La Lettre du Psychiatre • Vol. V - n° 6 - novembre-décembre 2009 | 139
CONGRÈS
RÉUNION
formation rassurantes, cette maladie reste perçue
comme une affection grave, qui est source de souf-
frances tant physiques que psychiques.
Les divers traumatismes, pertes et deuils engendrés
par cette maladie et ses traitements, et dont le point
d’orgue est la confrontation à la mort, obligent le
sujet à un travail d’adaptation psychique permanent.
Ce travail est nécessaire à la préservation de l’inté-
grité physique et psychique des patients confrontés
à la maladie cancéreuse. Ce processus d’adapta-
tion va tenir compte des expériences passées, de la
perception des menaces futures, de la disponibilité
des ressources personnelles, matérielles, sociales
et psychologiques mises en jeu.
Diverses stratégies de coping permettent aux
patients de faire face. Parfois, cependant, ces méca-
nismes d’adaptation ne remplissent plus leur fonc-
tion défensive ; le patient se trouve alors en situation
de crise. Ces difficultés d’adaptation peuvent augurer
un trouble psychiatrique avéré tel qu’un trouble de
l’adaptation.
Le dépistage des patients à risque doit s’accompa-
gner d’une prise en charge globale de leurs besoins
psychosociaux. Un traitement pharmacologique,
psychothérapique ou combiné sera nécessaire.
La recherche en psycho-oncologie doit se pour-
suivre, afin de préciser les caractéristiques de cette
entité conceptuelle sur le plan tant clinique que
thérapeutique.
Retentissement psychique
des troubles de la sexualité
(P. Brenot, Paris)
Selon P. Brenot, la sexualité de l’être humain ne peut
se réaliser lorsqu’il éprouve un sentiment de peur,
d’angoisse, de tension, de stress ou en cas de soucis,
ce que ressentent la plupart des patients consultant en
sexologie. Dans ce contexte du tournant de la vie (50 à
65 ans), ces incertitudes anxieuses et leur incidence
sur la sexualité ne sont plus considérées comme la
crise de la cinquantaine.
Nous assistons ainsi à des modifications de la disponi-
bilité individuelle et, en conséquence, de la sexualité,
assez différentes chez les hommes et chez les femmes.
Chez la femme, le cap de la ménopause est très diver-
sement vécu :
– soit sans conséquences particulières pour une partie
des femmes épanouies dans leur fécondité et leur
sexualité ;
– soit très difficilement pour certaines dont la méno-
pause marque la fin de la “vie de femme” ;
– soit assez difficilement pour d’autres chez lesquelles
les modifications hormonales se font sentir. Le symp-
tôme le plus fréquent est un hypodésir, qui contraste
avec la vie sexuelle antérieure, et qui s’inscrit parfois
sur un fond dépressif.
Chez l’homme, des difficultés de la sexualité peuvent
apparaître, rarement en lien avec la chute naturelle de
la testostérone. Les troubles de la sexualité (essentiel-
lement des difficultés érectiles) sont davantage causés
par des maladies liées à l’âge que par le vieillissement
physiologique de la fonction sexuelle. Une angoisse
d’anticipation vient généralement majorer un trouble
qui n’est initialement qu’émotionnel, psychogène ou
en lien avec les pathologies organiques de la cinquan-
taine. Le trouble sexuel peut être aussi le symptôme
d’un épisode dépressif.
Dans tous les cas, l’angoisse reste le facteur essentiel
sur lequel notre prise en charge peut avoir le plus
d’effet.
Troubles de l’adaptation
liés à l’arrêt de la vie
professionnelle
(E. Bouteyre, Rouen)
Le passage à la retraite représente une transition
majeure dans la vie d’un individu. L’arrêt de la vie
professionnelle, souvent perçue comme une exclusion
sociale, favorise l’isolement, mais plus encore, la crise
narcissique. Il touche le sujet dans son intégration
à des organisations et des réseaux. La cessation de
l’activité offre alors au sujet la possibilité d’explorer
des processus de continuité et de changements de
rôle et d’identité.
Selon la théorie de la rupture (7), l’entrée dans la
retraite engendre la perte de son identité profession-
nelle, d’un cadre d’expression de la créativité et d’un
tissu relationnel. Source d’atteinte au sentiment d’uti-
lité, l’argent perçu n’est plus gagné mais passivement
reçu. L’individu doit engager une négociation entre
son besoin d’activité et le deuil de sa profession, au
risque sinon de perturber sa santé mentale.
Contrairement à ce qui pourrait être attendu, ce ne
sont pas les personnes partant à la retraite tardive-
ment qui présentent le plus de troubles. Au contraire,
les plus jeunes retraités sont davantage concernés. En
prévention, les groupes de préparation à la retraite
permettent au sujet d’obtenir des informations tech-
niques. De façon plus individuelle, il semble indispen-
sable de prendre en compte le ressenti du sujet au
moment de son passage à la retraite et d’exploiter
ses ressources psychiques.
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