Xanthomonas hortorum pelargonii

publicité
COMMENT DIFFÉRENCIER LES SYMPTÔMES CAUSÉS
PAR XANTHOMONAS HORTORUM PELARGONII ET
RALSTONIA SOLANACEARUM CHEZ LE GÉRANIUM ?
Cindy Dallaire, agronome-phytopathologiste
Direction de l’innovation scientifique et technologique
Hum…est-ce des symptômes causés par la bactérie Xanthomonas hortorum pelargonii (anciennement
appelée Xanthomonas campestris pelargonii) ou Ralstonia solanacearum (anciennement nommée
Pseudomonas solanacearum) ? Cette question peut être souvent posée puisque les symptômes causés
par l’une ou l’autre des bactéries sont très semblables. En effet, le flétrissement bactérien est très
difficilement distinguable entre Xanthomonas hortorum pelargonii et Ralstonia solanacearum. Afin de
les différencier et d’éviter de les confondre avec d’autres maladies, des tests de laboratoire sont
essentiels et évitent de mauvais diagnostics. Cette actualité a pour but d’illustrer les symptômes causés
par les deux bactéries.
Xanthomonas hortorum
pelargonii
Xanthomonas hortorum pelargonii a été
découvert pour la première fois en 1890 aux
États-Unis
(Pennsylvania,
department
of
agriculture) et de graves infestations sont
survenues au début des années 1980 (Soucy,
2006). Le Laboratoire de diagnostic l’a détectée
119 fois, de 1988 à 2008. L’agent pathogène a
été retrouvé dans la tige, les feuilles et plus
rarement au collet. Cette bactérie a plusieurs
plantes hôtes telles que le géranium et le
pélargonium (Agence canadienne d’inspection
des aliments, Ministère de l’Agriculture, de
l’Alimentation et des Affaires rurales de
l’Ontario).
Xanthomonas hortorum pelargonii peut entrer
par des blessures ou des ouvertures naturelles.
Elle peut être transmise par les outils, les mains
du personnel, l’aspersion ou par un insecte tel
que
l’aleurode
(« whitefly »)
(Cornell
cooperative
extension;
department of agriculture;
University Massachusetts).
Pennsylvania,
Soucy, 2006;
Les symptômes apparaissent sous de haute
température se situant entre 21 à 27oC et à une
forte humidité (Soucy, 2006). Normalement, les
symptômes apparaissent à l’intérieur de 7 à 10
jours (Moorman, 2008). Des températures endessous de 10°C et au-dessus de 32°C
ralentissent grandement le développement de
cette bactérie. De plus, les plants plus vieux
sont moins sensibles à l’infection.
SYMPTÔMES
1.
Petites taches humides se développant tout
d’abord sous les feuilles et par la suite, elles
deviennent visibles à la surface de celles-ci.
Elles sont rondes, avec un diamètre entre 1
et 5 mm, une coloration de jaune à brun et
ayant quelques fois un halo jaune autour de
la tache (figure 1 a, b, c, et d) (Moorman,
2008;
Laboratoire
de
diagnostic
en
phytoprotection; Pennsylvania, department
of agriculture; Soucy, 2006; University of
Nebraska-Lincoln; University Massachusetts). Elles peuvent être confondues avec
le champignon
Connecticut).
Botrytis
(University
Figure 1 a : Progression des symptômes foliaires due à la bactérie Xanthomonas hortorum pelargonii
Source : Whipker, 2003
Figure 1 b : Taches jaunes à brunes causées par
Xanthomonas hortorum pelargonii
Source : Margery Daughtrey, Cornell University
Laboratoire de diagnostic en phytoprotection, MAPAQ
- 2 -
of
Figure 1 c : Taches jaunes à brunes causées par Xanthomonas hortorum pelargonii sur le géranium
Source : Kim et Olson, 2002
Figure 1 d : Taches jaunes à brunes causées par Xanthomonas hortorum pelargonii sur le géranium
Source : Chantal Malenfant, Laboratoire de diagnostic en phytoprotection, MAPAQ
2.
Les taches s’agglomèrent pour former des
brûlures en « V » entre les nervures en
débutant de la marge vers le pétiole (figure
2 a, b, c, et d) (Soucy, 2006). À ce
moment, les brûlures peuvent ressembler à
ceux d’une sécheresse excessive, à une
salinité élevée du sol ou à des infections
racinaires par champignons tels que
Pythium, Botrytis ou Verticillium (figure 3 a,
b, et c) (Vallée, 1991). Les feuilles finissent
par se dessécher et flétrir (University of
Nebraska-Lincoln).
