CONGRÈS RÉUNION Atelier scientifique “Anxiété et troubles de l’adaptation du tournant de la vie”, présidé par le Pr Maurice Ferreri (Paris) F. Cazala*, C.S. Peretti* 3 juin 2009 à Paris Le Pr M. Ferreri a conçu l’atelier dont nous présentons ci-dessous la synthèse. L’idée originale développée au cours de cette journée était de décrire les axes essentiels d’une pathologie fréquente au tournant de la vie (entre 50 et 65 ans), les troubles de l’adaptation, dont les caractéristiques neurobiologiques ont été passées en revue. Ces troubles interrogent les cliniciens en psychiatrie car ils soulèvent des difficultés de diagnostic et de prise en charge. Ils ont des conséquences professionnelles, sociales, et des retentissements dans des domaines existentiels et sexuels. La synthèse présentée ici a pour objectif de rendre compte des idées principalement développées durant cet atelier scientifique réalisé grâce au partenariat mis en place avec Biocodex. Anxiété et âge : les modifications neurobiologiques (J.P. Boulenger, Montpellier) Le Pr Boulenger a rappelé quels sont les nombreux facteurs biologiques qui augmentent le risque de développer des troubles psychiatriques lorsque l’on avance en âge : les modifications hormonales, les problèmes médicaux associés et leurs traitements, le vieillissement des structures cérébrales et leurs modifications neuropsychologiques secondaires. Selon lui, les études épidémiologiques suggèrent paradoxalement une diminution de la prévalence de ces troubles chez les sujets de plus de 50 ans. Cette diminution s’explique probablement par l’augmentation des problèmes en relation avec les pathologies détérioratives ainsi que par la mortalité accrue des patients présentant certaines pathologies psychiatriques. Cette constatation ne doit cependant pas faire méconnaître l’importance des pathologies subsyndromiques, comme les troubles de l’adaptation dont les conséquences, en termes de handicap personnel, de dépenses médicales et de santé publique restent importantes malgré le caractère modéré de leur sévérité symptomatique. De nombreuses difficultés méthodologiques limitent l’étude du rôle des facteurs spécifiques de l’anxiété comme les modifications hormonales chez la femme ou l’apparition de troubles cognitifs mineurs (mild cognitive impairment [MCI]) dans la population des patients anxieux âgés. Le rôle du cortisol dans la vulnérabilité émotionnelle des sujets âgés est important. Sécrété après un stress, les effets du cortisol sont immédiats ; en particulier, ils stoppent la stimulation sympathique qui conditionne la réaction émotionnelle aux événements déclencheurs du stress. Secondairement, la stimulation de la sécrétion de cortisol mobilise les moyens de défense de l’organisme et rétablit l’homéostasie. Des travaux récents suggèrent que cette activité de l’axe corticotrope pourrait être augmentée chez certains patients anxieux à la fois dans les conditions physiologiques mais aussi dans les situations de stress. Cette activité est corrélée à l’intensité de certains des symptômes présentés par ces patients. L’administration de cortisol modifierait certains processus cognitifs de traitement des émotions et améliorerait quelques symptômes de troubles anxieux spécifiques. L’existence d’un lien entre symptômes anxieux et sécrétion de cortisol serait en accord avec l’hypothèse de Borkovec quant à une corrélation entre la présence de ruminations incontrôlables et la chute des effets de l’activation sympathique dépendant de la libération du cortisol (1, 2). Dans l’état de stress post-traumatique (ESPT), la diminution de la sécrétion de cortisol pourrait favoriser le développement des symptômes. Si cette * Service de psychiatrie, hôpital SaintAntoine, Paris. La Lettre du Psychiatre • Vol. V - n° 6 - novembre-décembre 2009 | 137 CONGRÈS RÉUNION hypothèse est validée, l’étude du rôle de l’axe corticotrope dans les processus de traitement des stimuli anxiogènes et des symptômes anxieux tels que les ruminations ou les reviviscences, dont le caractère incontrôlable et l’intensité émotionnelle perturbent les patients, doit être approfondie. Troubles de