Echanges® en rhumatologie Février 2017 n°5 al i c é Spunologie Imm Service de Rhumatologie - Hôpital Gabriel Montpied - CHU Clermont-Ferrand Pr Martin Soubrier, Chef du Service de Rhumatologie Un service dynamique au sein de la région Auvergne U Que ce soit dans ses activités cliniques ou de recherche, le service de Rhumatologie du CHU de Clermont-Ferrand est résolument tourné vers le patient. Dans le cadre des GHT*, le Pr Soubrier est soucieux de renforcer le maillage régional afin de consolider l’organisation de la prise en charge des patients en rhumatologie (déploiement de médecins attachés, organisation de stages en rhumatologie libérale, base de données commune...). ne prise en charge large et variée pour répondre aux besoins de la région Les deux missions du service de Rhumatologie sont d’assurer la prise en charge de la population drainée par le CHU de Clermont-Ferrand ainsi que les soins de recours pour l’ensemble de la région Auvergne (rhumatologues libéraux et hôpitaux périphériques). « Le service prend en charge les patients atteints de pathologies osseuses (ostéoporose, myélome multiple, maladie de Paget, infections ostéo-articulaires) ou articulaires, de rhumatismes inflammatoires chroniques (polyarthrite rhumatoïde, spondyloarthrites, rhumatisme psoriasique), de maladies autoimmunes (lupus, sclérodermie, myosites) et vascularites (maladie de Horton, pseudopolyarthrite rhizhomélique…), et enfin de pathologies mécaniques et dégénératives des articulations (arthrose notamment) et de la colonne vertébrale (sciatique) » précise le Pr Soubrier. Une expertise reconnue dans les rhumatismes inflammatoires chroniques (RIC) La prise en charge des RIC dans le service s’appuie sur deux points d’ancrage permettant une vision à long terme. « Tout d’abord, nous incluons tous les patients traités par une biothérapie dans le service dans un programme hospitalier de recherche clinique afin de réaliser le suivi sur 10 ans de différents paramètres : risque cardiovasculaire (fonction endothéliale, compliance artérielle), qualité osseuse et masse musculaire (ostéodensitométrie) » explique le Pr Soubrier. De plus, une base de données recense les informations des patients (phénotypage, données biologiques et d’imagerie, questionnaire patients). « Nous ajoutons à cela un bilan de comorbidités systématique par le biais d’une consultation dédiée. Notre objectif est de réaliser une base de données Valérie Bellot Responsable Scientifique Régional Immunologie régionale sur les RIC » poursuit le Pr Soubrier qui encourage également d’autres spécialités du CHU (dermatologie, infectiologie, gastroentérologie) à réaliser ce type de base afin de pouvoir réaliser des études transversales. grand nombre de patients » poursuit le Pr Soubrier, très fier de l’implication de ses infirmières, dont la plupart sont formées à l’éducation thérapeutique du patient (ETP). Des consultations dédiées pour une prise en charge optimisée Deux consultations pluridisciplinaires (rhumatologue-podologue, ergothérapeute, diététicienne, podo-orthésiste, psychologue, pharmacien, infirmiére) ont été mises en place, une dédiée à la prise en charge des RIC, l’autre à celle de l’ostéoporose. « Enfin, une troisième consultation devrait voir le jour dans l’arthrose digitale afin de bien phénotyper les patients et développer des programmes de prise en charge adaptés » précise le Pr Soubrier. Pour avis rhumatologique : Un numéro réservé aux médecins généralistes 06 32 06 62 66 - 7 j/7 et 24h/24 La recherche au cœur des préoccupations des médecins et des infirmières Les principaux thèmes abordés en recherche clinique sont les comorbidités, le rhumatisme du sujet âgé, la fibromyalgie et les infections ostéo-articulaires. Ces travaux s’effectuent avec l’accompagnement de l’unité de biostatistique de la Direction de la Recherche Clinique et Innovation. « De plus, nous travaillons avec trois laboratoires de recherche sur des projets translationnels sur l’impact du stress dans le déclenchement de la polyarthrite rhumatoïde (PR) ou l’importance de l’alimentation sans gluten dans les spondyloarthrites (SpA). De plus, les infirmières du service sont également très actives et dynamiques au plan de la recherche. « Nous