Apports essentiels du management de la qualité au renouveau du

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La revue de l’innovation : La Revue de l’innovation dans le secteur public, Vol. 14(3), 2009, article 2
Apports essentiels du management de la qualité au renouveau
du modèle bureaucratique
Yves Emery
Professeur
Institut de hautes études en administration publique
La revue de l’innovation : La Revue de l’innovation dans le secteur public, Vol. 14(3), 2009, article 2
Apports essentiels du management de la qualité au renouveau
du modèle bureaucratique
Yves Emery
Professeur
Institut de hautes études en administration publique
Résumé
Au moment où l’ère de l’après-nouvelle gestion publique se dessine, et que l'on assiste au
renouveau du modèle bureaucratique que de nombreux spécialistes appellent de leurs
voeux, il paraît important de s’interroger sur la place que les approches issues du
mouvement de la qualité peuvent (re)-prendre au sein de la gestion publique. Cet article
vise à montrer que le modèle bureaucratique renouvelé, construction hybride ne
disposant pas de bases conceptuelles solides, peut s'inspirer de l'ancrage théorique qui
sous-tend le mouvement de la qualité. Il développe ces idées en discutant cinq idéesforces de la qualité : l'orientation-client, le système de production, la maîtrise des
processus, les erreurs sources d'apprentissage et l'implication du personnel de base. Ce
faisant, il apparaît que les défis de l'action publique renouvelée, soumise à un nombre
croissant de paradoxes, peuvent trouver dans le mouvement de la qualité des réponses
novatrices.
Abstract
Public administration has been deeply impacted by the New Public Management
movement, but more and more scientists are now convinced that we enter a “post-NPM”
period, where the foundations of the bureaucratic model must be completely redefined. In
this context, it is interesting to analyse how quality management approaches may
contribute to the theoretical foundations of this so-called “renewed bureaucratic model”.
This contribution aims at demonstrating that the renewed bureaucratic model, which is a
hybrid construction without strong theoretical basis, may greatly benefit from the
theoretical roots of QM approaches. The discussion is structured along five core
principles of QM: customer-orientation, organisation as a system, management of
processes, errors as learning opportunities and finally, staff participation. The main
challenges facing public sector organisations, which are moving in a more complex and
paradoxical environment, will find in QM approaches innovative solutions.
2
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Introduction
Au fil des décennies, la modernisation publique a traversé différentes vagues qui reflètent
l’évolution des connaissances en la matière et aussi, aux yeux de certain-e-s observateurstrices, un phénomène de mode : rationalisation administrative, réorganisations et redesign
des processus, nouvelle gestion publique, (nouvelle) gouvernance (Pollitt et Bouckaert
2004; Osborne 2006), sont quelques-unes des approches ayant marqué la gestion
publique depuis les années 1960. Comme si les organisations publiques étaient
condamnées à se moderniser (Emery 2000), dans un cycle d’amélioration que l’on
retrouve au cœur des démarches qualité. Derrière ces approches se trouvent des
« fondamentaux » de bonne gestion publique, dont la plupart peuvent à notre sens être
imputés au management de la qualité, qui représente un paradigme alternatif de gestion
par rapport au mouvement dominant du managérialisme (Chanlat 2003) au cœur de la
nouvelle gestion publique (NGP) (Pollitt 2002). Un paradigme particulièrement adapté
aux spécificités publiques, et qui pourrait gagner encore en pertinence lorsque nous
considérons le renouveau du modèle bureaucratique.
Ces vingt dernières années ont été marquées par la nouvelle gestion publique au point que
toute initiative de modernisation a pu être associée à ce courant qui, et il faut y voir l’une
des explications à ce constat, montre une diversité étonnante autant sur le plan de la
philosophie politique sous-jacente (tantôt vue comme « de gauche » ou « de droite ») que
des méthodes employées (Mönks 1998; Giauque et Emery 2008). Au moment où l’aprèsNGP se dessine, il paraît important de s’interroger sur la place et l’importance que les
approches issues du mouvement de la qualité peuvent (re)-prendre au sein de la gestion
publique, dans le sillage du renouveau du modèle bureaucratique que de nombreux
spécialistes appellent de leurs vœux. En effet, si l’on prend un peu de recul, il apparaît
clairement que la NGP a quelque peu évincé une approche plus ancienne et plus durable
de gestion des organisations publiques, labellisée sous l’appellation générique de
« management de la qualité » 1. L’avenir de la gestion publique pourrait grandement
bénéficier des idées fondatrices du management de la qualité, comme nous allons le
montrer dans cette contribution, et même si leur mise en œuvre n’est de loin pas toujours
aisée en considérant les différentes rationalités des acteurs en présence.
Bientôt centenaire, le management de la qualité peut en effet se targuer de disposer à la
fois d’une large base théorique et méthodologique, qui fait dire à certains auteurs qu’il est
à considérer comme un nouveau paradigme de management (Gogue 1997), et également
d’innombrables applications dans les organisations les plus diverses, fournissant une base
empirique particulièrement riche d’enseignements, y compris dans les organisations
publiques (Singh et Mansour-Nahra 2006; Fryer, Antony et al. 2007). En témoignent
également les multiples associations 2(Brunetière 2003; France Qualité Publique 2006;
1
appellation générique que nous employons dans cet article, souvent traduite de « Total Quality
Management, TQM », qui est l’appellation la plus courante. Rappelons, avec les pionniers de la qualité
(Deming et Juran en particulier) que ces derniers les considéraient simplement comme de bonnes pratiques
de management. Gogue, J.-M. (1990). Les six samouraï de la qualité. Paris, Economica.
2
voir pour l’Europe : le congrès de l’European Organisation for Quality, organisé en juin 2008 à Vienne,
avec le slogan « Quality is back, back to quality », les congrès européens sur la qualité publique, dont la
3
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IPSG 2008), prix qualité (Mavroidis 2007) et autres congrès. Sans oublier le référentiel
d’excellence publique, développé au sein de l’Union européenne, le Common
Assessment Framework (CAF), qui s’inscrit dans la tradition de l’excellence dans
l’économie privée3.
A priori intéressant pour les organisations publiques, qui pour une part importante sont
actives dans le domaine des services, imposé dans bien des domaines d’action publique,
notamment en Suisse, par des bases légales qui en font explicitement mention, le
management de la qualité gagne à être repensé pour fournir une base théorique et
méthodologique solide au modèle bureaucratique renouvelé, en tenant compte des
spécificités caractérisant la conception, la mise en œuvre et l’évaluation de l’action
publique.
