Département fédéral de l’économie, de la formation et de la recherche DEFR Commission suisse de maturité CSM EXAMEN SUISSE DE MATURITE / HIVER 2015 PHILOSOPHIE ET PEDAGOGIE / PSYCHOLOGIE OPTION SPECIFIQUE Points : Durée : 3 heures NOM : ........................................ / 60 Note : PRENOM : ........................................... No : ............... L’épreuve comporte trois (3) parties : - la première est destinée à tous les candidats. (20 points) - la deuxième (partie 2a, philosophie) doit être faite par les candidats qui ont choisi la pédagogie/psychologie pour l’épreuve orale. (40 points) - la troisième (partie 2b, pédagogie/psychologie) doit être faite par les candidats qui ont choisi la philosophie pour l’épreuve orale. (40 points) Répondre aux questions sur papier libre. Respecter strictement l'ordre des questions et noter clairement leurs numéros. PARTIE 1 : interdisciplinarité 20 Points 1 heure environ Lisez le texte de Fichte ci-dessous et répondez dans l'ordre aux questions qui s’y rapportent. Chaque réponse vaut 2 points. 5 10 15 20 L'éducation nouvelle a pour but immédiat de rendre l'élève capable de se livrer à une activité spirituelle régulière et progressive. Quant à la connaissance, on ne saurait dire qu'elle constitue l'objectif direct, immédiat de l'éducation : elle n'en est qu'une fin pour ainsi dire complémentaire. L'ancienne éducation, au contraire, y voyait justement son objectif immédiat et cherchait à doter l'élève d'une certaine quantité de connaissances. Il y a, en outre, une grande différence entre la nature de la connaissance qui constitue le résultat de la nouvelle éducation, et la nature de celle que dispensait l'ancienne. La première connaissance est celle des lois qui déterminent la possibilité de toute activité spirituelle. Lorsque, par exemple, donnant libre cours à l'imagination, on cherche à délimiter un espace à l'aide de lignes droites, on se livre à une activité spirituelle sous sa forme la plus élémentaire. Mais lorsque, tout en poursuivant ce travail, on constate qu'il est impossible de délimiter un espace avec moins de trois lignes, une nouvelle connaissance s'acquiert, qui a pour résultat de restreindre les possibilités de la connaissance acquise précédemment et d'imposer des limites à un pouvoir qu'on avait cru illimité. Cette éducation apparaît ainsi, dès ses débuts, comme une connaissance dépassant vraiment toute expérience, générale, obéissant à une rigoureuse nécessité, comme une connaissance qui englobe déjà toutes les futures expériences possibles. L'éducation ancienne, au contraire, acceptait comme données les propriétés des choses et des objets telles qu'on les voyait, sans en rechercher les causes et les raisons, et qu'il n'y avait qu'à accepter et à enregistrer de confiance ; elle se proposait ainsi d'obtenir une acceptation purement passive, en comptant uniquement sur la mémoire qui est toujours au service des choses, et cela sans avoir le moindre soupçon que c'est l'esprit qui constitue le principe autonome et primaire des choses. Il n'entre pas dans mes intentions de rappeler, pour justifier la nouvelle pédagogie, notre aversion de l'exercice purement mécanique de la mémoire, pour l'acquisition de connaissances fondée uniquement SEFRI/D262/OS PPP/H15 Veuillez rendre ces feuilles avec votre travail, merci ! 