Figure 2 a : Brûlures en forme de « V » sur les
feuilles causées par la bactérie
Xanthomonas hortorum pelargonii
Source : Engelbrecht, 2006
Laboratoire de diagnostic en phytoprotection, MAPAQ
- 3 -
Figure 2 b : Brûlures en forme de « V » sur les
feuilles causées par la bactérie
Xanthomonas hortorum pelargonii
Source : Hosted tripod
Figure 2 c : Brûlures en forme de « V » sur les
feuilles causées par la bactérie
Xanthomonas hortorum pelargonii
Source : Moorman, 2008
Figure 3 a : Anomalie de coloration sur les feuilles
causée par le champignon Pythium
Source : Whipker, 2003
Figue 3 b : Brûlures en « V » causées par le
champignon Botrytis
Figure 3 b : Brûlures en « V » causées par le
champignon Botrytis
Figure 3 c : Flétrissement du plant causé par une
sécheresse excessive
Source : Whipker, 2003
Source : Whipker, 2003
Source : Whipker, 2003
Laboratoire de diagnostic en phytoprotection, MAPAQ
- 4 -
3. Xanthomonas hortorum pelargonii se
propage des taches foliaires au système
vasculaire. Alors, le plant flétrit (figure
4 a, b, c, et d). Un brunissement du
système vasculaire, une pourriture de la
tige (figure 5) et un effondrement du
plant peuvent s’en suivre. Les symptômes
sont similaires à ceux causés par
Ralstonia solanacearum, le Verticillium,
une maladie racinaire ou un stress
hydrique (Moorman, 2008; Soucy, 2006).
Figure 4 a : Flétrissement de la plante causé par
la bactérie Xanthomonas hortorum
pelargonii
Source : Kim et Olson, 2002
Figure 4 c : Flétrissement de la plante causé par
la bactérie Xanthomonas hortorum
pelargonii
Source : Whipker, 2003
Figure 4 b : Flétrissement de la plante causé par
la bactérie Xanthomonas hortorum
pelargonii
Source : Margery Daughtrey, Cornell University
Figure 4 d : Flétrissement de la plante causé par
la bactérie Xanthomonas hortorum
pelargonii
Source : Hosted tripod
Laboratoire de diagnostic en phytoprotection, MAPAQ
- 5 -
Figure 5 : Pourriture des pétioles causée par
la bactérie Xanthomonas
hortorum pelargonii
Source : Kim et Olson, 2002
4.
Le système racinaire n’est pas affecté par la
maladie et demeure intact (Soucy, 2006;
University of Connecticut).
L’expression des symptômes est favorisée à de
hautes températures se situant entre 25 et 38oC
et à une forte humidité (Vallée, 1991). Les
symptômes progressent rapidement après
l’infection (Agence canadienne d’inspection des
aliments; University of Florida IFAS extension;
University of Massachusetts). Dans des climats
chauds, cette bactérie est capable de survivre
pendant de longues périodes dans le sol et dans
les débris de plantes. Par contre, pour les
climats tempérés, il y a peu de chance que la
bactérie survive très longtemps dans le sol sans
une plante hôte (Ministère de l’agriculture, de
l’alimentation et des affaires rurales de
l’Ontario).
SYMPTÔMES
1.
Ralstonia solanacearum
Il existe deux races de Ralstonia solanacearum :
la race 1-biovar 1 et la race 3-biovar 2. Cette
dernière race est un organisme de quarantaine
(Agence canadienne d’inspection des aliments;
National IPM center; University of Florida IFAS
extension). La race 3-biovar 2 a été détectée
pour la première fois au printemps 2003 par
l’Agence canadienne d’inspection des aliments
dans
du
matériel
de
multiplication
de
pelargonium
importé
au
Canada.
Au
Laboratoire, cette bactérie a été retrouvée à 7
reprises chez le géranium dans différents
organes tel que les feuilles, la tige et le collet.
Cette bactérie a plusieurs plantes hôtes telles
que le piment, le poivron, la tomate,
l’aubergine, la pomme de terre, quelques
mauvaises herbes et bien sûr, le géranium et le
perlargonium (Agence canadienne d’inspection
des aliments; Ministère de l’agriculture, de
l’alimentation et des affaires rurales de
l’Ontario).
Le Ralstonia solanacearum peut entrer par les
racines blessées, les lésions de la tige et les
stomates. Lorsque la bactérie est dans la
plante, elle se multiplie et se dirige vers le
système vasculaire. Elle bloque alors les
vaisseaux du xylème ce qui amène un
flétrissement et éventuellement la mort de la
plante.