avons participé à deux programmes de recherche nationaux pour évaluer l’intérêt de la prise en charge infirmière dans la gestion des comorbidités dans la PR (COMEDRA) et dans la SpA (COMEDSPA) et nous sommes le centre ayant inclus le plus *GHT = Groupements Hospitaliers de Territoire Le service de Rhumatologie en chiffres • Capacité d’accueil : - 25 lits en hospitalisation conventionnelle - 4 lits en hôpital de jour • Moyens humains : - Médecins : 2 PU-PH, 4 PH, 1 CCA, 3 Assistants partagés avec les CH (Brioude, Le Puy, Montluçon, Riom) - 5 internes en formation - 1 cadre de santé - 18 infirmières dont 10 formées à l’ETP - 11 aides-soignantes - 2 attachés de recherche clinique - Consultation pluridisciplinaire : 1 psychologue, 1 pharmacien, 2 ergothérapeutes, 1 rhumatologue podologue, 1 diététicienne, 1 podo-orthésiste, 1 kinésithérapeute - 5 secrétaires médicales • Activité clinique / an : - 10 216 consultations - 1 124 séjours en hospitalisation conventionnelle - 1 598 séjours en hôpital de jour - 330 consultations d’ETP - 445 échographies - 771 ostéodensitométries Une approche pluridisciplinaire dans le soin et la recherche Le service du Pr Soubrier est un centre d’expertise dans la prise en charge des RIC, des maladies auto-immunes et des pathologies dégénératives. Le service a en ce sens développé une approche pluridisciplinaire au sein du CHU grâce à des consultations dédiées (RIC, ostéoporose) et a également élargi sa mission aux hôpitaux périphériques pour lesquels il est centre de recours. En mettant l’accent sur la recherche (fondamentale, clinique mais aussi translationnelle) et le développement d’actions dédiées aux patients, l’ensemble des équipes soignantes (médicales et paramédicales) collaborent au quotidien au travers de nombreux programmes de recherche et d’éducation (ETP,..), afin d’améliorer la prise en charge des patients. Pour toutes ces raisons, il nous paraissait évident de réaliser ce numéro d’Echanges en Rhumatologie dans le service du Pr Soubrier ! Pr Martin Soubrier, Chef du Service de Rhumatologie Patricia Hirsch Ergothérapeute - Carole Roche, Diététicienne Françoise Fayet, Infirmière - Corinne Dalla Zanna, Psychologue Eric Thomas, Podo-orthésiste Dr Valérie Micheau-Beaugendre, rhumatologue-podologue Une consultation multidisciplinaire pour optimiser la prise en charge des rhumatismes inflammatoires chroniques Rhumatologue, infirmière, psychologue, ergothérapeute, diététicienne, podo-orthésiste : pour être efficace, la prise en charge des rhumatismes inflammatoires chroniques (RIC) doit être globale et multidisciplinaire. P ourquoi avoir instauré une consultation pluridisciplinaire ? Pr Soubrier : Il y a quelques années, nous étions face à un constat terrible : l’état des mains et des pieds des patients souffrant de polyarthrite rhumatoïde en Auvergne était très mauvais, avec des répercussions tant psychologiques que sur les activités quotidiennes. Il a donc fallu réagir ! En nous basant sur le modèle de l’hôpital Cochin à Paris, nous avons progressivement créé une consultation regroupant l’ensemble des acteurs pouvant améliorer la prise en charge des patients atteints de RIC. Mme Fayet : L’infirmière intervient à plusieurs niveaux dans cette consultation multidisciplinaire : éducation du patient à son traitement, accompagnement, programmation et orientation vers les différents intervenants (diagnostic éducatif). Elle fait également le lien avec le rhumatologue libéral et le médecin généraliste. Valérie Micheau-Beaugendre : Le médecin podologue a un rôle de conseil vis à vis du chaussage. Il est également prescripteur de semelles et/ou d’orthèses. Enfin, il oriente le patient vers un chirurgien du pied si besoin. U ne consultation de transition entre l’enfant et l’adulte Une fois par mois, une consultation multidisciplinaire est organisée dans le service de Pédiatrie, pour les enfants atteints d’arthrite juvénile idiopathique (AJI). Elle regroupe des pédiatres, un rhumatologue prenant en charge les RIC de l’adulte, un psychologue, un kinésithérapeute et une diététicienne. « Cette consultation permet de faire le point sur les dossiers complexes et de préparer la transition vers la prise en charge adulte. En effet, le