1/8 25 30 35 40 45 sur l'apprentissage par cœur. L'exercice de la mémoire pour elle-même, sans aucun but spirituel, au lieu d'être une activité spirituelle, constitue plutôt une souffrance, et il est facile de comprendre pourquoi l'élève se montre si peu empressé à se soumettre à cette souffrance ; et la connaissance qu'il acquiert de choses qui lui sont tout à fait étrangères et ne présentent pas pour lui le moindre intérêt constitue une bien maigre compensation à cette souffrance; c'est ce qui explique aussi son aversion pour tous les arguments dont on voudrait le consoler, en lui parlant de la future utilité de ces connaissances et en lui faisant croire que c'est seulement grâce à elles qu'il pourra s'assurer son pain quotidien et sa dignité, et que c'est d'elles que dépendent également ses récompenses et ses châtiments dans le présent. Bref, on avait conçu dès le début l'éducation comme devant être au service du bien-être matériel, et cette éducation, dont nous avons dit plus haut qu'étant donné son contenu, elle était impuissante à développer chez les élèves le sens moral, avait ainsi besoin, rien que pour atteindre l'élève, d'enraciner et de développer en lui tout le contraire du sens moral et de mettre tous ses intérêts sous la dépendance de mobiles et de stimulants essentiellement amoraux. […] L'élève de la nouvelle éducation sera animé d'un amour dont l'objet ne sera pas une jouissance sensible (cet amour-là n'existant pas pour lui), mais l'activité spirituelle pour elle-même, en tant qu'activité, et la loi pour elle-même, en tant que loi. Bien que la moralité ne repose pas sur cette activité spirituelle en général, mais sur une orientation particulière de celle-ci, il n'en reste pas moins que cet amour détermine la nature générale et la forme de la volonté morale, d'où il résulte que cette éducation spirituelle constitue la phase préliminaire de la culture morale. Johann G. FICHTE, Discours à la Nation allemande, Paris, Aubier, 1981 (texte remanié) 1. 1 - Afin de donner un résumé du texte en quelques lignes, dites ce qui distingue pour Fichte (philosophe allemand, 1762-1814) "l'éducation nouvelle" de "l'ancienne éducation". 1. 2 - Pourquoi Fichte affirme-t-il à propos de la connaissance : "on ne saurait dire qu'elle constitue l'objectif direct, immédiat de [la nouvelle] éducation" (lignes 2-3)? 1. 3 - En vous appuyant sur l'exemple des trois lignes droites en géométrie (l. 9 à 14), montrez ce qui différencie la "nouvelle connaissance" (l. 12) de celle que Fichte qualifie d'"élémentaire" (l. 10). 1. 4 - "Restreindre" (l. 13), "imposer des limites" (l. 13-14) : dites pourquoi ces mots, apparemment négatifs, désignent dans ce texte, paradoxalement, un cheminement de pensée positif, une conquête de la connaissance. 1. 5 - "C'est l'esprit qui constitue le principe autonome et primaire des choses" (l. 21-22).Quel est le sens et la portée de cette affirmation? 1. 6 - Pourquoi Fichte critique-t-il "l'apprentissage par cœur" (l. 25)? 1. 7 - Fichte s'oppose à une éducation qui fournirait à l'élève une connaissance grâce à laquelle il pourrait "s'assurer son pain quotidien et sa dignité" (l. 32). Pour quelle raison? 1. 8 - A votre avis, la connaissance doit-elle porter en priorité sur les faits ou sur les lois (l. 42)? Justifiez votre réponse. 1. 9 - Selon vous, est-ce le rôle de l'école de "développer chez les élèves le sens moral" (l. 36)? Justifiez votre réponse. 1. 10 - En quoi ce texte relève-t-il de la pédagogie? En quoi relève-t-il de la philosophie? 2/8 PARTIE 2a : philosophie 40 points 2 heures environ Partie réservée aux candidats présentant la psychologie/pédagogie à l’oral Lisez attentivement le texte suivant : 5 10 15 20 25 30 35 40 45 Je commencerai par prendre un exemple imaginaire : ce sera ici comme un experimentum crucis (une expérience cruciale). […] – Concevons deux jeunes hommes, Caïus et Titus, tous deux passionnément épris de deux jeunes filles différentes : chacun d'eux se voit barrer la route par un rival préféré, préféré pour des avantages extérieurs. Ils résolvent, chacun de son côté, de faire disparaître de ce monde leurs rivaux ; d'ailleurs ils sont parfaitement à l'abri de toute recherche, et même de tout soupçon. Pourtant, au moment où ils procèdent aux préparatifs du meurtre, tous deux, après une lutte intérieure, s'arrêtent. C'est sur cet abandon de