Flétrissement et enroulement des marges
des feuilles basales (Agence canadienne
d’inspection des aliments; Laboratoire de
diagnostic en phytoprotection; Ministère de
l’Agriculture, de l’Alimentation et des
Affaires rurales de l’Ontario; National IPM
center;
University
of
Florida
IFAS
extension). Contrairement à la bactérie
Xanthomonas hortorum pelargonii, aucune
tache foliaire n’est observée (Soucy, 2006).
Les feuilles, qui flétrissent, présentent des
brûlures en « V » affectant par la suite la
feuille entière (figure 6 a, b, c, et d) (NC
State University; University of Florida IFAS
extension).
Le
flétrissement
est
systémique; il débute par les feuilles, les
pétioles et il se propage dans la plante
entière. Quelques fois, seule une partie de
la tige montre des symptômes, mais
éventuellement, la plante flétrit, s’affaisse
et meurt.
Figure 6 a : Flétrissement de la plante causé
par Ralstonia solanacearum
Source : Whipker, 2003
Laboratoire de diagnostic en phytoprotection, MAPAQ
- 6 -
Figure 6 a : Flétrissement causé par Ralstonia solanacearum
Source : Whipker, 2003
Figure 6 b : Flétrissement causé par Ralstonia
solanacearum
Source : Momol, 2003
Figure 6 c : Flétrissement causé par Ralstonia
solanacearum
Source : Margery Daughtrey, Cornell University
Laboratoire de diagnostic en phytoprotection, MAPAQ
- 7 -
Figure 6 d : Flétrissement causé par Ralstonia solanacearum
Source : University of Florida IFAS extension
2.
Une coloration brune à noire des tiges et un
brunissement
du
système
vasculaire
peuvent être observés (figure 7 a, b, c, et
d) (Agence canadienne d’inspection des
aliments ; University of Florida IFAS
extention). Graduellement, une pourriture
peut aussi affecter la tige. Celle-ci peut se
confondre avec les symptômes faits par
Pythium.
Figure 7 a : Pourriture des pétioles et des tiges
Source : Invasive species
Laboratoire de diagnostic en phytoprotection, MAPAQ
- 8 -
Figure 7 b : Pourriture des pétioles et des tiges
causée par Ralstonia
solanacearum. Pythium peut
causer des symptômes semblables
Source : Margery Daughtrey, Cornell University
Figure 7 c : Pourriture des pétioles et des tiges
Source : University of Florida IFAS extension
Figure 7 c : Pourriture des pétioles et des tiges
Source : University of Florida IFAS extension
Figure 7 d : Brunissement du système vasculaire
causé par Ralstonia solanacearum
Source : NC State University
Laboratoire de diagnostic en phytoprotection, MAPAQ
- 9 -
3.
Les racines sont brunes ou noires (Agence
canadienne d’inspection des aliments;
Soucy, 2006; University of Florida IFAS
extension).
TABLEAU DE COMPARAISON
Il existe très peu de différence entre
Xanthomonas hortorum pelargonii et Ralstonia
solanacearum
pour
les
symptômes.
Les
principales différences sont les taches que
Xanthomonas hortorum pelargonii peut causer
(Engelbrecht, 2006) et le brunissement du
système racinaire par Ralstonia solanacearum
(tableau 1) (Agence canadienne d’inspection
des aliments; Soucy, 2006; University of Florida
IFAS extension).
Le
flétrissement
causé
par
Ralstonia
solanacearum
peut
être
confondu
avec
(University of Florida IFAS extension) :
-
Celui causés par Xanthomonas hortorum
pelargonii
Infection fongique racinaire
Stress hydrique
Tableau 1 : Tableau démontrant les principales différences entre Xanthomonas hortorum
pelargonii et Ralstonia solanacearum
Caractéristiques
Agent pathogène
Xanthomonas hortorum
pelargonii
Ralstonia solanacearum
Non
Oui : Race 3-biovar 2
Le géranium et le
pélargonium
Le géranium, le pélargonium, le
piment, le poivron, la tomate,
l’aubergine, la pomme de terre
et quelques mauvaises herbes
Taches rondes jaunes à
brunes sur les feuilles
Aucune tache sur les feuilles,
seulement un flétrissement et
un dépérissement
Organisme de quarantaine
Hôtes
Symptômes particuliers
Aucun symptôme au
niveau des racines
Racines brunes ou noires
Températures optimales
21 et 27°C
25 et 38°C
Fréquence du pathogène
Fréquent
Rare
Isolements sur milieux de
culture et confirmation par
biologie moléculaire
Isolements sur milieux de
culture et immunostrip
Méthode de diagnostic utilisée
au Laboratoire
RÉFÉRENCES
Agence canadienne d’inspection des aliments.
Ralstonia solanacearum, race 3, biovar 2.