Nous utilisons « action publique » pour désigner la production administrative (biens et
services fournis par l’administration, « outputs » dans le sens du management public,
(Schedler et Proeller 2000)), mais également les politiques publiques devant générer des
« outcomes », dans le sens de la science politique (Knoepfel, Larrue et al. 2001). En effet,
loin de s’intéresser uniquement à la satisfaction des utilisateurs, le management de la
qualité devrait inviter à une perspective holistique du système politico-administratif, qui
inclut tous les acteurs impliqués, en particulier les agents publics, les autorités politiques,
les différentes parties prenantes de l’action publique (au sens de « communautés » de
politiques publiques) (Budd 2007) et bien entendu les bénéficiaires 4 des services publics.
Bénéficiaires appelés préférentiellement « clients » dans le cadre de la nouvelle gestion
publique, ou « groupes-cibles » dans le cadre de l’analyse des politiques publiques,
substantifs remplaçant en partie les anciennes appellations plus spécifiques telles
qu’usagers, administrés, justiciables ou encore contribuables.
Cet article est une contribution théorique visant à montrer en quoi le management de la
qualité peut constituer un fondement conceptuel solide au modèle bureaucratique
renouvelé, à la fois au plan théorique et au niveau des idées directrices qu’il véhicule. En
effet et comme nous allons le montrer ci-dessous, ce nouveau modèle bureaucratique
constitue un univers hybride qui marie des conceptions idéal-typiques qui ont longtemps
5ème conférence européenne sur la qualité, qui s’est tenue à Paris en octobre 2008 sur le thème du « Citoyen
au cœur de la qualité publique », qui montrent à quel point le mouvement de la qualité a marqué le XXème
siècle et continue son influence au XXIème siècle.
3
le modèle est hébergé par l’Institut européen d’administration publique à Maastricht, voir
www.eipa.nl/CAF
4
Nous utilisons dans cette contribution le mot « bénéficiaire » pour désigner les personnes ou groupes de
personnes directement concernées par les prestations fournies par l’organisation publique. Deux remarques
à ce sujet : d’une part, le mot « bénéficiaire » est plus adapté à des prestations de service (par exemple
bénéficiaires de subsides, d’aides diverses) qu’à des prestations régies par la puissance publique, telles que
les décisions d’autorisation ou de police. On dira ainsi que les contribuables sont les « bénéficiaires »
directs des prestations de l’administration fiscale, même s’ils ne sont pas ravis de payer leurs impôts.
D’autre part, l’approche dite des « politiques publiques » fait la distinction entre les bénéficiaires finaux,
personnes ou groupes de personnes positivement impactées par les politiques mises en œuvre (par ex. la
population bénéficiant d’une sécurité accrue, d’une pollution réduite, etc.), et les « cibles », soit les
personnes ou groupes de personnes influencées par les politiques publiques mises en œuvre (par ex. : les
délinquants, les pollueurs).
4
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été perçues comme clairement différentes, voire inconciliables. Il s’agit donc de trouver
un fond théorique capable de les réconcilier. L’article s’adresse donc avant tout au monde
académique, tout en offrant des pistes de réflexion et d’action aux praticiens, vivant
quotidiennement le monde hybride du modèle bureaucratique renouvelé. Nous allons tout
d’abord esquisser les lignes-forces de ce modèle bureaucratique renouvelé, pour ensuite
discuter chacune des facettes constitutives du management de la qualité en relation avec
ce modèle.
L’après NGP : vers un modèle bureaucratique renouvelé
L’institution publique est en profond redéploiement, justifiant un questionnement sur ses
fondements conceptuels. L’idée de repenser les caractéristiques de l’organisation
bureaucratique classique au sens de M. Weber (Weber 1956) a déjà été exprimée il y a de
nombreuses années (Heckscher et Donnellon 1994). Mais il est intéressant de constater
qu’à cette époque, ces auteurs portaient une critique avant tout focalisée sur le modèle
bureaucratique en tant qu’outil (appareil bureaucratique), vu comme un système
d’organisation et de gestion (d’entreprise) impropre à relever les nouveaux défis de
l’environnement. Ainsi, ces auteurs mettaient en avant l’importance de remplacer la
direction hiérarchique de l’organisation, qui impose une volonté de manière unilatérale,
par une forme de gouvernance plus participative, basée sur une volonté déterminée de
manière consensuelle, où « chacun assume la responsabilité pour le succès d’ensemble »
(op cit. p.24). S’il est évident que cette vision post-bureaucratique va dans le sens de
résoudre l’un des paradoxes de la gestion publique, soit celui qui met en exergue la
contradiction entre l’autoritarisme potentiel des structures administratives envers les
membres du personnel, et l’idéal démocratique caractérisant leur mission, voir par ex.
(Berman et Bowman 2006), elle se distingue toutefois clairement des critiques plus
récentes qui se placent davantage à un niveau institutionnel. Néanmoins, ces premières
critiques s’inscrivent déjà dans l’idée participative à la base des démarches qualité (cf
infra, point 3.5) (Emery 2006a).
En effet, face aux principaux constats qui placent aujourd’hui la nouvelle gestion
publique en situation d’échec partiel (Christensen et Laegreid 2007), nombre d’analystes
estiment qu’il serait judicieux de porter un regard neuf sur le modèle bureaucratique en
tant que tel, élargissant de fait l’objet d’analyse à l’institution publique globalement
considérée (Steen 2006). Les pratiques inspirées de la NGP se sont construites, à bien des
égards, en contre-pied du modèle bureaucratique, dans un effet de balancier à 180°,
considérant le modèle du marché comme la clé de la résolution des problèmes publics.
Cette forme de rejet du modèle bureaucratique a entraîné un déclin manifeste de l’ethos
de service public et des valeurs qui le sous-tendent, en particulier dans les pays qui ont
largement adopté la philosophie de NGP (du Gay 2005). C’est dire qu’une nouvelle
lecture du modèle de la bureaucratie, des principes et qualités recherchées chez les
« bureaucrates professionnels », des valeurs sous-tendant l’ethos public, pourrait être très
instructive ; une lecture qui ne serait pas emprunte de la nostalgie d’un modèle
injustement passé dans l’ombre, mais dont l’ambition serait de définir les contours d’une
nouvelle conception hybride de l’organisation publique, mariant les principes et valeurs
5
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classiques de la bureaucratie, et les exigences d’efficacité que l’approche NGP met en
avant.
