Master HPS LOPHISS — Université Paris 7
UE « Philosophie des sciences, théories de la connaissance »
Sujet d’examen – Janvier 2006
SUJET n° 2
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Nous pensons connaître scientifiquement chaque chose au sens absolu, et non pas à la
manière sophistique par accident, lorsque nous pensons connaître la cause du fait de
laquelle la chose est, savoir que c'est bien la cause de la chose et que cette chose ne
peut pas être autrement qu'elle n'est. Il est donc clair que le savoir scientifique est
quelque chose de cette sorte ; en effet aussi bien ceux qui ne possèdent pas ce savoir
que ceux qui le possèdent le montrent, les uns en pensant être dans une telle condition,
et ceux qui possèdent ce savoir en y étant effectivement, de sorte que ce dont il y a
science au sens absolu, il est impossible qu'il soit autrement qu'il n'est.
S'il existe un autre genre du savoir scientifique, nous le dirons plus tard, mais nous
disons aussi que connaître scientifiquement c'est savoir par démonstration. J'appelle
démonstration un syllogisme scientifique, et j'appelle scientifique un syllogisme dont
la possession fait que nous avons un savoir scientifique.
Si, donc, le savoir scientifique est bien ce que nous avons posé, il est nécessaire aussi
que la science démonstrative procède de choses vraies, premières, immédiates, plus
connues que la conclusion, antérieures à elle et causes de la conclusion. De cette
manière, en effet, on aura aussi les principes appropriés à ce qui est prouvé. En effet
un syllogisme sera aussi possible sans ces propriétés, mais ce ne sera pas une
démonstration, car il ne produira pas de science.
Aristote, Seconds Analytiques, I,2