ACTUALITé· CONGrèS Rhumatologie EULAR Congrès annuel 2014 Le congrès annuel de l’European League Against Rheumatism (EULAR) a eu lieu, cette année, à Paris du 11 au 14.06.2014. Avec plus de 14 220 participants venus du monde entier, il a suscité un grand intérêt et a fourni la plate-forme idéale pour l’échange professionnel. Médiateurs lipidiques dans les maladies rhumatoïdes Par la libération de facteurs solubles, explique la Dr Andreea IoanFacsinary de l’Université de Leiden, les adipocytes peuvent modu- FIG. 1 ler la libération de cytokines et la prolifération des cellules T CD4+. Ces facteurs solubles se trouvent surtout dans la fraction lipidique, et en particulier parmi les acides gras (1, 2). La modulation dépend de l’IMC, car elle est médiée par des lipides. En fonction de la structure chimique des acides gras, de différents effets peuvent être générés. Donc, seuls les acides gras insaturés induisent un effet anti-inflammatoire sur les macrophages, tandis que les acides gras, indépendamment de leur degré de saturation, favorisent l’inflammation dans les fibroblastes synoviaux et les chondrocytes. Ils affectent également les cellules T (3). Résumé des interactions et effets indésirables éventuels de la thérapie de l’arthrite rhumatoïde (source modifiée : présentation Dr. Dixon) Polyarthrite rhumatoïde: Malgré l’activité de la maladie plus élevée chez les patients obèses, ceux-ci montrent des atteintes articulaires plus faibles Ce résultat apparemment contradictoire a été étudié dans une grande étude internationale et les raisons possibles ont été présentées par le chercheur principal, le Dr Christopher Sparks de l’Université de Liverpool (4). L’évolution de la maladie a été corrélée avec le poids corporel du patient (à l’exception des patients présentant une insuffisance pondérale qui ont également eu un processus de maladie plus élevé) de sorte que les valeurs VAS (échelle visuelle analogique) et DAS (disease activity score) des patients obèses étaient supérieures à ceux des patients avec un poids corporel normal. En fait, ces patients auraient dû montrer plus de dégâts articulaires que les patients à poids normal mais ce n’est, paradoxalement, pas le cas. L’explication pourrait résider dans le traitement personnalisé et axé sur la réduction des valeurs DAS. Ainsi, les patients avec des valeurs DAS plus élevées reçoivent une thérapie plus agressive. Comme la hausse des niveaux de graisse du corps est associée à une augmentation de la production de protéines de _ 2014 _ la gazette médicale _ info@gériatrie 2404 ACTUALITé · ConGrès signalisation pro-inflammatoires et des niveaux de marqueurs de l’inflammation, les mêmes événements de la maladie produisent généralement chez des patients obèses des scores DAS plus élevés que chez des patients de poids normal. Une faible activité de la maladie des patients obèses est donc traitée de manière plus efficace et atteint des rémissions plus fréquentes qu’avec le traitement habituel, cela résultant en moins de lésions au niveau des articulations. Ces résultats montrent clairement l’avantage dont tous les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde pourraient profiter grâce à un traitement précoce et agressif. Les comorbidités des maladies rhumatoïdes Le traitement des maladies rhumatismales peuvent atteindre des effets différents en fonction du système d’organe. Ceci est brièvement résumé dans la figure 1. Dans ce cas, continue le Dr William Dixon de Manchester, en plus des effets intentionnés positifs sur la polyarthrite rhumatoïde, des effets négatifs sur d’autres systèmes d’organes peuvent aussi être provoqués, qui, à leur tour, devront être traités avec des médicaments. En outre, s’ajoutent les interactions pharmacologiques possibles de la polymédication. Pour ces raisons, le traitement de la maladie rhumatoïde doit toujours être aligné individuellement aux exigences du patient. Une évaluation bénéfices/risques devrait toujours être réalisée avant le traitement. Gestion de la douleur Le PD Dr Stefan Bergman, Lund, introduit les différentes catégories de la douleur. Où la douleur nociceptive et la douleur neuropathique sont considérées comme douleurs aiguës. Pour la douleur non spécifique de longue