Diagnostic : étang de Léon (FRFL56) - 2009
Diagnostic physicochimique
Ce vaste étang naturel peu profond (334 ha et 1 m de hauteur d’eau en moyenne), ne présente pas de stratification de la masse
d’eau. La température des eaux croît avec celle de l’air ; l’oxygène est présent au fond même en été ; des sursaturations en oxygène
dissous (150-160%) sont mesurées en été en surface. Le pH est élevé au printemps et en été (> 9) ; la minéralisation est faible
(conductivité de 120 à 160 µS/cm).
Les paramètres physicochimiques généraux de l’eau indiquent un état médiocre du fait de la faible transparence et un état moyen en
raison des nutriments (concentration en orthophosphates). En revanche, il n’y a pas de polluants spécifiques de l’état écologique et
l’état chimique est bon.
Les indices physicochimiques de la diagnose rapide font état d’une forte charge (a priori naturelle) en matières organiques dans le
sédiment et des flux entre le sédiment et l’eau relativement élevées (indice de relargage de 61). Le sédiment est également assez
chargé en azote (mais pas en phosphore). On y note une teneur forte en arsenic ainsi que des HAP (4 substances),
• Phytoplancton :
Avec 86 taxons recensés au total, la richesse spécifique est élevée ; 54 taxons sont identifiés en été ; les chlorophytes puis les
chromophytes (diatomées) sont les plus diversifiées. Les densités cellulaires sont moyennement élevées, sauf au mois de novembre
où elles atteignent plus de 100 000 cellules/ml du fait de la contribution des cyanophytes des genres Limnothrix et Aphanocapsa.
L’absence de cyanophytes pouvant développer des souches toxiques est à noter.
Alors qu’en juin le peuplement algal est dominé à 85% par une cyanophyte (Synechococcus capitatus), en août et en novembre ce
sont les diatomées du genre Fragilaria et en janvier par des chromophytes (Ochromonas sp, Chrysococcus rufescens) les plus
abondantes. La plupart de ces espèces préfère des eaux fraîches et peu polluées.
La composition du peuplement algal observé en 2009 et la valeur de l’indice IPL (45) indiquent un milieu modérément mésotrophe.
• Macrophytes :
Cet étang est relativement pauvre en végétation aquatique et rivulaire. En berge, la richesse taxonomique est faible à moyenne ; le
cortège floristique est composé d’espèces typiques des milieux rivulaires comme Mentha aquatica, Iris pseudacorus, Bidens tripartita
et Lycopus europaeus. Notons la présence, localement abondante, de trois espèces végétales invasives : Ludwigia grandiflora,
Myriophyllum aquaticum et Lagarosiphon major. La végétation de la zone en eau est peu diversifiée et dominée par quatre espèces.
On recense localement de vastes herbiers de Najas marina et de Trapa natans, de grandes nupharaies à Nuphar lutea ainsi que
quelques herbiers de Lagarosiphon major.
La composition spécifique révèle un niveau de trophie élevé, comme en témoigne la présence et l’abondance d’espèces des milieux
eutrophes telles que Trapa natans et Najas marina.
• Faune oligochètes :
La valeur de l’indice lacustre IOBL (7,6) correspond à un état biologique « moyen ». L’absence d’espèces sensibles, la dominance des
Tubificidae avec et sans soies capillaires (formes très résistantes à la pollution), dont Limnodrilus hoffmeistreri et Limnodrilus
claparedeanus (15%), et la présence de Dero digitata (5%) témoignent de l’existence d’une charge polluante dans le sédiment (HAP,
arsenic), et des conditions dystrophes naturelles (matières organiques tourbeuses non assimilables par les invertébrés). Par ailleurs,
la présence significative de Branchiura sowerbyi (19% du peuplement), souvent associé à un réchauffement de l’eau, est cohérente
avec les conditions qui règnent dans cet étang de très faible profondeur.
• Faune piscicole :
Le peuplement est diversifié (12 espèces recensées), moyennement abondant (1800 ind/1000m²) et équilibré. Les cyprinidés dominent
avec sept espèces (gardon, brème, rotengle, ablette, carpe, tanche, goujon) qui constituent plus de la moitié des effectifs et des
biomasses capturés (le gardon et la brème composent à eux seuls 57% des captures). Les percidés (sandre et perche) sont
également bien représentés avec respectivement 7% et 27% des captures. Le brochet est présent ainsi que le mulet porc, espèce
euryhaline, qui témoigne de la proximité de l’océan. A noter la présence de la perche-soleil, une espèce invasive susceptible de créer
des déséquilibres biologiques (art. R432-5 du CE). D’autres espèces (non capturées lors de la pêche) seraient également présentes
(anguille, black-bass).
• Rappel des métriques de synthèse :
• Ajustement éventuel : non
• Commentaires : Rappel : ce plan d’eau naturel est concerné par un report d’échéance en 2027 à la fois pour l’état chimique et l’état
écologique (raisons avancées : conditions naturelles : milieux fermés ; qualité des eaux).
La biomasse algale paraît assez élevée dans l’absolu (état médiocre), mais il faut la replacer dans le contexte d’un étang littoral de
très faible profondeur, « chaud », productif, au sédiment naturellement riche. D’autant que la composition du phytoplancton, sa très
grande diversité et son évolution saisonnière sont satisfaisantes (statut mésotrophe, état moyen). L’IOBL correspond par ailleurs à un
état biologique moyen. Le peuplement de poissons est diversifié et équilibré. On peut émettre l’hypothèse que les éléments
physicochimiques (phosphates) ne déterminent une qualité médiocre de l’eau qu’en raison de l’intensité des processus de relargage à
partir du sédiment, riche en matière organique (et azote), au moins en partie d’origine naturelle.
Le peuplement de macrophytes, qui indique un milieu plutôt eutrophe, est peut-être plus lié à la nature « du sol » qu’à la composition
chimique de l’eau. La présence de plantes invasives en constitue une perturbation notable.
Les indices hydromorphologiques traduisent une situation moyenne (à la fois en terme de qualité des habitats et de niveau
d’altération).