l’adaptation et âge : aspects cliniques et prévalence (J.C. Samuelian, Marseille) Selon le Dr Samuelian, la symptomatologie du trouble de l’adaptation se manifeste dans les registres émotionnels et comportementaux à la suite d’un ou de plusieurs facteurs de stress. Ce trouble est observé dans toutes les tranches d’âge, selon le DSM-IV. Mais il est particulièrement important d’étudier la morbidité anxieuse après 50 ans, compte tenu du vieillissement de la population. Les personnes âgées de plus de 50 ans souffrent de nombreuses maladies, ce qui explique l’apparition chez elles de troubles de l’adaptation. Les plus fréquents sont ceux de la réfraction (vieillissement oculaire), les maladies de la bouche, les atteintes des os et des articulations, les dysfonctionnements endocrinologiques, les pathologies de l’appareil circulatoire, etc. Entre 40 et 65 ans, les troubles dépressifs et anxieux ainsi que les troubles de l’adaptation sont ressentis d’une façon particulièrement pénible par les sujets. L’étude de la population psychiatrique ne permet pas de mettre en évidence, en fonction de la tranche d’âge, des événements de stress spécifiques. Toutefois, une méta-analyse de deux études cliniques (3, 4) portant sur 359 patients présentant un trouble de l’adaptation avec anxiété, fait apparaître des différences significatives quant à la nature des événements stressants à l’origine de la maladie. En effet, les problèmes de famille et de santé concernent davantage les plus de 50 ans, contrairement aux difficultés professionnelles qui touchent les sujets plus jeunes. En France, le trouble de l’adaptation est probablement sous-diagnostiqué au profit des troubles de l’humeur, des troubles anxieux et de l’ESPT. La guérison du trouble de l’adaptation avec anxiété est complète dans les 3 mois dans plus de 50 % des cas ; seuls 25 % des syndromes persistent après 12 mois. L’évolution est fonction de l’exposition à l’événement stressant, du degré de vulnérabilité du patient et de son environnement. Le trouble de l’adaptation est extrêmement fréquent, il apparaît à tout âge et justifie un traitement spécifique en raison du risque d’enkystement (environ 25 % des cas). 138 | La Lettre du Psychiatre • Vol. V - n° 6 - novembre-décembre 2009 Adaptation à l’altération des fonctions cognitives (C.S. Peretti, Paris) Les déficits cognitifs des seniors sains touchent la sphère attentionnelle, la mémoire, ainsi que les fonctions exécutives. Ces déficits peuvent être une source de repli, d’anxiété et de dépression. Le tableau clinique de cette pathologie souligne le rôle d’une réduction des habiletés attentionnelles dans l’anxiété et les situations de stress. Les fonctions exécutives représentent un facteur prédictif de la réponse au traitement médicamenteux dans l’anxiété et dans l’état dépressif des seniors. Un déficit exécutif compromet la réponse aux antidépresseurs, notamment celle des jeunes adultes déprimés à la fluoxétine (5) et celle des déprimés âgés aux tricycliques (6). Les sujets atteints d’un déficit des fonctions exécutives sont également plus anxieux et répondent moins aux thérapies cognitives et comportementales (TCC). Les principales possibilités thérapeutiques non médicamenteuses à proposer aux seniors sont les TCC et l’entraînement aux habiletés sociales (EHS). Les TCC leur permettent de développer des stratégies mnémoniques. L’EHS compense le déficit neurocognitif en se centrant sur la pratique d’habiletés comportementales sans trop solliciter les ressources cognitives. Sa méthode est meilleure que celle des TCC : il s’agit d’une technique plus aisée à utiliser, le sujet participant plus facilement à une classe d’EHS qu’à une TCC qui nécessite un engagement individuel. La remédiation cognitive fait aussi partie des moyens à mettre en œuvre pour lutter contre les conséquences cognitives des troubles de l’adaptation et du vieillissement. Elle permet d’exercer sa mémoire, son jugement et son attention tout en refusant d’automatiser certains actes ou pensées. Les déficits adaptatifs dépendent du bon fonctionnement cognitif et ne sont pas inéluctables si les seniors s’y préparent. Au