La dystonie de fonction du musicien : un mal qui frappe surtout la
musique classique
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Savez-vous ce qu’est la dystonie de fonction ? Elle frappe pourtant 1 % des
musiciens ! Il s’agit en effet d’une pathologie qui touche préférentiellement les
musiciens jouant de la musique classique. La complexité de ce trouble très
handicapant pour l’artiste rend le diagnostic et la prise en charge difficiles. Notre
spécialiste santé, Violette Bruyneel, revient pour nous sur ce mal peu connu.
Qu’est-ce que c’est?
La dystonie de fonction est un trouble du contrôle des mouvements qui se présente comme
un défaut de coordination musculaire, avec l’apparition de contractions musculaires
involontaires lorsque l’instrumentiste réalise le geste musical. Cette pathologie, d’origine
peu claire, est insidieuse car seul 9 % des patients présentent des douleurs. En revanche,
elle peut affecter durablement l’aptitude du musicien à jouer à haut niveau.
Une pathologie ciblée
La dystonie de fonction toucherait 1 % des musiciens, avec une nette prédominance lors de
la pratique de la musique classique. En effet, pour le jazz, les séquences d’improvisation
constitueraient un facteur de prévention. Les hommes sont plus touchés que les femmes ;
l’âge moyen d’apparition est de 35 ans. Les instruments à claviers et à cordes sont les plus
pourvoyeurs de risque, avec une nette accentuation pour le côté ayant le plus de charge de
travail. Ainsi la dystonie atteint-elle plus souvent la main droite pour les instruments à
clavier et à cordes pincées, alors que c’est la main gauche qui est plus touchée pour les
cordes frottées. Les instrumentistes à vent peuvent également présenter une dystonie des
muscles de l’embouchure.
Des facteurs de risques multiples
La charge de travail de la main et des doigts, la complexité du mouvement, le degré de
précision spatio-temporel et les contraintes sociales constituent autant de facteurs de risque
de la dystonie du musicien. Par exemple, la précision spatiale sensori-motrice exigée par la
pratique d’un instrument semble essentielle. En effet, pour les instruments à cordes aigues,
l’intervalle entre 2 notes est réduit par rapport aux cordes graves. Or, la dystonie concerne
plus les violonistes que les violoncellistes. Un traumatisme initial générant des mouvements
compensatoires pour éviter la douleur a pu aussi être lié à la dystonie, mais également des
facteurs psychologiques comme le perfectionnisme et l’anxiété. L’anxiété semblerait jouer
un rôle dans la consolidation de la mémoire motrice de mouvements dystoniques liés aux
émotions.