Cette vision hybride est esquissée par un nombre croissant d’analystes, parmi lesquels
d’éminents spécialistes des sciences administratives (Aucoin 1997; Pollitt et Bouckaert
2004) ou des sciences de l’organisation (Olsen 2006). Pour Olsen, le modèle
bureaucratique doit être appréhendé en tant que variante institutionnelle et
organisationnelle dans un répertoire plus large de systèmes voués à résoudre les
problèmes de la société, systèmes qu’il s’agit de combiner. Dans le sens de cet auteur, il
ne peut prétendre à une nouvelle hégémonie, car il s’agit de penser « A new
institutionalised moral vision synthesizing private and public ethical principles and
standards is needed (…) » (Olsen, 2006 : 7), idée qui rejoint celle de Pollitt et Bouckaert
sur l’Etat néo-wébérien (« Neo-weberian State »), une forme hybride combinant, selon de
nouvelles logiques à inventer, les principes classiques de fonctionnement bureaucratique
avec des principes issus de l’économie et des nouvelles formes de gouvernance. On
trouve une idée comparable également dans la conception de « New Public service »
développée par Denhardt/Denhardt qui estiment que, en réaction à une managérialisation
exagérée des services publics, ceux-ci devraient notamment se focaliser sur (cité par
(Perry 2006)) :
Servir les citoyens, pas les consommateurs
Viser l’intérêt général
Valoriser davantage la citoyenneté, et moins l’entrepreneuriat
Penser stratégiquement, agir démocratiquement
Reconnaître que l’imputabilité n’est pas une chose simple
Servir plutôt que de piloter
Valoriser les personnes, pas seulement la productivité (Denhardt et Denhardt
2003).
On peut affirmer avec Steen que les formes bureaucratiques nouvelles du XXIème siècle
ne conduisent pas à un modèle monolithique, mais au contraire à une multitude de
variantes reflétant la diversité des valeurs pénétrant le secteur public. Cette diversité met
en exergue la capacité des organisations (et des agent-e-s) publiques à gouverner des
réseaux d’acteurs intégrant divers partenaires de la société civile, dans le cadre de
politiques cohérentes réaffirmant l’indépendance de l’acteur public (Steen 2006). Ce
modèle bureaucratique renouvelé devrait être affranchi des lourdeurs procédurales, issues
d’une vision segmentée et non-coordonnée de l’appareil administratif, tout en mariant de
manière optimale « l’orientation-client », érigée en dogme par la nouvelle gestion
publique, et les exigences de légalité et d’équité propres à l’action publique, qui la
distinguent de l’univers marchand (Emery 2006b). Autant d’objectifs qui peuvent se
nourrir utilement des concepts théoriques et méthodes issues du management de la
qualité, comme nous allons le montrer.
6
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Les apports du management de la qualité au modèle bureaucratique renouvelé
Le management de la qualité constitue un courant de gestion alternatif qui a été largement
ignoré par la science normale du managérialisme jusque dans les années 1990 (Gogue
2006). Si les auteurs structurants du mouvement de la qualité n’ont guère apporté un
appareil conceptuel cohérent sur ce que l’on peut considérer comme le management de la
qualité 5, d’innombrables publications attestent d’une consolidation et d’une
reconnaissance graduelles des idées par les représentants de la science normale au sens de
Kuhn (Kuhn 1983). Certains ouvrages à succès, comme le Prix de l’Excellence (Peters et
Waterman 1982), la théorie Z (Ouchy 1981), ou encore L’entreprise du 3ème type (Archier
et Serieyx 1984), ne se réclamant pas du mouvement de la qualité tout en véhiculant des
idées très proches, ont contribué à solidifier une approche qu’il est communément admis
d’appeler également TQM. Une appellation adaptée du « Total Quality Control » apparu
initialement en 1956 dans un article célèbre de Feigenbaum (Feigenbaum 1956). Souvent
confondu avec les approches de type certification et les techniques réservées aux
qualiticien-nes, le management de la qualité est en fait une philosophie de gestion
intégrée qui se nourrit de fondements théoriques riches et diversifiés. Ces fondements en
font, selon les mots de Deming, un système d’apprentissage approfondi (System of
profond knowledge, (Deming 1993)), qui s’inscrit résolument dans les approches
systémiques de l’organisation. A notre sens, le management de la qualité peut être résumé
par les idées fondatrices suivantes qui, chacune à leur manière, peuvent apporter une
contribution décisive au modèle bureaucratique renouvelé (Emery 2006a):
1. L’orientation-client, qui implique tout d’abord une identification des
bénéficiaires, puis ensuite la prise en compte de la qualité des prestations perçues
par ces bénéficiaires, aussi importante que la qualité conçue par celles et ceux qui
la réalisent (les agent-e-s publics, et en amont, les autorités politiques en charge
du policy design (cf ci-dessous)) (Korunka, Scharitzer et al. 2007).
2. La qualité résulte d’un système de production intégrant les différents services et
membres de l’organisation, ainsi que les différentes parties prenantes, et non
d’individus ou de services administratifs pris isolément (Dupuy 1998).
3. La maîtrise des filières de travail (processus) est essentielle à l’amélioration de la
qualité. Ces filières doivent être appréhendées en considérant non seulement les
processus administratifs, dans le sens du Business Process Management
(O'Connell, Pyke et al. 2006), mais également les processus sous-jacents aux
politiques publiques.
4. Les erreurs sont sources d’apprentissage et de connaissances, permettant de
parfaire le système de production au sens large, dans un processus d’amélioration
continue (Fryer, Antony et al. 2007).
5. La qualité suppose une réelle implication du personnel de base, associé à la
définition, à l’évaluation et à l’amélioration du travail fourni (Deming 1986).
5
Les auteurs fondateurs du courant du management de la qualité (Deming, Juran, Ishikawa, Crosby,
Feigenbaum) sont structurants au sens de l’analyse des auteurs les plus souvent cités selon la méthodologie
des co-citations, voir par ex. J. Igalens/H. Penan : La structure des connaissances en gestion des ressources
humaines, in Revue de Gestion des Ressources Humaines, no7, mai 1993, pp. 13ss.
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Nous montrons dans les paragraphes qui suivent les fondements théoriques et les
implications concrètes de chacune de ces idées au modèle bureaucratique renouvelé.
L’orientation-client : quelle qualité pour quels bénéficiaires ?
