Mise à jour technique : Diagnostic et dépistage génétiques

MAY JOGC MAI 2015 l S1
Résumé
Objectif : Mettre à jour et passer en revue les techniques et les
indications du diagnostic génétique préimplantatoire et du dépistage
génétique préimplantatoire.
Options : Discussion au sujet des aspects techniques et génétiques
des techniques génésiques préimplantatoires, particulièrement en
ce qui concerne celles qui font appel aux nouvelles technologies
cytogénétiques et à la biopsie au stade de l’embryon.
Issues : Les issues cliniques obtenues par les techniques génésiques
à la suite du recours au diagnostic génétique préimplantatoire et
au dépistage génétique préimplantatoire sont incluses. La présente
mise à jour ne traite pas en détail des issues indésirables qui ont
été signalées en association avec les technologies de procréation
assistée.
Résultats : La littérature publiée a été récupérée par l’intermédiaire
de recherches menées dans Medline et The Cochrane Library en
avril 2014 au moyen d’un vocabulaire contrôlé (« aneuploidy »,
« blastocyst/physiology », « genetic diseases », « preimplantation
diagnosis/methods », « fertilization in vitro ») et de mots clés
(p. ex. « preimplantation genetic diagnosis », « preimplantation
genetic screening », « comprehensive chromosome screening »,
« aCGH », « SNP microarray », « qPCR » et « embryo selection »)
appropriés. Les résultats ont été restreints aux analyses
systématiques, aux études observationnelles et aux essais
comparatifs randomisés / essais cliniques comparatifs publiés en
anglais entre 1990 et avril 2014. Aucune restriction n’a été imposée
en matière de langue. Les recherches ont été mises à jour de
façon régulière et intégrées à la directive clinique jusqu’en janvier
2015. Des publications additionnelles ont été identiées à partir
des bibliographies des articles récupérés. La littérature grise (non
publiée) a été identiée par l’intermédiaire de recherches menées
dans les sites Web d’organismes s’intéressant à l’évaluation
des technologies dans le domaine de la santé et d’organismes
connexes, dans des collections de directives cliniques, dans des
registres d’essais cliniques et auprès de sociétés de spécialité
médicale nationales et internationales.
Valeurs : La qualité des résultats a été évaluée au moyen des critères
décrits dans le rapport du Groupe d’étude canadien sur les soins de
santé préventifs (Tableau 1).
Avantages, désavantages et coûts : La présente mise à jour
permettra aux lecteurs d’en apprendre davantage au sujet des
nouveautés en ce qui concerne les concepts, les orientations et
Ce document fait état des percées récentes et des progrès cliniques et scientifiques à la date de sa publication et peut faire l’objet
de modifications. Il ne faut pas interpréter l’information qui y figure comme l’imposition d’un mode de traitement exclusif à suivre.
Un établissement hospitalier est libre de dicter des modifications à apporter à ces opinions. En l’occurrence, il faut qu’il y ait
documentation à l’appui de cet établissement. Aucune partie de ce document ne peut être reproduite sans une permission écrite de
la SOGC.
J Obstet Gynaecol Can 2015;37(5):S1–S16
N° 323, mai 2015 (remplace n° 232, août 2009)
MISE À JOUR TECHNIQUE DE LA SOGC
Mise à jour technique: Diagnostic et
dépistage génétiques préimplantatoires
La présente mise à jour technique a été rédigée par le
comité sur la génétique et approuvée par le comité exécutif
et le conseil d’administration de la Société des obstétriciens
et gynécologues du Canada.
AUTEURS PRINCIPAUX
Elias M. Dahdouh, MD, Montréal (Québec)
Jacques Balayla, MD, Montréal (Québec)
François Audibert, MD, Montréal (Québec)
COMITÉ SUR LA GÉNÉTIQUE
R. Douglas Wilson, MD (président), Calgary (Alb.)
François Audibert, MD, Montréal (Québec)
Jo-Ann Brock, MD, Halifax (N.-É.)