cœur des troubles adaptatifs se trouvent les déficits exécutifs, dont l’amélioration prédit la réponse aux traitements de l’anxiété et de la dépression. L’anxiété et la dépression sont également accessibles aux TCC. Adaptation à l’annonce d’une maladie grave : exemple du cancer (M. Reich, Lille) En 2009, le cancer représente en France la première cause de mortalité. Malgré des campagnes d’in- CONGRÈS RÉUNION formation rassurantes, cette maladie reste perçue comme une affection grave, qui est source de souffrances tant physiques que psychiques. Les divers traumatismes, pertes et deuils engendrés par cette maladie et ses traitements, et dont le point d’orgue est la confrontation à la mort, obligent le sujet à un travail d’adaptation psychique permanent. Ce travail est nécessaire à la préservation de l’intégrité physique et psychique des patients confrontés à la maladie cancéreuse. Ce processus d’adaptation va tenir compte des expériences passées, de la perception des menaces futures, de la disponibilité des ressources personnelles, matérielles, sociales et psychologiques mises en jeu. Diverses stratégies de coping permettent aux patients de faire face. Parfois, cependant, ces mécanismes d’adaptation ne remplissent plus leur fonction défensive ; le patient se trouve alors en situation de crise. Ces difficultés d’adaptation peuvent augurer un trouble psychiatrique avéré tel qu’un trouble de l’adaptation. Le dépistage des patients à risque doit s’accompagner d’une prise en charge globale de leurs besoins psychosociaux. Un traitement pharmacologique, psychothérapique ou combiné sera nécessaire. La recherche en psycho-oncologie doit se poursuivre, afin de préciser les caractéristiques de cette entité conceptuelle sur le plan tant clinique que thérapeutique. Retentissement psychique des troubles de la sexualité (P. Brenot, Paris) Selon P. Brenot, la sexualité de l’être humain ne peut se réaliser lorsqu’il éprouve un sentiment de peur, d’angoisse, de tension, de stress ou en cas de soucis, ce que ressentent la plupart des patients consultant en sexologie. Dans ce contexte du tournant de la vie (50 à 65 ans), ces incertitudes anxieuses et leur incidence sur la sexualité ne sont plus considérées comme la crise de la cinquantaine. Nous assistons ainsi à des modifications de la disponibilité individuelle et, en conséquence, de la sexualité, assez différentes chez les hommes et chez les femmes. Chez la femme, le cap de la ménopause est très diversement vécu : – soit sans conséquences particulières pour une partie des femmes épanouies dans leur fécondité et leur sexualité ; – soit très difficilement pour certaines dont la ménopause marque la fin de la “vie de femme” ; – soit assez difficilement pour d’autres chez lesquelles les modifications hormonales se font sentir. Le symptôme le plus fréquent est un hypodésir, qui contraste avec la vie sexuelle antérieure, et qui s’inscrit parfois sur un fond dépressif. Chez l’homme, des difficultés de la sexualité peuvent apparaître, rarement en lien avec la chute naturelle de la testostérone. Les troubles de la sexualité (essentiellement des difficultés érectiles) sont davantage causés par des maladies liées à l’âge que par le vieillissement physiologique de la fonction sexuelle. Une angoisse d’anticipation vient généralement majorer un trouble qui n’est initialement qu’émotionnel, psychogène ou en lien avec les pathologies organiques de la cinquantaine. Le trouble sexuel peut être aussi le symptôme d’un épisode dépressif. Dans tous les cas, l’angoisse reste le facteur essentiel sur lequel notre prise en charge peut avoir le plus d’effet. Troubles de l’adaptation liés à l’arrêt de la vie professionnelle (E. Bouteyre, Rouen) Le passage à la retraite représente une transition majeure dans la vie d’un individu. L’arrêt de la vie professionnelle, souvent perçue comme une exclusion sociale, favorise l’isolement, mais plus encore, la crise narcissique. Il touche le sujet dans son intégration à des organisations et des réseaux. La cessation de l’activité offre alors au sujet la possibilité d’explorer des processus de continuité et de