Date : 18/10/2016
Heure : 22:33:38
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Pays : France
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La multiplication des investisseurs et l'effondrement des cours des matières premières ont changé la
donne : renforcement de l'intensité de la concurrence et érosion des marges, d'où un retrait progressif des
investisseurs. Les banques d'investissement ont commencé à réduire leur exposition aux matières premières
en 2014, ces dernières étant de moins en moins rentables. Certaines banques comme Deutsche Bank, UBS
ou Royal Bank of Scotland ont même fait le choix de se séparer de leurs filiales de négoce d'énergie, de
métaux et de produits agricoles en avril 2014.
Les acteurs souhaitant se positionner sur le marché des matières premières ne manquent pas. En effet,
le retrait de ces banques donne l'opportunité aux repreneurs d'accroître leurs parts de marché et de
reconstruire leurs marges. Parmi les repreneurs des desks de négoce de matières premières figurent la
banque d'investissements américaine Blackstone, la banque australienne Macquarie, le groupe suisse de
négoce Mercuria Energy, sans oublier le groupe pétrolier russe Rosneft. Ces sociétés partagent un point
commun : elles sont soumises à une réglementation beaucoup moins contraignante que celle des banques de
l'Union Européenne (d'une part la réglementation bancaire est plus dure que celle des sociétés de négoce et
d''autre part, la réglementation bancaire s'est durcie en Europe plus rapidement que dans le reste du monde).
Entre les scandales de manipulation des cours (Barclays et JP Morgan)(4) et les spéculations sur les matières
agricoles via des ETF (Exchange Traded Fund)(5), la Réserve fédérale américaine (FED) et la CFTC (La
Commodity Futures Trading Commission)(6) sous la pression de la classe politique, ont montré leur volonté de
limiter, voire d'interdire l'intervention des banques dans le négoce et le stockage des matières premières. Bien
que les acteurs concernés s'y opposent, la FED a annoncé, au début de 2014, qu'elle envisageait de revoir
les règles instaurées au début des années 2000, permettant à certaines banques de développer des activités
de négoce, de stockage et de transport des matières premières. En effet, c'est depuis que des banques ont
acquis des infrastructures leur permettant d'assurer le stockage, le transport et la distribution, que les prix des
matières premières ont augmenté de façon artificielle notamment entre 2007 et 2012.
Ce durcissement de la réglementation est un premier pas qui va permettre d'écarter les créateurs d'instabilité,
mais cela reste insuffisant. Les grands négociants de matières premières (Glencore, Vitol, Trafigura, Gunvor,
Cargil...), souvent méconnus du grand public échangent dans un marché opaque et génèrent des chiffres
d'affaires qui donnent le tournis. Contrairement aux banques d'investissement, ces entreprises sont peu ou
pas régulées et continent à spéculer sur un marché qui touche principalement les consommateurs des pays
pauvres.
Conclusion
Qu'il s'agisse du pétrole, du fer, du cuivre, il faut d'abord aller chercher du côté des fondamentaux : les marchés
sont et vont rester excédentaires malgré la remontée des cours du mois dernier. Le prix du pétrole doit osciller
entre 40 dollars et 50 dollars au cours du deuxième semestre de 2016.
Le marché des matières premières est directement impacté par les nouvelles réglementations qui visent
à réduire et à déclarer les fonds indiciels sur les matières agricoles, augmenter le degré de transparence
(reporting) et disposer de couvertures proportionnelles au risque de contrepartie.
De manière générale, l'environnement économique plaide pour un désengagement des banques du trading
des matières premières et un retour sur leur cœur de métier, au profit des grandes maisons de négoce.
Néanmoins, elles restent des acteurs importants dans le financement et l'accompagnement des producteurs
et des utilisateurs finaux de matières premières. Ainsi, elles se doivent de conserver une part au moins réduite
de cette classe d'actifs, et de continuer à offrir des instruments de couverture et de liquidités.
(visuel indisponible)
Abdellah Bouzidi, analyste chez Investance Partners