Carla Campagnolo, MSc, London (Ont.)
June Carroll, MD, Toronto (Ont.)
Karen Chong, MD, Toronto (Ont.)
Alain Gagnon, MD, Vancouver (C.-B.)
Jo-Ann Johnson, MD, Calgary (Alb.)
William MacDonald, MD, Squamish (C.-B.)
Nanette Okun, MD, Toronto (Ont.)
Melanie Pastuck, inf. aut., Cochrane (Alb.)
Karine Vallée-Pouliot, s.-f. aut., Montréal (Québec)
Tous les collaborateurs nous ont fait parvenir une déclaration de
divulgation.
Mots clés : Preimplantation genetic diagnosis, preimplantation
genetic screening, comprehensive chromosome screening, aCGH,
SNP microarray, qPCR, embryo selection
S2 l MAY JOGC MAI 2015
MISE À JOUR TECHNIQUE DE LA SOGC
les technologies génétiques préimplantatoires. Les principaux
coûts et désavantages identiés sont ceux qui sont associés aux
technologies de procréation assistée.
Sommaire : Le diagnostic génétique préimplantatoire constitue une
solution de rechange au diagnostic prénatal pour la détection
des troubles génétiques chez les couples exposés à des risques
de transmettre une pathologie génétique à leur progéniture. On
avance que le dépistage génétique préimplantatoire est en mesure
d’améliorer l’efcacité de la fécondation in vitro en permettant le
dépistage de l’aneuploïdie embryonnaire. Bien que l’on ait constaté
que le dépistage génétique préimplantatoire fondé sur la FISH
donne lieu à des effets indésirables en ce qui concerne la réussite
de la FIV, des données probantes issues de nouvelles études
ayant fait appel au dépistage chromosomique exhaustif semblent
prometteuses.
Recommandations
1. Avant la tenue d’un diagnostic génétique préimplantatoire, les
patients doivent bénécier de services de counseling génétique
offerts par un conseiller génétique agréé, de façon à pouvoir
bien comprendre le risque d’obtenir un enfant affecté, les effets
de la maladie sur l’enfant affecté, ainsi que les avantages et les
limites de toutes les options disponibles en matière de diagnostic
préimplantatoire et prénatal. (III-A)
2. Les couples devraient être avisés de la capacité du diagnostic
génétique préimplantatoire à réduire le risque de concevoir un
enfant présentant une anomalie génétique portée par l’un des
parents ou les deux, lorsque l’anomalie en question peut être
identiée au moyen de tests menés sur une seule cellule ou sur de
multiples cellules trophectodermiques. (II-2B)
3. Le recours à des modalités effractives de dépistage prénatal
ou postnatal en vue de conrmer les résultats du diagnostic
génétique préimplantatoire est favorisé, puisque la possibilité de
donner lieu à de faux résultats gure parmi les limites techniques
de ce dernier. (II-2B)
4. La biopsie de cellules trophectodermiques n’exerce aucun effet
mesurable sur le développement de l’embryon, contrairement
à la biopsie de blastomères. Ainsi, dans la mesure du possible,
la biopsie de cellules trophectodermiques devrait constituer la
méthode à privilégier pour la biopsie de l’embryon et devrait être
menée par des professionnels expérimentés. (I-B)
5. Le diagnostic génétique préimplantatoire des maladies
monogéniques devrait idéalement être effectué au moyen d’une
amplication en chaîne par polymérase multiplex, conjointement
avec une biopsie de cellules trophectodermiques (lorsque cela
s’avère possible). (II-2B)
6. Chez les couples porteurs de translocations chromosomiques,
l’utilisation concomitante d’une technologie de dépistage
chromosomique exhaustif et d’une biopsie de cellules
trophectodermiques est recommandée dans le cadre du diagnostic
génétique préimplantatoire, car elle est associée à des issues
cliniques favorables. (II-2B)
7. Avant la tenue d’un dépistage génétique préimplantatoire, des
renseignements et des services de counseling exhaustifs doivent
être offerts pour s’assurer que les patientes comprennent bien les
limites de la technique, le risque d’erreur et le débat toujours en
cours quant à la question de savoir si la tenue d’un tel dépistage est
nécessaire pour l’amélioration des taux de naissance vivante dans
le cadre de la fécondation in vitro. (III-A).
