
exceptionnellement émotionnelle par les consommateurs. Ceci est d’une part dû à la nature périssable 
des denrées d’origine animale, aux contaminations possibles ou au stockage et à la préparation 
incorrects. D’autre part divers scandales portant sur la viande et les conditions de détention des 
animaux ont joué un rôle marquant, ébranlant de manière fondamentale et durable la confiance des 
consommateurs. 
Depuis les années 1980, il est de plus en plus fréquent que des images dramatiques d’élevages cruels 
paraissent dans la presse, ce qui n’est certainement pas sans lien avec la globalisation. Cela ne va pas 
sans laisser de traces auprès des consommateurs: ces trente dernières années, la consommation de 
viande a reculé de façon massive, aussi suite à des scandales comme l’utilisation d’hormones ou 
d’antibiotiques pour stimuler la croissance du bétail, à la crise de l’ESB, à l’épidémie de fièvre aphteuse, 
aux valeurs de dioxine trop élevées ou aux empoisonnements aux salmonelles. 
Actuellement, l’Europe est en phase d’analyse du scandale des lasagnes à la viande de cheval, une 
escroquerie de vaste ampleur qui aura eu pour effet de ternir l’image des composants d’origine animale 
de quelques denrées fortement transformées. Ce cas montre clairement que les produits d’origine 
animale sont pris très au sérieux et qu’ils suscitent un intérêt marqué, même si leur part est finalement 
très faible dans les lasagnes en question. 
 
Les scandales, ou leur absence, déterminent largement le comportement de consommation vis-à-vis des 
denrées d’origine animale. Vient s’y ajouter le fait que la prise de conscience des consommateurs et les 
connaissances sur les conditions de production des denrées alimentaires d’origine animale ont 
fortement évolué ces dernières décennies. Alors qu’il y a 200 ans, on trouvait encore des animaux dans 
les villes, essentiellement pour s’assurer des réserves alimentaires et garantir la mobilité, le savoir sur 
l’élevage des animaux s’est perdu depuis. Lorsqu’il existe encore, ce sont surtout des visions idéalisées 
qui dominent. 
 
Et même si l’on constate un recul de la présence de la viande dans les assiettes, la seule consommation 
de viande de porc reste, à mon avis, toujours impressionnante: chaque année, les Suisses en mangent en 
moyenne 25 kilos. Il s’agit de la viande la plus consommée dans notre pays. Entre parenthèses, elle est 
suivie de la viande de bœuf et de la volaille, dont on consomme environ 10 kilos de chaque 
annuellement. 
Mais les consommateurs n’achètent et n’utilisent consciemment que la moitié de ces quantités. Le reste 
des produits carnés est préparé dans des cuisines hors des foyers privés, et consommé à l’extérieur. Un 
point qui n’est pas sans importance sur le plan économique, les repas pris hors du domicile 
représentant une somme de plus de treize milliards de francs chaque année en Suisse. 
 
Contrairement à ce qui se passait il y a 200 ans, de nombreuses instances s’occupent désormais en 
Suisse d’établir ou de préserver la confiance en édictant des lois et en mettant sur pied des organes 
d’application et de contrôle. La vaste législation semble garantir le contrôle complet du flux de 
marchandises. 
 
Mais la surveillance et l’application de la législation sont plus importantes. Et là, divers acteurs sont 
impliqués. D’après le rapport de la commission de gestion du Conseil national (CdG-N) du mois de juin 
2013, il existe pour cette raison des problèmes de coordination à divers niveaux, ce qui conduit à des 
applications pratiques différentes en matière de réclamations et de sévérité des sanctions dans les 
cantons. Dans les procédures pénales communiquées par les cantons à l’Office vétérinaire fédéral (OVF) 
en 2011, les différences cantonales sont flagrantes, et sont naturellement dues à des facteurs variés. 
Pourtant, il est permis de s’interroger! 
 
La législation est vaste et les diverses procédures de contrôle n’empêchent pas que, récemment encore, 
la confiance des consommateurs ait été massivement ébranlée. 
La branche doit faire davantage d’efforts pour compenser la perte de confiance qu’elle a subie. 
 
Ce que je veux vous montrer est que la consommation de denrées alimentaires d’origine animale dépend 
fortement de la confiance que l’on accorde à ces produits, et que vous jouez un rôle important dans ce 
contexte. La condition essentielle à l’établissement d’un rapport de confiance est l’indépendance et la 
crédibilité. Pourtant, les relations étroites et les dépendances entre recherche, industrie et autorités 
empêchent en grande partie l’établissement d’un tel rapport de confiance avec les consommateurs. 
J’ai lu dans le récit de l’histoire de votre société que la médecine vétérinaire a reconnu, depuis des 
décennies, qu’il s’agissait d’un exercice difficile. Votre spécialité évolue dans un contexte tendu où 
s’affrontent des intérêts contraires. Et les consommateurs sont l’un des éléments suscitant la tension. Ce 
fait est reconnu depuis des dizaines d’années, comme le prouve le slogan «Des animaux sains – une 
alimentation saine – une population saine» lancé par les vétérinaires après la crise de l’ESB pour montrer 
à la population que la profession pend au sérieux son engagement «de l’étable à la table». Nous 
partageons ce souci: pour les consommateurs, un rapport équilibré entre les trois domaines «traitement 
des maladies animales», «rentabilité des produits d’origine animale» et «responsabilité pour l’absence 
de dangerosité des aliments» est également essentiel du point de vue des consommateurs. 
 
Après cette rétrospective, je me permets, pour conclure, de jeter un bref regard vers l’avant: 
je souhaite, pour l’avenir, que les vétérinaires parlent d’une voix unie et forte, sachant pourquoi leur 
société est diversifiée. Il existe toutefois aussi des domaines dans lesquels, à mon avis, une prise de 
position unifiée est ou aurait été possible: dans l’étude des documents qui m’ont été envoyés, j’ai par 
exemple constaté que les prix excessifs des médicaments pour animaux importés étaient très 
contrariants. La Fondation pour la protection des consommateurs se bat d’arrache-pied depuis deux ans 
pour faire cesser la pratique du «supplément suisse», nuisible à l’économie Pour la révision de la loi sur