du sommet de Strasbourg. Jamais engagée militairement pendant la Guerre Froide, l’Alliance est
aujourd’hui présente en Afghanistan et son élargissement à l’Est suscite un malaise à Moscou.
Au-delà de la réjouissance avant tout symbolique de la réintégration de la France et de la question
épineuse de la relation de l’Alliance avec la Russie, ce sont donc l’avenir et l’essence même de
l’organisation qui se jouent actuellement.
Dans cette perspective, la mission en Afghanistan apparaît comme un test pour le futur
opérationnel de l’organisation. Barack Obama a annoncé le 27 mars 2009 une nouvelle
stratégie américaine pour l’Afghanistan et le Pakistan. Mettant en avant un objectif précis et
limité (empêcher qu’Al-Qaïda ne se réimplante dans le pays), cette approche met cependant en
œuvre une stratégie plus globale et générale de contre-insurrection qui n’est pas sans rappeler la
stratégie de sursaut décidée pour l’Irak par George W. Bush en décembre 2009. 21 000 soldats
américains supplémentaires devraient ainsi être déployés en sol afghan et l’effort civil (tant en
personnels qu’en moyens financiers) devrait être significativement accru.
Le plus significatif quant à l’avenir opérationnel, militaire, de l’OTAN est cependant que la
stratégie annoncée par l’administration Obama ouvre la voie à un détournement américain
de l’effort multilatéral que représente la présence de l’OTAN en Afghanistan. Certes, pour
des raisons politiques et de capacités limitées, il apparaît acquis que les partenaires de l’OTAN
déjà présents dans ce pays n’augmenteront pas les moyens engagés. Mais surtout, en augmentant
significativement les moyens américains sur place, Barack Obama signale une reprise en main
des opérations par les États-Unis et par conséquent un échec patent de l’approche multilatérale de
la contre-insurrection. Malgré les sacrifices consentis, la dégradation de la situation sécuritaire en
Afghanistan démontre que la performance des membres non-américains de l’OTAN est pour le
moins mitigée. À l’inverse, le succès certain de la stratégie de sursaut en Irak, exclusivement
mise en œuvre par les États-Unis, tend à mettre en évidence qu’une approche unilatérale permet
d’éviter les écueils des discussions interminables entre Alliés ainsi que les divergences dans les
capacités opérationnelles des armées des pays membres de l’OTAN. Par exemple, l’armée
américaine a appris de ses erreurs en Irak pour développer un manuel de contre-insurrection.
Après sept ans de présence en Afghanistan, l’OTAN n’a pas encore commencé à en développer
un. Même si Barack Obama se gardera de souligner l’échec de l’OTAN en Afghanistan, la
stratégie qu’il a annoncé laisse clairement penser qu’il est arrivé à cette conclusion.
3. Le Forum sur l’énergie et le climat
Si le dossier afghan risque de susciter quelques tensions et polémiques entre les États-Unis et
leurs alliés traditionnels, l’annonce d’une rencontre à Washington le 27 et le 28 avril 2009 portant
sur le climat devrait les réjouir. Après le scepticisme, voire la défiance de l’administration
Bush sur les questions environnementales, Barack Obama entend en effet faire preuve de
détermination et de volontarisme sur ces enjeux.
Regroupant 17 participants (Australie, Brésil, Canada, Chine, Union Européenne, France,
Allemagne, Inde, Indonésie, Italie, Japon, Corée du Sud, Mexique, Russie, Afrique du Sud,
Royaume-Uni et États-Unis), cette réunion a pour objectif de faire avancer les négociations entre
les principaux acteurs sur le dossier des changements climatiques. Ceux-ci se réunissent en effet
en décembre prochain à Copenhague pour élaborer le successeur du Protocole de Kyoto qui
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