8. La mise en œuvre d’un dépistage génétique préimplantatoire
faisant appel à l’hybridation in situ en uorescence appliquée à un
embryon biopsié au jour 3 est associée à une baisse des taux de
naissance vivante; un tel dépistage ne devrait donc pas être mené
dans le cadre de la fécondation in vitro. (I-E).
9. La mise en œuvre d’un dépistage génétique préimplantatoire
faisant appel au dépistage chromosomique exhaustif appliqué à un
blastocyste biopsié entraîne une hausse des taux d’implantation
et une amélioration de la sélection des embryons dans le cadre
des cycles de FIV menés chez des patientes présentant un bon
pronostic. (I-B)
Tableau 1 Critères d’évaluation des résultats et de classication des recommandations, fondés sur ceux du Groupe
d’étude canadien sur les soins de santé préventifs
Niveaux de résultats* Catégories de recommandations†
I: Résultats obtenus dans le cadre d’au moins un essai
comparatif convenablement randomisé.
II-1: Résultats obtenus dans le cadre d’essais comparatifs non
randomisés bien conçus.
II-2: Résultats obtenus dans le cadre d’études de cohortes
(prospectives ou rétrospectives) ou d’études analytiques
cas-témoins bien conçues, réalisées de préférence dans plus
d’un centre ou par plus d’un groupe de recherche.
II-3: Résultats découlant de comparaisons entre différents moments
ou différents lieux, ou selon qu’on a ou non recours à une
intervention. Des résultats de première importance obtenus
dans le cadre d’études non comparatives (par exemple, les
résultats du traitement à la pénicilline, dans les années 1940)
pourraient en outre gurer dans cette catégorie.
III: Opinions exprimées par des sommités dans le domaine,
fondées sur l’expérience clinique, études descriptives ou
rapports de comités d’experts.
A. On dispose de données sufsantes pour appuyer la mesure
clinique de prévention.
B. On dispose de données acceptables pour appuyer la mesure
clinique de prévention.
C. Les données existantes sont contradictoires et ne permettent
pas de formuler une recommandation pour ou contre l’usage de
la mesure clinique de prévention; cependant, d’autres facteurs
peuvent inuer sur la prise de décision.
D. On dispose de données acceptables pour déconseiller la
mesure clinique de prévention.
E. On dispose de données sufsantes pour déconseiller la
mesure clinique de prévention.
L. Les données sont insufsantes (d’un point de vue quantitatif
ou qualitatif) et ne permettent pas de formuler une
recommandation; cependant, d’autres facteurs peuvent
inuer sur la prise de décision.
*La qualité des résultats signalés dans les présentes directives cliniques a été établie conformément aux critères d’évaluation des résultats présentés dans le
Rapport du Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs89.
†Les recommandations que comprennent les présentes directives cliniques ont été classées conformément à la méthode de classication décrite dans le
Rapport du Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs89.
