La voie de signalisation RAS/MAPK

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Cancéro dig. Vol. 2 N° 1 - 2010 - 38-42
DOI 10.4267/2042/30747
MISe au PoInt
La voie de signalisation RAS/MAPK
RAS/MAPK signaling pathway
Astrid Lièvre (1), Pierre Laurent-Puig
(1) Hôpital Ambroise Paré, 9, avenue Charles de Gaulle, F-92100 Boulogne-Billancourt
[email protected]
❚ Résumé
La voie RAS/MAPK est une voie de signalisation intracellulaire qui
joue un rôle important dans la régulation de la prolifération, de la
survie, de la différenciation et de la migration cellulaire, ainsi que
de l’angiogenèse. Elle est anormalement activée dans de nombreux cancers dont le cancer colorectal. Les mécanismes d’activation de cette voie sont principalement l’activation de récepteurs
membranaires tels que l’EGFR, mais aussi la survenue de
mutations somatiques, notamment au niveau des gènes codant
pour la protéine RAS ou la protéine RAF. Une meilleure connaissance de cette voie de signalisation et des altérations oncogéniques en son sein ont permis l’identification de cibles
thérapeutiques anticancéreuses potentiellement intéressantes,
mais aussi de facteurs prédictifs de résistance à certaines thérapies anti-EGFR.
Mots-clés
RAS, MAPK, EGFR, Mutation, KRAS, BRAF
❚ Abstract
The RAS/MAPK pathway is a cell signaling pathway that plays a
key role in regulation of cellular proliferation, apoptosis, cellular
differenciation and migration and angiogenesis. This pathway is
often disregulated and activated in human cancers, including
colorectal cancer. This pathway may be activated by several
mechanisms, mainly including the activation of membrane
receptors, such as EGFR, but also including somatic mutations of
genes encoding RAS and RAF proteins. A better knowledge of
this signaling pathway and of its oncogenic alterations allowed the
identification of potential anti-cancer targets, but also of predictive
markers of resistance to anti-EGFR therapies.
Keywords
RAS, MAPK, EGFR, Mutation, KRAS, BRAF
❚ Introduction
La voie RAS/MAPK (Mitogen Activated Protein Kinase) est, en
général, activée par le biais d’un récepteur membranaire, luimême stimulé par un facteur de croissance ou une cytokine qui,
sans entrer dans la cellule, va transmettre le signal extracellulaire
© aln.editions
à l’intérieur de la cellule. Les récepteurs membranaires de ces
facteurs de croissance ont la particularité d’avoir une activité
enzymatique de phosphorylation de résidus tyrosine, appelée
« activité tyrosine-kinase » permettant l’activation du récepteur
par autophosphorylation, et ainsi l’activation d’une cascade de
phosphorylations de nombreuses protéines intracytoplasmiques
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qui sont généralement d’autres kinases. La voie RAS/MAPK
constitue, avec la voie PI3K (Phosphatidyl Inositol 3-Kinase) /AKT,
une des voies de transmission du signal les mieux connues aboutissant, après une cascade de phosphorylations successives, à la
mise en jeu de facteurs de transcription capables d’activer la
transcription de gènes impliqués dans la prolifération cellulaire,
mais aussi dans l’invasion et la migration cellulaires, l’angiogenèse et la survie cellulaire. Parmi les récepteurs de facteurs de
croissance capables d’activer la voie RAS/MAPK, les principaux
sont l’EGFR (Epidermal Growth Factor Receptor) et les autres
membres de la famille HER, le FGFR (Fibroblast Growth Factor
Receptor), l’IGFR (Insulin-like Growth Factor Receptor) et le
PDGFR (Platelet Derived Growth Factor Receptor).
La voie RAS/MAPK est anormalement activée dans de nombreux
cancers dont le cancer colorectal. Les mécanismes d’activation
de cette voie sont principalement l’activation de récepteurs membranaires tels que l’EGFR, mais aussi la survenue de mutations
somatiques, notamment au niveau des proto-oncogènes codant
pour la protéine RAS ou la protéine RAF, qui constituent des
cibles thérapeutiques potentiellement intéressantes.
