3) une diminution de la contractilité, illustrée par une
diminution de l’élastance télésystolique, c’est-à-dire une
diminution de la pente de la relation pression-volume en
télésystole. De telles anomalies peuvent, ou non, s’asso-
cier à un syndrome clinique d’insuffisance cardiaque ou à
des anomalies de la fonction diastolique. Ainsi, le concept
de dysfonction systolique se réfère à la présence d’anoma-
lies des propriétés mécaniques du myocarde et en aucun
cas à un syndrome clinique.
Il en est de même pour le concept de dysfonction
diastolique. Ce dernier se rapporte à une altération de la
capacité des fibres myocardiques raccourcies à revenir à
leur longueur de repos, et donc du ventricule à se remplir
normalement dans des conditions de pressions basses.
En conséquence, le remplissage ventriculaire est ralenti,
incomplet et requiert une élévation de la pression auricu-
laire (figure 1). La mise en évidence d’une dysfonction
diastolique requiert donc l’analyse de la relaxation active
du ventricule, par la mesure de la vitesse et de l’amplitude
de décroissance de la pression ventriculaire lors de la
relaxation isovolumique, ainsi que des propriétés de rigi-
dité passive. La dysfonction diastolique se traduit alors par
un déplacement vers la gauche et le haut de la boucle
pression-volume. Ainsi, le concept de dysfonction diasto-
lique se réfère à la description d’anomalies des propriétés
mécaniques du myocarde, et en aucun cas à celle d’un
syndrome clinique.
Le concept d’insuffisance cardiaque quant à lui, se
réfère exclusivement à un syndrome associant des signes
de rétention hydrosodée et d’hypoperfusion tissulaire.
L’élucidation des mécanismes physiopathologiques à
l’origine de ce syndrome demande l’appréciation des
fonctions diastolique et systolique, comme celle du type et
de l’importance des processus de remodelage ventricu-
laire en cours. Lorsque le syndrome clinique d’insuffi-
sance cardiaque s’accompagne d’un remodelage concen-
trique associé à des anomalies de la fonction cardiaque
prédominant sur ses composantes diastoliques, on parlera
d’insuffisance cardiaque diastolique. En revanche, lorsque
le syndrome clinique d’insuffisance cardiaque s’accompa-
gne d’un remodelage excentrique associé à des anomalies
de la fonction cardiaque prédominant sur ses composan-
tes systoliques, on parlera alors d’insuffisance cardiaque
systolique. Les modalités à suivre pour établir en pratique
le diagnostic d’insuffisance cardiaque diastolique sont
développées dans ce numéro par J.-M. Tartière.
Remodelage ventriculaire
et insuffisance cardiaque diastolique
De nombreuses études ont décrit les anomalies des
volumes ventriculaires gauches chez les patients souffrant
d’insuffisance cardiaque diastolique, que ce soit par écho-
cardiographie ou par imagerie par résonance magnétique
nucléaire [3, 4, 6-8]. Il apparaît à la lecture de ces travaux
que le volume télédiastolique du ventricule gauche des
patients souffrant d’insuffisance cardiaque diastolique est
égal ou plus petit que celui de sujets sains de même âge et
de même sexe. Ces patients ont une incidence accrue
d’hypertrophie ventriculaire gauche (définie par une
masse ventriculaire gauche ≥125 g/m
2
). Cependant, la
présence d’une hypertrophie ventriculaire gauche n’est
pas requise pour le diagnostic d’insuffisance cardiaque
diastolique. Toutefois, dans de nombreux cas, les patients
souffrant d’insuffisance cardiaque diastolique et ayant une
masse ventriculaire gauche dans les limites de la normale
se présentent avec un rapport volume ventriculaire
gauche/masse ventriculaire gauche ou diamètre ventricu-
laire gauche/épaisseur pariétale diminuée, témoignant
d’un processus de remodelage concentrique. Ainsi, envi-
ron 40 % des patients souffrant d’insuffisance cardiaque
diastolique ont une épaisseur pariétale du ventricule
gauche > 12 mm, environ 60 % ont une épaisseur parié-
tale relative > 0,45, et 40 % une masse ventriculaire gau-
che > 125 g/m
2
. Il est important cependant de noter que
près de 35 % des patients souffrant d’insuffisance cardia-
que diastolique n’ont ni augmentation relative de l’épais-
seur pariétale, ni augmentation de la masse ventriculaire
au-delà de 125 g/m
2
, et que près de 45 % ont les deux [3].
Anomalies de la fonction cardiaque
et insuffisance cardiaque diastolique
Anomalies de la fonction diastolique
Les patients souffrant d’insuffisance cardiaque diasto-
lique (donc symptomatiques) se présentent systématique-
ment avec une anomalie de la relaxation active caractéri-
sée par un ralentissement de la vitesse de décroissance de
la pression ventriculaire en phase de relaxation isovolu-
mique, un ralentissement et une diminution du remplis-
sage diastolique précoce et une élévation compensatrice
du remplissage tardif secondaire à une élévation de la
pression auriculaire [4, 5]. Il découle de ces anomalies
une élévation significative de la pression télédiastolique
du ventricule gauche, du rapport pression télédiastolique
du ventricule gauche/volume télédiastolique du ventri-
cule gauche, et de la constante de rigidité du ventricule
gauche.
Anomalies de la fonction systolique
Si les anomalies de la fonction diastolique constituent
le lit de l’insuffisance cardiaque diastolique, on ne peut
pas exclure que des anomalies de la fonction systolique
participent à ce syndrome clinique, même en l’absence
d’anomalie significative de la fraction d’éjection [9-14].
Il est possible cependant que les anomalies de la fonction
systolique observées chez les patients souffrant d’insuffi-
sance cardiaque diastolique soient la conséquence,
Nosologie de l’insuffisance cardiaque diastolique
mt cardio, vol. 3, n° 6, novembre-décembre 2007
412
Insuffisance cardiaque
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.