Plénière d`ouverture Approche économique des questions sociales

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Plénière d’ouverture
Approche économique des questions sociales
Eric MAURIN, Directeur de l’observatoire des inégalités
La question qui est posée est de savoir si le modèle social français nous coûte trop cher. La
France dépense-telle plus que les autres pays ?
La France dépense en effet plus que d’autres pays, elle se situe à la deuxième position
après le Danemark. De façon concise, nous pouvons dire que l’essentiel tient au système de
retraite et que la France est un pays qui répond aux besoins sociaux.
En France, c’est la nomenclature « Classification des fonctions des administrations
publiques » (COFOG) qui effectue l’agrégation des dépenses. Cependant, aucun pays ne
compte de la même façon, sans compter que les normes sont différentes d’un pays à l’autre.
En outre, trois années sont nécessaires pour agréger le compte des communes : nous
n’avons donc connaissance des données que trois ans après. De façon générale, il y a deux
points de PIB de marge d’erreur.
S’agissant de la répartition des dépenses, le poste « services généraux » coûte moins cher
par rapport aux autres pays européens. La défense se situe néanmoins en deuxième
position. Par ailleurs, 24% de la richesse de la France se situe au niveau de la protection
sociale, six fois plus que vers l’éducation. Sur le plan de l’éducation nationale, les salaires
restent assez faibles par rapport aux autres pays, mais les BTS et les IUT représentent des
dépenses élevées.
Les retraites représentent 13.5 % du PIB mais elles ne sont pas plus élevées qu’ailleurs.
Concernant la santé, la médecine ambulatoire est le champ qui coûte le plus cher : en
résumé les français vont trop
souvent chez le médecin et consomment trop de
médicaments.
Au regard de ces données, peut-on dire que la qualité du système social français n’est pas
bon ?
Non, le niveau de productibilité est plus élevé en France que dans d’autres pays européens.
En outre, l’espérance de vie chez les femmes est plus élevée et la pauvreté des personnes
âgées est plus faible dans notre pays.
Cependant, il n’y a pas de trésors miraculeux. L’Etat est au bord de la faillite, il faut donc un
nouvel effort national : chaque euro dépensé doit être examiné et les impôts doivent être
augmentés. Des économies sont néanmoins possibles, telles que les niches fiscales ou la
suppression des mille-feuilles administratifs.
Union nationale des centres communaux d’action sociale
Tél. : 01 53 19 85 50 / Fax : 01 53 19 85 51
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Elena Lasida
Son champ d’étude consiste en une approche micro-économique à partir de l'observation
des acteurs de terrain du secteur de l'économie sociale et solidaire (ESS)
1. Définition de l'ESS
L'ESS comprend deux approches :
- l'économie sociale : une manière particulière d'organisation de l'activité économique avec
une gestion plus démocratique (distribution des bénéfices plus égalitaires, forme de
mutualisation...). Cela concerne les coopérations, mutuelles, associations...
Le social n'est pas pensé comme une finalité de l'activité mais comme une manière de
l'organiser.
- l'économie solidaire : il s’agit cette fois d’une finalité d'utilité sociale associée à l'économie
(entreprenariat social...). Prise en compte de solidarités nouvelles.
Cela concerne le commerce équitable, la finance solidaire...
L'ESS aide à prendre en compte l'impact de l'économie classique sur la société.
2. Principes :
- Formes de partenariats nouvelles : logique de co-constructeurs. L'ESS crée des formes
nouvelles d'interdépendance entre les acteurs (alors qu'ils sont séparés dans les autres
secteurs).
Ex: les AMAP (interdépendance entre les consommateurs et les producteurs).
- Chaque acteur va décider en intégrant l'intérêt de l'autre. Il y a une réciprocité, chacun a
quelque chose à donner et à recevoir. Donc, on n'est plus dans une logique de social au
sens classique du terme.
Dans l'ESS; le social ce n'est pas seulement répondre aux besoins sociaux mais comment
on « fait société ensemble ».
- L'ESS a une utilité sociale : évaluation des effets que produisent ces pratiques et qui
n'étaient pas prévus.
Ex: l'AMAP crée du lien social : des groupes de personnes se retrouvent dans un même
endroit pour récupérer leurs paniers et échangent voire organisent des rencontres.... Il y a
ainsi une valeur ajoutée au niveau social qui n'était pas prévue par la pratique en soi.
3. Les constats issus de deux expériences sur les communes de Cesson Sévigné et
de Loos en Gohelle
Objet : Il s'agit d'une commande de Veolia passée à une université pour développer des
méthodes d'analyse de la qualité de vie avec la participation des habitants (indicateurs).
Ces expériences sont intéressantes à plusieurs niveaux :
- relation entre innovation technique et innovation sociale
- articulation entre intérêt individuel et intérêt collectif : ces intérêts sont souvent opposés ou
le collectif se retrouve au détriment de l'intérêt individuel. Or l'intérêt collectif peut être un
meilleur composant de l'intérêt individuel.
- différentes formes de participation citoyenne. Sont venues aux réunions publiques des
personnes qui n'étaient pas allées en mairie... La mobilisation des personnes a été travaillée
au préalable avant de faire les invitations.
- partenariat entre plusieurs acteurs (entreprise, université, commune...)
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- 3 capabilités sont ressorties de cette expérience :
(Notion de capabilité = capacité d'être et de devenir. Très lié à la notion de liberté).
● capabilité prospective : intérêt de pouvoir associer les habitants, pas seulement
pour leur demander leur préférence par rapport à un objet précis mais les faire réfléchir sur
la ville qu'ils veulent construire ensemble.
● capabilité interprétative : problème du langage. Les habitants, les entreprises, les
collectivités utilisent la même langue mais derrière un mot il y a un sens différent. Cela a
permis de créer un langage commun pour arriver à des décisions communes.
● capabilité politique : nouvelle forme d'engagement et decparticipation citoyenne des
habitants.
Gisèle Stievenard, 1ère VP de l'UNCCAS
- Partir du besoin des citoyens eux-mêmes permet de prendre des décisions politiques plus
justes et pointues. Mais parfois, par exemple, en Conseil de quartier, il y a des points de vue
différents entre les habitants. Il faut donc faire des choix en tant qu'élus et expliquer pourquoi
on fait ce choix.
- Ne pas considérer l'action sociale uniquement comme une dépense. C'est aussi un
investissement, un levier.
Véronique Fayet : Adjointe au Maire de Bordeaux
S’agissant de la question de la dépense publique, la France a en effet une marge de
progression, des niches peuvent être trouvées. L’exemple du Samu social l’illustre bien : en
effet il a été constaté que plusieurs personnes marginales étaient hospitalisées 100 jours sur
une année dans les hôpitaux, ce qui représente un coût certain. Or le coût d’une structure
légère d’accueil, intégrant des visites régulières d’une infirmière et d’un médecin coûterait
bien moins cher.
Par ailleurs, il faut être sensible à l’interdépendance liée à la crise et au développement des
économies non monétaires à travers des systèmes d’échange local (les Accorderies par
exemple qui seront présentées lors d’un forum).
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