changement de service peut être une source d’angoisse pour les adolescents, suivis depuis longtemps pour une pathologie chronique » explique le Pr Tournadre. Cette consultation de transition a été mise en place depuis 4 ans, suite à l’arrivée progressive des biothérapies dans le traitement de l’AJI. L’enjeu de la consultation de diététique est d’étudier l’équilibre alimentaire des patients en évaluant les apports en calcium, protéines, glucides et lipides. « De plus, la perte de poids est souvent une préoccupation des patients. Nous trouvons ensemble des solutions pour améliorer le choix des aliments afin de réduire le poids, le cholestérol et les triglycérides notamment » explique Mme Roche. Les patients sont suivis tous les 2, 3 ou 6 mois selon les besoins. Le rôle du podo-orthésiste Le travail consiste à soulager les douleurs podales en proposant des orthèses plantaires afin de favoriser leurs appuis. « Le point fort du service est de permettre au patient de repartir avec son orthèse à l’issue de la consultation » précise Mr Thomas, qui réalise les semelles en moins d’une heure dans une salle dédiée. Les orthèses plantaires sont renouvelées tous les 2 à 3 ans, lorsque les douleurs réapparaissent. Le rôle de l’ergothérapeute En cas de douleur aux mains ou aux poignets, des attelles de repos peuvent être proposées. De plus, il est possible d’améliorer les activités journalières en utilisant des outils adéquats. « J’aborde avec les patients la transformation gestuelle et leur donne des astuces pour réaliser les gestes du quotidien avec le minimum de douleur et de dépense énergétique : ouvrir un robinet, ouvrir une bouteille, couper du pain, etc. » explique Mme Hirsch. Enfin, les activités sportives doivent être intégrées dans la vie quotidienne des patients. Le rôle du psychologue La prise en charge psychologique peut concerner soit la maladie chronique, soit une problématique plus personnelle. « Selon la problématique abordée par le patient, je propose différentes thérapies : la sophrologie ou l’hypnose pour la gestion de la douleur et de l’anxiété, ou un travail plus profond avec la psychothérapie (thérapie cognitivo-comportementale) » explique Mme Dalla Zanna. Pr Anne Tournadre, PU-PH en Rhumatologie Dr Jean-Jacques Dubost, PH en Immunologie Clinique Angélique Fan et Thomas Frayssac, Attachés de recherche clinique Pr Anne Tournadre, PU-PH en Rhumatologie De l’enfant à l’adulte : assurer la continuité de la prise en charge Le rôle de la diététicienne Un intérêt historique pour les pathologies auto-immunes et systémiques Connectivites, vascularites, myosites… : depuis toujours le service de Rhumatologie s’intéresse aux maladies systémiques et auto-immunes. L’organisation en réseau est essentielle non seulement pour la prise en charge de ces maladies rares mais également pour favoriser la recherche. P ourquoi prendre en charge des maladies systémiques et auto-immunes dans un service de rhumatologie ? Dr Dubost : Il s’agit d’une activité historique datant de la création du service dans les années 1970 avec notamment un intérêt premier pour le syndrome de GougerotSjögren (SGS)*. Nous prenons également en charge d’autres maladies systémiques comme le lupus, la sclérodermie.... La prise en charge est multidisciplinaire et les travaux de recherche s’appuient sur des réseaux nationaux comme la cohorte ASSESS pour le SGS qui permet de suivre 400 patients sur 20 ans. Nous nous intéressons à ces maladies car leur expression rhumatologique est fréquente et souvent révélatrice. Par exemple, la maladie de Horton et la pseudopolyarthrite rhizomélique (PPR) sont très intriquées, la PPR pouvant être la manifestation première d’une maladie de Horton (artérite inflammatoire temporale). Pr Tournadre : Nous prenons également en charge les myosites (maladies inflammatoires du muscle) qui peuvent avoir des manifestations systémiques variées au niveau de la peau, des poumons et des articulations. Nous sommes membres du réseau national des myosites ce qui nous permet de colliger l’ensemble des cas et de développer des études collaboratives afin de mieux comprendre la maladie et mieux cibler les interventions thérapeutiques. Comment s’organise la recherche clinique ? Pr