durée, on distingue les perturbations centrales dans le traitement de la douleur (par exemple, la fibromyalgie, la distorsion cervicale, des maux de dos de longue durée, une partie de la douleur due à l’arthrite), la douleur idiopathique et la douleur émotionnelle/psychologique. Dans le traitement de la douleur aiguë, il faut faire attention au fait que les connaissances renforcent la confiance du patient et que la participation de ce dernier améliore le taux de guérison. L’examen du patient devrait être aussi court que nécessaire. En plus d’un traitement pharmacologique adéquat (tab. 1) et d’un traitement non pharmacologique, le patient devrait reprendre le plus rapidement possible une activité physique normale. L’activité physique peut modifier la douleur ou la sensation de celle-ci et ainsi fournir un soutien positif dans le traitement, mais, au contraire, elle peut également augmenter ou initier la douleur. Une évaluation soigneuse et la bonne information du patient sont nécessaires. Dans le traitement de la douleur musculo-squelettique, en plus de l’aspect musculo-squelettique, devraient également pris en compte les mécanismes bio-psycho-sociaux. Une équipe interdisciplinaire et interprofessionnelle est essentielle pour fournir au patient une thérapie de la douleur optimale. Les pierres angulaires de la gestion de la douleur se composent de: lll’activité physique sous la devise "Start low and go slow" lll’aspect cognitif, qui n’est pas négligeable: les mécanismes de génération de la douleur devraient être expliqués au patient. Tout comme l’effet que pourrait avoir un changement de vie/de comportement sur l’évolution de la maladie devrait être abordé avec le patient. llle traitement pharmacologique: un traitement avec des antiépileptiques et des antidépresseurs devrait être essayé, les opioïdes devraient être évités. la gazette médicale _ info@gériatrie _ 04 _ 2014 TAB. 1 Thérapie pharmacologique de la douleur Type de douleur Groupe de médicaments (principe actif) Douleur nociceptive Paracétamol / Acetaminophen NSAIDs et Inhibiteurs de Cox-2 Paracétamol et NSAIDs combinés Opioïdes Douleur neuropathique Amitriptylin ISRSN (p.ex. Duloxetine, Venlafaxine) Anti-épileptiques (p.ex. Gabapentine, Pregabaline) Opioïdes Les patients souffrant de rhumatismes ont besoin de plus que la pharmacothérapie Dans la présentation, le Dr Razvan G. Dragoni, Roumanie, a également souligné le besoin de formation/d’éducation des patients souffrant de rhumatismes. En plus du meilleur traitement pharmacologique, ces patients ont besoin d’évaluations régulières, des informations complètes sur leur maladie et des conseils sur des thérapies alternatives, des groupes d’entraide et des possibilités d’un changement de mode de vie. Les informations requises pour les patients atteints d’arthrite dépendent fortement de la personne elle-même, mais aussi du sexe, du niveau de formation et de la durée de la maladie. Un conseil efficace doit identifier et traiter ces sujets (5). Blocage immunologique des „checkpoints“ en cas de maladie auto-immune Les granulocytes neutrophiles sont utiles, mais aussi dangereuses (6). Par la formation de pièges extracellulaires (NET = Neutrophil Extracellular Traps), des granulocytes neutrophiles présentent le contenu de la cellule très immunogène ce qui peut contribuer au développement du lupus érythémateux disséminé (LED), de la polyarthrite rhumatoïde, etc. (7, 8). Diverses études, continue la professeur Linde Meyaard de l’Université d’Utrecht, ont examiné si la libération de NET peut être supprimée dans le LED. Les résultats des études ont démontré une inhibition de libération de NET et du métabolisme oxydatif par la ligature de SIRL-1 (Signal inhibitory receptor on leukocytes-1) mais pas d’autres fonctions des granulocytes neutrophiles, comme la phagocytose et la destruction intracellulaire des bactéries (9, 10). La fonction des lymphocytes neutrophiles peut être contrôlée par l’inhibition du récepteur immunitaire. Ce sont des résultats prometteurs dans la lutte contre les maladies auto-immunes, qui devraient être poursuivis. ww Dr. Heidrun Ding Source: EULAR Annual Congress, 11.–14.6.14, Paris B Références : sur notre site internet : www.medinfo-verlag.ch 25