Buffet Camille – Thèse de doctorat - 2014
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Résumé:
Anomalies moléculaires de la voie MAPK et cancer papillaire de la thyroïde : Etude de deux
phosphatases spécifiques de ERK, DUSP5 et DUSP6.
Le cancer papillaire de la thyroïde (CPT) est la tumeur endocrine la plus fréquente. Des
anomalies moléculaires activant la voie des MAPK (Mitogen-Activated Protein Kinases) sont
identifiées, de façon mutuellement exclusive, dans environ 70% des cas. Il s’agit de
réarrangements chromosomiques, le plus souvent de type RET/PTC ( 10%), de mutations
ponctuelles activatrices des trois isoformes de l’oncogène RAS (H, N et K-RAS) ( 10%), ou de
l’oncogène B-RAF ( 50%). La mutation « hot spot » B-RAFV600E est la plus fréquemment
identifiée, elle est associée à une plus grande agressivité clinique (diagnostic à un stade
tardif, risque de récidives et de décès accru). Ces évènements moléculaires ont pour
conséquence commune l’activation de la voie des MAPK, se traduisant en aval par la
phosphorylation de MEK (Mitogen-activated Extracellular signal-Regulated Kinase) puis de
ERK (Extracellular signal-Regulated Kinase). Cette dernière est régulée négativement par des
phosphatases, appartenant à la famille des Dual Specificity Phosphatases (DUSPs),
d’expression ubiquitaire, et en particulier de deux phosphatases spécifiques de ERK, l’une
cytoplasmique (DUSP6) et l’autre nucléaire (DUSP5). Nous avons fait l’hypothèse que ces
phosphatases pouvaient être soit des gènes suppresseurs de tumeurs (leur perte
d’expression conduisant à une augmentation de phosphorylation de ERK et une prolifération
accrue), soit des marqueurs du degré d’activation de la voie MAPK dans le cadre d’une
boucle de rétrocontrôle négatif.
Ceci nous a conduits à analyser la régulation et l’expression de ces phosphatases dans trois
modèles : la lignée cellulaire PCCL3 (thyroïde de rat), exprimant l’un des trois principaux
oncogènes mutés dans les CPT (RET/PTC3 ou H-RASV12 ou B-RAFV600E) sous le contrôle d’un
promoteur inductible par la doxycycline, des lignées cellulaires humaines dérivant de CPT et
des CPT humains. Nous avons montré que l’activation de la voie MAPK est responsable
d’une induction de ces phosphatases. Ces phosphatases participent ainsi à une boucle de
rétrocontrôle pour réguler finement l’activation de cette voie. Les niveaux d’ARNm de
DUSP5 et DUSP6 dans les CPT montrent une surexpression globale de ces phosphatases,
mais plus importante dans les CPT porteurs d’une mutation activatrice de B-RAF suggérant
une activation plus forte de la voie dans ces tumeurs plus agressives. Leur niveau
d’expression est ainsi un bon marqueur du degré d’activation de la voie des MAPK.
L’inactivation de DUSP5 ou DUSP6 ou des 2 phosphatases simultanément par technique
d’interférence ARN, dans des lignées humaines dérivant d’un cancer thyroïdien, n’a pas
d’impact sur la prolifération cellulaire, suggérant l’absence de rôle de suppresseur de
tumeurs. Ceci pourrait être expliqué par un phénomène de compensation que nous avons
observé entre les phosphatases de cette famille. Inversement, un inhibiteur
pharmacologique de DUSP6 induit une apoptose de lignées humaines dérivant de cancers