Tournadre : Pour développer des essais, nous travaillons avec d’autres réseaux et filières nationales : FAI2R (filière des maladies auto-immunes et auto-inflammatoires rares), le Club Rhumatismes Inflammations (CRI) ou encore le groupe FLEUR (France lupus érythémateux systémique Réseau). Thomas Frayssac : Nous avons récemment mis en place un nouveau protocole de recherche afin d’explorer la douleur dans le SGS (étude ancillaire de la cohorte ASSESS). Angélique Fan : Dans la PPR, nous étudions également les habitudes de prescription des rhumatologues de la région. * Le syndrome de Gougeron-Sjögren est une pathologie auto-immune qui se caractérise par la destruction progressive des glandes salivaires et lacrymales conduisant à une perte des fonctions de sécrétion des glandes et à l’installation d’une sécheresse des yeux et de la bouche. **Cohorte ASSESS : évaluation de l’Atteinte Systémique et de l’Evolution des patients atteints de Syndrome de Sjögren primitif. Pr Anne Tournadre, PU-PH en Rhumatologie - Dr Gaëlle Vial et Charlotte Giraud, Internes en Rhumatologie Le muscle et les comorbidités cardiométaboliques, au cœur de la recherche fondamentale et translationnelle Après s’être concentré sur la recherche clinique, le service de Rhumatologie développe aujourd’hui des projets de recherche fondamentale et translationnelle en collaboration avec plusieurs unités de recherche : unité de nutrition humaine (UMR 1019), unité de microbiologie (UR 0454) et unité Neuro-Dol (UMR 1107). P ouvez-vous nous décrire vos travaux sur le muscle ? Pr Tournadre : Nous nous intéressons au muscle en conditions inflammatoires. Au cours des rhumatismes inflammatoires chroniques (RIC), il existe un lien étroit entre la composition corporelle (masse maigre/graisse) et le développement des comorbidités cardiométaboliques. Ainsi, nous travaillons sur la caractérisation de cette obésité sarcopénique au cours des RIC et son évolution sous biothérapies en utilisant l’ostéodensitométrie ou des techniques innovantes comme la pQCT (microscanner). En collaboration avec les unités de recherche, nous explorons les mécanismes de la sarcopénie en condition inflammatoire. Dr Vial : Au cours de mon année recherche, je vais observer le muscle sur des modèles d’arthrite au collagène. Dr Giraud : Pour ma part, j’ai travaillé sur les aspects de lipotoxicité au cours de l’inflammation. En fonction de la composition lipidique, on observe un retentissement sur la protection contre l’athérosclérose. Les résultats de cette étude pilote seront présentés sous la forme d’un poster au prochain congrès de la Société Française de Rhumatologie. Avez-vous d’autres projets de recherche fondamentale ? Pr Tournadre : Nous participons au projet régional ARTH-INNOV qui vise à tester l’effet de l’alimentation (et notamment le régime sans gluten) et l’effet du stress environnemental sur des modèles murins de polyarthrite rhumatoïde et de spondyloarthrite. Qu’est-ce que le projet « Jeunes chercheurs » ? Dr Vial : Avec les internes de Montpellier, Bordeaux, Toulouse et Limoges, nous nous réunissons deux fois par an afin de travailler sur un projet commun de recherche. Au-delà d’être une opportunité de publication, c’est également un moment convivial d’échanges. Dr Sandrine Malochet, PH en Rhumatologie - Carine Savel, Infirmière Patricia Hirsch, Ergothérapeute - Carole Roche, Diététicienne L’ostéoporose : une consultation pluridisciplinaire construite sur un modèle d’éducation thérapeutique L’ostéoporose, à l’origine d’une morbi-mortalité et de coûts importants, est un problème majeur de santé publique. C’est pourquoi, le service de Rhumatologie a mis en place une consultation pluridisciplinaire dédiée à la prise en charge globale de cette maladie chez les patients à risque et en prévention secondaire des fractures. P ouvez-vous nous décrire la prise en charge de l’ostéoporose dans le service ? Dr Malochet : Tout d’abord, une infirmière de consultation réalise un premier entretien téléphonique afin d’évaluer le mode de vie du patient, ses besoins, ses facteurs de risque de fractures... La consultation se déroule ensuite sur une journée et le patient rencontre les différents intervenants : rhumatologue (analyse de