INALCO  Document pédagogiques   2011-2012 
   
 
Cours ASU 016         février-mars 2012 
 
Idéologies et pratiques de l’hindouisme  
cours donné par Raphaël Voix (CEIAS) 
 
 
Citations lues en cours 
 
A/ Le sacrifice :  
 
« Dans  le  védisme  et  le  brahmanisme  ancien,  l’ordre  du  monde  repose  sur  le  sacrifice  (yajña)  et  plus 
généralement sur les rites dont le sacrifice est la forme suprême et le modèle. C’est en effet le sacrifice 
offert par les hommes qui confirme les dieux dans leur statut divin et qui, donc, assure la mise en œuvre 
harmonieuse des forces qui permettent la succession régulière des saisons et la formation des aliments 
propres à chaque classe d’êtres ; c’est également le sacrifice qui confirme le statut des « dieux visibles » 
qui  est  celui  des  brahmanes,  et  donc,  l’organisation  d’ensemble  de  la  société ;  et  c’est  le  sacrifice  qui 
permet à l’homme (du moins à celui qui est habilité à le célébrer) de régler les dettes (r̥ ṇa) constitutives 
dont il est chargé dès la naissance. En sorte que le sacrifice est ce qui donne sens à l’activité humaine : il 
est même  ce qui  rend licite, pour l’homme, le simple  fait  de  survivre, puisque la seule nourriture  qu’il 
puisse absorber sans péché est celle qui d’une façon ou d’une autre, est faite des reste des repas qu’il a 
offerts  –  sacrificiellement  –  aux  dieux,  à  d’autres  hommes,  ou  bien  aux  Mânes.  […]  Or  le  sacrifice  est 
essentiellement, dans l’Inde brahmanique, affaire « villageoise ».  
 
MALAMOUD,  Charles,    1989,  « Villages  et  forêt  dans  l’idéologie  brahmanique »,  in  Malamoud,  Charles, 
Cuire le monde. Rite et pensée dans l’Inde ancienne, La découverte, Paris, pp. 93-114.  
 
Les fonctions sociales en rapport avec le sacrifice :  
« Aux brahmanes, le (Créateur) assigna d’enseigner et d’étudier (les Veda et tout ce qui s’y rapporte), de 
sacrifier pour eux-mêmes et pour les autres (comme officiants), de donner et de recevoir des dons ; aux 
kṣatriya  de protéger les créatures, de donner, de sacrifier pour eux-mêmes et d’étudier, ainsi que de ne 
pas s’attacher  aux objets des  sens ; au vaiśya,  il assigna de protéger  le bétail, de  donner, de sacrifier  et 
d’étudier,  de  faire  du  commerce,  du  prêt  à  intérêt  et  de  cultiver  la  terre ;  aux  śūdra,  le  Tout-Puissant 
enjoignit une seule activité : l’obéissance sans murmure aux trois premières classes » 
Manu Smr̥ti  
 
« L’immortalité des dieux leur vient du sacrifice ; elle est donc fondée sur le bon fonctionnement de ce 
dernier. […]Le sacrifice est d’abord nourriture des dieux. Agni, le feux sacrificiel qui assure le transport 
des  fumées  de  l’oblation  jusqu’au  ciel,  est  lui-même  une  divinité  védique  importante  qui  requiert  des 
égards,  un  traitement  bien  réglé,  sans  défaut  ni  excès.  […]  C’est  [aux  hommes,  du  moins  à  certains 
d’entre eux] qu’il revient de nourrir les dieux et d’assurer leur subsistance […] lorsqu’ils sont bien nourris 
par les sacrifices, [les dieux] envoient la pluie en temps utile : dans un pays où le problème de l’eau est si 
crucial, on comprend que ce soit là le symbole même de l’ordre cosmique. La pluie qui vient à l’heure fait 
pousser les plantes, ce qui permet de nourrir les bêtes, les hommes et, par conséquent les dieux, puisque 
le sacrifice est alors possible ».  
BIARDEAU,  Madeleine,  1996,  « Le  sacrifice  dans  l’hindouisme »,  in  Biardeau  M.  et  C.  Malamoud,  Le 
sacrifice dans l’Inde ancienne, Paris, Peeters, p. 24.