MAY JOGC MAI 2015 l S3
Mise à jour technique : Diagnostic et dépistage génétiques préimplantatoires
ABRÉVIATIONS
aCGH hybridation génomique comparative sur microréseau
d’ADN
ADO absence d’amplication d’allèle
CCS dépistage chromosomique exhaustif
CGH hybridation génomique comparative
ESHRE European Society for Human Reproduction and
Embryology
FISH hybridation in situ en uorescence
FIV fécondation in vitro
GP globule polaire
HLA antigène leucocytaire humain
IICS injection intracytoplasmique d’un spermatozoïde
Mbp mégabase
NGS séquençage de nouvelle génération
PCR amplication en chaîne par polymérase
qPCR PCR quantitative
SNP polymorphisme mononucléotidique
TPA technologie de procréation assistée
TsSE transfert sélectif d’un seul embryon
WGA amplication génomique totale
Le résumé du présent document a été
publié antérieurement dans :
J Obstet Gynaecol Can 2015;37(5):464–465
INTRODUCTION
Grâce à de nouvelles techniques cytogénétiques, la
pratique du diagnostic prénatal a connu des percées
majeures dans les domaines de l’obstétrique et des sciences
génésiques au cours de la dernière décennie1. Bien que
l’amniocentèse et le prélèvement de villosités choriales
constituent les piliers du dépistage prénatal traditionnel,
les améliorations qui ont été apportées au diagnostic
génétique préimplantatoire ont révolutionné le monde du
diagnostic génétique, particulièrement en ce qui concerne
les patients porteurs de maladies monogéniques ou de
translocations chromosomiques2,3. L’examen génétique
préimplantatoire consiste en l’utilisation de technologies
génésiques aux ns de l’analyse génétique des embryons
avant leur transfert et leur implantation2. Cette technologie
a fait son apparition à la n des années 1980 : la PCR était
alors utilisée pour déterminer le sexe des embryons chez
les patients porteurs de troubles liés à l’X3,4. Cette pratique
faisait en sorte qu’il était possible de ne transférer que des
embryons non affectés triés sur le volet, ce qui permettait
d’éviter de devoir procéder à une interruption de grossesse
planiée à la suite d’un dépistage prénatal conventionnel2,3.
Chez les patients qui présentent un trouble génétique
héréditaire, comme en présence d’une mutation génétique
héréditaire connue (maladie monogénique) ou lorsque l’un
ou l’autre des parents biologiques est porteur d’une anomalie
chromosomique, le prolage génétique des ovocytes et des
embryons avant leur implantation (au moyen de techniques
cytogénétiques ou de biologie moléculaire) est connu sous
le nom de diagnostic génétique préimplantatoire1. Bien que
cela ait suscité des controverses, le diagnostic génétique
préimplantatoire a également été utilisé aux ns de la
sélection du sexe, du typage HLA (visant l’obtention d’un
« enfant donneur » compatible) et de l’identication des
cancers héréditaires à pénétrance variable (p. ex. état BRCA
1, 2) et des maladies génétiques d’apparition tardive (p. ex.
maladie de Huntington); il pourrait donc jouer un rôle
important dans certains scénarios cliniques et sociaux5–7.
La prise en charge de l’infertilité constitue une
autre application possible de l’examen génétique
préimplantatoire8. En effet, les données démographiques
modernes et le report de la grossesse ont mené à une
utilisation accrue de la FIV à titre de méthode de
conception. Malgré de nombreuses percées, les taux de
naissance vivante que l’on constate à la suite des cycles
de FIV par TsSE se situent entre 27 % et 35 %, selon le
groupe d’âge et la méthodologie utilisée.
Des facteurs tels que le statut de l’embryon (garniture
chromosomique), la réceptivité endométriale et l’efcacité
du transfert doivent être pris en considération à titre de
causes étiologiques potentielles expliquant ce faible taux
d’implantation9–11. L’incidence accrue des anomalies du
nombre de chromosomes (aneuploïdie) constitue, malg
la constatation par microscopie d’une morphologie
embryonnaire normale, la cause la plus probable à l’origine
du faible taux de grossesse constaté chez les femmes ayant
recours à la FIV (plus particulièrement chez celles qui
sont d’âge avancé et qui connaissent des fausses couches
récurrentes)11,12. Par conséquent, le transfert d’embryons
euploïdes a été proposé à titre de façon d’accroître les taux
d’implantation et de naissance vivante, et de réduire le taux de
fausse couche précoce13. Le processus de l’examen génétique
de l’embryon au moyen de techniques cytogénétiques aux
ns du dépistage de l’aneuploïdie de novo est connu sous le
nom de dépistage génétique préimplantatoire13.
