MISE AU POINT
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La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no254 - juin 2000
l’implant, modes et seuils de stimulation, effectués en postopé-
ratoire auront pour but d’optimiser les sensations auditives, et de
limiter les effets indésirables par stimulation des structures neu-
rologiques de voisinage. Cela impose parfois de ne pas activer la
totalité des électrodes, mais les résultats cliniques montrent que
même avec un petit nombre d’électrodes activées le bénéfice en
termes de communication peut être significatif.
LA NEUROFIBROMATOSE DE TYPE 2
La NF2 est une maladie héréditaire à transmission autosomique
dominante. Il s’agit d’une affection rare qui touche une personne
pour 35 000 naissances. Son expression clinique est variable : les
formes les plus modérées se révèlent après l’âge de 20 ans, alors
que pour les formes les plus sévères, des localisations tumorales
multiples sont symptomatiques avant cet âge. Parmi les tumeurs
du système nerveux (neurinome, méningiome, gliome...), la pré-
sence d’un neurinome de l’acoustique bilatéral est pathognomo-
nique de l’affection. Les symptômes qui révèlent la maladie sont
donc souvent de type cochléovestibulaire : surdité de perception,
acouphènes et troubles de l’équilibre.
Les travaux génétiques ont permis d’identifier les mutations
impliquées dans la survenue de la NF2, et il est actuellement pos-
sible de les rechercher à partir d’un prélèvement sanguin. Le bilan
diagnostique de la NF2 comprend donc un examen clinique rigou-
reux, en particulier neurologique, un examen ophtalmologique à
la recherche d’une opacité du cristallin, une évaluation audio-
vestibulaire et une enquête génétique (arbre généalogique et pré-
lèvement sanguin). Une exploration radiologique par IRM céré-
brale et médullaire est importante pour répertorier les tumeurs
présentes au moment du diagnostic, un grand nombre d’entre
elles pouvant être parfaitement latentes cliniquement.
Les indications thérapeutiques lors de la NF2 sont discutées cas
par cas. Les principaux critères intervenant pour ce qui est du
traitement chirurgical des neurinomes de l’acoustique sont : l’âge,
la taille des tumeurs et leur vitesse de croissance, le niveau de
l’atteinte auditive et l’expression clinique des autres localisations
tumorales. Le fait de disposer d’une possibilité de réhabiliter
l’audition par un implant auditif du tronc cérébral a modifié les
indications. En effet, celles-ci étaient au préalable souvent gui-
dées par la nécessité de conserver l’audition d’un des deux côtés,
y compris avec des tumeurs volumineuses. Or si, après inter-
vention pour l’un des neurinomes de l’acoustique, la tumeur
controlatérale grossit et risque à terme de menacer le pronostic
vital par hypertension intracrânienne, son exérèse peut actuelle-
ment être envisagée, sans tenir compte de l’audition : la mise en
place simultanée de l’implant permettra une réhabilitation audi-
tive rapide.
Par ailleurs, étant donné les risques de surdité liés à la NF2 : sur-
dité brusque lors de la croissance des neurinomes et surdité post-
opératoire, car la chirurgie conservatrice de l’audition n’est que
rarement possible, un apprentissage de la lecture labiale est
recommandé aux patients.
BILAN PRÉIMPLANTATION
Les caractéristiques de l’affection en cause, la NF2, imposent un
bilan préimplantation multidisciplinaire et soigneux. Au moment
où les patients consultent, leur statut clinique est variable. Tout
d’abord, comme nous l’avons vu, l’expression clinique de la NF2
est très variable. Ainsi, certains patients présentent des localisa-
tions tumorales évolutives multiples, alors que, pour d’autres, les
seules tumeurs cliniquement et radiologiquement évolutives sont
les neurinomes de l’acoustique. Les différentes atteintes seront
recherchées cliniquement, avec une attention particulière pour
les troubles visuels, de la fonction faciale et de la déglutition.
L’IRM cérébrale et médullaire permet de faire un bilan précis
des lésions présentes, ou d’éventuelles récidives de tumeurs déjà
opérées (figures 4 et 5). Cet examen permet aussi de noter les
Figure 3. Coupe sagittale du tronc cérébral : le porte-électrodes est
représenté en place, en regard des noyaux auditifs du tronc cérébral
(document fourni avec courtoisie par Cochlear
®
).
Figure 4. IRM en coupe axiale, séquence T1 avec injection de gadoli-
nium, d’une patiente présentant une NF2 : neurinome de l’acoustique
déjà opéré à gauche ; à droite, neurinome de l’acoustique stade III
présentant une croissance lésionnelle un an après une irradiation.
Indication à une implantation auditive du tronc cérébral dans le même
temps que l’ablation de la tumeur.
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