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Les crabes de cocotier sont assez
craintifs. Ils sont très sensibles à la
présence d'un observateur, ce qui rend
leur étude délicate. En temps normal, ils
se déplacent doucement en émettant
des claquements, mais, s'ils sont en état
d'alerte, ils sont très vifs. Bien qu'ils ne
soient pas très combattants, ils se battent
parfois entre eux. Ils utilisent alors leurs
puissantes pinces et peuvent battre en
retraite en cas de supériorité de leur
adversaire.
Comportement général
Le crabe de cocotier s'alimente géné-
ralement la nuit, par temps gris ou dans
des endroits ombragés. Son régime
alimentaire se compose de fruits, entre
autres les noix de coco, les fruits des
pandanus ou encore, en captivité, des
papayes ou des bananes. Toutefois, il
mange presque n'importe quoi d'origine
organique, de la végétation, des œufs
de tortues, des cadavres d'animaux en
putréfaction (rats, poissons…). Il peut
également se nourrir d'exuvies de
crustacés pour un apport en calcium. Il
est friand de rats morts qu’il trouve dans
les trappes à rongeurs, ou vivants qu’il
arrive quelquefois à capturer à la volée.
Des cas de cannibalisme ont même été
observés en cas de manque de nourri-
ture. On peut fréquemment observer des
groupes de crabes agglutinés sur une
source de nourriture. Les crabes de
cocotier vont occasionnellement voler
de la nourriture dans les habitations et la
transportent dans leur tanière. Il peut
grimper sur les arbres soit pour en manger
les fruits, soit pour échapper à la chaleur
ou aux prédateurs. Il utilise probablement
les huiles de noix de coco comme
source de lipides. Les crabes de cocotier
ne peuvent pas ouvrir les noix de coco
fraîches, et une théorie dit que les
crabes de cocotiers feraient délibérément
tomber les noix de coco pour les endom-
mager, mais celle-ci est contestée.
Évènements & actualités médicales
Alimentation
Photo : Rebecca Dominguez
Les crabes de cocotier brisent des noix de coco
avec leurs pinces.
Le crabe de cocotier
et l’homme
Le crabe de cocotier est une res-
source alimentaire importante dans de
nombreuses îles de l'océan Indien et du
Pacifique. Les parties préférées sont les
compte de la consommation par l'animal
de certains végétaux. Des cas mortels
ont été récemment décrits en Nouvelle-
Calédonie à partir de crabes de cocotier
capturés sur l'île de Maré, reliés à la
consommation par le crustacé de
l'amande du faux manguier, Cerbera
manghas. De la neriifoline, un glycoside
cardiotoxique proche des digitaliques et
produit par certaines plantes de la famille
des Apocynaceae ont été formellement
mis en cause. La viande de crabe de
cocotier n'est pas un produit commercial
et n'est pas habituellement vendue bien
qu'elle soit considérée par certains
comme un aphrodisiaque.
pinces et les pattes, bien que les œufs
et le gras de l'abdomen soient dans
certaines cuisines considérés comme des
morceaux de choix. Le crabe de cocotier
peut être préparé comme le homard,
bouilli à l'eau ou à la vapeur. Selon les
îles, on trouve une grande gamme de
recettes telles que le crabe de cocotier
cuit dans le lait de coco. Bien que la
chair du crabe ne soit habituellement
pas toxique, des cas d'intoxication ont
été sporadiquement rapportés dans les
îles Ryūkyū au Japon et dans les Tua-
motu (en Polynésie française), mis sur le
Description et bilan des
intoxications en
Nouvelle-Calédonie
(2008 à 2010)
Bien que ce crabe soit consommé
depuis de nombreuses années sur les
Iles Loyauté, c’est en avril 2008 que les
premiers cas d’intoxication mortelle ont
été signalés à la DASS-NC.
Ainsi, les deux premiers cas ont été
signalés par le service des urgences du
CHT Gaston Bourret à la fois en raison
de leur issue rapidement fatale par rapport
à l’ingestion du crabe, du tableau clinique
voisin et de la consommation de crabes
achetés sur le marché de Maré. Les
deux personnes n’avaient pas partagé le
même repas mais avaient toutes deux
acheté les crabes au même vendeur. Le
premier cas était un homme adulte d’une
quarantaine d’année, qui a commencé à
présenter des signes digestifs le
12/04/2008, quelques heures après la
consommation et est décédé rapidement
au cours de la nuit avec un tableau
d’hyperkaliémie. Le second cas a éga-
lement présenté des troubles digestifs, et
est décédé rapidement quelques heures
après son admission aux urgences avec
une hyperkaliémie. Ces deux patients
avaient des antécédents médicaux connus
(insuffisance rénale pour le premier et
pathologie cardiovasculaire traitée par
digitaline pour le second). L’investigation
a permis de confirmer l’ingestion de
crabe, l’origine du crabe et le fait que
ces personnes avaient consommé outre
la chair du crabe, les parties du tube
digestif. Or, il s’avère qu’à cette période
de l’année certains crabes se nourrissent
de végétaux toxiques (faux manguier) et
qu’il est déconseillé de ramasser les
crabes provenant des zones où poussent
ces végétaux. Trois autres patients ont
été identifiés avec des troubles digestifs,
sans hospitalisation. Il s’agissait de membres
de la famille des patients, ou de personnes
résidant à Maré. Ces personnes n’avaient
consommé que les pattes et avaient
présenté des vomissements et diarrhées.
Des mesures ont été prises afin de
sensibiliser la population en particulier
sur le mode de préparation et de
consommation des crabes (ne pas
consommer l’abdomen), mais aussi les
vendeurs locaux afin de ne pas ramasser
les crabes dans les zones à risque.
Aucun autre cas n’a été signalé en 2008.
En janvier 2009, deux cas non
mortels ont été enregistrés au CHT, il
s’agissait de 2 jeunes hommes, internes
en médecine qui avaient consommé les
pinces et le céphalothorax de crabes
en provenance de Lifou. Ils ont présenté
des troubles 5 à 6 heures après la
consommation, avec une évolution
favorable.
En mars 2009, une femme a
consommé les pinces et le céphalotho-
rax d’un crabe d’Ouvéa. Elle a présenté
des troubles digestifs et son évolution
clinique a été favorable.
Situation sanitaire en Nouvelle - Calédonie - 2009 -
Évènements - Actualités médicales I.7.1 -