Journal Identification = ABC Article Identification = 0748 Date: November 14, 2012 Time: 11:47 am
Ann Biol Clin, vol. 70, n◦6, novembre-décembre 2012 693
Étude bactériologique des isolats bactériens oculaires
prélèvements cornéens. L’étude de la répartition des iso-
lats bactériens selon la coloration de Gram a montré une
prédominance des cocci à Gram positif (79 %), suivis des
bacilles et des coccobacilles à Gram négatif. Ces résultats
concordent avec ceux de l’étude antérieure rapportant un
taux de 67,2 % pour les cocci à Gram positif et 32,8 %
pour les bacilles à Gram négatif [3, 9, 11]. La réparti-
tion des germes par espèce bactérienne dans l’ensemble
des prélèvements a révélé une diversité d’espèces isolées à
partir des infections oculaires. En effet, la répartition des
isolats bactériens selon leur localisation oculaire a mon-
tré que les staphylocoques à coagulase négative (49,4 %)
(n = 45), streptocoques alpha hémolytiques (16,5 %) et
Staphylococcus aureus (17,6 %) ont été les espèces les
plus fréquemment rencontrées dans les conjonctivites bac-
tériennes ; les autres streptocoques, les entérobactéries,
Pseudomonas sp,Acinetobacter et Haemophilus ont été
isolés plus rarement. En France et chez l’adulte Staphy-
lococcus aureus, Branhamella catarrhalis, Streptococcus
pneumoniae sont les espèces les plus fréquemment rencon-
trées ; les autres streptocoques, les entérobactéries et les
Moraxella,Acinetobacter et Haemophilus sont isolés plus
rarement [12, 13]. À New York, Haemophilus influenzae
et Streptococcus pneumoniae ont été les espèces les plus
fréquemment isolées dans les conjonctivites chez l’adulte,
alors que Moraxella catarrhalis a été l’espèce la plus
isolée chez l’enfant [12]. Dans les kératites, les staphylo-
coques à coagulase négative (62,5 %) (n = 10) ont été le
principal agent causal, les autres bactéries Streptocoques
sp (12,5 %) et Pseudomonas sp (12,5 %) ont été faible-
ment isolées. La littérature rapporte que Staphylococcus
aureus et Staphylococcus epidermidis sont les principaux
agents (27 %), les autres bactéries à Gram positif : cocci :
streptocoques (14,5 %) ou bacilles : corynébactéries ou
autres (10 %), occupent une place moindre, mais importante
[13-15].
La nature des espèces bactériennes en cause varie selon que
le patient est ou non porteur de lentilles. En effet, les bac-
téries issues de lentilles de contact ont été représentées par
les entérobactéries (50 %), Pseudomonas sp et les strepto-
coques alpha hémolytiques. Ces résultats concordent avec
ceux de la littérature rapportant que les bactéries à Gram
négatif à savoir : Enterobacteriaceae,Pseudomonas et Aci-
netobacter sont les principaux germes rencontrés dans les
cas de port de lentilles [12, 13, 16, 17].
Pour les uvéites, les germes isolés au niveau des liquides
endo-oculaires (humeur aqueuse et vitré...) ont été les
streptocoques alpha hémolytiques (50 %), staphylocoques à
coagulase négatif, entérocoques et les entérobactéries avec
un taux de 16,7 % chacun.
Pour les cellulites, différents germes ont été isolés au niveau
des abcès orbitaires et périorbitaires : staphylocoques à
coagulase négatif, Moraxella sp, entérobactéries, et strep-
tocoques alpha hémolytiques avec un taux de 25 % chacun.
Une étude menée au Texas rapporte que Staphylococcus
aureus méthicilline-résistant, streptocoques sp et Haemo-
philus sp sont les espèces les plus isolées dans les cellulites
orbitaires pédiatriques [18].
L’étude de la sensibilité des germes oculaires aux différents
antibiotiques a montré que les staphylocoques à coagu-
lase négative ont révélé un bon profil de sensibilité à la
majorité des antibiotiques testés sauf la pénicilline G qui a
montré une très faible assurance contre ces germes (14 %
de sensibilité). Cependant, malgré la bonne sensibilité des
staphylocoques blancs, leurs taux restent inférieurs à ceux
rapportés par les études antérieures où la sensibilité des
staphylocoques à la gentamicine a été de 77,1 % contre
61,4 % pour notre étude, la sensibilité à la ciprofloxacine
de 92 % contre 61,4 pour notre étude et la sensibilité de
100%àlavancomycine contre 98,2 % pour notre étude.
Ceci peut être lié à l’usage abusif, l’utilisation aveugle et
prolongée de ces molécules et la pratique commune de
l’automédication [19, 20]. Les staphylocoques dorés ont
présenté un profil de sensibilité meilleur que celui des sta-
phylocoques blancs et semblable à celui rapporté dans la
littérature. Ainsi, la sensibilité à la vancomycine a été de
100 % et 87,5 % pour la gentamycine, dépassant ainsi
les taux de la littérature. Cependant, la pénicilline G n’a
montré aucune assurance contre ces germes [19, 20]. La
sensibilité des entérobactéries a été meilleure, avoisinant les
100 % pour tous les antibiotiques testés, sauf l’amikacine
(66,7 %), ce qui concorde avec la littérature. Quand au taux
de l’amikacine, la littérature rapporte que cette molécule a
la plus grande assurance contre les germes à Gram positif et
la tobramycine contre les germes à Gram négatif. La sensi-
bilité de Pseudomonas était de 100 % pour ciprofloxacine
et l’imipénème. Ces taux dépassent ceux de la littérature
rapportant un taux avoisinant 80 % pour ces antibiotiques.
La sensibilité pour la ticarcilline et la pipéracilline a été
d’environ 50 %. Les streptocoques ont révélé une bonne
sensibilité à l’exception du taux de sensibilité faible pour
la ciprofloxacine.
Conclusion
Cette étude a montré le caractère polymorphe des infections
oculaires étudiées. De nombreuses espèces peuvent en être
responsables, mais elles sont sensibles à la plupart des anti-
biotiques testés. Ces résultats peuvent servir de base pour
les ophtalmologistes dans le traitement et la surveillance
des infections oculaires.
Conflits d’intérêts : aucun.
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