Journal Identification = MET Article Identification = 0393 Date: April 12, 2013 Time: 3:22 pm
des troubles métaboliques majeurs, particulièrement fré-
quents au décours immédiat de la période post-AC.
Enfin, l’apport éventuel des biomarqueurs de lésion
myocardique (CK, troponines) a été peu testé dans ce
contexte, ce qui est regrettable compte tenu du dévelop-
pement actuel de la biologie délocalisée. Les quelques
travaux centrés sur les enzymes cardiaques dans ce
contexte sont déjà anciens et se portent sur des cohortes
de petite taille [15, 16]. Toutefois, deux études se sont
intéressées récemment au rôle potentiel de la troponine
dans la stratégie de décision de la coronarographie immé-
diate. La première, réalisée chez 163 patients survivants
d’AC et admis en réanimation [17], retrouvait des valeurs
de sensibilité et de spécificité de la troponine proches de
75 % pour la détection d’une lésion coronaire récente. De
plus, la combinaison de l’aspect ECG et du dosage de la
troponine permettait d’améliorer les valeurs pronostiques.
Ainsi, une absence d’élévation de la troponine au-delà
de 2,5 ng·L−1ou de sus-décalage ST sur l’ECG post-
récupération permettait d’obtenir une valeur prédictive
négative de présence d’une lésion coronaire responsable à
94 %. Toutefois, ces résultats doivent être considérés avec
réserve puisque l’aspect ECG était analysé rétrospective-
ment par deux cardiologues entraînés. Par conséquent, ces
résultats ne peuvent être utilisés sans réserve dans la pra-
tique clinique courante. Dans la seconde étude portant sur
422 survivants d’ACEH ayant bénéficié d’un ECG et d’un
dosage de troponine à l’admission, même si la présence
d’un des deux paramètres que sont l’élévation de la tro-
ponine et le segment ST est reliée à une valeur prédictive
positive de 80 %, cette valeur reste insuffisante pour poser
une indication de coronarographie.
Le sus-décalage de ST couplé à une élévation de la
troponine à l’admission peut permettre de sélectionner
les patients à plus haut risque de nécessiter une inter-
vention coronaire urgente au cours de la phase post-AC.
Cependant, leur valeur prédictive négative reste faible.
Rôle pronostique
de la revascularisation précoce
Dans l’étude princeps de Spaulding et al. [9], le
succès de la revascularisation immédiate par voie per-
cutanée constituait un facteur prédictif indépendant de
survie (OR = 5,2 95 % IC [1,1-24,5]). Par la suite, plu-
sieurs études ont été réalisées portant sur des sous-groupes
très sélectionnés, s’apparentant le plus souvent à des
infarctus du myocarde compliqués d’AC préhospitalier.
Dans l’étude de Garot et al. [11], 100 patients parmi les
186 pris en charge pour infarctus du myocarde compli-
qués de mort subite ayant fait l’objet d’une angioplastie
immédiate étaient vivants à six mois (54 %). Dans des
conditions proches, d’autres études ont confirmé le relatif
bon pronostic des patients victimes d’infarctus compli-
qué d’AC [13, 18]. Les études cliniques observationnelles
suggèrent l’intérêt potentiel d’une revascularisation immé-
diate par voie percutanée, mais ne sont pas unanimes.
Ainsi, Anyfantakis et al. ont examiné, entre 2001 et 2006,
une cohorte incluant l’ensemble des patients réanimés
d’un ACEH et ayant bénéficié d’une intervention coronaire
percutanée [12]. Cette étude a mis en relief un taux de
survie hospitalière substantielle de 48,6 % sans montrer
d’influence pronostique de la revascularisation coronaire
précoce. Cependant, l’effectif de cette étude ne compor-
tait que 72 patients et certains cofacteurs pronostiques
n’ont pas été explorés. La controverse est particulièrement
vive concernant l’influence pronostique de la revasculari-
sation percutanée précoce lorsque celle-ci est appliquée
non plus à une population d’infarctus compliqués d’AC,
mais à une population non sélectionnée de patients réani-
més d’un AC sans cause extracardiaque évidente. Dans
ce domaine, les données disponibles sont encore plus
éparses. Depuis l’étude princeps de Spaulding et al. [9],
aucune étude randomisée n’a été réalisée, mais deux
études rétrospectives supplémentaires ont été publiées.
L’étude la plus importante en termes d’effectifs a été
publiée en 2010 [10]. Dans cette étude, 435 patients
victimes de mort subite extrahospitalière sans cause
extracardiaque évidente ont été systématiquement coro-
narographié dès l’admission à l’hôpital et une revascula-
risation a été systématiquement tentée lorsqu’une lésion
coronaire récente était mise en évidence, quel que soit
l’aspect ECG initial. Le taux de survie hospitalière global
était de 39 %. Ce taux de survie était significativement plus
élevé chez les patients qui avaient bénéficié d’une inter-
vention percutanée par rapport à ceux qui n’avaient pas eu
d’intervention ou chez lesquels le geste avait échoué (51 %
versus 31 %, p<0,001), et cela quel que soit l’aspect élec-
trocardiographique initial. En analyse multivariée visant à
identifier les paramètres prédictifs de la survie hospitalière,
le succès de la procédure de revascularisation effectuée
en phase aiguë était associé à une amélioration franche
du pronostic (OR = 2,06 ; 95 % IC [1,16-3,66]). Il faut
également noter que l’aspect ECG initial (présence ou
non d’un sus-décalage de ST) ne constituait pas un fac-
teur prédictif indépendant du pronostic hospitalier. Cette
dernière étude, la plus large publiée à ce jour, renforce
ainsi l’importance d’une exploration coronarographique,
suivie le cas échéant d’une revascularisation percutanée,
chez toutes les victimes de mort subite extrahospitalière
sans cause extracardiaque évidente, et cela quel que soit
l’aspect de l’électrocardiogramme initial.
En pratique, que faire ?
Fondées sur les données préalablement décrites, les
recommandations internationales préconisent la réalisa-
tion d’une coronarographie immédiate lorsque l’ECG
post-RACS montre un sus-décalage de ST. Cependant,
l’étiologie coronaire étant la plus fréquente dans la
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