leur projet qu'ils ont à s'expliquer devant nous, sincèrement et clairement. - Quant à Caïus, je laisse au lecteur le choix des explications qu'il lui mettra dans la bouche. Il pourra avoir été retenu par des motifs religieux, par la pensée de la volonté divine, du châtiment qui l'attend, du jugement futur, etc. Ou bien encore il dira: « J'ai réfléchi que la maxime de ma conduite dans cette circonstance n'eût pas été propre à fournir une règle capable de s'appliquer à tous les êtres raisonnables en général, car j'allais traiter mon rival comme un simple moyen, sans voir en lui en même temps une fin en soi. » Ou bien avec Fichte, il s'exprimera ainsi: « La vie d'un homme quelconque est un moyen propre à amener la réalisation de la loi morale : je ne peux donc pas, à moins d'être indifférent à la réalisation de la loi morale, anéantir un être dont la destinée est d'y contribuer. » (Ce scrupule, soit dit en passant, il pourrait s'en défaire, car il espère bien, une fois en possession de celle qu'il aime, ne pas tarder à créer un instrument nouveau de la loi morale.) […] Bref, il dira ce qu'il vous plaira. - Mais pour Titus, que je me suis réservé de faire s'expliquer à ma manière, il dira: « Quand j'en suis venu aux préparatifs, quand, par suite, j'ai dû considérer pour un moment, non plus ma passion, mais mon rival, alors j'ai commencé à voir clairement de quoi il s'agissait et pour moi et pour lui. Mais alors aussi la pitié, la compassion m'ont saisi, je n'ai pas eu le cœur d'y résister: je n'ai pas pu faire ce que je voulais. » Maintenant, je le demande à tout lecteur sincère et libre de préjugés : de ces deux hommes, quel est le meilleur ? quel est celui aux mains de qui on remettrait le plus volontiers sa destinée ? quel est celui qui a été retenu par le plus pur motif ? - Où gît dès lors le fondement de la morale ? Il n'est rien qui soulève jusque dans ses profondeurs notre sentiment moral autant que la cruauté. Toute autre faute, nous pouvons la pardonner ; la cruauté, jamais. La raison en est que la cruauté est précisément le contraire de la pitié. [Devant un acte de grande cruauté], aussitôt nous voilà saisis d'horreur ; nous nous écrions : "Comment peut-on faire de pareilles choses?". Et quel est le sens de cette question? Celui-ci peut-être : comment peut-on redouter aussi peu les châtiments de la vie future ? - L'interprétation est difficile à admettre. Ou bien celui-ci : comment peut-on agir d'après une maxime aussi peu propre à devenir la loi générale de tous les êtres raisonnables ? - Pour cela, non. Ou bien encore : comment peuton négliger à ce point sa propre perfection et celle d'autrui ? - Pas davantage. Le sens vrai, le voici à n'en pas douter : comment peut-on être à ce point sans pitié ? C'est donc quand une action s'écarte extrêmement de la pitié qu'elle porte comme un stigmate le caractère d'une chose moralement condamnable, méprisable. La pitié est par excellence le ressort de la moralité. Le principe de la morale, le ressort de la moralité, tel que je l'ai révélé, est le seul absolument auquel on puisse rendre cette justice, qu'il agit avec efficacité et même sur un domaine étendu. Personne ne voudrait en dire autant de tous les autres principes de morale proposés par les philosophes : ces principes consistent en des propositions abstraites, souvent même subtiles, sans autre fondement qu'une combinaison artificielle des notions : c’est au point qu'ils ne sauraient s'appliquer à la vie pratique sans offrir quelque côté risible. Une bonne action qui aurait été inspirée par le seul principe moral de Kant, serait au fond l'acte d'un 3/8 50 55 pédant de philosophie ; ou elle aboutirait à un mensonge que l'agent se ferait à lui-même : étant donné un acte qu'il aurait accompli pour de certains motifs, il lui en attribuerait d'autres, et y verrait un produit de