changements de rôle et d’identité. Selon la théorie de la rupture (7), l’entrée dans la retraite engendre la perte de son identité professionnelle, d’un cadre d’expression de la créativité et d’un tissu relationnel. Source d’atteinte au sentiment d’utilité, l’argent perçu n’est plus gagné mais passivement reçu. L’individu doit engager une négociation entre son besoin d’activité et le deuil de sa profession, au risque sinon de perturber sa santé mentale. Contrairement à ce qui pourrait être attendu, ce ne sont pas les personnes partant à la retraite tardivement qui présentent le plus de troubles. Au contraire, les plus jeunes retraités sont davantage concernés. En prévention, les groupes de préparation à la retraite permettent au sujet d’obtenir des informations techniques. De façon plus individuelle, il semble indispensable de prendre en compte le ressenti du sujet au moment de son passage à la retraite et d’exploiter ses ressources psychiques. Références bibliographiques 1. Borkovec TD, Newman MG, Pincus AL, Lytle R. A component analysis of cognitive-behavioral therapy for generalized anxiety disorder and the role of interpersonal problems. J Consult Clin Psychol 2002;70:288-98. 2. Borkovec TD, Ruscio AM. Psychotherapy for generalized anxiety disorder. J Clin Psychiatry 2001;62(Suppl. 11):37-42. 3. Nguyen N, Fakra E, Pradel V et al. Efficacy of etifoxine compared to lorazepam monotherapy in the treatment of patients with adjustment disorders with anxiety: a double-blind controlled study in general practice. Hum Psychopharmacol 2006;21:139-49. 4. Servant D, Graziani PL, Moyse D, Parquet PJ. Treatment of adjustment disorder with anxiety: efficacy and tolerance of etifoxine in a double-blind controlled study. Encephale 1998;24:569-74. 5. Dunkin JJ, Leuchter AF, Cook IA, Kasl-Godley JE, Abrams M, Rosenberg-Thompson S. Executive dysfunction predicts nonresponse to fluoxetine in major depression. J Affect Disord 2000;60:13-23. 6. Kalayam B, Alexopoulos GS. Prefrontal dysfunction and treatment response in geriatric depression. Arch Gen Psychiatry 1999;56:713-8. 7. Bouteyre E, Lopez N. Le passage à la retraite : une mise à l’épreuve des capacités de résilience. Psychol Neuropsychiatr Vieil 2005;3:43-51. 8. Butler RN. Successful aging and the role of the life review. J Am Geriatr Soc 1974;22:529-35. 9. Ouwehand C, de Ridder DT, Bensing JM. A review of successful aging models: proposing proactive coping as an important additional strategy. Clin Psychol Rev 2007;27: 873-84. 10. Dubé, M, Lapierre S, Alain M, Bouffard L. Le bien-être à la retraite par la réalisation des projets personnels, le programme Gestion des buts personnels. 2005, Journées de la recherche, université du Québec à TroisRivières, Trois-Rivières. 2005. 11. Servant D. Le trouble de l’adaptation avec anxiété. La Revue du praticien 2007;774:610-1. 12. Barlow DH, Allen LB, Choate ML. Towards a unified treatment for emotional disorders. Behavior Ther 2004;35:205-30. 13. Despland JN, Michel L, de Roten Y. Psychothérapies brèves psychanalytiques. EMC. Psychiatrie 2008;37-812-L-10. La Lettre du Psychiatre • Vol. V - n° 6 - novembre-décembre 2009 | 139 CONGRÈS RÉUNION Adaptation réussie au vieillissement : comment bien vieillir en gérant avec brio le passé, le futur et le présent ? (C. Aguerre, Tours) Pour en savoir plus... P eretti CS, Danion JM, Gierski F, Grangé D. Cognitive skill learning and aging: a component process analysis. Arch Clin Neuropsychol 2002;17(5): 445-59. eich M, Deschamps C, R Ulaszewski AL, Horner-Vallet D. L’annonce d’un diagnostic de cancer : paradoxes et quiproquos. Rev Med Interne 2001;22(6):560-6. S amuelian JC , Charlot V, Derynck F, Rouillon F. Troubles de l’adaptation : à propos d’une étude épidémiologique. Encephale 1994;20:755-65. S emaan W, Hergueta T, Bloch J et al. Cross-sectional study of the prevalence of adjustment disorder with anxiety in general practice. Encephale 2001;27: 238-44. haudieu I, Beluche I, Norton J C et al. Abnormal reactions to environmental stress in elderly persons with anxiety disorders: evidence from a population study of diurnal cortisol changes. J Affect