L’orientation-client implique que le bénéficiaire des prestations publiques détermine (au
moins en partie) et apprécie la qualité produite. Ce qui pose tout d’abord la question de
savoir comment définir la qualité. En effet, il existe de multiples définitions de la qualité,
qui reflètent des orientations théoriques et pratiques très différentes, plus ou moins
pertinentes pour l’organisation et la gestion publiques. De surcroît, le mot qualité est
tellement utilisé qu’il en devient suranné. Historiquement, la qualité a d’abord été utilisée
dans la Grèce antique comme un idéal d’excellence (aretê) (Reeves et Bednar 1995), idée
que nous ne voudrions pas retenir ici car elle représente une vision absolue et inaccessible
de la qualité qui n’est guère compatible avec les ressources limitées affectées aux
organisations publiques. La qualité a ensuite été définie comme la conformité à certaines
spécifications. Originellement axées sur les produits industriels (armement), ces
spécifications « techniques » étaient plutôt le fait de producteurs soucieux de livrer des
marchandises présentant une qualité toujours égale. De fait, les spécifications expriment
plutôt une vision interne et technique de la qualité, qui n’implique nullement une prise en
compte des clients-utilisateurs. Malgré cette réserve, l’idée de conformité à des standards
techniques ou juridiques est bien l’essence même de l’action publique et de l’idéal-type
bureaucratique imaginé par M. Weber, soit le respect des bases légales et le traitement
identique (égalitaire) des bénéficiaires, une des valeurs de bonne gouvernance
administrative présente dans de nombreux pays (OCDE 1996; Hondeghem et
Vandenabeele 2005).
Cependant, cette conception technique de la qualité doit absolument être complétée par la
perception qu’en ont les bénéficiaires, c’est l’une des idées fondatrices du management
de la qualité (Deming 1986). Ce tournant fondamental dans la conception de la qualité a
amené une définition nouvelle : celle orientée vers la satisfaction des clients, qui provient
du fait que les prestations fournies atteignent, voire excèdent leurs attentes (Reeves et
Bednar 1995). Véritablement au coeur de l’approche qualité, la satisfaction des clients
n’est donc nullement une variable absolue, car elle implique une comparaison entre un
niveau d’attentes par rapport au service (public), et les prestations réellement obtenues
(Averous et Averous 1998; France Qualité Publique 2006). Issue du marketing, l’idée de
satisfaire les besoins des clients se retrouve dans le fameux « fitness for use » du pionnier
J. Juran, et de façon plus détaillée dans la définition normalisée de la qualité (ISO 8402)6:
La qualité est l’ensemble des caractéristiques d’une entité qui lui confèrent l’aptitude à
satisfaire des besoins exprimés et implicites.
6
ISO , Norme internationale, Management de la qualité et assurance de la qualité, Vocabulaire, Genève,
1994
8
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Mais peut-on parler de satisfaction des clients dans le service public ? Conçue pendant
longtemps comme un système fermé et auto-référencé, l’administration publique s’est
progressivement ouverte sur ses « clients » (De Quatre-Barbes 1996), aboutissant à une
forme de confrontation entre les exigences internes (techniques, vues des agent-e-s
publics) et externes (besoins et perceptions des « clients »), admirablement décrite par
Dupuy (Dupuy 1998). Cette orientation-client est une tendance fortement mise en avant
par la NGP (Schedler et Proeller 2000), et qui a amené les organisations publiques à
mieux identifier leurs bénéficiaires, puis à réaliser des enquêtes de satisfaction auprès de
ces bénéficiaires, en utilisant des méthodes validées dans les entreprises privées, telles
que l’approche SERVQUAL (Wisniewski 2001). En effet, le modèle bureaucratique
renouvelé implique une prise en compte systématique de la perception des bénéficiaires
des prestations publiques, et plus en amont, une organisation du travail qui tienne compte
des besoins de ces bénéficiaires, mais en évitant soigneusement de retomber dans une
forme de « néo-clientélisme » qui serait très préjudiciable à la neutralité et à la légalité de
l’action publique ; un exercice pas toujours facile, en particulier pour le personnel au
front (« front-line workers ») ((Rosenthal et Peccei 2006). Un exercice qui suppose
également un changement profond de culture, afin d’intégrer la figure du bénéficiaire
dans l’univers administratif, sans tomber dans une logique consumériste propre au monde
marchand (Boltanski et Thévenot 1991).
De manière plus générale, cette dernière définition devrait conduire les responsables
politiques et administratifs à exprimer de manière plus claire les standards et niveaux de
prestations que l’administration publique devrait produire. Cette clarification des attentes
est à considérer non seulement dans le sens des engagements et autres chartes qualité
bien connus dans de nombreux pays (Falconner et Ross 1999; France Qualité Publique
2004), mais également comme une exigence en amont, dans la formulation des objectifs
poursuivis par les politiques publiques, les bases normatives et les programmes politicoadministratifs qui en découlent, et que l’on pourrait résumer sous « policy design »
(Knoepfel 1996). Si les attentes des citoyens envers l’Etat sont souvent illimitées, celles
des bénéficiaires face à leur administration devraient être clairement formulées et
régulièrement appréciées, de manière à maximiser l’adéquation par rapport aux attentes.
Dans ce sens, et en poussant l’idée jusqu’au bout, il est évident que cette exigence aboutit
à repenser la double régulation de l’action publique : celle des bénéficiaires que nous
venons d’évoquer, mais également celle des citoyens, en amont de l’action publique, une
double régulation qui, lorsqu’elle existe, n’est pas toujours exempte de problèmes
(Schedler et Kettiger 2003). Dans de nombreux pays en effet, la régulation par les
citoyens se limite à la portion congrue, soit l’élection de leurs représentants au parlement
et à l’exécutif.
C’est dire combien le mot « client », même rebaptisé « bénéficiaire », est réducteur de la
polyfonctionnalité de l’acteur public, à la fois citoyen et bénéficiaire de l’action publique.
Tout d’abord, notons l’absence du mot client dans la définition ISO : on ne sait pas par
rapport à qui les besoins, exprimés et implicites, sont à considérer. Contrairement à
l’entreprise privée où le client peut généralement bien être identifié, l’application du
concept de client dans le secteur public se révèle très délicate. La simple identification de
la constellation des clients directs et indirects, sans considérer encore l’intérêt général, est
9
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parfois déjà problématique, surtout lorsque la réflexion ne se fait pas au niveau très
concret d’un service de l’administration (Swiss 1992). De surcroît, la demande exprimée
par les clients-usagers est fréquemment complexe, floue, et parfois contradictoire
(Vigoda 2002). Aussi, de la simple orientation « client », certains auteurs recommandentils de passer à la notion de stakeholders en étudiant comment leurs différentes attentes se
combinent, perspective au cœur de la nouvelle gouvernance publique (Osborne 2006).