l’ostéodensitométrie, des bilans biologiques, mise en place du traitement), diététicienne, ergothérapeute. Le pharmacien (P. Roux) intervient en fin de journée pour expliquer les modalités du traitement et réaliser une conciliation thérapeutique : un courrier est adressé au médecin traitant et à la pharmacie d’officine afin d’harmoniser l’ordonnance globale du patient et éviter ce qui peut aggraver l’ostéoporose ou sa prise en charge. Quelle est la place de la diététique et de l’ergothérapie dans la prise en charge de l’ostéoporose ? Mme Roche, diététicienne : Les conseils alimentaires sont primordiaux. Tout d’abord j’évalue les apports en calcium, vitamine D et en protéines. J’adapte l’alimentation des patients en fixant des objectifs diététiques. Le suivi est ensuite réalisé par téléphone. Mme Hirsch, ergothérapeute : Mon travail vise essentiellement à prévenir les risques de chute en optimisant l’aménagement du domicile. Quelles autres pathologies osseuses prenez-vous en charge ? Dr Malochet : Nous prenons également en charge des maladies osseuses rares, en collaboration avec le service de Génétique du CHU de Clermont-Ferrand, centre de compétence pour les MOC (Maladies Osseuses Constitutionnelles) et je suis la rhumatologue référente pour ces pathologies chez l’adulte. Dans ce contexte, je réalise notamment le suivi de patients atteints d’ostéogénèse imparfaite (maladie des os de verre), d’exostoses multiples ou de dysplasie fibreuse des os. Enfin, nous prenons en charge le myélome multiple des os chez le sujet âgé (> 70 ans). Drs Marion Couderc et Sylvain Mathieu, PH en Rhumatologie Arthrose, lombalgie : les maux du siècle ont néanmoins de l’avenir ! Dr Marion Couderc, PH en Rhumatologie Une expertise reconnue dans la prise en charge des infections Le service de Rhumatologie est très impliqué dans la prise en charge des infections articulaires (arthrites septiques) ou vertébrales (spondylodicites), et participe notamment aux groupes nationaux de recherche sur ces infections. R echercher le germe incriminé afin de délivrer une antibiothérapie efficace L’arthrite septique est due à la présence d’un germe au sein d’une articulation (le plus souvent le genou). « Nous prenons en charge toutes les arthrites septiques sur articulation native (sans prothèse). Les patients nous sont adressés notamment via les Urgences. Ils sont souvent immunodéprimés, diabétiques ou ont des comorbidités » explique le Dr Couderc. La première étape consiste à identifier le germe responsable de l’infection (prise de sang, hémoculture, ponction articulaire). « Nous disposons d’un plateau technique performant avec notamment l’échographie qui nous permet de réaliser des ponctions articulaires en urgence. Les ponctions discales sont réalisées sous 48 h par les radiologues » précise le Dr Couderc. Après une antibiothérapie longue en intraveineux puis per os, les patients bénéficient d’une rééducation. Une forte activité de recherche Depuis des années, de nombreux travaux de publications ont été réalisés par le service. Actuellement nous constituons une banque de prélèvements (liquide articulaire, sang) qui nous permet d’étudier les marqueurs de l’arthrite septique. Une première étude a été publiée sur les marqueurs cliniques et une seconde étude sur les marqueurs biologiques est en cours. Nous participons également à une étude multicentrique sur l’immobilisation des spondylodiscites évaluant l’intérêt du port d’un corset afin de réduire les déformations (étude SPONDIMMO) » conclut le Dr Couderc. Parmi les pathologies rhumatologiques dégénératives prises en charge dans le service de Rhumatologie, les plus fréquentes sont les atteintes articulaires (gonarthrose, coxarthrose) et les atteintes rachidiennes. P ourquoi vous intéressez-vous à l’arthrose dans le service ? Dr Mathieu : L’arthrose est un motif fréquent de consultation et cela n’est pas près de s’arrêter en raison du vieillissement de la population (15 à 20 % de la population à l’heure actuelle). En l’absence de traitement curatif, la prise en charge est essentiellement symptomatique. Le traitement de l’arthrose n’a pas encore connu de progression comme celui des rhumatismes inflammatoires avec les biothérapies. Cependant, il existe