l'impératif catégorique et d'une notion en l'air, celle du devoir. Mais ce n'est pas seulement aux principes de morale qu'ont inventés pour le seul besoin de leurs théories les philosophes, c'est aussi à ceux que les religions ont établis en vue d'une utilité toute pratique, qu'il est difficile de reconnaître une efficacité marquée. En voici un premier signe : si diverses que soient les religions répandues sur la terre, on ne voit point que la moralité des hommes, ou pour mieux dire leur immoralité, varie dans une mesure correspondante ; au contraire, pour l'essentiel, elle en est à peu près partout au même point. Arthur SCHOPENHAUER, Le Fondement de la morale, Paris, Le Livre de Poche, 2003. Répondez dans l’ordre aux questions ci-dessous. A. Connaissances préalables et carte d’identité du texte (6 points) Phi 1 - Dites en quelques phrases et en utilisant vos propres mots quelle est la thèse défendue par Schopenhauer dans ce texte. Phi 2 - Présentez en quelques lignes les traits distinctifs de la morale de Kant (son éthique déontologique). B. Explication de détail/compréhension (12 points) Phi 3 - Pourquoi Schopenhauer passe-t-il par un "exemple imaginaire" (ligne 1) pour promouvoir et défendre sa thèse sur la morale? Phi 4 - Schopenhauer "laisse au lecteur le choix des explications" (l. 9) qu'il mettra dans la bouche de Caïus. "Il dira ce qu'il vous plaira" (l. 19-20). Comment expliquer cette indifférence, voire cette désinvolture? Phi 5 - Pour Schopenhauer, la pitié est-elle de l'ordre de la volonté ou est-elle l'effet du sentiment? Justifiez votre réponse. Phi 6 - Reformulez avec vos propres termes la question capitale de la ligne 28 : "Où gît dès lors le fondement de la morale?". Phi 7 - En quoi consiste pour Schopenhauer le "mensonge" dont il est question à la ligne 49? Phi 8 - Quel est l'apport de la dernière phrase à la démonstration de Schopenhauer? C. Maîtrise des notions philosophiques (10 points) Dites à quel terme du vocabulaire philosophique, présent dans le texte sous la forme d’un nom ou d'un adjectif, correspond chacune des 10 définitions suivantes. Voici un exemple : Définition : "fait d’être unique, seul de son espèce" Réponse : "singularité" 4/8 Phi 9 - Ensemble des croyances et des rites collectifs ayant pour fonction de mettre en communication l'être humain avec un autre monde. Phi 10 - Opinion forgée à l'avance, souvent adoptée sans connaissance ni examen. Phi 11 - Activité générale de la pensée soucieuse, selon Kant, de répondre aux trois questions suivantes : "Que puis-je savoir?", "Que dois-je faire?", "Que suis-je en droit d'espérer?". Phi 12 - (chez Kant notamment) Pensée adoptée comme règle de conduite. Principe subjectif du vouloir, donc considéré par celui qui l'adopte comme valable pour sa volonté propre. Phi 13 - Sentiment ou disposition de celui qui est touché par les souffrances d'autrui et porté à les soulager. Phi 14 - Proposition fondamentale qui sert de base à un travail de pensée. Proposition première dont le raisonnement tire par déduction les conséquences. Phi 15 - Partie de la philosophie qui a pour objet les lois et les règles de l'action bonne et qui a une prétention à l'universalité. Phi 16 - (adjectif) Qui dispose de la capacité de distinguer le vrai du faux, le réel de l'imaginaire, le bien du mal. Dans le langage courant, caractérise un être sage et mesuré. Phi 17 - (chez Kant notamment) L'obligation morale considérée en elle-même et en général, donc indépendamment de telle règle d'action particulière. Phi 18 - Ce qui sert pour parvenir à un but, à une fin. D. Questions générales (12 points) Phi 19 - Schopenhauer a peu d'estime et même pas mal de dédain pour les "propositions abstraites"(l. 45) des philosophes qui font de la morale l'objet d'une élaboration théorique. Essayez en quelques lignes de partir à la défense de ces philosophes, de