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3. ...a la forme triplement ternaire du Syllogisme  
Sur cette base, nous pouvons maintenant aborder la structure générale du Syllogisme.  
Syllogisme vient de syn-logismos :  enchaînement, ensemble [syn=ensmble, -avec],  système d’éléments censés construire un 
raisonnement complet (logismos). Comme Aristote le dit en T103un syllogisme  « est un discours dans lequel, certaines choses étant 
posées, quelque chose d’autre que ces données en résulte nécessairement par le seul fait de ces données ».  
Ce qui est « posé » sont les deux pré-misses : « étant donné (1) que, et (2) que... » . La simple position de ces deux « données », nous 
dit Aristote, nous permet de passer à la conclusion : « (3)... il s’en suit que... ». Par exemple :  
(1) Prémisse Majeure (ou apparaît le terme majeur) – Tous les hommes sont mortels  
(2) Prémisse Mineure – (ou apparaît le terme mineur) – Socrate est homme  
(3) Conclusion (qui lie le majeur au mineur) – DONC Socrate est mortel 
Ce célèbre syllogisme est, du point de vue de sa forme, le prototype de tous les syllogismes que l’on peut construire. C'est-à-dire 
que dans la Logique d’Aristote (dans les Analytiques Premiers)  il joue le même rôle qui dans la Géométrie appartient au premier triangle 
équilatéral construit par Euclide en Eléments I, I (cf.ci-dessous §4).  
Analysons sa structure en ses éléments fondamentaux. 
De même que le Triangle (la triade-prototype à laquelle tous les polygones peuvent être reconduits) et la Démonstration (dont la 
forme générale est la spirale ternaire thèse/prémisses/conclusion), le Syllogisme a lui aussi une structure ternaire, et même triplement 
ternaire : 
(A) Il est un enchainement de trois propositions  (Prémisse Majeure, Prémisse Mineure, Conclusion)  qui, comme les trois côtés 
d’un triangle ou les trois notes d’un accord musical, s’ « emboîtent » l’une dans l’autre, en soutenant mutuellement dans l’œuvre 
commune de production d’une vérité nécessaire (... DONC...)  
 (B)  Chacune de ces propositions est un «segment » S P tout à fait identique aux autres, qui se compose de trois 
éléments : le sujet  S, le prédicat P, et la copule  (=lien) : « est » (ou « sont » etc.).  C'est-à-dire : Si (1) S est P ; et que (2) S est 
P ; alors  (3) S est P  
(C) Pour que cet enchaînement de trois « segments propositionnels » formellement identiques entre eux puisse faire d’une 
simple vérité empirique (apostériori) comme « Socrate est mortel » une vérité apriori logiquement nécessaire (tel étant le seul but 
du Syllogisme) il faut que la suite  « S est P »→ « S est P » → « S est P » qui contient 6 « cases » à remplir, n’enchaîne que trois 
termes, de façon à ce que les propositions qui la composent s’emboîtent l’une dans l’autre, grâce à la mise en relation des deux 
« extrêmes » (mineur et majeur) par le « terme moyen ».  
Dans notre exemple – que nous reformulons en considérant la totalité des Grecs pour avoir un ensemble d’éléments aussi universel 
que celui des hommes et des êtres mortels – nos trois termes sont « Homme », « Grec », « Mortel », qui composent la suite (1) Homme-
Mortel ; (2) Grec-Homme ; (3) Grec-Mortel. C'est-à-dire : (« H est M » et « G est H ») → « G est M».  
Nous voyons bien que dans cet enchaînement les termes M et G – les deux «extrêmes» (le terme majeur et le terme mineur) que nous 
voilons souder de façon nécessaire – sont enfin logiquement liés entre eux grâce au terme 
commun H – le terme moyen – qui constitue, pour ainsi dire, leur intersection, comme 
nous le voyons dans la Figure 2, où nous utilisons la méthode dite de « Euler/Venn » pour 
représenter graphiquement l’emboitement logique des concepts dans un syllogisme.  
Remarquons bien deux choses  
(I) A la différence de la démonstration en T102 (« La somme des angles internes de 
tout triangle est = 180° ») l’enchaînement de propos Tous les hommes sont mortels etc. 
n’est pas une « boucle ». On voit bien que nous ne commençons pas avec une thèse à 
démontrer, pour y retomber dessus comme conclusion à la suite d’un enchaînement de 
« prémisses ». Nous commençons au contraire directement avec une prémisse : la Prémisse 
Majeure, pour parvenir à la Conclusion.  
(II) A la différence de la démonstration du dit théorème, qui se constitue de sept passages – dont deux sont la thèse/conclusion et six 
les prémisses – notre syllogisme n’est formé que de trois échelons, dont deux prémisses, la « Majeure » et la « Mineure », qui butent sur 
la Conclusion. Ceci est une vérité générale. Une seule démonstration peut se composer d’un très grand nombre de « prémisses », c'est-à-
dire d’échelons qui jalonnent le parcours intermédiaire conduisant de la position de la thèse (début) à sa démonstration finale 
(conclusion). Une seule démonstration peut en effet couvrir des dizaines de pages. Au contraire, un « syllogisme » sera toujours limité à 
ces trois temps : Majeure → Mineure → Conclusion, et cela sans qu’il y  ait au début une thèse à démontrer. De toute évidence, la 
« prémisse majeure » d’où nous partons ici (« Tous les hommes sont mortels ») ne coïncide certainement pas avec la conclusion à la 
quelle nous aboutissons («Socrate est mortel »).  
La question se pose donc : à l’intérieur d’une démonstration comme la T102, où est-elle en effet la Prémisse Majeure d’où  découle 
la vérité de la Conclusion ? Et où est-elle la Prémisse Mineure ? Réponse : la Prémisse Majeure est dans toute démonstration l’ensemble 
des Postulats/Axiomes d’où émane la vérité de tout ce qui en découle ; la Prémisse Mineure est en revanche l’ensemble des prémisses 
qui constituent le parcours conduisant de la position de la thèse à sa démonstration.  
En synthèse, nous dirons que le Syllogisme n’est pas en lui-même une démonstration, mais qu’avec sa forme ternaire fixe et 
immodifiable il représente plutôt  la forme générale de toute démonstration possible, car toute démonstration, contenant n’importe quel 
nombre de prémisses, suit toujours cette dynamique ternaire : début → parcours intermédiaire → conclusion.  
C’est donc la distillation de ce mouvement en trois temps auquel toute démonstration déterminée peut être reconduite, qui a engendré 
chez Aristote la Théorie Générale du Syllogisme qui est contenue dans son Organon.