
PolyTox'Nice
Synthèse bibliographique réalisée par des élèves ingénieurs dans le cadre d'enseignements du département Génie Biologique
http://biologie.polytechnice.fr
novembre 2011 N°24
Résumé
: La fonction des
pesticides est de lutter contre
les organismes nuisibles. Mais
comment être sûr qu’ils ne
touchent que ces organismes?
Qu’en est-il de leur
immunotoxicité ?
Les pesticides sont utilisés
de façon massive dans nos sociétés,
notamment pour améliorer les
rendements agronomiques. Mais
outre les produits phytosanitaires,
les pesticides regroupent aussi les
biocides et les antiparasitaires, et
sont aussi utilisés dans la vie
quotidienne. Mais les pesticides ne
représentent-ils pas un danger
pour l’homme et les espèces non
nuisibles? Des études ont montré
que les pesticides avaient des
effets néfastes pour l’organisme,
qu’ils soient neurotoxiques,
cancérigènes, reprotoxiques ou
encore immunotoxiques.
L’immunotoxicité d’une substance
est sa capacité à causer des effets
délétères sur le système
immunitaire, qu’il s’agisse
d’immunosuppression,
d’hypersensibilité ou d’auto-
immunité. L’immunosuppression est
une altération du système
immunitaire conduisant à une
diminution de la réponse immune,
l’hypersensibilité est un phénomène
entrainant des symptômes ou
signes reproductibles suite à une
exposition à un certain stimulus qui
est toléré chez des individus
normaux, et l’auto-immunité est une
réaction inappropriée du système
immunitaire qui produit alors des
lymphocytes T autoréactifs ou des
auto-anticorps dirigés contre les
antigènes du soi. L’utilisation des
pesticides peut conduire à la
contamination des travailleurs ou
des populations exposées à des
doses plus ou moins fortes et
pendant une durée plus ou moins
longue. Ce fut le cas des
travailleurs de l’usine Chemko en
Slovaquie, qui ont été exposés à
des polychlorobiphényls et ont
développé une hypothyroïdie auto-
immune, avec destruction de la
thyroïde par des anticorps anti-
thyroperoxydase [1]. Toutes ces
constatations sont confirmées en
laboratoire. Par exemple, il a été
montré chez des souris B6C3F1
qu’une exposition de 14 jours au
N,N-diéthyl-m-Toluamide inhibe
leur système immunitaire avec une
baisse de la production anticorps
et une altération du ratio de
cellules CD4/CD8 dans la rate [2].
Enfin, des souris NC/Nga exposées
au parathion, pesticide
organophosphoré, ou au
méthoxychlore, pesticide
organochloré, avant d’être
sensibilisées à l’allergène,
développent une dermatite
atopique avec augmentation des
symptômes, surproduction
d’anticorps, de cellules immunes et
de cytokines [3]. Face à ce
problème de santé publique, les
gouvernements encadrent
fermement la distribution et
l’utilisation de pesticides, et
doivent prendre en charge la
décontamination de certaines
zones. La tendance est à la
diminution de l’utilisation des
pesticides et à la mise en place
d’alternatives, comme le préconise
le plan Ecophyto 2018. Mais les
pesticides actuellement sur le
marché ne représentent-ils pas
tout de même un risque pour le
système immunitaire ?
Structure 3D du parathion
L’immunotoxicité des pesticides.
MERLET-BILLON Maryvonne, MIREUR Alexandra, MORIN Lauren
References:
[1]. Langer, P. e. (2007). Thyroid ultrasound volume,
structure and function after long-term high exposure
of large population to polychlorinated biphenyls and
dioxin.
Chemosphere 69
, 118-27.
[2]. Keil, D. E. (2009). N,N,-Diethyl-m-Tolumadie
(DEET) suppresses humoral immunological function in
B6C3F1 mice.
Toxicol Sci 108
, 110-23.
[3]. Fukuyama, T. e. (2011). Prior or coinstantaneous
oral exposure to environmental immunosuppressive
agents aggravates mite allergen-induced atopic
dermatitis-like immunoreaction in NC/Nga mice.