montrer que leur préoccupation et leur ambition ne sont pas forcément vaines. Phi 20 - Lorsque l'homme fait le bien, agit-il avant tout par choix, par aptitude naturelle, par intérêt ou par disposition psychologique? Développez brièvement votre position personnelle sur cette question. Phi 21 - Si la pitié est, comme le pense Schopenhauer, un sentiment universel chez l'homme et "le ressort de la moralité" (l. 40-41), comment expliquer l'effrayante indifférence des bourreaux à l'égard de leurs victimes lors de guerres, dans les camps de la mort, etc.? 5/8 PARTIE 2b : pédagogie/psychologie 40 points 2 heures environ Partie réservée aux candidats présentant la philosophie à l’oral Lisez attentivement le texte suivant : 5 10 15 20 25 30 35 Chacun sait depuis longtemps que les faits des cinq premières années de la vie exercent sur notre existence une influence décisive à laquelle rien ne saurait plus tard s'opposer. Il y aurait sans doute beaucoup à dire sur la manière dont ces expériences précoces résistent ultérieurement à tous les efforts tendant à les modifier, mais ce n'est pas ici le lieu de le faire. On sait moins bien toutefois que la plus forte des influences obsédantes découle d'impressions reçues à une époque de l'enfance où, à ce que nous croyons, l'appareil psychique de l'enfant n'est pas encore prêt à les accueillir. Le fait lui-même, cependant, est indiscutable mais semble si surprenant que nous allons nous efforcer de le faire comprendre en comparant le processus à un cliché photographique qui peut être développé et transformé en image au bout d'un temps plus ou moins long. […] Tout ce qu'un enfant de deux ans a déjà pu voir sans le comprendre peut bien ne jamais revenir à sa mémoire, sauf dans ses rêves. Le traitement analytique seul sera capable de lui faire connaître ces événements. Mais à un moment donné ces derniers, doués d'une grande force compulsionnelle, peuvent surgir dans la vie du sujet, lui dicter ses actes, déterminer ses sympathies ou ses antipathies et souvent décider de son choix amoureux lorsque ce choix, cas très fréquent, est indéfendable du point de vue rationnel. Il ne faut pas méconnaître […] l'éloignement dans le temps, qui est ici le facteur essentiel par exemple en ce qui concerne cet état spécial de la mémoire que nous appelons « inconscient ». […] Les mécanismes mêmes qui font surgir les névroses jouent toujours dans les phénomènes que nous étudions ici. […] Schématiquement voici comment les choses se passent - l'événement crée une exigence instinctuelle qui veut être satisfaite. Le moi s'oppose à cette satisfaction soit parce qu'il se trouve paralysé par la grandeur excessive de l'exigence, soit parce qu'il la trouve dangereuse. De ces deux raisons c'est la première qui est plus primitive, mais toutes deux aboutissent à l'évitement d'une situation périlleuse. Le moi se défend contre le danger en utilisant le phénomène du refoulement ; l'émoi pulsionnel est, d'une manière quelconque, entravé et l'incitation ainsi que les perceptions et les représentations concomitantes sont oubliées. Mais le processus n'est pas pour autant achevé car, ou bien la pulsion a conservé sa force ou bien elle tend à la récupérer ou bien enfin elle est ranimée par quelque incident nouveau. Elle redevient ainsi exigeante, mais comme la voie de la satisfaction normale reste barrée du fait de ce que nous appelons la «cicatrice » du refoulement, elle se fraye quelque part, en un point mal défendu, un autre accès vers une soi-disant satisfaction substitutive qui apparaît sous la forme d'un symptôme, et tout ceci sans l'assentiment ni la compréhension du moi. Tous les phénomènes de la formation des symptômes peuvent être considérés comme des « retours du refoulé ». Leur caractère distinctif est la déformation qu'ont subie, par rapport à leur forme originale, les éléments resurgis. Sigmund FREUD, Moïse et le monothéisme, Paris, Gallimard (Idées), 1975 (texte remanié) Répondez dans l’ordre aux questions ci-dessous. A. Connaissances préalables et carte d’identité du texte (6 points) PP 1 - Résumez en quelques lignes le propos général du texte. PP 2 - En quelques lignes toujours, dites pourquoi Freud accorde une grande importance à ces phénomènes psychiques particuliers que sont les rêves. 