Cette interrogation est fondamentale et doit être traitée avec la plus grande attention,
notamment parce qu’elle peut in fine influencer la participation démocratique et la
légitimité politique. Elle invite à marier la qualité des policy designs, portant sur les
outcomes 7, à celle des engagements de qualité portant sur les prestations publiques,
touchant les outputs (Knoepfel, Larrue et al. 2001).
Fort de ces considérations, nous pourrions redéfinir de la manière suivante la notion de
qualité publique, dans le cadre du modèle bureaucratique renouvelé, en distinguant deux
niveaux d’analyse, celui des prestations (outputs) et celui des effets (outcomes) de
l’action publique :
Au niveau des prestations publiques (micro-qualité) : la qualité publique est l’ensemble
des caractéristiques d’une prestation qui lui confèrent l’aptitude à remplir les exigences
légales et techniques la caractérisant, et à satisfaire les besoins exprimés et implicites
des bénéficiaires directs 8.
Cette définition reflète l’efficacité managériale de l’action publique, soit la capacité de
l’appareil administratif à fournir des prestations répondant aux exigences internes et aux
besoins des bénéficiaires directs. A noter que les besoins touchent autant le fond que la
forme de la prestation fournie (dans le sens des chartes de qualité), en rappelant que le
fond est défini par le processus démocratique (politique, puis législatif), au moins dans
les grandes lignes. La marge de manœuvre est donc étroite pour utiliser la notion de
« besoin » quant à la prestation elle-même, mais elle demeure possible selon la latitude
d’action dont bénéficie l’organisation publique chargée de la mise en œuvre. Rappelons
en outre que toute prestation publique est entourée de prestations périphériques (par ex. :
analyses ou conseils spécifiques demandés par le bénéficiaire de prestations sociales ou le
contribuable ; accueil plus ou moins élaboré, etc.). Ces prestations, non obligatoires,
fournissent toutefois un support au cœur de la prestation ; elles permettent de mieux la
mettre en valeur ou de la rendre plus opérationnelle. Ici, la notion de « besoin » joue un
rôle déterminant, et toute organisation publique souhaitant œuvrer selon une « orientation
client » devrait identifier et optimiser ses prestations périphériques, en intégrant, comme
le suggèrent les critères retenus pour le CAF par exemple, les bénéficiaires dans
l’évaluation des prestations, voire même dans leur élaboration, favorisant une logique de
co-production (Brudney et England 1983; Julien 2005).
7
Cette tendance est perceptible notamment dans l’évolution du droit public, qui est de plus en plus
« finalisé » plutôt que « conditionnel », et qui comporte des clauses d’évaluation, comme c’est le cas en
Suisse par exemple.
8
Les « cibles » dans le langage des politiques publiques
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Au niveau des effets de l’action publique (macro-qualité) : la qualité publique est
l’ensemble des caractéristiques d’une politique publique qui lui confèrent l’aptitude à
remplir les objectifs politiques qui lui sont assignés, à satisfaire les besoins exprimés et
implicites des bénéficiaires indirects 9 ainsi que des autres partenaires de l’organisation
publique chargée de sa mise en œuvre, et plus généralement de la collectivité.
Cette définition reflète l’efficacité politique de l’action publique, soit sa capacité à
résoudre les problèmes collectifs qui ont été portés à l’agenda politique, mais également,
en ce qui concerne la manière d’agir, une forme d’éthique de l’action publique. Cette
éthique de l’action publique renvoie à des principes fondamentaux de service public (De
Quatre-Barbes 1996), tels que la continuité ou le service universel, mais également à des
éléments de bonne gouvernance, qui varient d’un pays à l’autre en fonction de l’histoire
et de la culture politique (Vandenabeele et Hondeghem 2005). De la même manière que
dans la micro-qualité définie ci-dessus, on retrouve donc dans cette définition des
éléments de fond et de forme, qui reflètent la multi-dimensionnalité de la performance
publique.
En acceptant la réalité des bénéficiaires (directs et indirects) comme étant
complémentaire à celle des spécifications de qualité purement internes (légales,
techniques), en reconnaissant la subjectivité inhérente à leur perception des
caractéristiques qui peuvent être objectives en elles-mêmes, et évaluées différemment de
l’intérieur de l’organisation, l’orientation-client s’inspire du constructivisme
(Watzlawick 1988) et relativise, par là, le monopole de la vérité trop souvent détenu par
l’administration (Dupuy 1998). Les faits sociaux sous-jacents à la conduite de l’action
publique relèvent en partie d’une construction sociale qui implique de prendre au sérieux
la perception qu’en ont les acteurs concernés. Ainsi, le constructivisme peut soutenir les
fondements du nouveau modèle bureaucratique, puisque ce dernier relativise la toute
puissance de l’administration traditionnelle fonctionnant par une logique autoréférentielle (Crozier 1963; Gouldner 1968), en donnant la parole aux bénéficiaires, mais
également dans une vision plus large, aux citoyens, contribuant ainsi à les réintroduire
dans les processus de régulation publique 10.
De l’unité administrative au système de production publique
Deuxième élément constitutif du management de la qualité : la qualité résulte d’un
système de production, dont Deming se plaisait à dire qu’il conditionnait l’essentiel des
variations communes expliquant des différences dans la qualité produite (jusqu’à 94 %
selon lui, (Deming 1986), p.315). Après une conception mécaniciste et individualiste du
travail des agents publics, appelés à améliorer leurs performances à titre individuel sans
que la direction politique et l’encadrement administratif ne reconnaissent le déterminisme
de leur environnement de travail (Norman 2007), après une conception gestionnaire de
l’administration qui leur enjoignait d’optimiser leurs prestations à travers un contrat de
9
Les « bénéficiaires » dans le langage des politiques publiques (Knoepfel et al, 2001)
Cf le thème de la 5ème conférence européenne de Qualité publique (Paris, octobre 2008)
10
11
La revue de l’innovation : La Revue de l’innovation dans le secteur public, Vol. 14(3), 2009, article 2
performance ignorant largement les influences de l’environnement (Emery et Giauque
2001), les nouvelles approches de gestion publique réintroduisent la complexité du
système des affaires publiques ainsi que la diversité des partenaires à considérer. La
logique de l’autorité (administrative) et du marché s’étant révélées toutes deux
insuffisantes, la bureaucratie renouvelée plaide pour mettre en avant celle des réseaux,
troisième mode de gouvernance susceptible de mieux intégrer les différents partenaires
de la société civile, parties prenantes aux communautés d’action publique (Christensen,
Lie et al. 2008; van Genugten 2008).
