Ajoutons, enfi n, que cette crise écono-
mique qui touche aujourd’hui de très
nombreux pays développés, dont nos prin-
cipaux partenaires commerciaux (Grande
-Bretagne, France, U.S.A, tous en décrois-
sance économique), a eu un impact sur
notre propre pays. Puisque nous vivons
des exportations de nos marchandises et
de nos services, vers ces pays-là, nous
subissons déjà une baisse de la demande,
ce qui pourrait nous obliger à baisser nos
prix de vente pour maintenir la demande
au niveau antérieur.
Racines de cette crise
L’ampleur de cette crise économique
mondiale est telle que des questions
se posent sur les erreurs qui nous ont
conduits à cette dangereuse impasse.
Sans doute, avons-nous succombé à un
excès d’optimisme découlant d’une très
longue période de prospérité dans le
monde développé. Ceux qui détenaient le
pouvoir économique se sont ainsi habitués
à prendre des risques excessifs, aidés en
cela par une politique de taux d’intérêts
faibles pratiqués par la Réserve Fédérale
américaine de 2001 à 2005.
Simultanément, de nouveaux produits
fi nanciers ont fait leur apparition, telle
que la titrisation évoquée ci-dessus. Des
investisseurs ont allégrement acheté des
titres sans savoir ce qu’ils représentaient.
Ils ont fait une confi ance aveugle à des
spécialistes en ingénierie fi nancière, tan-
dis que les organismes de régulation des
marchés ont été passifs et ont manqué de
surveillance. Avec les facilités que donne
l’internet, les transactions fi nancières ont
dépassé facilement les frontières, des mil-
liards de dollars et d’euros étant investis à
la seconde près et au toucher d’une souris
informatique.
Risques et Opportunités
C’est en août 2007 qu’apparaissent les pre-
miers signes de ce qui mènera à la crise
économique dans laquelle le monde est
aujourd’hui empêtré.
Subprime
A ses débuts, la crise ne concerne que les
banques et autres institutions fi nancières.
Par exemple, les banques centrales des
Etats-Unis et de l’Union Européenne sont
obligées d’injecter des fonds sur les mar-
chés afi n de contrer un manque de liquidi-
tés. Par ailleurs, une banque britannique,
la Northern Rock, est assiégée par ses
déposants car ils sont minés par le doute
sur sa solvabilité. Au premier trimestre
2008, 650 000 propriétaires de maisons
privées aux Etats-Unis sont en cessation
de paiement de leurs dettes envers des
banques: avides de faire du business
lucratif ; ces banques avaient outrepassé
les règles de prudence et d’évaluation des
risques, en accordant des prêts à des de-
mandeurs dont la situation fi nancière était
fragile. C’est ce qui a donné lieu à la saga
des « subprime ».
Actifs contaminés
Les banques se retrouvent donc avec des
dettes impayées et irrécupérables. Des
saisies de maisons pleuvent, avec tout le
cortège de drames humains que cela peut
entraîner. Par ailleurs, il n’y a pas que les
banques à détenir ces actifs contaminés
que sont les dettes à haut risque (les hy-
pothèques « subprime »).Car les banques
avaient pris l’habitude de rassembler ces
dettes qu’elles détenaient en des titres
afi n de les revendre à des institutions
fi nancières, notamment des fonds d’in-
vestissements, des fonds de pension et
des fonds alternatifs (en anglais : hedge
funds). C’est ainsi que ces fonds se sont,
eux aussi, retrouvés avec des actifs conta-
minés, à valeur réduite et à haut risque.
Un enchaînement catastrophique
Au début de la chaîne, des gens aux fi -
nances douteuses, davantage fragilisées
par la perte de leur maison ; au milieu
de la chaîne, des banques n’osant plus
prêter aux industries, après avoir pratiqué
l’excès ; au bout de la chaîne, des inves-
tisseurs détenant des titres bons pour la
poubelle. On l’aura compris : la crise fi -
nancière a engendré la crise économique,
avec un enchaînement catastrophique.
L’appauvrissement des uns, les pertes des
autres, ont entraîné une baisse de la de-
mande des biens de consommation. Une
baisse de la consommation se répercute
sur la production industrielle des biens et
des services. Les industries réagissent en
réduisant leurs activités et leur personnel.
Et ainsi de suite, le cycle devient infernal.
La Crise
Economique
Mondiale
2 The Medine Post No.2, Avril 2009