DERMATOLOGIE
ADOLESCENCE & Médecine • Juillet 2012 • numéro 4 23
Dr Françoise Raynaud
Dermatopédiatre, Maison de
Solenn, Paris
L’HERPÈS OROFACIAL
Du diagnostic au traitement
L’herpès orofacial est une infection commune bénigne, aectant 14,8 % de la
population française. Il est plus fréquent chez la femme que chez l’homme (1).
Plus de 80 virus herpétiques sont connus, mais seulement huit ont été identi-
fiés comme pathogènes. Ce sont les virus herpès simplex 1 et 2 (HSV), le virus de la varicelle, le cytomégalovirus, le virus
d’Epstein-Barr, les virus humains herpétiques de type 6 et 7 ainsi que de type 8, qui forment la famille Herpès viridae.
L’herpès labial est dû au HSV1. Cependant, l’épidémiologie a récemment changé. En eet, les infections à HSV1 sont tra-
ditionnellement contractées dans l’enfance et l’adolescence lors de contacts non sexuels. Aujourd’hui, le virus devient
la première cause d’infections herpétiques génitales.
TRANSMISSION
Un contact direct est nécessaire avec
les sécrétions infectées. L’infectiosité
est maximale pendant les 24 premières
heures d’apparition des lésions (2).
MANIFESTATIONS
CLINIQUES (2)
bGénéralités
Les primo-infections HSV1 sont le
plus souvent asymptomatiques ou se
limitent à des gingivostomatites chez
le sujet immunocompétent. Le virus
est responsable d’une latence dans le
ganglion sensoriel et ensuite se réac-
tive pour donner les signes cliniques
d’herpes orofacial.
Les causes de ces réactivations sont :
• l’exposition solaire,
• la fièvre,
• le stress psychologique,
• les menstruations,
• un traumatisme,
• une injection d’anesthésique local,
• une extraction dentaire,
• la chirurgie régionale.
Les épisodes de récurrences peuvent
être fréquents, douloureux et défigu-
rant. Chez les patients immunodépri-
més, les épisodes d’herpès sont plus
longs en durée, plus sévère pouvant
s’étendre à la cavité buccale ou sur le
visage. Les vésicules sont groupées
douloureuses sur une base érythéma-
teuse, associées à des lésions ulcérées
et croûteuses.
bLa primo-infection
La gingivostomatite est la plus com-
mune des manifestations orofaciales
de l’infection par HSV1. Elle est caracté-
risée par des lésions orales et periroales
vésiculo-ulcératives. Elle survient le
plus souvent chez l’enfant entre 1 et
5 ans, mais affecte occasionnellement
les adolescents et les adultes. La gingi-
vostomatite est typiquement précédée
par une sensation de brûlures ou de pa-
resthésies sur le lieu d’inoculation asso-
ciées à des adénopathies cervicales et
sous-mandibulaires. La èvre dépasse
dépasse souvent 39° C accompagnée
d’un malaise général avec céphalées,
de myalgies, d’une perte de l’appétit
ainsi que d’une dysphagie. Au bout de
24 à 48 h, de nombreuses vésicules
apparaissent sur la muqueuse buccale
qui se rompent et devenant une source
de douleurs et d’ulcérations, autour et
dans la cavité buccale. La présentation
la plus typique est une gingivite généra-
lisée, marginale et œdémateuse.
Chez les adolescents, la pharyngite et
le syndrome type mononucléose-like
peut être un mode de début de l’her-
pès oral. Chez les individus immuno-
compétents, c’est-à-dire en bonne
santé, cette primo-infection orale est
de bon pronostic, la guérison est ob-
tenue au bout d’une dizaine de jours.
Le virus persiste pendant quelques se-
maines après la guérison clinique. Les
anticorps sériques augmentent en 2 à
3 semaines, mais ne protègent pas lors
de réactivation virale.
bHerpès orofacial avec
récurrence
Après la première infection, le virus her-
pétique latent se réactive périodique-
ment migrant du ganglion sensoriel du
territoire correspondant, responsable
de récurrence. Bien que la prévalence
de HSV1 soit élevée, uniquement 10 à
40 % des patients séropositifs auront
des récurrences cutanéomuqueuses.
Les récurrences sont rares après 35 ans.
Les épisodes de récurrences sont
plus courts et moins intenses avec
peu de symptômes généraux. La sé-
vérité de l’herpès facial varie du dé-
sagrément à la forme étendue attei-
gnant les lèvres, les joues, le nez et
le septum nasal. Chez les patients
bien portants, la récurrence se limite
au neurotome où a siégé la primo-
infection avec peu de gêne. Cepen-
dant, lors de certaines circonstances,
les récurrences sont nombreuses au
cours d’une année, les lésions sont
douloureuses, et elles peuvent durer
de façon accrue. Le plus souvent, le