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La Lettre du Neurologue • Vol. XIV - n° 10 - novembre 2010 | 321
Points forts
»Les options thérapeutiques utilisées chez l’enfant sont globalement les mêmes que chez l’adulte.
»
L’enfant n’est pas un adulte miniature, ce qui implique de prendre en compte, dans la réflexion
thérapeutique, sa plasticité cérébrale, sa croissance, sa vie familiale et son projet scolaire et éducatif.
»Un traitement d’épreuve par la lévodopa doit être proposé chez tout enfant dystonique.
»Le trihexyphénidyle est le seul traitement ayant une efficacité démontrée dans la dystonie non dopa-
sensible de l’enfant.
Mots-clés
Dystonie
Thérapeutique
Mouvements
anormaux
Stimulation cérébrale
profonde
Lévodopa
Highlights
»
Basically, the therapeutic
options are the same in chil-
dren or adults with dystonia.
»
Children are not miniature
adults. This implies that brain
plasticity, growth, familial life,
and educational project have to
be taken into account for the
therapeutic strategy.
»
A levodopa trial should
be done in any children with
dystonia.
»
Trihexyphenidyl is the only
drug with demonstrated effi-
cacy on non dopa-responsive
childhood dystonia.
Keywords
Dystonia
Therapeutics
Movement disorders
Deep brain stimulation
Levodopa
fluctuations nycthémérales (5). Ces patients ont une
réponse spectaculaire et rapide au traitement par
lévodopa, qui est maintenu tout au long de l’exis-
tence (2, 3). Le traitement doit être commencé à
faibles doses : 1 mg/kg/j de lévodopa associée à un
inhibiteur de la décarboxylase périphérique de la
lévodopa, dose augmentée chaque semaine, avec
une dose cible à atteindre en 6 semaines qui se situe
habituellement entre 3 et 5 mg/kg/j en 2 ou 3 prises.
Ce dosage est en général peu modifié par la suite.
Les effets indésirables digestifs sont fréquents ; ils
n’entraînent pas, en général, l’arrêt du traitement,
s’estompent avec le temps et peuvent être limités
par une augmentation très progressive des doses.
Chez l’enfant, les troubles du sommeil induits par la
prise de lévodopa sont assez fréquents, tandis que
l’hypotension orthostatique et les troubles psychia-
triques, plus fréquemment rencontrés chez l’adulte,
sont très rares.
Chez les patients ayant une dystonie dopa-sensible
en rapport avec une autre anomalie génétique, les
schémas thérapeutiques sont beaucoup moins bien
codifiés et les doses à utiliser sont très variables
d’un patient à l’autre, avec des réponses au
traitement qui sont également très variables. Dans
ce contexte étiologique, les patients développent
beaucoup plus facilement des effets indésirables, en
particulier des dyskinésies induites, une agitation
ou une irritabilité importante, y compris pour de
faibles doses. Cela est probablement en rapport
avec une sensibilité extrême des récepteurs
dopaminergiques secondaire à une carence dopami-
nergique chronique sévère. Par conséquent, dans
ce contexte, le traitement doit être instauré avec
de très grandes précautions à une dose initiale de
0,2 mg/kg/j en 2 à 5 prises, puis augmenté très
progressivement en fonction de la tolérance et de
l’efficacité. La dose cible se situe entre 2 et 10 mg/
kg/j et doit être atteinte en 6 à 12 mois (6). Le
traitement par lévodopa doit souvent être associé
à une supplémentation en 5-hydroxytryptophane
(précurseur de la sérotonine), à une dose qui
varie entre 1 et 20 mg/ kg/j en 1 à 4 prises (7, 8).
Le 5-hydroxytryptophane doit être donné en
même temps que la lévodopa, associé à un
inhibiteur de la dopa-décarboxylase périphérique
qui empêchera également la décarboxylation du
précurseur de la sérotonine, limitant ainsi le risque
d’effets indésirables systémiques liés à la prise de
5-hydroxytryptophane. L’efficacité de ces traite-
ments est principalement évaluée sur la réponse
et la tolérance clinique, mais aussi parfois sur des
dosages répétés de neurotransmetteurs dans le LCR.
Des traitements d’appoint par tétrahydrobioptérine,
agoniste dopaminergique, inhibiteur de la COMT
(catéchol-O-méthyl-transférase) ou acide folinique
sont parfois utilisés chez certains patients (7, 9).
La lévodopa peut également être utilisée pour
traiter des syndromes dystoniques secondaires à
la maladie de Parkinson juvénile ou à un déficit
en amino-acide aromatique décarboxylase. Dans
ces maladies, un traitement associé ou alternatif
par agoniste dopaminergique peut également
être intéressant (10). Enfin, la lévodopa peut aussi
permettre une amélioration discrète à modérée des
symptômes dystoniques chez les patients atteints
de dystonie primaire ou secondaire sans déficit en
neurotransmetteurs (2, 11). Concernant les aspects
pratiques de l’usage de la lévodopa chez l’enfant, les
préparations pharmacologiques utilisées chez les
patients adultes atteints de la maladie de Parkinson
sont facilement utilisables chez les grands enfants ou
les adolescents. En revanche, chez les jeunes enfants,
on peut soit administrer de plus faibles doses en
diluant les comprimés dispersibles (avec le risque
d’administrer une dose imprécise), soit utiliser des
comprimés faiblement dosés fabriqués sur mesure et
associant la dose requise de lévodopa et les inhibi-
teurs de la décarboxylase périphérique (par exemple,
bensérazide 1 à 2 mg/kg/j) [4].
Autres traitements dopaminergiques
Il n’existe pas d’étude contrôlée validant l’utilisation
des agonistes dopaminergiques, des inhibiteurs de
la COMT ou des inhibiteurs de la MAO (monoamine
oxydase) chez les enfants. Cependant, l’utilisation
de ces traitements a déjà été rapportée (12). En
particulier, la sélégiline a été proposée à une dose
de 0,5 à 1,1 mg/kg/j chez les patients atteints d’un
déficit en amino-acide aromatique décarboxylase
ou en TH en traitement d’appoint associé à la
lévodopa (7, 10). La bromocriptine a été proposée