Si les méthodes de gestion inspirées de la NGP ont, à bien des égards, abouti à une sorte
de néo-compartimentalisme de l’administration (Knoepfel 2002), le management de la
qualité s’inspire au contraire d’une vision systémique intégrative, bien qu’il puisse
aboutir dans certains cas à une nouvelle technocratie, sous l’impulsion de qualiticiens qui
ont oublié l’esprit de leur discipline. En procédant à une analyse comparative entre les
grands modèles de management (modèles mécaniste-tayloriste, systémique, et culturel) et
l’approche qualité, Spencer aboutit à la conclusion que le management de la qualité est
une approche essentiellement systémique, bien qu’utilisant des termes plus opérationnels
que les auteurs classiques ayant développé cette approche (Spencer 1994). En particulier,
l’accent mis sur le réseau des processus plutôt que l’organisation hiérarchique et la chaîne
de commandement est typiquement d’essence systémique ; et a fortiori, l’extension du
système au-delà des frontières organisationnelles, afin de considérer le réseau d’acteurs
impliqués dans une même politique publique, parfois à différents niveaux du fédéralisme
pour des Etats organisés selon ce principe (Kissling-Näf et Knoepfel 1998).
C’est dire que le modèle bureaucratique renouvelé, qui prône cette approche holistique du
système des affaires publiques, s’inscrit dans une vision systémique pouvant
avantageusement s’inspirer du management de la qualité. Une approche qui permettrait
d’ailleurs d’intégrer l’analyse des politiques publiques, centrée sur les acteurs externes à
l’administration, et l’analyse du management public, trop exclusivement centrée sur les
acteurs internes, aboutissant à une réelle hybridation de ces disciplines (Gibert 2002).
La maîtrise des processus de qualité publique
La qualité résulte de la maîtrise des processus de travail, plus que celle des fonctions et
territoires individuels. Si l’administration connaît depuis toujours les procédures, y
compris dans leur réalité bureaucratique la plus paralysante, c’est qu’historiquement, elle
a été fortement influencée par le raisonnement juridique, au point qu’il a pu constituer
l’essentiel de sa rationalité (Chevallier 1986). D’autre part, l’approche mécaniste de
l’organisation appréhendée, dans la tradition de l’école classique du management, comme
une horloge parfaitement huilée, a contribué à mettre en avant l’optimisation du travail
administratif individuel. Mais cette optimisation s’est faite au détriment des processus de
travail, qui supposent une approche transversale (ou horizontale) et non verticale de
l’administration, pour laquelle personne n’est véritablement responsable puisque chaque
dirigeant-e politique ou administratif agit dans son propre dicastère.
12
La revue de l’innovation : La Revue de l’innovation dans le secteur public, Vol. 14(3), 2009, article 2
C’est dire que la maîtrise des processus s’inscrit, tout d’abord, dans une conception
collaborative et transversale de l’action publique, luttant contre l’une des tares les plus
fréquemment mentionnées des bureaucraties classiques : leur cloisonnement (Downs
1966). Une conception qui relativise également l’importance de la spécialisation de
l’agent public, puisque l’optimisation des processus signifie, en particulier, l’optimisation
des interfaces et la vision d’ensemble de la prestation fournie, afin d’éviter que les
bénéficiaires eux-mêmes doivent en assurer la cohérence (Dupuy 1998). Une
optimisation qui suppose de mettre en avant la coopération entre agent-e-s publics, entre
unités administratives, voire entre différentes organisations publiques et privées (dans la
logique des partenariats public-privé). Autant dire que l’idée est plus facile à exprimer
qu’à mettre en œuvre, en particulier sous l’impulsion de systèmes d’incitations qui
favorisent la performance individuelle plus que celle des processus et de la performance
collective (Emery 2004).
D’autre part, la maîtrise des processus ne signifie nullement leur contrôle absolu, mais
bien leur mise sous contrôle. La nuance peut paraître subtile, mais elle traduit une
différence de conception essentielle entre le modèle mécaniste et le modèle organique de
management. De fait, et contrairement à la vision mécaniste du monde, l’approche
organique implique une prise en compte des phénomènes probabilistes issus de la
complexité inextricable des systèmes humains. Le fondement stochastique et probabiliste
de l’approche qualité est historiquement le plus ancien, issu des pionniers de la qualité
qui, à l’image de Shewhart et Deming, étaient statisticiens. Rappelons-nous les analyses
de Shewhart dans les années 1920 pour déterminer les limites de ce qui constitue une
variation normale d’un processus sous contrôle, efforts ayant conduit aux fameux
graphiques de contrôle, et plus récemment, à l’opérationnalisation de la méthode dite des
six sigma (Lamprecht 2006).
Ainsi, la mise sous contrôle des processus, plutôt que leur maîtrise absolue, reflète les
idées actuelles concernant le pilotage, voire le monitoring des politiques publiques,
évitant un pilotage basé sur des indicateurs réducteurs (Knoepfel et Varone 1999). Le
modèle bureaucratique renouvelé pourrait gagner à intégrer la mise sous contrôle des
processus administratifs, en considérant les variations normales comme inhérentes à la
complexité du système politico-administratif, tout en visant leur diminution progressive
pour mieux correspondre aux engagements de qualité définis pour les bénéficiaires. Mais
ces variations « normales » ne constituent-elles pas des erreurs administratives
impardonnables ?
L’infaillibilité administrative mise à l’épreuve de l’apprentissage
Les erreurs sont sources d’apprentissages et de connaissances, elles permettent de
parfaire le système de production au sens large, dans un processus d’amélioration
continue qui est au cœur du management de la qualité ; un processus souvent résumé par
le cycle de Deming PDCA (Scherkenbach 1990) ou encore l’appellation de CPI (Fryer,
Antony et al. 2007). Or, l’administration a trop longtemps été dominée par une forme
d’infaillibilité devant « ses » administrés, et mise sur le piédestal de la puissance
13
La revue de l’innovation : La Revue de l’innovation dans le secteur public, Vol. 14(3), 2009, article 2
publique, rendant tout apprentissage impossible (Nagel 2005). Fort-e de son expertise
technique et de sa connaissance de la règle, l’agent-e public ne se trompe pas, ou s’il le
fait, il sera toujours en mesure d’étayer son agir par une argumentation impénétrable aux
yeux du bénéficiaire béotien (Friedberg 1997), tout en masquant le problème à sa
hiérarchie. Ce portrait à peine noirci de la réalité administrative (Bellin Strait 2005) n’a
plus guère sa place dans le modèle bureaucratique renouvelé.
