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MÉMORANDUM SUR L’ÉTAT ACTUEL DE LA DÉFENSE NATIONALE
DANS
LE
ROYAUME DU HEDJAZ, NEJD ET DÉPENDANCES.
1. Le Royaume du Hedjaz et Nejd s’est constitué sous sa forme actuelle à la fin
de l’année
1926. Sa création s’est faite progressivement depuis le déclin de l’Empire ottoman
par l'an
nexion de nouvelles régions, cédées par cet Empire, à la région du Nejd, qui représente
actuelle
ment, au point de vue de l’étendue et du nombre d’habitants, la partie la plus importante
de
l’ensemble du royaume. En 1921, la région nord du Nejd appelée Djebel Chammar a
été annexée
au Nejd. Un an après eut lieu l’annexion de la région connue sous le nom de Wadi Sirhan.
L ’année
suivante, c’était le tour de l’Assir de s’unir au royaume. Enfin, en 1924-1926, eut lieu
l’annexion
du royaume du Hedjaz qui, pendant la guerre mondiale, s’était détaché de l’Empire
ottoman
et qui, de même que la région idrissite, avait été reconnu par les alliés pendant la
guerre et
après. Tous ces pays forment ce qui est connu aujourd’hui sous le nom de « Royaume
du Hedjaz,
Nejd et Dépendances ».
2.
L a
longueur des frontières de ce royaume dépasse 4.000 milles dont près de la
moitié
est constituée par des côtes. La partie ouest de ces côtes s’étend le long de la mer
Rouge
jus
qu’au fond du golfe d’Akaba. Au nord, la côte s’étend le long du golfe Persique entre
Ras-F.l-
Kalia au nord et la presqu’île de Katar au sud. La ligne reliant les deux points
extrêmes de
la frontière nord traverse une vaste zone formée de déserts de sable à l’eau rare,
aux pistes
difficiles. La frontière méridionale de l’est à l’ouest n’est pas meilleure. Sa partie
ouest est
montagneuse et très difficile d’accès, tandis que la partie est est formée de vastes
déserts
sablonneux, brûlants, très difficiles à traverser, connus sous le nom de Rob’ou El Khali.
Dans ces
régions étendues composées de déserts, de plateaux de sables dénudés, de dunes et de
terrains
volcaniques, les communications sont difficiles, surtout en raison de l’intense sécheresse
qui y
règne, de leur situation dans la zone torride, de l’absence complète de rivières et d’eau
courante
et des distances entre les rares puits utilisables dans ce pays. Il paraît presque inutile
de dire
que ces régions manquent à peu près complètement de moyens de communication
modernes.
Il n’y existe pas de voies ferrées, sauf une ligne unique, abandonnée d’ailleurs depuis la
guerre
mondiale et hors de service, qui est située dans la partie ouest et qui relie Medine à la
Syrie.
Le chameau est le principal moyen de transport dans tout le pays et l’automobile ne
saurait le
vaincre et le dépasser sur ce terrain.
3. La grande majorité des habitants de ce pays se compose de Bédouins nomades
qui von
d’un endroit à l’autre à la recherche des pâturages et des eaux de pluie. Ils vivent
sous de
tentes qu’ils transportent avec eux partout où ils vont. Ces Bédouins sont accoutumés
une vie particulière toute de risques, de « rezzous » et de luttes continuelles. Leur
am our d’une
large liberté rend difficile leur soumission au pouvoir. La difficulté est d’autant plus
grande
que le pays a beaucoup de déserts, peu de voies de communication, peu d’eau,
qu’il
renferme des territoires inexplorés sans limites connues et que les Bédouins ne se fixent
jamais
dans un endroit déterminé où il serait possible de les tenir en main.
4. La partie ouest du royaume (c’est-à-dire le Hedjaz) porte le nom de « Territoires sacrés»
car, aux yeux de tous les musulmans du monde entier, cette région est sacrée, puisque c’est là
que se trouvent les deux lieux saints, la Mecque l’honorée et Medine l’illuminée, où se rendent
chaque année de tous les points du monde musulman, un grand nombre de musulmans accom
plissant l’obligation du pèlerinage, qui est une des cinq colonnes de l’Islam. La M e c q u e l’honoree
est à l’intérieur du pays, à une distance de 75 kilomètres de la côte et de 430 kilomètres de
Medine, située plus au nord. Medine se trouve à une distance de la côte à peu près double de
celle de la Mecque à la mer.
Entre ces deux villes saintes vivent des tribus de Bédouins arabes, connus d e p u i s longtemps
pour les difficultés qu’ils créent aux relations entre les deux villes et leur hostilité à l’égard de
ceux qui parcourent les chemins reliant la Mecque à Medine.
5. Le maintien de la sécurité dans un pays tel qu’il vient d’être décrit est d’une très grande
difficulté. Tout concourt à rendre le maintien de la sécurité et la protection des chemins extrê
mement difficiles, de sorte que le devoir de tout gouvernement dans ce pays est plein de respon
sabilités. L’étendue du territoire, la longueur des frontières, la difficulté des communications,
l’absence de voies ferrées, la rareté de l’eau, la constitution naturelle du sol, la sécheresse, a
présence des Bédouins nomades habitués au vol et au pillage, telles sont les causes qui aug-
mentent la difficulté que rencontre le Gouvernement pour assurer la sécurité à l’interieui,
protéger la vie des pèlerins musulmans, ainsi que leurs biens, et assurer la défense du pays en
cas de péril extérieur. En réalité, la question de la sécurité a été un des plus grands o b sta c s
rencontrés par tous les gouvernements qui se sont succédé dans ce pays depuis les temps
plus reculés de l’histoire jusqu’à nos jours. C’est là le motif impérieux qui a obligé 1
ottoman à créer un régime particulier uniquement pour le Hedjaz. Toutefois, la sécurité n
jamais été aussi grande qu’aujourd’hui, depuis l’établissement du Gouvernement actue
Sa Majesté le Roi. Sans parler des dangers extérieurs qui pourraient menacer le pays, les ma -
intérieurs que le Gouvernement doit combattre suffisent à eux seuls à constituer une gra
préoccupation pour le Gouvernement et une tâche exigeant beaucoup d’efforts, de depe
et d’organisation.