des pistes thérapeutiques à l’étude (injection de cellules souches). De plus, l’arthrose n’est plus une fatalité et contrairement aux idées reçues, on recommande aujourd’hui de maintenir une activité physique ce qui permet de réduire les douleurs et d’augmenter la qualité musculaire et la mobilité articulaire. Comment prenez-vous en charge la lombalgie ? Dr Couderc : Dans le service, nous voyons essentiellement des patients souffrant de lombalgies en second recours ou de lombalgies inflammatoires dont le diagnostic est plus complexe. Nous avons la possibilité dans certains cas de proposer et de réaliser un traitement par infiltrations radioguidées. La prise en charge des lombalgies passe également par des programmes de kinésithérapie en ville et de rééducation : programme global en hôpital de jour, d’une durée d’un mois avec l’intervention d’ergothérapeutes, de diététiciennes, de psychologues et d’assistantes sociales. Quels sont vos projets de recherche ? Dr Mathieu : Nous allons participer à une étude clinique internationale (4 centres en France) visant à tester l’efficacité d’un facteur de croissance nerveux et allons inclure 10 patients atteints de coxarthrose et de gonarthrose. De plus, nous avons pour projet de développer une cohorte de patients dans l’arthrose digitale afin d’améliorer le suivi et de proposer des traitements plus adaptés. Dr Couderc : Dans les lombalgies inflammatoires, nous menons un essai clinique évaluant l’efficacité d’un biphosphonate versus placebo et devant inclure 60 patients. Drs Marion Couderc et Sylvain Mathieu, PH en Rhumatologie « L’échographie est plus que jamais l’alliée du rhumatologue » L’échographie est devenue un examen incontournable en rhumatologie et fait aujourd’hui partie intégrante du cursus de formation des internes. Utilisée à visée diagnostique ou au cours du suivi d’une maladie, l’échographie est présente à toutes les étapes de la prise en charge rhumatologique. En outre, nous sommes tous les deux formateurs dans le cadre du DU d’échographie de Grenoble (formation de 4 internes/an). “ Et en dehors des articulations ? Dr Couderc : Nous réalisons également des échographies de glandes salivaires pour l’exploration des syndromes secs. Un protocole de recherche est en cours dans le Gougerot-Sjögren et la sclérodermie. Nous disposons de deux échographes dans une salle dédiée Q uelle est la place de l’échographie dans votre activité ? Dr Mathieu : Tout d’abord, l’échographie a un intérêt en consultation car elle permet de confirmer une impression clinique ou au contraire de la tempérer. De plus, cet examen est également très pratique pour le suivi car il est simple à réaliser et indolore. Cela nous permet de suivre l’activité des rhumatismes chroniques mais également des pathologies dégénératives, des tendinites... Dr Couderc : Nous disposons de deux échographes en consultation dont un dans une salle dédiée afin de réaliser des infiltrations échoguidées. Nous avons également un échographe portatif qui nous permet de réaliser des examens en chambre. Echographie de parotide, zones hypoéchogenes >2 mm, grade 3. Virginie Vaure, Malory Rodere, Delphine Bougeon et Coralie Yvars, Infirmières d’ETP Françoise Fayet, Infirmière et responsable de l’ETP Le patient, au cœur des préoccupations des infirmières Q ue proposez-vous dans le service de Rhumatologie en ce qui concerne l’éducation thérapeutique ? Mme Fayet : Nous avons commencé à proposer de l’éducation thérapeutique aux patients dans le service en 2005. Le programme d’ETP pour la polyarthrite rhumatoïde (PR) a été labellisé par l’ARS en 2011. Un autre programme a été réalisé pour la spondyloarthrite (SpA). Les sessions d’éducation sont composées majoritairement de séances individuelles avec quelques ateliers collectifs. Mme Rodere : Pour la PR, nous avons distingué les diagnostics récents (< 3 ans) et les diagnostics plus lointains (> 3 ans) car les patients n’ont pas les mêmes besoins. Les 2 premières journées de formation sont communes aux deux programmes et comportent : 1) des rappels sur la pathologie, les signes de poussées et comment les gérer, les traitements (interventions du rhumatologue et du pharmacien) ; 2) l’intervention de l’ergothérapeute, du