Tant le diagnostic génétique préimplantatoire que le
dépistage génétique préimplantatoire nécessitent la tenue
d’une FIV (avec ou sans IICS), d’une biopsie de l’embryon
(an d’y prélever de l’ADN), d’une analyse génétique et d’un
transfert d’embryons sélectionnés. L’ADN peut être extrait
d’ovocytes (globules polaires) ou de cellules embryonnaires
(p. ex. un blastomère issu d’un embryon au stade de
S4 l MAY JOGC MAI 2015
MISE À JOUR TECHNIQUE DE LA SOGC
la segmentation ou 5-10 cellules trophectodermiques
issues d’un embryon au stade du blastocyste)12,14. Le
matériel génétique est par la suite analysé pour y déceler
des mutations monogéniques (au moyen de techniques
de biologie moléculaire [PCR, PCR-multiplex]15) ou une
translocation chromosomique et une aneuploïdie de novo (au
moyen de techniques cytogénétiques telles que la FISH ou
le CCS)13,16,17. Le CCS constitue la toute dernière technique
cytogénétique : il s’agit de l’identication de l’ensemble de
la garniture chromosomique (24 chromosomes)18,19. Le CCS
peut s’effectuer par l’intermédiaire de la technologie de
microréseau (comme l’aCGH et le SNP) ou de la qPCR17–
21. Pendant l’analyse des cellules, les embryons demeurent
dans le milieu de culture de FIV. Lorsque le diagnostic
génétique préimplantatoire indique que la ou les cellules
biopsiées ne sont pas affectées par le trouble génétique visé
ou lorsque le dépistage génétique préimplantatoire indique
qu’elles sont issues d’un embryon euploïde, ce dernier est
alors considéré comme un bon candidat pour le transfert
dans l’utérus15,17–21. Une faible efcacité pour ce qui est
de l’obtention de l’implantation et la faiblesse des taux de
naissance vivante obtenus constituent les principales limites
de l’analyse génétique préimplantatoire. Cette situation
pourrait être attribuable aux difcultés techniques qui se
manifestent dans le cadre des interventions de FIV, des
biopsies d’embryon, de la mise en culture d’embryons et
du diagnostic génétique22. Les faibles taux de grossesse
pourraient également être attribuables au transfert d’un
embryon qui, malgré l’obtention de résultats de dépistage
indiquant qu’il est exempt du trouble génétique en question
(p. ex. une mutation monogénique ou une translocation
chromosomique), est en fait anormal au plan chromosomique
(aneuploïde). Nous sommes actuellement en mesure de
procéder au dépistage d’une mutation génique particulière
de façon concomitante avec le dépistage de l’aneuploïdie
visant les 24 chromosomes; il s’agit là de la façon idéale
d’accroître les taux de grossesse dans le cadre du diagnostic
génétique préimplantatoire.23
Les pratiques du diagnostic génétique préimplantatoire
et du dépistage génétique préimplantatoire sont
complexes et effractives, et pourraient être associées à
des résultats faux positifs ou faux négatifs. Ainsi, une
approche multidisciplinaire (faisant appel à l’apport et à la
coordination de professionnels des domaines des TPA, de
la génétique, de la grossesse exposée à des risques élevés, de
l’éthique et de la psychologie) doit être mise en œuvre24,25.
Nous avons présentement recours au diagnostic génétique
préimplantatoire pour atténuer les risque de transmettre des
troubles génétiques à la progéniture; voilà pourquoi nous
en proposons l’utilisation chez les porteurs de troubles
monogéniques (dominants et récessifs, autosomiques ou
liés à l’X) et les porteurs d’anomalies chromosomiques
structurelles (y compris, entre autres, les translocations
réciproques et robertsoniennes, les inversions, les délétions
et les insertions).
