consommation des salariés arrivants d’autres revenus qui à leur tour vont aussi être
dépensés, d’où un revenu total distribué qui dépasse largement le revenu initial.
Mais si l’entreprise fait faillite ou se délocalise, d’autres entreprises seront
touchées par l’effet multiplicateur et la contraction de l’activité sera plus grande
qu’à l’origine. Au niveau financier, le mécanisme est similaire. Lorsque
l’économie ralentit, la probabilité d’un remboursement des prêts accordés diminue,
entraînant des défauts de paiement et des pertes d’emplois, donc moins de prêts
accordés et moins d’argent en circulation. Ce processus s’auto-alimente, et une
fois lancé il est très difficile de l’arrêter. Ainsi de la crise des subprimes de 2008.
L’économie est aussi très dépendante de la disponibilité des ressources naturelles,
en particulier de l’énergie fossile. La tension de l’offre et de la demande provoque
une volatilité des prix des carburants. La contraction de l’activité qui en découle
entraîne à son tour une chute de la demande, donc une baisse des prix des
hydrocarbures. La croissance peut reprendre, mais l’offre de pétrole peine à
répondre à la demande, les prix repartent à la hausse, d’où une nouvelle crise. Ce
cycle se poursuit, mais à chaque fois la reprise est plus courte et la rechute plus
rude. Nous en sommes là, alors que la production mondiale de pétrole forme un
plateau ondulant qui atteint son maximum probable, 90 millions de barils par jour.
Rappelons l’analyse de Jean-Marc Jancovici : « Si demain nous n’avions plus de
pétrole, ni gaz, ni charbon, ce n’est pas 4 % du PIB que nous perdrions (la place de
l’énergie dans le PIB), mais près de 99 %. » D’autres analystes comme Richard
Heinberg lient énergie et disponibilité des autres ressources : « Lorsque l’énergie
commence à se raréfier, cela déclenche un processus d’épuisement qui s’auto-
alimente : l’extraction des métaux devient plus onéreuse, rendant la production
d’énergie plus coûteuse, etc. »
L’économie verte ne permet pas d’échapper aux rétroactions positives. Par
exemple améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments, c’est participer à la
croissance économique du pays et aux nécessaires économies d’énergie. Mais en
période de récession économique, les revenus des ménages et de l’Etat diminuent,
rendant improbable le financement de l’investissement nécessaire. Les maisons se
délabrent, l’argent ne circule plus, l’économie s’enfonce dans la crise. Ces
mécanismes d’effondrement seront nécessairement amplifiés par le fait de la
division exacerbée du travail. Chacun de nous est dépendant d’une suite de travaux
parcellaires de plus en plus éloignés de notre lieu de vie et nécessitant une énergie
fossile de plus en plus importante. Mon emploi dépend d’une entreprise qui
dépend d’un groupe qui dépend d’un fonds de pension qui gère le capital retraite
d’une multitude de salariés, etc. Nous ne maîtrisons plus la chaîne de la
spécialisation des tâches, rendant chaque individu complètement dépendant de la