Disord 2008;106(3): 307-13. On distingue trois types de stratégie adaptative garantes d’un vieillissement réussi. La première consiste à tirer des enseignements de son passé par une “rétrospective de vie” (8). Les réminiscences peuvent être intégratives, se traduisant par la découverte de la signification et de la continuité de l’existence. Les réminiscences instrumentales prennent appui sur des expériences passées pour résoudre des problèmes présents et parvenir à une adaptation. La deuxième stratégie consiste à anticiper positivement le futur. Le coping proactif semble nécessaire en amont de la survenue d’événements stressants (9). Lorsque cette compétence proactive fait défaut, une assistance psychologique doit être envisagée. M. Dubé et al. (10) proposent alors des programmes de gestion des buts personnels en groupe. Les retraités doivent suivre une démarche préétablie, allant de la fixation d’un but, de sa planification et de sa poursuite à la réalisation même du projet. La troisième stratégie consiste à s’ancrer dans le présent. L’examen minutieux de ce dernier favorise la prise de conscience des tenants et aboutissants de la situation, en vue d’une prise de décision, de choix stratégiques non restreints par des mécanismes d’évitement phobique. Cette prise de conscience ne peut se faire sans une acceptation inconditionnelle de la réalité. Un vieillissement réussi nécessite donc des efforts s’inscrivant dans le temps et requiert parfois une aide psychologique afin d’atteindre à une adaptation optimale. Prise en charge des troubles de l’adaptation (J.N. Despland, Lausanne) Les troubles de l’adaptation sont fréquents en psychiatrie comme en médecine de premier recours. Ils peuvent s’accompagner d’un abus de 140 | La Lettre du Psychiatre • Vol. V - n° 6 - novembre-décembre 2009 substances (25 %), voire de tentatives de suicide (13 %). Toutefois, peu d’études épidémiologiques et thérapeutiques se sont penchées sur eux. Ils semblent échapper au DSM, qui les associe à un facteur environnemental auquel l’individu réagirait. La prise en charge des troubles de l’adaptation passe en premier lieu par la formulation de cas. Cela se traduit par la description de l’expérience vécue par le patient et par la mise en évidence d’altérations. Les troubles de l’adaptation sont interprétés comme une crise dans l’histoire du patient plutôt que comme une maladie. Cette crise serait le reflet d’un conflit intrapsychique inconscient jusqu’alors sans répercussion somatique. L’actualisation du conflit est la conséquence de crises relationnelles remettant en question l’équilibre défensif du sujet. Le symptôme représente alors un compromis entre désir de retour au statu quo ante et désir de changement. La prescription d’un cadre de soin peut prendre la forme d’une approche pharmacologique. Un traitement anxiolytique benzodiazépinique (lorazépam, alprazolam, etc.) vient tout d’abord à l’esprit. Cependant, la nature réactionnelle des troubles de l’adaptation peut conduire le praticien à privilégier un traitement non benzodiazépinique présentant un bon rapport efficacité/tolérance. À ce titre, l’étifoxine a démontré une anxiolyse équivalente à celle d’une benzodiazépine tout en respectant les fonctions cognitives des patients (3). Les antidépresseurs peuvent également être envisagés (tianeptine, miansérine). Néanmoins, la prescription en première intention d’un ISRS est discutable. Les TCC s’appuyant sur la relaxation (11), les TCC des émotions (12) peuvent être proposées. Elles peuvent être précédées d’une intervention psychodynamique en quatre séances (13). L’interprétation initiale est affinée au cours des séances. Lors de la quatrième séance, avant toute discussion sur le traitement, le bilan qui aura été initialement évoqué lors de la première séance est utilisé à l’aide d’outils d’entretien semi-directifs. Les troubles de l’adaptation sont fréquents et l’aspect réactionnel qui les caractérise, potentiellement source de complications, ne doit pas être pris à légère. Les psychothérapies et les pharmacothérapies représentent alors des solutions de prise en charge complémentaire. ■