Diagnostic : marais d’Orx (FRFL72) - 2009
Diagnostic physicochimique
Ce vaste plan d’eau anthropique landais (420 ha) est caractérisé par une très faible hauteur d’eau (0,7 m en hiver, 1,2 m maximum).
La température de l’eau suit la température atmosphérique : elle croît avec la saison (15°C en décembre, 25°C en juillet) sans
gradient de la surface au fond. Il en est de même de l’oxygène qui présente des périodes de sursaturation en lien avec l’activité
photosynthétique (150% de saturation en surface en juillet). Les eaux sont basiques (pH entre 8 et 9). La conductivité est très variable
suivant les campagnes : 1800 µS/cm en mai et entre 180 et 400 µS/cm pour les autres campagnes (mesures certainement erronées
en mai car des apports d’eau salée semblent peu probables).
Les paramètres physicochimiques généraux de l’eau indiquent un état mauvais à la fois lié aux fortes concentrations en nutriments
(phosphore total) et à la très faible transparence. De plus, plusieurs métaux sont présents dans les eaux (arsenic, chrome, zinc). Les
familles de substances prises en compte pour définir l’état chimique des eaux ne signalent pas de problème (bon état chimique).
Les indices physicochimiques de la diagnose rapide témoignent d’une forte activité trophique et de flux de matières importants (tous
les indices sont supérieurs à 60). On note une teneur forte en arsenic dans le sédiment ainsi que des HAP.
• Phytoplancton :
Le phytoplancton est dominé, en abondance, par les cyanophytes. A l’exception du mois de juillet, il s’agit surtout des filaments de
Planktothrix agardhii, espèce pouvant produire des souches toxiques. Cette algue bleue constitue plus de la moitié du peuplement en
décembre. Les diatomées sont également abondantes, surtout lors des 2 premières campagnes, avec notamment Aulacoseira
granulata, espèce typique du plancton des eaux eutrophes. Un pic de croissance algale a lieu au mois de juillet (112 000 individus/ml) ;
il est le fait de deux espèces : une cyanophyte Merismopedia warmingiana (eau eutrophe) et une diatomée Aulacoseira granulata,
(accompagnées d’algues vertes).
Malgré une diversité taxonomique correcte (32 taxons en moyenne par campagne), la densité cellulaire très variable (ponctuellement
élevée) et la présence importante d’espèces pouvant former des fleurs d’eau, témoignent d’un milieu mésotrophe perturbé à tendance
eutrophe ; l’indice IPL moyen estival est de 55 (qualité moyenne).
• Macrophytes :
Les berges du plan d’eau accueillent une végétation diversifiée. Le cortège floristique est composé d’espèces communes des milieux
rivulaires, telles que Mentha aquatica, Lysimachia vulgaris, Lythrum salicaria, Lycopus europaeus et Phragmites australis. Ces
espèces sont caractéristiques des groupements végétaux du Phragmiti australis-Caricetea elatae, groupements des milieux à sols
riches en matières organiques, mésotrophes à eutrophes. Notons la présence en berge comme en zone littorale de trois espèces
exotiques, Ludwigia grandiflora (invasive), Lindernia dubia et Cyperus eragrostis.
Les prospections au sein de la zone en eau, réalisées jusqu’à seulement une profondeur maximale de 20 cm, n’ont pas permis de
recenser de plantes aquatiques. Cette absence est surprenante (contraintes d’investigation ? faucardage ? répartition inégale ?).
• Faune oligochètes :
La valeur de l’indice IOBL (7,3) correspond à un état biologique « moyen ». Le prélèvement comprend une seule espèce, Limnodrilus
hoffmeisteri de la famille des Tubificidae sans soies capillaires (formes très résistantes à la pollution) en abondance (densité de 121
indiv / 0,1m²). On relève l’absence d’espèces sensibles ce qui confirme de l’existence d’une charge polluante (arsenic notamment),
associée à d’éventuelles conditions dystrophes (matières organiques accumulées dans le sédiment, peut-être tourbeuses et non
assimilables par les invertébrés).
• Faune piscicole :
L’inventaire piscicole a eu lieu en 2010. La richesse spécifique est correcte (8 espèces recensées) mais la production est faible
(rendement de 533 ind/1000m²). Le peuplement est dominé par les cyprinidés (brème commune, carassin, carpe commune et gardon)
qui représentent 83% des effectifs capturés et plus de 95% de la biomasse. La brème commune est l’espèce dominante (plus de 50%
des effectifs et de la biomasse). Le reste du peuplement est composé d’une espèce piscivore, le sandre et de trois espèces
allochtones, la gambusie, la perche-soleil et le poisson-chat, ces deux dernières espèces étant susceptibles de créer des déséquilibres
biologiques. Ainsi, le peuplement est-il déséquilibré avec une très faible proportion de poissons piscivores malgré l’abondance de
proies. On peut penser que la reproduction et le développement des espèces lithophiles comme le sandre sont limités par la rareté des
habitats disponibles. L’évolution des populations des espèces allochtones, poisson-chat et perche-soleil en particulier, est à surveiller.
• Rappel des métriques de synthèse :
• Ajustement éventuel : non
• Commentaires :
Rappel : ce plan d’eau anthropique est concerné par un report d’échéance en 2027 à la fois pour l’état écologique et l’état chimique
(raisons avancées : conditions naturelles : milieux fermés ; hydrologie ; qualité des eaux).
Les différents éléments biologiques donnent des résultats concordants : qualité moyenne à médiocre. La mauvaise qualité des
éléments physicochimiques généraux de l’eau, la forte charge nutritive des sédiments, sa pollution par des micropolluants (métaux et
métalloïde) sont autant de preuves de pollution et d’engraissement du milieu. Le peuplement phytoplanctonique présente aussi des
déséquilibres (prolifération de cyanophytes, densités très fluctuantes), comme les poissons (faible production, rareté des piscivores,
présence d’espèces allochtones et invasives)
Les indices hydromorphologiques traduisent une situation correcte (scores proches de la moyenne).