❚ Le récepteur de l’Epidermal Growth
Factor (EGFR)
Famille des récepteurs de l’EGF ou famille HER
(Human EGF Receptor)
L’EGFR ou HER1, principal récepteur membranaire capable
d’activer la voie RAS/MAPK, est une glycoprotéine transmembranaire appartenant à la famille HER ou ErbB. Cette famille appartient à la famille des récepteurs de facteurs de croissance à
activité tyrosine-kinase et comporte, en plus de l’EGFR, 3 autres
récepteurs : HER2 ou C-erbB2, HER3 et HER4 (Fig. 1). L’EGFR
est composé d’un domaine extracellulaire assurant la fixation
EGF
TGFα
Epiréguline
Ligands
spécifiques
Amphiréguline
HB-EGF
β-celluline
neurégulines
HB-EGF
β-celluline
neurégulines
Milieu extracellulaire
Membrane
Milieu intracellulaire
Domaine
tyrosine kinase
TK
TK
HER1 = REGF HER2
TK
TK
HER3
HER4
EGF
TGFα
Epiréguline
Amphiréguline
HB-EGF
β-celluline
ligand
Dimérisation
Membrane
Cellule
tumorale
EGFR
TK
TK
TK P
P
Voie Ras/Raf/MAPK
Angiogenèse
Voie PI3K/Akt
Prolifération
Invasion/migration tumorale
Phosphorylation
=>
Activation
Voie STAT3
Résistance à l’apoptose
Diffusion métastatique
Figure 1
Activation du récepteur de l’EGF et des voies de signalisation intracellulaire
en aval
avec le ligand d’un domaine transmembranaire et d’un domaine
effecteur tyrosine-kinase intracellulaire. L’EGFR possède plusieurs
ligands que sont l’EGF et le TGFa (Transforming Growth Factor a)
principalement, mais aussi l’amphiréguline, l’épiréguline, la β-celluline, le facteur de croissance lié à l’héparine ou HB-EGF
(Heparin-Binding Epidermal Growth Factor) et les neurégulines [1].
La fixation du ligand sur le récepteur entraîne, après homo- et/ou
hétérodimérisation de ce récepteur avec d’autres récepteurs de
la famille ErbB tels que HER2, l’activation de ce dernier par phosphorylation au niveau de résidus tyrosine spécifiques situés sur
son domaine intracellulaire (Fig. 2). Ces résidus phosphorylés servent de site d’amarrage pour un certain nombre de protéines
intracellulaires contenant un domaine Src homology-2 (SH2)
capable de reconnaître ces tyrosines phosphorylées. Ces protéines à domaine SH2 jouent donc un rôle central dans la transmission des signaux intracellulaires, raison pour laquelle on les
retrouve dans la plupart des voies de signalisation : il s’agit du
complexe Grb2/hSos qui active la protéine RAS dans la voie des
RAS/MAPK et de la protéine PI3K qui phosphoryle certains lipides
membranaires, ce qui aboutit au recrutement de la kinase AKT
dans la voie PI3K/AKT. Ainsi, l’activation de l’EGFR, suite à la
fixation de ses ligands, est responsable de l’activation de voies de
signalisation intracellulaires situées en aval que sont essentiellement la voie RAS/MAPK et la voie PI3K/AKT, toutes deux impliquées dans la prolifération, la migration, l’adhésion et la
différenciation cellulaire, ainsi que dans la résistance à l’apoptose
et l’angiogenèse.
Activation anormale de l’EGFR dans les cancers
Famille des récepteurs de l’EGF
EGF : Epidermal Growth Factor
HB-EGF : Heparin-Binding Epidermal Growth Factor
HER : Human Epidermal Growth Receptor
TGFa : Transforming Growth Factor a
Il a été démontré que l’EGFR jouait un rôle important dans la
genèse de nombreux cancers épithéliaux dont les cancers
colorectaux où ce récepteur est surexprimé dans 30 à 85 % des
cas [2]. Ce constat a pu être fait après plusieurs observations.
40
Tout d’abord, la mise en évidence d’une élévation du niveau d’expression en ARNm de l’EGFR dans des lignées cellulaires de
cancer colorectal ou des tumeurs colorectales par rapport à celui
observé dans des lignées de cellules intestinales non tumorales
ou au niveau de tissu colique normaux. Par ailleurs, l’administration de promoteurs du cancer colorectal (azoxyméthane) dans
des modèles animaux entraîne une augmentation de l’autophosphorylation de l’EGFR ainsi que de son activité tyrosine-kinase, et
le transfert d’un allèle déficient en EGFR chez une souris APCmin
(modèle murin de polypose adénomateuse familiale) entraîne une
diminution de plus de 90 % du nombre de polypes intestinaux, ce
qui suggère une implication de l’EGFR à un stade précoce de la
carcinogenèse colorectale.