podo-orthésiste, de la psychologue… “ Nous avons commencé à proposer de l’éducation thérapeutique aux patients dans le service en 2005. Le programme d’ETP pour la polyarthrite rhumatoïde (PR) a été labellisé par l’ARS en 2011 Les patients anciennement diagnostiqués bénéficient d’une journée supplémentaire car ils ont des besoins spécifiques. Mme Vaure : Le programme d’ETP sur la SpA se déroule sur une journée et comprend : un rappel sur les connaissances de la maladie, un temps de parole et de relaxation animé par la psychologue, un entretien articulaire et musculaire avec un kinésithérapeute détaché dans le service et l’intervention du pharmacien pour aborder les traitements. “ Le programme d’ETP sur la SpA se déroule sur une journée Mme Yvars : Nous utilisons des outils pédagogiques validés comme des questionnaires afin d’évaluer les connaissances du patient avant et après le programme, des DVD proposant des exercices de gymnastique à réaliser au domicile ou un chevalet présentant les différentes étapes d’injection du traitement. Vous menez également une activité de recherche… Mme Fayet : Nous avons réalisé une étude observationnelle afin d’évaluer l’éducation thérapeutique des patients sous biothérapie (n=220) et nous avons montré que les séances collectives étaient plus efficaces que les séances individuelles. De plus, il est préférable de revoir les patients tous les ans afin de valider les connaissances (une publication est en attente). Mme Rodere : Nous avons un projet de questionnaires évaluant les connaissances des patients atteints de RIC sur la base de 40 connaissances essentielles pour le PR et la SpA (questionnaires en cours d’évaluation). Mme Fayet : D’autres études sont en cours de publication sur les thèmes suivants : freins des soignants pour parler de la sexualité aux patients, peur et croyances des patients sur la vaccination. L’ETP en chiffres • Une équipe formée à l’ETP - 10 infirmières dont 3 ont obtenu le DU d’Education thérapeutique et de maladies ostéoarticulaires - 1 rhumatologue - 1 pharmacien - Les intervenants de la consultation pluridisciplinaire (ergothérapeute, diététicienne,…) • Activité - Plus de 330 patients sensibilisés/an • Une ligne téléphonique en cas de problème avec le traitement : 04 73 76 44 90 Mme Marie-Claude Ruf, 75 ans, membre de l’association ANDAR et patient-expert en polyarthrite rhumatoïde Dr Sylvain Mathieu, PH en Rhumatologie Le patient-expert : un expert de lui-même et de sa propre maladie Un partage d’expériences consolidant le maillage régional Atteinte de polyarthrite rhumatoïde depuis près de 50 ans, Mme Ruf est membre de l’Association Nationale de Défense contre l’Arthrite Rhumatoïde (ANDAR) depuis sa création. Souhaitant aller plus loin dans son implication auprès des autres patients, elle a décidé de suivre une formation pour devenir patient-expert. C omment êtes-vous devenue patientexpert ? Mme Ruf : Pour devenir patient-expert, il faut être atteint d’une maladie chronique et avoir acquis au fil du temps une bonne connaissance de sa maladie, avoir appris à vivre avec. Mais pour pouvoir intervenir en tant que personne ressource pour les autres patients, j’ai suivi une formation de 7 jours reposant essentiellement sur des jeux de rôle. Concrètement, mon rôle est de prendre le relais auprès des patients, après le médecin et les infirmières, afin de les aider à devenir acteurs de leur maladie et à mieux la vivre au quotidien. Quelle est votre expérience de patientexpert dans le service ? Mme Ruf : Je suis présente dans le service deux jeudis par mois. Mme Fayet, infirmière responsable de l’éducation thérapeutique, s’occupe de la prise de rendez-vous et Edition - Conception - Réalisation : IPANEMA Healthcare IPANEMA - Elisabeth Dufour- 19 rue des Batignolles 75017 Paris - [email protected] je rencontre les patients et les familles. Au cours de mes rendez-vous, je donne des conseils, je distribue des brochures d’information élaborées par l’ANDAR. J’utilise un questionnaire de comorbidités afin d’aider les infirmières d’ETP à identifier les problèmes annexes (alcool, tabac, sécheresse des muqueuses et des yeux…). Après les entretiens, je fais un compte-rendu aux médecins et aux infirmières pour