Si la puissance publique et le respect de la base légale demeurent au centre de l’action
publique démocratique, ils ne signifient nullement que l’administration ne commet pas
d’erreur, à l’image des autres acteurs parties prenantes au processus global. Certains
services publics en Suisse tentent cette évolution, mettant en avant la rapidité de leur
action avant l’examen « bétonné » des dossiers, qui prendrait beaucoup plus de temps
tout en laissant les bénéficiaires dans une attente souvent difficile à supporter 11. Cette
nouvelle philosophie de travail prend sens à partir du moment où elle est associée à une
ouverture aux critiques, voire aux erreurs relatives au travail effectué, et à une capacité à
remédier rapidement aux problèmes constatés. Les élu-e-s politiques s’y mettent
également, à l’image du nouveau président américain avouant récemment « s’être
trompé ». Mais cela représente un changement profond dans la culture dominante, où
l’erreur éventuelle ne peut être épinglée que par la justice suite à des procédures de
recours.
Le management de la qualité pourrait donc apporter beaucoup au modèle bureaucratique
renouvelé, en suivant l’esprit prôné par les pionniers, à l’image de Deming qui parlait
d’un système de connaissance plus que de méthodes spécifiques (cf supra). Avant leur
théorisation par des systémiciens spécialistes de l’apprentissage organisationnel (Senge
1990; Dixon 1994), les processus d’apprentissage ont été au cœur du processus
d’amélioration continue, dès les années 1950. Pour que l’administration puisse
véritablement en bénéficier, il faudrait toutefois que ses dirigeants considèrent
sérieusement les principales barrières à l’apprentissage organisationnel, qui sont d’ordre
culturel plus que technique (Argyris et Schön 1978).
Le renouveau d’une démocratie intra-organisationnelle
Finalement, la qualité suppose une réelle implication du personnel à tous les niveaux.
L’idée que les collaboratrices et collaborateurs soient formés à l’analyse des processus et
contribuent à une efficience accrue, que le personnel opérationnel en contact direct avec
les bénéficiaires représente la source la plus importante d’amélioration, tous ces éléments
vont dans le sens d’un management plus démocratique, bannissant les pratiques de
management et de communication uniquement top-down, caractéristique dominante du
modèle bureaucratique classique. On retrouve ici les premières traces de la démocratie
industrielle, telle que prônée par l’utopiste entrepreneur R. Owen au début du XIXème
11
Ligne directrice de l’Office fédéral des assurances sociales, OFAS.
14
La revue de l’innovation : La Revue de l’innovation dans le secteur public, Vol. 14(3), 2009, article 2
siècle 12. Parce que l’approche qualité insiste autant sur les éléments tangibles du système
d’organisation que sur la dynamique humaine d’amélioration collective, elle s’inscrit
parfaitement dans le courant managérial des systèmes socio-techniques développé dans
les années 1960, ainsi que dans l’esprit des promoteurs du management participatif
(Likert 1961). Un style de management qui a eu tendance à souffrir à travers la mise en
œuvre de la nouvelle gestion publique, perçue par le personnel de base comme plutôt
technocratique, et parfois paradoxale : d’un côté, la NGP visait à introduire un esprit
d’entreprise et une marge de manœuvre plus grande pour le personnel, et de l’autre, elle a
contribué à mettre sur pied des dispositifs de contrôle assimilables à une nouvelle
bureaucratie (Emery et Giauque 2005).
Contrairement à l’exécution neutre et impersonnelle propre au fonctionnariat traditionnel,
le modèle bureaucratique renouvelé demande plus aux agent-e-s publics : faire preuve
d’initiative et avoir un comportement responsable qui ne se cantonne pas à leur descriptif
de poste, traduisant un véritable sens de la mission, et une identification aux valeurs de
l’organisation (Paarlberg et Perry 2007). En retour, les agent-e-s attendent de leur
hiérarchie une capacité d’écoute et une proximité qui permettent d’instaurer une relation
de confiance propice à l’expression des idées et la prise d’initiative (Emery, Sanchez et
al. 2007), voire pour les plus hardis d’entre eux, à un authentique comportement
d’entrepreneur, comme nous avons pu le montrer dans une étude récente aboutissant à
une nouvelle typologie des agent-e-s publics (Emery et Martin 2008).
Mais dans ce domaine également, la transformation des compétences et comportements
du personnel dirigeant, ainsi que des cadres intermédiaires, n’est de loin pas aisée, la
prégnance du modèle hiérarchique classique étant encore largement dominante. Nous
avons pu l’expérimenter dans de nombreuses organisations publiques où une
responsabilisation du personnel de base (empowerment) a été introduite, bouleversant la
raison d’être et la valeur ajoutée des cadres intermédiaires, devant passer d’un rôle de
contrôleur à celui de catalyseur des motivations et des compétences collectives (Emery
2005).
Conclusion
Le management de la qualité a beaucoup à apporter au modèle bureaucratique renouvelé.
Durant les 15 dernières années, il a pu paraître passé de mode alors que la NGP occupait
le devant de la scène et rassemblait, par un effet d’attribution, toutes les initiatives de
modernisation. Dans ce contexte, parler de « qualité » pouvait paraître vieux jeu et faire
référence à un courant qui avait connu son apogée dans le courant des années 1980.
Ce constat ne résiste toutefois pas à une analyse sérieuse des idées-forces du management
de la qualité, et des concepts théoriques solides qui les fondent ; c’est ce que nous avons
12
R. Owen, réformateur et socialiste britannique (1771-1858). Copropriétaire d’un établissement textile, il
y appliqua avec succès un programme de réformes visant l’amélioration de la situation des ouvriers de
l’entreprise (Petit Robert 2, p.1359)
15
La revue de l’innovation : La Revue de l’innovation dans le secteur public, Vol. 14(3), 2009, article 2
voulu montrer dans cette contribution. En effet, non seulement ces idées-forces se
révèlent durables et conceptuellement solides, ayant anticipé dans une certaine mesure
des courants du management qui se sont développés au fil du siècle passé (par ex. le
mouvement de la culture d’entreprise et de l’apprentissage organisationnel), mais elles
s’avèrent particulièrement adaptées au modèle bureaucratique renouvelé, qui cherche
encore un fond théorique solide. Ce modèle, que d’éminents spécialistes appellent de
leurs vœux, est une forme organisationnelle et culturelle hybride, mariage difficile entre
les fondements démocratiques de l’organisation wébérienne, et la logique
entrepreneuriale et ouverte sur les bénéficiaires, propre au managérialisme. Les études
empiriques montrent que cet univers hybride peut être un élément perturbateur de la
motivation et de l’identité professionnelle des agent-e-s publiques et des gestionnaires à
tous les niveaux (Meyer et Hammerschmid 2006; Rondeaux 2007).