L’activation oncogénique de l’EGFR dans les cancers peut se
faire par plusieurs mécanismes :
– augmentation de son expression liée à une augmentation du
nombre de récepteurs à la surface de la cellule. Ce mécanisme
peut résulter d’une augmentation de la transcription ou d’une
stabilité accrue de la protéine ;
– mutations du gène de l’EGFR au niveau du domaine extracellulaire, responsables de la synthèse d’un récepteur anormal
ayant perdu ce domaine et activé de manière constitutive
(variant REGFvIII, par exemple) ou mutations du domaine tyrosine-kinase intracellulaire. Ces dernières sont fréquemment
observées dans les cancers broncho-pulmonaires mais sont
un événement rare dans les cancers colorectaux ;
– augmentation de la quantité de ligands de l’EGFR, en particulier le TGFa, responsable d’une boucle autocrine d’activation
continue de l’EGFR ;
– amplification du gène de l’EGFR, fréquemment retrouvée dans
les cancers broncho-pulmonaires, ORL et colorectaux.
❚ La voie RAS/MAPK
Protéines RAS et RAF
La famille des proto-oncogènes RAS comprend trois gènes bien
caractérisés HRAS, NRAS et KRAS. Les protéines issues de ces
gènes ont un poids moléculaire de 21 000 daltons, d’où leurs
noms p21. Elles sont localisées à la face interne de la membrane
cytoplasmique, ancrées dans la couche phospholipidique membranaire par leur extrémité C terminale. Les protéines RAS font
partie de la famille des GTPases, et jouent un rôle important dans
la transmission de signaux extracellulaires provenant des récepteurs membranaires vers le noyau, aboutissant à la régulation de
la prolifération, de la survie, de la différenciation et de la migration
cellulaire, ainsi que de l’angiogenèse. Leur activation est déclenchée par l’intermédiaire de récepteurs membranaires dont
l’EGFR. Les protéines RAS jouent un rôle « d’interrupteur » au
sein des voies de signalisation et oscillent entre deux états : un
état actif où elles sont liées au GTP (Guanosine Tri-Phosphate), ce
qui permet transitoirement l’interaction de RAS avec d’autres
molécules intracellulaires effectrices et l’activation de différentes
voies de signalisation (RAS/MAPK, mais aussi PI3K/AKT) et un
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GDP
GTP
GTP exchange factors (GEF)
Forme active
RAS
RAS
GTP
• AcFvité GTPasique intrinsèque de RAS
Forme inactive
GDP
P
• GTPase acFvaFng proteins (GAP)
Activation des voies de
signalisation intracellulaire
(RAS/MAPK, PI3K/AKT)
Figure 2
Forme active et inactive de la protéine RAS
état inactif où elles sont liées au GDP (Fig. 3). L’activation des
protéines RAS survient lors du remplacement du GDP par le GTP
et, inversement, leur inactivation est provoquée par l’hydrolyse du
GTP en GDP par des protéines de régulation telles que les GAP
(GTPase-Activating Proteins), ainsi que par l’activité GTPase
intrinsèque de la protéine RAS elle-même.
Les protéines RAS activent les protéines de la famille RAF1,
constituée des sérine-thréonine-kinases ARAF, BRAF et CRAF.
Kinases intracellulaires effectrices
de la voie des MAPK
L’activation de la voie des MAPK, également appelée « ERK »
(Extracellular signal-Regulated Kinase), débute par l’activation et
le recrutement à la membrane par RAS de la protéine
RAF-1 (Fig. 4). Cette première protéine kinase est responsable de
l’activation par phosphorylation de la MAPK-kinase ou MEK
(MAPK-ERK-Kinase). À son tour, MEK active de manière hautement spécifique, par double phosphorylation, ERK, ce qui
entraîne sa translocation au niveau du noyau et l’expression de
membrane
EGFR TK
Raf P
hSos Ras
TK P Grb
GTP
P
P
MEK
MEK
ERK
P
ERK
transcriBCon
cycline D1, cdk6
Initiation du cycle
cellulaire en phase G1
c‐jun
c‐fos
Figure 3
Schéma simplifié de la voie RAS/MAPK
c‐fos
ERK
P
P
noyau
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gènes précoces codant pour des facteurs de transcription
(c-FOS) et autres (c-MYC, c-JUN ou JUNB) qui, à leur tour, stimulent l’expression d’un grand nombre de gènes, en particulier ceux
de la cycline D1 et de cdk6 ayant un rôle majeur dans l’initiation
du cycle cellulaire en G1.
