique mais également sans financement
QUESTION :
VILLE DE MONTIVILLIER
Question de l’emploi durable : il faut se poser la question de l’avenir avec l’exemple des
filières. L’emploi d’avenir est à mettre en lien avec l’anticipation du vieillissement des
salariés. De fait, la durée des contrats de trois ans peut être une chance pour faire le lien,
pour accompagner et former avec ces contrats et anticiper le remplacement des départs.
ISABELLE JOSSELIN
En effet, il faut viser l’emploi durable. Le secteur de l’ESS n’est pas forcément de l’emploi
précaire. Pour les SCOP créées, à trois ans, 88% des salariés sont toujours dans l’emploi
alors que le taux de présence des autres entreprises est de 66%. Il faut partir de l’emploi
aidé pour aller vers l’emploi durable.
PASCALE FABRE-BORGHI
Il faut tenir compte du fait que les travailleurs en chantier d’insertion sont des salariés qui ne
peuvent se présenter à un emploi classique (ex : passer un entretien d’embauche) mais
l’objectif est le même avec un parcours de reprise de confiance en soi.
QUESTION
CCAS de SEDAN
S’agissant des associations de l’ESS, il faut les encourager, les accompagner sur du long
terme, avec des idées de type filière. Par exemple, création de l’association Mouvement à
Sedan avec mise à disposition de véhicules pour les salariés. En effet, il y avait eu mise en
place du microcrédit social mais les personnes concernées achetaient des voitures peu
chères qui ne convenaient pas. Par ailleurs, dans l’idée de filière, mise en place d’une
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autoécole sociale pour des personnes qui ont vraiment des difficultés. Enfin, étude pour la
mise en place d’un garage solidaire et d’une « recyclerie » pour les véhicules hors d’usage.
Idée de filière est importante mais les moyens pour aller dans ce sens sur du long terme sont
manquants (ex : FSE). Il faut un accompagnement des associations sur du long terme.
L’ESS est une alternative pour l’accompagnement des personnes en insertion.
CCAS DE ROISSY EN BRIE
Volonté de mutualiser conduit à des grosses associations qui se trouvent en difficulté puis
s’écroulent. Il faut trouver une cohérence entre la taille de l’association et son territoire pour
une viabilité dans le temps. Constat : les bénévoles sont de plus en plus rares. Est-ce que la
gouvernance de ces associations ne doit pas être repensée ? Ex : statut particulier des
bénévoles au Québec.
Conclusion :
CATHERINE GIRARD : le niveau et la qualité de la gouvernance sont fondamentales mais
elle reste confiante car les grosses associations historiques savent se renouveler, préparer
la gouvernance de demain avec démarchage des partenaires. CCAS doivent créer des
conditions favorables pour l’investissement des bénévoles. Les débouchés (ex : textile) :
CCAS doit jouer un rôle dans le recentrage des associations ou entreprises intermédiaires
vers des activités porteuses d’avenir pour ces personnes. Il faut voir le marché de l’emploi
sur un territoire pour orienter.
ISABELLE JOSSELIN : il y a un texte de loi en discussion sur l’ESS pour redéfinir ce qu’est
l’ESS. Redéfinition importante avec une ouverture sur les entreprises commerciales (donc il
faut une certaine vigilance), une réforme de l’agrément des SIAE, un renforcement du
pouvoir d’agir des salariés qui suscite de vives réactions puisqu’il y aurait un délai de
prévenance pour cessation d’activité alors que les chefs d’entreprise veulent la
confidentialité. Le développement du modèle coopératif et des pôles territoriaux de
coopération économique doit s’organiser avec la nécessité des partenariats entre CG et
CCAS par exemple. On revient à la notion de filière.
RICARDO CHERENTI
Dualité droit/obligation : droit à un revenu d’insertion avec pour pendant l’obligation d’être
disponible pour occuper n’importe quel emploi avec n’importe quel salaire. Il s’agit d’aider les
personnes à entrer dans un emploi durable.
PASCALE FABRE-BORGHI
Il y a « ceux qui font les lois, ceux qui les appliquent et ceux qui les subissent ».
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