Chirurgie Thoracique et Cardio-Vasculaire 2015 ; 19(2) : 118-119 119
cas clinique
3. DISCUSSION
L’usage de machines à masser s’est généralisé durant les dix der-
nières années et commence à être bien documenté [2-3]. Tou-
tefois, l’ecacité hémodynamique est régulièrement remise en
question face à une stratégie de compression manuelle [4] et est
souvent contrebalancée par l’existence de traumatismes induits
[5]. Ces traumatismes sont encore souvent diagnostiqués tardi-
vement, et il existe peu de données et de séries de patients qui
documentent ce type de complications [1]. L’incidence de trau-
matismes liée aux cycles de compressions thoraciques est dicile
à préciser et repose pour l’essentiel sur des observations cliniques
isolées. Le mécanisme des lésions viscérales thoraciques et ab-
dominales repose sur la poursuite des cycles compressifs malgré
des fractures de la cage thoracique [6], qu’elles soient suspectées
cliniquement ou pas, mais dont les éperons osseux mobiles sont
à l’origine de lésions traumatiques des organes de voisinage, eux-
mêmes à l’origine d’une lourde surmortalité.
La plaie de l’artère coronaire droite est vraisemblablement sur-
venue entre l’ETO réalisée aux urgences et celle réalisée au bloc
opératoire. Sachant que le rythme de compression (90 à 110 par
minute) ainsi que la course (4 à 5cm), du Lucas® sont fixes, se pose
le problème d’un déplacement du système de compression qui
aurait pu être à l’origine de la fracture sternale. Les conditions de
transfert des patients lit-chariot-table d’opération dièrent selon
les médecins. En eet, certains interrompent le fonctionnement
de la planche à masser pendant ces transferts, d’autres pas, esti-
mant que « l’arrimage » du patient est susamment rigide pour
éviter tout déplacement du dispositif de compression pendant
ces transferts. L’interruption momentanée, avec vérification du
bon positionnement du dispositif de compression après le trans-
fert, nous paraît souhaitable. Le fabriquant de la machine recom-
mande l’interruption momentanée si, « au cours du transfert, le
thorax du patient ne peut être maintenu horizontal ». Dans notre
cas, nous n’avons pas réussi à préciser les conditions de transfert
chariot-table d’opération, cette donnée n’étant répertoriée dans
aucun document. On ne peut donc exclure que le déplacement
du système de compression pendant le transfert chariot-table
d’opération soit à l’origine de cette complication.
L’observation rare présentée ici démontre le potentiel d’aggrava-
tion inhérent à ce type de complication. La survenue d’une rupture
coronarienne traumatique à l’origine d’une tamponnade dans un
contexte d’arrêt cardiaque réfractaire aurait dû conduire au décès
du patient. La présence du patient au bloc opératoire – en vue
de l’implantation d’une ECLS –, ainsi que le diagnostic fait rapide-
ment grâce à l’ETO systématique au bloc opératoire ont permis à
l’équipe médicale d’être réactive et de traiter chirurgicalement ce
problème dans des délais courts.
Malgré de nombreux critères péjoratifs qui, d’après les recom-
mandations [7] auraient dû conduire à l’abstention thérapeutique
(rythme agonique, low-flow>100 minutes, ETCO2 limite), nous
avons néanmoins décidé de la mise en place de l’ECLS du fait de
l’hypothermie à 31°C (arrêt cardiaque réanimé dans la neige), des
pupilles intermédiaires et réactives, ainsi que des signes de vie et
de récupération hémodynamique transitoire pendant le transport.
4. CONCLUSION
Dans le cadre des arrêts cardiaques réfractaires, les complications
hémorragiques sont redoutables et conduisent le plus souvent
au décès. Ce cas souligne l’intérêt de la réalisation systématique
d’une ETO dans le cadre de la mise en place d’une ECLS. Elle per-
met non seulement d’orienter le diagnostic étiologique, de vérifier
le positionnement de la canule veineuse, mais également, de véri-
fier l’absence de tamponnade.
RÉFÉRENCES
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l’assistance circulatoire dans le traitement des arrêts cardiaques réfrac-
taires. Réanimation 2009;18 :371-375.
Figure 2. Vue angiographique
de l'artère coronaire droite en
incidence oblique antérieure
gauche crâniale: aspect de
coup d’ongle en regard de la
réparation chirurgicale.
Figure 1. Vue peropératoire de la sternotomie médiane associant : une
fracture sternale, un hématome sternal et la plaie coronarienne suturée
avec patch en regard de l’éperon osseux à l’origine de la tamponnade.