6/8 B. Explication de détail/compréhension (14 points) PP 3 - En quoi "l'appareil psychique de l'enfant" (l. 6-7) n'est-il pas encore prêt à accueillir certaines "expériences précoces" (l. 3)? PP 4 - Quel est le sens de la comparaison que Freud propose aux lignes 9 et 10? PP 5 - Lorsque Freud parle des conséquences possibles de traumatismes infantiles, il évoque des "choix amoureux" (l. 15) malheureux. Pourquoi les choix amoureux plutôt que d'autres (des choix professionnels, politiques, etc.)? PP 6 - Pourquoi Freud parle-t-il de l'inconscient comme d'un "état spécial de la mémoire" (l. 18)? PP 7 - Exigence "dangereuse" (l. 23), situation "périlleuse" (l. 24) : de quel danger s'agit-il ici? PP 8 - Que faut-il entendre par "cicatrice du refoulement" (l.31)? PP 9 - On peut affirmer que le processus de "déformation" dont Freud parle à la ligne 35 est au cœur de la théorie psychanalytique. Pourquoi? C. Maîtrise des notions de psychologie (8 points) Dites à quel terme du vocabulaire psychologique, présent dans le texte sous la forme d’un nom ou d'un adjectif, correspond chacune des 8 définitions suivantes. Voici un exemple : Définition : "ensemble des ajustements effectués par un individu pour lui permettre de se réaliser dans un ensemble social donné". Réponse : "adaptation". PP 10 - Maladie dont les symptômes sont l'expression symbolique d'un conflit psychique trouvant sa racine dans l'histoire infantile du sujet. PP 11 - Phénomène observable lié à un état pathologique qu'il permet de déceler. PP 12 - Processus de mise à l'écart des pulsions qui se voient refuser l'accès à la conscience. PP 13 - (en deux mots) Méthode curative fondée sur l'expression verbale des pensées et associations d'idées qui se présentent au sujet, afin de mettre en évidence leur signification inconsciente. PP 14 (adjectif) Qualifie la tendance intérieure impérative poussant un sujet à accomplir une certaine action ou à penser à une certaine idée alors qu'il la réprouve et se l'interdit sur un plan conscient. PP 15 - Lieu des représentations refoulées. Ensemble des contenus psychiques qui se sont vu refuser l'accès à la conscience. 7/8 PP 16 - Processus psychique consistant dans une poussée qui fait tendre l’organisme vers un but. PP 17 - Siège de la conscience (et aussi lieu de manifestations inconscientes) ; médiateur entre les autres instances psychiques, tenant compte des exigences de la réalité. D. Questions générales et ouvertes (12 points) PP 18 - Certains psychologues (certains courants de la psychologie) n'accepteraient pas du tout les thèses implicites ou explicites de ce texte de Freud. Dites quels courants, quelles thèses, et pourquoi. PP 19 - Selon K. Popper, la théorie psychanalytique est impossible à réfuter car elle prétend tout expliquer. Rien ne peut la contredire et c'est là, paradoxalement, sa faiblesse. Jacques Van Rillaer souscrit à cette affirmation et prend comme exemple le complexe d'Œdipe : "Si un garçon aime sa mère et déteste son père, il présente un complexe d'Œdipe manifeste. Si un autre adore son père et se montre agressif envers sa mère, ses tendances oedipiennes sont refoulées". Quelle est votre position personnelle face à cette difficulté de la psychanalyse? PP 20 - De la psychanalyse, on a pu dire qu'en même temps elle attire et effraie, séduit et dégoûte, satisfait et déçoit. Pourquoi? Partagez-vous ce point de vue? Justifiez votre réponse. *** FIN *** 8/8