On a actuellement recours au dépistage génétique
préimplantatoire, dans le cadre des traitements de
procréation assistée, pour améliorer les chances de
grossesse grâce au transfert d’embryons euploïdes; son
utilisation est donc proposée pour ce qui est des femmes
d’âge avancé, des couples ayant connu des échecs répétés
en ce qui concerne l’implantation, des couples ayant connu
des fausses couches inexpliquées à répétition et des couples
qui font face à une grave infertilité imputable à l’homme.
Recommandations
1. Avant la tenue d’un diagnostic génétique
préimplantatoire, les patients doivent bénécier
de services de counseling génétique offerts par
un conseiller génétique agréé, de façon à pouvoir
bien comprendre le risque d’obtenir un enfant
affecté, les effets de la maladie sur l’enfant affecté,
ainsi que les avantages et les limites de toutes
les options disponibles en matière de diagnostic
préimplantatoire et prénatal. (III-A)
2. Les couples devraient être avisés de la capacité du
diagnostic génétique préimplantatoire à réduire
le risque de concevoir un enfant présentant une
anomalie génétique portée par l’un des parents
ou les deux, lorsque l’anomalie en question
peut être identiée au moyen de tests menés
sur une seule cellule ou sur de multiples cellules
trophectodermiques. (II-2B)
3. Le recours à des modalités effractives de dépistage
prénatal ou postnatal en vue de conrmer les
résultats du diagnostic génétique préimplantatoire
est favorisé, puisque la possibilité de donner lieu à
de faux résultats gure parmi les limites techniques
de ce dernier. (II-2B)
CONCEPTION DES TECHNIQUES
CYTOGÉNÉTIQUES
Les tout premiers essais ayant porté sur le diagnostic
génétique préimplantatoire mettaient en jeu l’utilisation du
caryotypage et de la PCR pour établir le sexe des embryons
humains préimplantés, ainsi que l’analyse des GP pour
écarter la présence d’une maladie mendélienne4. Au milieu
des années 1990, l’utilisation de techniques cytogénétiques
telles que la FISH a permis le diagnostic préimplantatoire de
certaines aneuploïdies et translocations chromosomiques, le
processus ayant alors été grandement facilité par le séquençage
MAY JOGC MAI 2015 l S5
Mise à jour technique : Diagnostic et dépistage génétiques préimplantatoires
du génome humain. Il a plus tard été démontré que la
technique FISH imposait d’importantes limites techniques :
seul un nombre restreint de chromosomes pouvaient être
analysés (maximum de 12 sondes); l’interprétation était
souvent complexe, puisque l’échec de l’hybridation, le
chevauchement des signaux et le dédoublement affectent la
précision des résultats. Ce qui est encore plus important, de
nombreuses études ont indiqué que cette méthode n’exerçait
aucun effet sur les issues cliniques13,26,27. Compte tenu de ces
inconvénients, d’autres techniques cytogénétiques novatrices
(comme l’aCGH, l’identication de SNP en microréseau et
la qPCR) permettant le CCS (dépistage de tout le matériel
chromosomique) ont été élaborées18,19,28,29.
CGH sur microréseau d’ADN
L’aCGH principale nécessite de l’ADN marqué issu
d’échantillons d’essai et d’échantillons témoins; l’ADN
marqué est alors hybridé sur un microréseau d’ADN.