les aider dans leur prise en charge. “ Concrètement, mon rôle est de prendre le relais auprès des patients, après le médecin et les infirmières, afin de les aider à devenir acteurs de leur maladie et à mieux la vivre au quotidien Dans certains cas extrêmes, je peux me déplacer au domicile du patient. Il est important de les inciter à sortir de chez eux car la vie ne s’arrête pas avec la maladie. Les patients sont parfois dans des situations de détresse intense face à la maladie… leur redonner le sourire est ma plus grande victoire. Il y a moins d’un an, le service de Rhumatologie a mis en place une réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) par visioconférence afin de faciliter la prise en charge des patients atteints de rhumatismes inflammatoires chroniques (RIC) dans la région Auvergne… cette réunion a été rapidement étendue à l’ensemble des cas difficiles en rhumatologie. E n quoi consiste cette RCP en Rhumatologie ? Dr Mathieu : Nous nous réunissons le premier jeudi de chaque mois dans le service et nous convions localement les médecins libéraux du bassin auvergnat ainsi que par visioconférence, les centres hospitaliers régionaux (Moulins, Vichy, Montluçon, Aurillac, Saint-Flour et Nevers). L’objectif de cette RCP est double : d’une part discuter les dossiers difficiles à distance pour éviter aux patients de se déplacer et d’autre part entretenir les relations avec les centres périphériques. Participent à ces RCP : les rhumatologues des différents centres, les rhumatologues libéraux, des radiologues, des immunologistes, des cancérologues. Les premiers retours sont très positifs ! Quels sont les cas abordés en RCP ? Dr Mathieu : Suspicion de spondylarthrite, biothérapie chez un sujet à risque, syndrome de la tête tombante, rhumatisme psoriasique : les thèmes abordés au cours d’une réunion peuvent être extrêmement variés. J’envoie un mail d’appel à dossiers une semaine avant chaque réunion et nous passons en revue 3 à 10 dossiers tous les mois. Chaque réunion se compose de 3 volets : les confirmations de diagnostic, les discussions de stratégies thérapeutiques et les propositions de traitement alternatif en cas d’échec. Des ressources en ligne Fin 2015, le service de Rhumatologie du CHU de Clermont-Ferrand a mis en ligne un site Internet afin de délivrer de l’information validée sur les différentes pathologies (RIC, arthrose, ostéoporose, goutte, connectivites…) à destination des patients et de leur entourage. Ce site fait également le lien avec les programmes d’éducation thérapeutique proposés par les infirmières du service. De plus, le site propose aux médecins des outils utiles pour leur consultation en rhumatologie (score diagnostic ou de suivi de l’activité de la maladie, recommandations de prise en charge, numéro d’urgence pour joindre le service de rhumatologie…). Enfin, le site du service est un support pour la formation des externes qui ont accès à des cours en ligne théoriques ou pratiques (supports vidéos). Pour plus d’informations : https://www.chu-clermontferrand.fr/internet/pages/ presentation_service/service_1354.aspx JANSSEN-CILAG, S.A.S. au capital social de 2.956.660 Euros, immatriculée au Registre du Commerce et des Sociétés de Nanterre sous le n° B 562 033 068, dont le siège social est au 1, rue Camille Desmoulins, TSA 91003, 92787 Issy-les-Moulineaux. Conformément à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée en 2004, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification et de suppression des informations vous concernant collectées ou susceptibles d’être collectées, à des fins d’informations ou promotions des produits. Vous pouvez exercer ce droit d’accès et de rectification en vous adressant au Pharmacien Responsable de JANSSEN-CILAG, 1 rue Camille Desmoulins, TSA 91003 Issy-les-Moulineaux Cedex 9. Vous pouvez également, pour des motifs légitimes, vous opposer au traitement des données vous concernant. PHFR/IMM/0117/0001c7227 Les infirmières du service de Rhumatologie sont particulièrement impliquées dans l’éducation thérapeutique des patients. Au-delà du soin et de l’ETP, elles développent également des projets de recherche dans l’objectif de toujours améliorer la prise en charge des patients.