❙ Activation anormale de la voie RAS/MAPK
dans les cancers
Concernant les protéines RAS, KRAS est un des oncogènes les
plus fréquemment activés dans les cancers puisqu’environ 20 %
des tumeurs humaines ont une mutation activatrice de ce gène.
Les cancers ayant une prévalence élevée de mutations de KRAS
sont les cancers du pancréas (> 60 %), colorectaux (35-40 %),
des voies biliaires (33 %), les cancers broncho-pulmonaires (18 %,
essentiellement adénocarcinomes et patients fumeurs) et les adénocarcinomes de l’endomètre et des ovaires (14 %). L’activation
de la protéine RAS se fait par la présence d’une mutation fauxsens de KRAS qui leur confèrent un pouvoir oncogénique en
étant responsable d’une accumulation de la forme active en rapport avec GTP liée à l’altération de l’activité intrinsèque
GTPase [3]. Ces mutations touchent, dans plus de 90 % des
cas, l’acide aminé glycine des codons 12 et 13 et, plus rarement,
l’acide aminé glutamine du codon 61 (Tableau 1). La présence de
telles mutations au niveau tumoral est responsable d’une activation acquise de la voie RAS/MAPK en aval de l’EGFR, et totalement indépendante de la fixation du ligand à ce dernier, ce qui
confère aux cellules tumorales une résistance aux anticorps antiEGFR dans les cancers colorectaux [4]. Les gènes NRAS et
HRAS sont beaucoup moins souvent mutés, et le type de cancers
mutés est différent de celui des cancers mutés pour KRAS (peau
et thyroïde surtout).
tableau 1. Mutations du gène KRaS les plus fréquentes
sur les codons 12 et 13
Codon
Base
Mutation
Substitution d’acide
aminé
12
1
GGT CGT
G12R
12
1
GGT TGT
G12C
12
1
GGT AGT
G12S
12
2
GGT GCT
G12A
12
2
GGT GTT
G12V
l’activité kinase de la protéine BRAF, et il a été montré qu’elle avait
des capacités oncogéniques dans des modèles cellulaires [5]. Les
tumeurs les plus fréquemment mutées sont les cancers de la thyroïde et les mélanomes (40 %) et les cancers colorectaux (5-10 %).
Ces mutations sont exclusives des mutations du gène KRAS. Dans
les cancers colorectaux, elles surviennent plus fréquemment dans
les cancers de type microsatellite instables (MSI) que dans les cancers avec perte d’hétérozygotie (LOH).
La voie de transduction de signal passant par les protéines RAS/
RAF apparaît donc activée de manière constitutive dans 60 % des
cancers colorectaux, quel que soit le phénotype du cancer.
Interconnexion avec la voie PI3K/AKT
L’autre grande voie de signalisation intracellulaire pouvant être
activée par l’EGFR est la voie PI3K/AKT qui joue un rôle important
dans un certain nombre de fonctions cellulaires, notamment la
régulation de la glycogenèse, la régulation de la taille de la cellule,
la migration, l’apoptose et la prolifération. Cette voie peut être
activée, soit directement par activation du récepteur à activité
tyrosine-kinase EGFR (ou autre), soit par l’intermédiaire de la protéine RAS. Il existe donc un lien étroit entre la voie de signalisation
RAS/MAPK et la voie PI3K/AKT, par l’intermédiaire de RAS. Les
connexions qui existent entre ces deux voies sont, en fait, probablement plus complexes encore et font aussi intervenir d’autres
voies de signalisation intracellulaire comme la voie de la phospholipase C (PLCg), la voie STAT et la voie Src/FAK (Fig. 5).