Flétrissure bactérienne des pélargoniums.
http://www.inspection.gc.ca/francais/plaveg/pes
trava/ralsol/tech/ralsolf.shtml
Cornell cooperative extension. 1985. Diseases of
geraniums. Pp. 31.
Engelbrecht C. 2006.
Iowa state university.
Horticulture and home pest news. Bacterial wilt
diseases of geranium.
www.ipm.iastate.edu/ipm/hortnews/2006/38/geranium.html
Fisher France, Géranium S.A.R.L. Pelargonium,
parasites et maladies. Pp. 24.
Floriculture,
University
of
Massachusetts,
Amherst. Bacterial diseases of geranium.
www.umass.edu/umext/floriculture/fact_sh
eets/pest_management/geran_bacterial_dise
ases.htm
Laboratoire de diagnostic en phytoprotection, MAPAQ
- 10 -
Hosted tripod. Common geranium disease’s and
disorder’s.
http://plantdiseasehelp.tripod.com/diseases.htm
University of Connecticut. Bacterial diseases on
geranium.
www.hort.uconn.edu/IPM/
Invasive species.
http://www.invasive.org/browse/detail.cfm?imgn
um=9000020
University of Florida IFAS extension.
wilt of geranium.
http://edis.ifas.ufl.edu/PP131
Kim S.-H et Olson T. 2002. Bacterial blight of
geranium. Plant pathology circular no.84, vol.28,
Pennsylvania, department of agriculture. Pp.7.
http://www.agriculture.state.pa.us/plantindustr
y/lib/plantindustry/vol28_8.pdf
University of Nebraska-Lincoln. Department of
plant pathology. Bacterial blight of geranium.
http://nudistance.unl.edu/Homer/disease/hort/Non_wood
y/GeBacBlt.html
Mastalerz
J.W.
et
Holcomb
E.J.
1982.
Géraniums III, 3ième édition. Pennsylvania flower
growers. Pp. 411.
USDA, United states department of agriculture,
Animal and plant health inspection service.
2007.
http://www.aphis.usda.gov/plant_health/plant_
pest_info/ralstonia/geraniums.shtml
Ministère de l’agriculture, de l’alimentation et des
affaires
rurales
de
l’Ontario.
Ralstonia
solanacearum : flétrissure bactérienne de la
pomme de terre (flétrissement bactérien), de la
tomate, du poivron, de l’aubergine, du tabac et du
géranium.
www.omafra.gov.on.ca/french/crops/hort/news/
hortmatt/2003/12hrt03a3.htm
Momol T., Jones J. et Olson S. 2003. New
outbreak of Ralstonia solanacearum (race 3,
biovar 2) in geraniums in U.S and effects of
biofumigants on Ralstonia solanacearum (race 1,
biovar 1). University of Florida.
http://pestalert.ifas.ufl.edu/tmm-0303.htm
Moorman G.
2008.
Penn State University.
College of agricultural sciences. Department of
plant pathology.
www.ppath.cas.psu.edu/extension/plant_disease
/bactbl_g.html
National IPM center. Ralstonia solanacearum race
3, biovar 2.
www.ncipmc.org/alerts/ralstonia.pdf
NC State University. College of agriculture and
life sciences. Department of plant pathology.
Ralstonia solanacearum.
www.cals.ncsu.edu/course/pp728/Ralstonia/Ral
stonia_solanacearum.html
Pennsylvania,
department
of
agriculture.
Geranium bacterial blight.
www.agriculture.state.pa.us/agriculture/cwp/vie
w.asp?a=3&q=128005
Southern
USDA. 2004. New pest response guidelines
Ralstonia solanacearum race 3 biovar 2, southern
wilt of geranium. Pp.79.
http://www.aphis.usda.gov/plant_health/plant_
pest_info/ralstonia/downloads/rasltoniaactionpla
nv4web.pdf
Vallée C. 1991. Guide sur la production du
géranium. IQDHO. Pp. 213.
Whipker B.E. 2003. Pictorial guide to geranium
wilt disorders. NC state university, floriculture
research, department of horticultural science.
Pp. 12.
www.ces.ncsu.edu/depts/hort/floriculture/Gera
niumWilt.pdf
Mise en page du document par Carolle
Fortin, technicienne en administration Laboratoire de diagnostic en
phytoprotection, MAPAQ
Sainte-Foy, le 11 décembre 2008
Vous retrouverez ce document sur le site
Agrireseau.qc.ca
Soucy J.-P. 2006. Le géranium. CRAAQ. Pp. 89.
Laboratoire de diagnostic en phytoprotection, MAPAQ
- 11 -
Téléchargement