Le management de la qualité pourrait, à notre sens, se profiler comme une forme de
troisième voie de la gestion publique, susceptible de favoriser non seulement une
approche intégrée du modèle bureaucratique classique et du managérialisme public, mais
également :
De l’analyse des politiques publiques (sciences politiques) et du management
public, disciplines qui se sont développées trop longtemps pour elles-mêmes, sans
considérer l’important potentiel de synergie qu’elles recèlent. Il s’agirait
notamment de définir un cadre conceptuel intégré de l’action publique, qui ne
considèrerait pas l’appareil administratif comme une simple boîte noire procédant
à la mise en œuvre des politiques publiques, comme c’est souvent le cas dans
l’analyse des politiques publiques ; ou du point de vue du management public, un
cadre conceptuel qui ne considèrerait pas le niveau politique comme simple
contrainte de l’environnement à intégrer dans une démarche stratégique inspirée
de l’entreprise privée. A cet égard, le modèle des ressources des politiques
publiques, développé par Knoepfel/Varone, offre des pistes intéressantes
permettant de marier les concepts de politiques publiques substantielles (policy
design, arrangement politico-administratif, etc.) et ceux de management public,
liés à la gestion optimale des ressources attribuées (finances, personnel,
infrastructures, informations, etc.) (Knoepfel et Varone 2008). Une clarification
conceptuelle devrait en outre être urgemment faite en ce qui concerne les
différentes parties prenantes de l’action publique, au moment où les modes de
gouvernance renouvelés les mettent particulièrement en exergue. A ce propos, il
n’est que d’évoquer la confusion introduite entre les bénéficiaires du point de vue
du management public (« acteurs » en lien avec les prestations fournies par
l’administration) et les bénéficiaires dans une optique de politique publique
(acteurs indirectement touchés par la modification du comportement des
personnes « cibles » de la politique publique).
De la conduite politique et administrative de l’organisation publique. Dès lors que
l’on appréhende le système de production de l’action publique dans une
perspective globale, il importe de marier les rationalités politique et managériale
pour développer une compréhension intégrée de l’action publique. Ce point se
16
La revue de l’innovation : La Revue de l’innovation dans le secteur public, Vol. 14(3), 2009, article 2
matérialise notamment dans la conception de systèmes de pilotage intégré de
l’action publique, qui incorporent autant la gestion des ressources, que celle des
prestations fournies (outputs) et des effets générés (indicateurs de politiques
publiques). Nombre d’analyses effectuées en Suisse sur un modèle de NGP qui
prétendait précisément intégrer les deux dimensions ont révélé que le cycle de
pilotage mis en place était pour le moins très incomplet : objectifs politiques
insuffisamment décrits et opérationnalisés, indicateurs sans lien avec les objectifs
et souvent circonscrits aux prestations, manque de rétroactions par rapport aux
indicateurs obtenus, déconnections des boucles de pilotage politique et
administrative (Schmidt 2007; Giauque et Emery 2008).
Des rôles de citoyen et de bénéficiaire des prestations publiques, deux rôles qui
ont souvent donné lieu à un comportement proche de la schizophrénie, essayant
de concilier des attentes contradictoires, mais qui représentent en fait deux formes
de régulation différentes de l’action publique (Villeneuve 2006). La thèse
récemment soutenue par cet auteur met notamment en avant l’importance pour
toute organisation publique d’éviter les formules lapidaires de type « nos clientsbénéficiaires », en clarifiant le registre dans lequel elle entend interagir avec ses
différentes parties prenantes : s’agit-il d’administrés, d’usagers, de
consommateurs (clients) ou de citoyens ? L’analyse des pratiques actuelles de
différentes organisations publiques, fortement influencées par l’orientation-client
de la NGP, montre qu’elles ont abusé du registre des clients, induisant une
dissonance auprès de ces derniers, confrontés à des modes d’interaction fort
éloignés des prérogatives attachées au rôle de client (pas de choix sur les
prestations, par de choix des tarifs pratiqués, etc.).
Ces quelques idées représentent autant d’avenues de recherches que de pistes concrètes
pour les acteurs du système politico-administratif. Des pistes certes porteuses, mais qui
pourraient se révéler plus difficiles à mettre en œuvre qu’il n’y paraît au premier abord.
En effet, les pièges et les écueils sont nombreux, à commencer par celui de cet univers
hybride qui introduit du flou dans notre perception de la chose publique, dans nos repères
traditionnels « privé » et « public » ; un univers nécessitant une lecture plus complexe et
plus subtile de la conduite des affaires publiques, lecture qui suppose l’élaboration
progressive d’une nouvelle carte cognitive. Difficultés également au niveau des acteursclés, politiques et managers publics en particulier, mus par une logique de résultats à
court terme dans leurs propres dicastères, qui s’oppose à l’optimisation durable du
système intégré de l’action publique ; enjeux de pouvoir et de territoire qui rendent
délicate la mise en œuvre du modèle bureaucratique renouvelé et du management de la
qualité. Difficultés enfin liées à l’évaluation du succès d’une telle transformation. Si le
débat sur la mesurabilité de la performance publique n’est pas nouveau, les définitions de
la qualité publique proposées dans cette contribution illustrent à quel point la
performance publique est multi-dimentionnelle et nécessite des outils de pilotage qui
intègrent cette complexité.
17
La revue de l’innovation : La Revue de l’innovation dans le secteur public, Vol. 14(3), 2009, article 2
Profil de l’auteur :
Yves Emery est docteur en sciences économiques de l’Université de Genève, professeur à
l’Institut de hautes études en administration publique (IDHEAP, Suisse), responsable de
la chaire de management public et gestion des ressources humaines. Directeur de
recherches, consultant au sein de plusieurs services publics au niveau suisse et
international, auteur de nombreux ouvrages et articles scientifiques. Membre du comité
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économiques et sociales.
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