Thérapeutiques anticancéreuses visant
à inhiber la voie RAS/MAPK
Une meilleure connaissance des différents partenaires de la voie
RAS/MAPK et des altérations oncogéniques au sein de cette voie
ont conduit à identifier des cibles privilégiées pour le traitement
Ligand
(EGF, TGFα, amphiréguline,
épiréguline…)
EGFR
membrane
Voie Ras/
MAPK
PIP2
P
P
Grb
PIP3
PTEN
PI3K
hSOS
PDK1/2
Ras
mTOR
Raf
p21
p27
MEK1
12
2
GGT GAT
G12D
13
2
GGC GAC
G13D
A : alanine, C : cystéine, D : aspartate, G : glycine, R : arginine, S : sérine, V : valine
Concernant les protéines de la famille RAF-1, seul BRAF a été
décrit comme muté. Une mutation quasiment unique est observée
au niveau de ce gène, conduisant à une substitution d’une valine
en un acide glutamique au niveau du codon 600 (V600E). Cette
mutation activatrice est responsable d’une augmentation de
Voie PI3K/AKT
AKT1/2
4EBP1
GSK3
VEGF
MEK2
BAD
p70S6K
eIF4E
ERK1/2
Survie cellulaire
Survie cellulaire
Proliferation
Angiogenèse
Migration
transcription
Angiogenèse
Survie cellulaire Traduction
Synthèse protéique
Facteurs de
transcription
ADN
Figure 4
Schéma général simplifié des voies RAS/MAPK et PI3K/AKT quoi sont intimement
interconnectées
42
des cancers et au développement de différentes classes de thérapies « ciblées » visant à inhiber cette voie, dont les 3 principales
sont :
– les molécules ciblant l’interaction ligand/EGFR : il s’agit des
anticorps monoclonaux dirigés contre l’EGFR que sont le
cetuximab (Erbitux ®) et le panitumumab (Vectibix ®) dont
l’efficacité est désormais bien démontrée dans le traitement du
cancer colorectal métastatique non muté pour le gène
KRAS [6-9] mais aussi pour ce qui concerne le cetuximab,
dans les cancers ORL. Ces molécules s’administrent par voie
intraveineuse, et ont pour principal effet secondaire une toxicité
cutanée se manifestant par un rash acnéiforme, une paronychie, un périonyxis, des fissures, et une sécheresse cutanée.
Le cetuximab, anticorps chimérique murin, peut également
être responsable de réactions immuno-allergiques potentiellement graves, contrairement au panitumumab qui est un anticorps totalement humain ;
– les molécules ciblant de façon sélective le domaine tyrosinekinase de l’EGFR : l’erlotinib (Tarceva®) et le gefitinib (Iressa®)
s’administrent par voie orale et sont indiqués dans les cancers
pulmonaires non à petites cellules avancés, et l’erlotinib
(Tarceva®) a démontré son efficacité dans le traitement du
cancer du pancréas, mais ils sont également en cours
d’évaluation dans d’autres localisations tumorales.
Paradoxalement, ces molécules n’ont, à ce jour, montré
aucune efficacité dans les cancers colorectaux, contrairement
aux anticorps monoclonaux anti-EGFR. Leurs principaux effets
secondaires sont la diarrhée et le rash cutané ;
– les molécules ciblant des effecteurs intracellulaires de la voie
RAS/MAPK : les inhibiteurs de RAS jusqu’ici développés sont
en fait des inhibiteurs de la RAS farnésyl transférase (enzyme
intervenant dans le processus d’ancrage de RAS à la membrane cellulaire) (R-115777 ou Zarnestra®, le SCH-66336 ou
Serasar®, le L-778,123 et le BMS-214662). Ils sont en cours
d’évaluation mais aucun à ce jour n’a montré des résultats
assez significatifs pour obtenir une AMM dans le traitement des
cancers. Parmi les inhibiteurs de BRAF, le sorafenib (Nexavar®)
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qui est un inhibiteur de récepteur tyrosine-kinase multicible
(ciblant également VEGFR, PDGFR, Ftl-3 et c-KIT) est en cours
d’évaluation dans le traitement du cancer colorectal métastatique muté pour le gène KRAS (essai de phase I/II NEXIRI),
mais son efficacité est, en revanche, bien démontré dans le
traitement du carcinome hépatocellulaire avancé, essentiellement en raison de son effet antiangiogénique. Enfin, des inhibiteurs spécifiques de MEK (ARRY-142886, PD0325901)
existent mais ont démontré leur efficacité essentiellement in
vitro, notamment dans des cellules avec mutation de BRAF et
sont évalués dans des essais cliniques.
❚ Références
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