Le Maghreb colonial /PMO_013 INALCO 2003-2004
religion… mais qu’en est il des élites ? Le paradoxe est que l’idée de l’Europe est celle des élites, et à
la base on s’en fout, alors qu’au Maghreb c’est tout l’inverse, puisque l’idée politique du Maghreb est
récusée par les élites. Invariablement l’histoire du Maghreb commence par une histoire nationale ; à
l’intérieur on valorise le Maghreb mais il n’y a pas d’histoire partagée.
Quel est d’ailleurs le point de départ de l’idée maghrébine ? Ibn Khaldoun ??? En réalité l’idée
maghrébine commence au début du XXème siècle.
Se pose le problème de l’existence des nations1, de la datation par l’histoire nationale : on reconstruit
les histoires nationales avec la « parenthèse » de l’histoire coloniale qu’on traite très rapidement.
Quarante ans après, on écrit une autre histoire avec une continuité.
N’oublions pas que l’Etat nation est une notion récente :
Italie 1860
Allemagne 1870 avec Bismarck
France, les monarchistes sont majoritaires jusqu’en 1889…
L’Etat nation est une idée nouvelle, mais le discours officiel des Etats du Maghreb le nie.
On doit aussi se poser la question de la pertinence de la rupture Maghreb / Machrek que l’on peut
expliquer de multiples manières :
o l’irruption coloniale a créé une séparation à l’intérieur d’un même univers avec un
siècle et demi d’attraction (alors que le Maghreb a longtemps regardé vers le
Sahara…)
o la présence au Maghreb de la forte identité berbère, ses langues, sa culture…
o le problème du plurilinguisme, grandes diversités de cultures et dialectes au
Maghreb face à l’uniformité de la langue et culture arabe au Machrek
le problème, plus récent, des flux migratoire
(COURS n° 2)
Le Maghreb pré-colonial
La berbérité
Le XIXe siècle, le temps de la colonisation mondiale
Le Maghreb et la crise de l’Empire ottoman
Biblio : Gabriel Camps, « Les berbères, mémoire et identité », Paris, Ed. Errance, 2002
Abdellah Laroui, « L’histoire du Maghreb, un essai de synthèse », Paris, Maspéro, 1982
Quels sont les traits dominants de l’histoire générale du Maghreb ? On dégagera quelques éléments de
réflexion.
Première réflexion : Le peuplement
C’est, à la fois, poser ou évoquer,
la question berbère,
le métissage, la fluidité des populations, les apports d’autres civilisations,
la présence de l’islam comme religion.
La question de la berbérité au Maghreb a fait l’objet de toute une série d’études de Salem Chaker,
professeur à l’INALCO, et son ouvrage « Les Berbères » publié chez l’Harmattan est un livre de
1 Les algériens de 1830 (l’historien Xavier Yacono a évalué la population de l’Algérie en 1830 à 3.000.000 habitants)
forment-ils une nation ? Selon Alphonse Juin in « Le Maghreb en feu… »…en vérité c’est la France qui, après avoir
assemblé des éléments épars et sans lien entre eux, a inventé le mot Algérie pour désigner cet agrégat, de même qu’elle en a
précisé le contour géographique et lui a donné un gouvernement véritable, le seul qu’il ait eu depuis l’Antiquité…
Les nationalistes, au contraire, disent occuper le sol depuis la plus haute antiquité, revendiquent la résistance à l’occupation
romaine, s’identifient à la conquête arabe du 1er siècle de l’hégire et disent que, vassaux de l’Etat ottoman, ils étaient un
partenaire pour les autres nations Charles André Jullien pourtant acquis à la cause de l’indépendance juge très excessifs
et forcés les arguments relatifs à la permanence d’une nation algérienne tirée de l’histoire.