De même, on leur demande aussi leur accord avant de faire certains soins. Les médecins leur
expliquent la démarche thérapeutique, il y a comme une entente préalable. Ca fait partie de
leurs droits, et c’est notre rôle de leur expliquer. Ils sont libres aussi de partir de l’hôpital.
EST-CE QUE LA RECONNAISSANCE DE CES DROITS PAR LA LOI VOUS
SEMBLE AVOIR MODIFIE QUELQUE CHOSE DANS LA PRISE EN CHARGE DE
VOS PATIENTS ?
Docteur Martine Gaillard :
La qualité de la prise en charge des patients a toujours été le critère prioritaire dans nos
pratiques d’accueil et de soins.
Ce qui a pu changer, c’est le fait que le patient a droit à l’accès de son dossier médical. Mais
cela peut avoir des conséquences sur la tenue de ce dossier. Ainsi, par exemple, vis-à-vis
d’une patiente victime de violences conjugales mais qui souhaitait préserver le secret, on
hésitera à consigner sur le dossier la mention « ecchymose suspecte », pourtant utile si un jour
l’affaire devait se judiciariser. Les termes employés peuvent donc être plus modulés.
Toutefois, il faut le reconnaître, la proportion des patients qui savent qu’ils ont accès à leur
dossier médical, et qui l’exercent, est infime.
Ce qui a fait changer nos pratiques aussi, c’est la notion de « personne de confiance ». Avant,
on ne posait pas la question aux patients. La « personne de confiance » s’identifiait
naturellement par la présence d’un proche, que le corps médical considérait comme un
interlocuteur. Cette désignation d’une personne de confiance pose problème parfois. Je pense
à ces familles qui ne comprennent pas cette notion, à qui il faut l’expliquer, ou qui ne sont pas
d’accord avec la désignation de la personne de confiance par le patient. On a vu une situation
délicate où deux épouses se disputaient la reconnaissance de ce titre ! On doit faire aussi avec
cette réalité. Et il faut ajouter à tout ça le problème de la barrière de la langue. Au cash de
Nanterre, on a toutes les nationalités, des maghrébins mais aussi des russes, des slovènes, des
polonais, des sri-lankais. Souvent, pour se comprendre, on fait avec les moyens du bord, en
mettant à contribution, pour pouvoir communiquer, le personnel soignant d’origine étrangère.
Parfois, on doit faire appel à des interprètes.
Madame Sylvie Moudani :
Les lois ont permis aux malades de participer aux choix thérapeutiques. Les patients atteints
de maladies chroniques peuvent aussi participer à des programmes thérapeutiques. C’est un
grand pas et une grande mission des soignants.
Ce qui a beaucoup changé aussi, c’est l’amélioration de la prise en charge de la douleur, qui
est devenue une préoccupation constante. C’est la loi qui a permis ça. A l’hôpital, il y a des
groupes de travail qui mettent en place des outils pour une meilleure prise en charge de la
douleur. Une attention particulière est portée sur les douleurs des personnes en fin de vie. Ce
point est très important. A l’hôpital, nous avons une équipe mobile de soins palliatifs. Tout est
fait pour que les gens meurent dans la dignité. Là aussi, ce point fait partie du cursus de
formation du personnel médical et infirmier et soignant. On nous apprend par exemple
comment accompagner les familles des patients en fin de vie, En plus, tous les ans, pour ceux
qui le souhaitent, il y a des formations spécifiques dans l’hôpital sur la douleur et sur les soins
palliatifs de fin de vie, avec 2 journées avec un psychologue, où on nous apprend aussi à
savoir être à l’écoute + 1 journée avec un médecin de la douleur et 1 journée avec le Dr Gallet
qui est le chef de service de l’équipe de soins mobiles..
3/5