L’analyse est menée en procédant au balayage et à
l’imagerie du microréseau, puis à la mesure de l’intensité
des deux signaux d’hybridation en ce qui concerne chacune
des sondes. Enn, un programme informatique analyse les
données et génère un graphique30. À l’origine, l’analyse
était menée au moyen d’un microscope en utilisant une
CGH métaphasique31,32. Pour des raisons pratiques et liées
à la précision, la CGH métaphasique a rapidement été
remplacée par l’aCGH. L’évaluation par aCGH détermine
la présence de quelque déviation quantitative (séquences
d’ADN supplémentaires ou manquantes) que ce soit dans
l’ADN du cas étudié. Ainsi, elle est en mesure de détecter
les variations du nombre de copies chromosomiques
(p. ex. trisomies ou monosomie) et les translocations
chromosomiques déséquilibrées10,33. Les réarrangements
chromosomiques équilibrés comme les translocations ou
les inversions (dans le cadre desquelles le matériel génétique
n’est que réarrangé, et non augmenté ou diminué) ne
peuvent être identiés par aCGH.
Identication de SNP en microréseau
Un SNP est une variante de séquence d’ADN au sein
de laquelle un de deux nucléotides ou plus pourrait être
présent, à une position ou à un locus particulier, sur
différents chromosomes au sein d’une population. À ce
jour, près de 40 millions de SNP ont été validés dans le
génome (au sein de régions non codantes, dans la plupart
des cas). La plupart des microréseaux visant les SNP
détectent de 660 000 à deux millions de SNP le long de
tous les chromosomes. Dans le cadre de la cytogénétique
moléculaire, l’analyse du rapport de l’intensité des deux
allèles aux locus hétérozygotes permet la détection en haute
résolution des duplications et des délétions affectant les
chromosomes entiers dans des régions de faible envergure.
Dans le cas des délétions, la perte de l’hétérozygotie est
détectée par l’absence de la bande hétérozygote34,35. Les
microréseaux visant les SNP ont également pour avantage
de permettre l’exploration de l’origine parentale de toute
anomalie en procédant au génotypage des parents, ce
qui rend possible la détection de la disomie uniparentale,
entre autres. Puisque les approches fondées sur le SNP
offrent une résolution théorique supplémentaire et de
l’information sur le parent d’origine, elles pourraient être
particulièrement adaptées à certaines applications, telles
que le diagnostic génétique préimplantatoire des anomalies
monogéniques ou d’une translocation chromosomique
déséquilibrée, conjointement avec une détection exhaustive
de l’aneuploïdie. De surcroît, les microréseaux visant les
SNP permettent l’établissement d’une distinction entre les
chromosomes équilibrés et normaux dans les embryons
issus d’un porteur de translocation34–36.
qPCR
Une autre méthode d’analyse du nombre de copies
« 24-chromosomes » qui utilise la qPCR en temps réel a été
élaborée et a fait l’objet d’une validation exhaustive37. Dans
le cadre de cette méthode, une étape de préamplication,
suivie d’une réaction PCR multiplex d’ordre élevé sur
plaque multipuits à 384 puits, est utilisée pour amplier
au moins deux séquences sur chacun des bras de chacun
des chromosomes. La qPCR en temps réel est par la
suite utilisée pour la quantication rapide de chacun
des produits, ce qui permet la comparaison dans tout
le génome. La PCR multiplex est menée directement
sur le prélèvement an d’éviter les biais d’amplication
attribuables à l’amplication du génome complet et pour
assurer la précision de l’analyse du nombre de copies;
ainsi, elle ne peut être utilisée que pour des prélèvements
comptant de multiples cellules trophectodermiques35.
Tant l’aCGH que les microréseaux visant les SNP
nécessitent une WGA avant leur mise en œuvre. La
technologie qPCR a récemment fait l’objet d’études pour
ce qui est du dépistage génétique préimplantatoire; il a été
démontré que son utilisation dans le cadre de cycles de FIV
entraînait une amélioration des taux d’implantation et de
naissance vivante17.
Les différentes techniques cytogénétiques utilisées dans
le diagnostic génétique préimplantatoire et le dépistage
génétique préimplantatoire sont décrites au Tableau 2.
STADE DE L’EMBRYON AU
MOMENT DE LA BIOPSIE
Que ce soit aux ns du diagnostic génétique préimplantatoire
ou du dépistage génétique préimplantatoire, la biopsie
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