telles que le sentiment des consommateurs, les ventes
au détail, l’emploi non agricole, les mises en chantier de
logements et l’investissement résidentiel, variables toutes
très positives, d’après notre analyse. C’est également
l’opinion de la présidente de la Réserve fédérale, Janet
Yellen qui, lors de sa plus récente intervention auprès du
Congrès américain, a déclaré que l’économie américaine
était soutenue par la création d’emplois et la croissance
des salaires.
Ce point est important, car les récessions américaines ont
été généralement provoquées par la situation délicate des
ménages. Depuis 1950, l’économie américaine a subi dix
retournements, dont huit ont été provoqués par une baisse
du cycle de consommation.
Prenons l’exemple du choc pétrolier de 1973 et 1974, qui
a mis n à des années de croissance, lorsque la remontée
soudaine des prix du pétrole a sérieusement entamé le
revenu disponible des ménages américains. Aujourd’hui,
les cours pétroliers sont bien inférieurs à leur niveau d’il
y a un an, ce qui donne un coup de pouce aux nances
des ménages américains et donc à la consommation.
La récession la plus récente (2008) s’est produite après
qu’une profonde crise nancière a provoqué une envolée
du chômage. Cette même crise avait été déclenchée par
un éclatement de la bulle immobilière aux Etats-Unis,
phénomène ayant eu un effet dévastateur sur la situation
nancière des ménages. Or, c’est aussi à cette époque que
les prix du pétrole ont atteint des sommets, au grand
désespoir des ménages américains, qui étaient déjà
lourdement endettés.
On constate deux exceptions, l’une en 1953, quand la
récession est intervenue après une forte réduction des
dépenses publiques à la n de la guerre de Corée, et l’autre
en 2000, lorsque la bulle Internet a éclaté, entraînant un
effondrement de l’investissement privé.
Les données du commerce et des entreprises, telles que les
exportations et la production industrielle, montrent une
plus grande probabilité de récession que les données des
ménages, bien que notre analyse conclue que le danger
reste encore bien éloigné.
Si l’on s’en e à l’histoire, une récession n’est pas à prévoir
aux Etats-Unis dans l’immédiat, tant que les ménages
américains seront dans une bonne situation. Et rien ne
laisse à penser que cela pourrait changer. Les faibles prix du
pétrole protent aux ménages et le chômage est bas. Certes,
la Fed a procédé à une hausse modeste des taux d’intérêt,
mais la politique monétaire est loin de s’être durcie.
Autrement dit, si les valorisations du marché sous-
estiment la longévité de la phase de croissance de
l’économie américaine, le moment serait peut-être venu
d’accroître l’exposition à certains actifs risqués tels que
les actions.
RÉCESSION AMÉRICAINE: PROBABILITÉ EN HAUSSE, MAIS TOUJOURS FAIBLE
0.00 —
0.10 —
0.20 —
0.30 —
0.40 —
0.50 —
0.60 —
0.70 —
0.80 —
0.90 —
1955 1970 1985 2000 2015
Récession
Probabilité de récession*
Seuil**
* Moyenne pondérée McFadden R2 des probabilités de récession estimée indépendamment d’après 29
facteurs
** Seuil optimal calculé de sorte que les avantages des prévisions avérées sont égaux aux coûts des
prévisions erronées; autrement dit, l’expression suivante est maximisée pour tous les seuils possi-
bles: (2p∙PTP - p) - (2∙(1 - p) ∙ PFP - (1 - p)), où p correspond à la probabilité inconditionnelle dans
l’échantillon d’une observation portant sur une récession, PTP, au pourcentage de vrais positifs et PFP,
au pourcentage de faux positifs.
Source: Pictet Asset Management
2 | PAS DE RÉCESSION EN VUE AUX ETATS-UNIS: EXPLICATIONS | FÉVRIER 2016
Patrick Zweifel, économiste en chef
Patrick Zweifel a rejoint Pictet en 1997. Il est économiste
en chef chez Pictet Asset Management, qu’il a rejoint en
2009 après avoir chapeauté l’équipe «Macro Research»
chez Pictet Private Wealth Management. A ce titre, il
était responsable de l’analyse économique des marchés
émergents et du Japon, et avait pour mission de développer
des modèles quantitatifs pour les principales classes
d’actifs, principalement des modèles de change.
Avant de rejoindre Pictet, Patrick Zweifel a ofcié en
tant qu’assistant de recherche en économétrie et théorie
monétaire et a travaillé à des projets de recherche
internationaux pour la Banque mondiale et l’Union
européenne. Depuis 1999, il enseigne la macroéconomie
à l’Université de Lausanne ainsi qu’à Genève.
Il est titulaire d’un doctorat en économétrie de l’Université
de Lausanne.